ALAHED
Pour les beaux yeux d’« Israël »,
Trump
s’en va-t-en-guerre
Samer R. Zoughaib

Vendredi 22 septembre 2017
En
dénonçant l’accord nucléaire, Donald
Trump risque d’entrainer la région et le
monde dans une guerre dévastatrice.
C’est sans doute
l’un des discours les plus belliqueux
jamais prononcé par le dirigeant d’une
grande puissance à la tribune de
l’Assemblée générale des Nations unies,
une organisation censée veiller à la
résolution pacifique des conflits et à
la stabilité du monde. Le choix par le
président américain Donald Trump de ce
lieu hautement symbolique pour déverser
sa rhétorique guerrière contre l’Iran et
la Corée du Nord illustre tout le mépris
que le locataire de la Maison Blanche
voue au droit international et aux
relations respectueuses entre les
nations. Pour Donald Trump, les lois, la
volonté et les intérêts des Etats-Unis
passent avant tout, même s’il faut
fouler des pieds les accords, les
conventions et les traités qui régissent
les relations entre les Etats, et dont
la mise en place a nécessité des
décennies de négociations.
En dénonçant
l’accord nucléaire avec Téhéran, conclu
à l’issue de 5 années de négociations
ardues, et en qualifiant l’Iran d’«Etat
voyou» et de «dictature corrompue»,
Trump s’aligne totalement sur la
position du «Premier ministre
israélien», Benjamin Netanyahou, le seul
dirigeant au monde à exiger l’abrogation
de l’accord nucléaire. Celui que l’on
croyait affranchi du lobby sioniste aux
Etats-Unis, du fait qu’il est à la tête
d’une fortune estimée à 8 milliards de
dollars, s’est avéré être totalement
inféodé à ce groupe de pression, qui
sert plus les intérêts d’«Israël» que de
l’Amérique.
L’Iran respecte
ses engagements
Donald Trump a
déclaré qu’il était parvenu à une
décision au sujet de l’accord nucléaire.
Il devrait l’annoncer à la mi-octobre
lors d’un discours au Congrès, au cours
duquel il prétendra que l’Iran ne
respecte pas ses engagements, pour
justifier le retrait de Washington.
Pourtant, l’Agence internationale de
l’énergie atomique et les autres
signataires de l’accord (la Russie, la
Grande-Bretagne, la Chine, l’Union
européenne et l’Allemagne) assurent que
la République islamique applique à la
lettre sa part du contrat.
Faisant fi de ses
partenaires et des autres grandes
puissances, l’administration américaine
veut donc revenir à la politique injuste
des sanctions unilatérales, qui
pourraient, à terme, provoquer un
conflit militaire à l’échelle régionale
et mondiale, uniquement pour servir les
intérêts d’«Israël».
Face à cette
attitude agressive et menaçante, l’Iran
ne va certainement pas rester les bras
croisés.
Juste après la
diatribe de Trump, le ministre iranien
des Affaires étrangères Mohammad Jawad
Zarif a dénoncé un «discours de haine».
Le président Hassan Rohani a estimé, de
son côté, que plus personne ne fera
confiance aux Etats-Unis si Washington
se retire de l'accord.
La réaction la plus
violente est venue du leader de la
Révolution islamique, qui a qualifié de
«langage de cowboy et de gangster» la
violente allocution de Trump. «Le
discours insensé et extrêmement
menaçant, insolent et confus du
président des Etats-Unis avec son
langage de cowboy et de gangster
s'explique par la haine et
l'incompétence des responsables du
gouvernement américain, qui n'ont pas de
cervelle», a déclaré sayed Ali Khamenei,
selon son site internet. «Les propos
tenus par (Trump) ne sont pas glorieux
pour la nation américaine, et l'élite de
ce pays devrait avoir honte d'avoir un
tel président et de ses remarques», a
ajouté l'ayatollah Khamenei, lors d'un
discours devant l'Assemblée des experts.
Selon son site
internet, sayed Khamenei a aussi déclaré
que la «haine» des dirigeants américains
vis-à-vis de l'Iran s'expliquait par «la
présence et l'influence de la République
islamique, qui a conduit à l'échec des
menées américaines et israéliennes» dans
la région.
Sur un plan
pratique, le président Hassan Rohani a
déclaré ce vendredi que l’Iran allait
renforcer ses capacités militaires et
balistiques malgré les critiques des
Etats-Unis et de la France, lors d'un
défilé marquant le déclenchement de la
guerre Irak-Iran en 1980. «Que vous le
vouliez ou pas, nous allons renforcer
nos capacités militaires, nécessaires en
matière de dissuasion (...) Pour
défendre notre patrie nous ne
demanderons la permission à personne»,
a-t-il dit dans un discours.
En cas de
dénonciation de l’accord par les
Etats-Unis, l’Iran a annoncé qu’il
reprendrait l’enrichissement de
l’uranium à des taux élevés.
La France
propose une solution
Les Européens,
France en tête, espèrent encore peser
sur la décision américaine. Dénoncer
l'accord serait une «lourde erreur», «ne
pas le respecter serait irresponsable»,
a ainsi mis en garde Emmanuel Macron. La
France a proposé un «complément» à
l'accord sur le nucléaire iranien, sur
lequel les signataires pourraient
travailler pour l'après 2025, une
manière d'entrouvrir une porte de sortie
pour Washington.
Mais il n’est pas
certain que Trump saisisse la perche
tendue. Car ce n’est pas l’accord
nucléaire qu’il vise mais l’Iran en tant
que puissance émergente, farouchement
attachée à son indépendance politique et
économique. L’échec de tous les plans
concoctés en Syrie, en Irak et au Yémen,
pour affaiblir la République islamique
et l’entrainer dans des guerres
interminables qui épuiseraient son
économie et ses forces armées, ont
échoué. Instrumentalisé par les
Etats-Unis pour servir cet objectif, «Daech»
est sur le point d’être totalement
écrasé en Syrie et en Irak, grâce aux
armées syrienne et irakienne, soutenues
par leurs alliés, notamment le Hezbollah
et les Iraniens. Washington et «Israël»,
qui avaient misé sur ce précieux outil
pour une longue guerre d’usure, voient
leurs plans tomber à l’eau. Il ne leur
reste plus qu’à s’engager eux-mêmes sur
le champ de bataille. Mais ont-ils
encore les moyens et, surtout, la
volonté de se battre face à un axe
victorieux? Rien n’est moins sûr.
Source:
french.alahednews
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