Alahed
L’Armée arabe syrienne
dans une dynamique de reconquête
Samer R. Zoughaib

Mardi 26 janvier 2016
A quelques jours des
négociations de Genève pour trouver une
issue politique à la crise en Syrie
-dont la tenue reste tributaire de la
composition d’une délégation
représentative des diverses
oppositions-, l’Armée arabe syrienne et
ses alliés poursuivent leur inexorable
progression sur le terrain. Dimanche,
ils ont reconquis Rabiha, dernier
bastion terroriste à Lattaquié, et
poursuivent leur avancée vers al-Bab, à
l’est d’Alep, ainsi qu’à Cheikh Meskin,
à Daraa, au Sud.
A la faveur d’une offensive
fulgurante menée à partir de deux
fronts, l’Armée arabe syrienne (AAS) et
les Forces de défense nationale (FDN)
ont reconquis, dimanche, Rabiha, dernier
bastion des groupes terroristes dans la
province de Lattaquié. La ville était
défendue par des extrémistes islamistes
turkmènes et des combattants du «Front
al-Nosra», la branche syrienne
d’«Al-Qaïda», qui se sont rapidement
effondrés devant les coups de l’armée
syrienne, appuyée par des frappes de
l’aviation russe. Les survivants se sont
enfuis vers la Turquie voisine, avant
qu’Ankara ne décide de fermer sa
frontière.
Le directeur de
l’Observatoire syrien des droits de
l’homme (OSDH, basé à Londres et proche
de l’opposition), Rami Abdel Rahmane, a
déclaré qu’en prenant Rabiha, l’Armée
arabe syrienne a coupé les routes de
ravitaillement des extrémistes de la
frontière turque vers le nord de la
Syrie.
L’Armée arabe syrienne et
les troupes supplétives ont libéré, en
deux jours, une zone de 120 kilomètres
carrés dans le nord de Lattaquié. Le 2
janvier dernier, elles avaient repris la
ville de Salma, considérée comme la
«capitale de l’émirat» de cette
province.
Avant le début de
l’offensive syrienne à Lattaquié, début
octobre 2015, les terroristes occupaient
-depuis 2012, comme c’était le cas pour
Rabiha et Salma- près de 20% de cette
province. Aujourd’hui, Lattaquié est
presqu’entièrement retournée dans le
giron de l’Etat. La prochaine cible de
l’armée syrienne et ses alliés est la
localité de Kansaba, qui leur permettra
de lancer la bataille de Jisf al-Choughour,
verrou stratégique entre Idleb et
Lattaquié, à la frontière avec la
Turquie. Autre objectif, la localité de
Kabeina, qui ouvrira la bataille de
Sermaniyé, principal fief d’«al-Nosra» à
Idleb.
La reprise de Lattaquié
permettra aussi à l’armée de reprendre
son offensive dans la plaine d’Al-Ghab,
entre les provinces de Hama et d’Idleb,
suspendue après quelques succès initiaux
en octobre, afin de se concentrer sur
Lattaquié, qui donnait aux troupes
syriennes un avantage important.
L’étau se resserre autour d’Al-Bab
Parallèlement à la bataille
de Lattaquié, l'armée syrienne,
appuyée par des unités de volontaires et
l'aviation syrienne et russe, poursuit
son offensive dans plusieurs provinces.
Les opérations se
concentrent à l’est d’Alep, avec pour
objectif de chasser définitivement les
terroristes de Daech de cette région.
Après avoir élargi la zone libérée
autour de l’aéroport de Kweirès, les
troupes syriennes se sont dirigées vers
la ville d’Al-Bab, situé à 38 kilomètres
à l’est d’Alep. Cette localité constitue
l’un des plus importants bastions de
Daech en Syrie, occupé depuis 2013 par
l’organisation terroriste.
Ces deux derniers jours,
l’Armée arabe syrienne a libéré les
villages de Katar et Talla Hatabat,
après de très violents combats avec
Daech. Cette avancée lui permet de
resserrer l’étau sur Al-Bab, où un vent
de panique commence à souffler sur les
partisans de l’organisation terroriste.
Selon diverses sources, les hauts
responsables du groupe «Etat islamique»
dans la ville ont commencé à évacuer
leurs familles vers leur fief de Raqqa.
Au sud d’Alep, le front est
relativement calme après des mois de
combats, qui ont permis à l’armée de
reprendre près de 90% de la campagne au
sud de la deuxième ville de Syrie.
L’armée termine les préparatifs pour
reprendre son offensive dans le but de
couper Alep de sa campagne à l’ouest, en
prévision de l’encerclement total de la
ville et de la prochaine reconquête des
quartiers est, sous contrôle des
terroristes. Les analystes s’attendent
au début de la grande bataille d’Alep
dans les semaines à venir.
Les experts pensent que
l’Armée arabe syrienne est entrée,
depuis le début des raids aériens
russes, le 30 septembre 2015, dans une
dynamique de reconquête qu’il sera
difficile d’arrêter. Depuis le début de
l’offensive, il y a trois mois et demi,
l’AAS a libéré près de 240 villes,
localités et villages, dans le Nord mais
aussi autour de Damas et à Deraa,
couvrant une superficie de 2000
kilomètres carrées.
Entre conquêtes et réconciliations
En plus des succès au nord,
l’armée a libéré une quinzaine de
villages au sud et à l’est de la ville
de Hama, ainsi que plusieurs localités
au nord de Homs. Dans la Ghouta
orientale de Damas, elle a repris
l’aéroport de Marj al-Sultan et son
village. Toujours autour de la capitale,
les processus de réconciliation se
succèdent, permettant de pacifier de
vastes zones. A Deraa l’armée a
reconquis une grande partie de la ville
stratégique de Cheikh Meskin. Dans la
province de Quneitra, elle a repris
plusieurs collines importantes,
réduisant en cendre le projet
d’instauration d’une ceinture de
sécurité le long du Golan occupée, une
zone qui serait contrôlée par les
terroristes et protégée par les
«Israéliens».
Plus à l’est, l’armée
syrienne semble avoir réussi à
stabiliser le front de Bagheiliyya, près
de la ville de Deir Ezzor, après une
très violente offensive de Daech,
précédée de 30 attentats suicide. Cette
attaque avait permis au groupe
terroriste de prendre cette localité, où
il a commis un horrible massacre tuant
près de 300 personnes, dont une majorité
de civils, tous sunnites, sous prétexte
qu’ils sont des partisans de l’Etat
syrien. Daech, qui a subi de lourdes
pertes dans cette bataille, n’a pas
réussi à transformer ce succès relatif
en dynamique, qui lui aurait permis de
poursuivre son avancée.
C’est donc dans des
conditions clairement favorables que les
négociations de Genève devraient
commencer en fin de semaine, avec
quelques jours de retard. Sauf si
l’Arabie saoudite et la Turquie,
sponsors régionaux des terroristes,
préfèrent reporter le rendez-vous, en
espérant des jours meilleurs sur le
terrain. Mais plus le temps passe, plus
la situation militaire de leurs agents
sur le terrain et leur propre situation
politique, se précarise.
Source :
French.alahednews
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