Alahed
Au grand dam de Washington:
défaite des terroristes à Alep
Samer R. Zoughaib

Lundi 5 septembre 2016
L’Armée arabe syrienne et ses alliés ont
reconquis, dimanche 4 septembre, les
trois écoles militaires au sud-ouest
d’Alep, refermant la brèche ouverte le 6
août par les terroristes vers les
quartiers qu’ils occupent à l’est de la
ville. Cette défaite des extrémistes a
poussé les Etats-Unis à faire
marche-arrière dans les négociations
avec la Russie pour conclure un
cessez-le-feu.
Moins d’un mois après la
plus vaste offensive lancée depuis le
début de la guerre par ladite «Armée de
la conquête», une coalition extrémiste
conduite par le «Front qaïdiste al-Nosra»,
l’Armée arabe syrienne (AAS) et ses
alliés ont repris le dessus au sud-ouest
d’Alep. Le 6 août dernier, les groupes
terroristes menés par al-Nosra -qui se
fait, depuis, appeler «Fateh al-Cham»-
avaient réussi, au prix de pertes
estimées à un millier d’hommes, à ouvrir
une brèche vers les quartiers est
d’Alep, qu’ils occupent depuis 2012. Ils
n’étaient jamais parvenus, cependant, à
élargir ce corridor de 900 mètres de
large, qui était resté sous le feu de
l’armée syrienne.
Après avoir contenu
l’offensive des terroristes, l’armée
syrienne et ses alliés sont passés à la
contre-offensive, en appliquant une
stratégie qui a complètement paralysé
l’ennemi. Ils ont d’abord procédé à un
pilonnage quotidien des bases-arrière et
des lignes de ravitaillement des
extrémistes, jusque dans les villes et
les villages les plus reculés de la
province d’Idleb. Ces bombardements ont
empêché les terroristes de renforcer
leurs positions à l’intérieur des trois
académies militaires, qu’ils avaient
prises le 6 août, et d’élargir la brèche
de Ramoussa.
La
prise des collines par l’armée syrienne
La deuxième phase de la
contre-attaque consistait à occuper les
collines du sud-ouest d’Alep, afin de
cibler les routes de ravitaillement des
terroristes en provenance de Khan
Toumane, au sud-ouest de la ville. La
prise de la colline d’Oum al-Kareh, qui
surplombe la région, a été décisive. Les
principales hauteurs sont ensuite
tombées les unes après les autres entre
les mains de l’armée syrienne. Lors de
la troisième phase, les unités
d’infanterie de l’ASS et de ses alliés
sont parties à l’assaut des écoles
militaires, sous un puissant barrage
d’artillerie et des raids massifs de
l’aviation russe et syrienne. Après des
heures de combats féroces, les
terroristes se sont retirés, laissant
sur le terrain leurs morts et une grande
quantité d’armes et de munitions. «Les
forces armées, en coopération avec leurs
alliés, ont pris le contrôle total de la
zone des académies militaires
-l'académie d'artillerie, l'école de
l'armement et l'école technique de
l'armée de l'air- et nettoient les
dernières poches de terroristes dans le
secteur», a affirmé une source militaire
syrienne citée par la télévision
officielle. «L'armée s'est emparée de
l'académie d'artillerie et contrôle
désormais les trois écoles militaires.
Par conséquent, les quartiers est d'Alep
sont de nouveau complètement assiégés»,
a reconnu Rami Abdel Rahmane, directeur
de l'Observatoire syrien des droits de
l’homme, proche des groupes armés.
Ce succès majeur de l’ASS a
réduit à néant les résultats de
l’offensive pour laquelle les groupes
extrémistes, galvanisés par le
terroriste saoudien Abdallah al-Mouheisné,
chef de l’«Armée de la conquête»,
avaient mobilisé plus de dix-mille
combattants –dont des dizaines d’enfants
soldats transformés en kamikazes- et des
moyens militaires inédits, comprenant
des missiles antichars américains Tow et
d’autres armes fournies par les
Etats-Unis, via la Turquie et l’Arabie
saoudite. Washington avait d’ailleurs
reconnu son rôle dans l’armement des
extrémistes par la bouche du responsable
du dossier du Moyen-Orient, de l’Afrique
du nord et du Golfe à la Maison blanche,
Robert Malley. Dans une interview
accordée, le 15 août, à la revue Foreign
Policy, Malley a déclaré que son pays
était prêt à continuer à «armer
l’opposition pour une guerre illimitée
(…) pour empêcher la victoire du régime
syrien».
Les Américains instrumentalisent les
terroristes
Le succès de l’armée
syrienne intervient alors que Russes et
Américains sont engagés dans des
discussions pour tenter de relancer le
processus de négociations destinées à
trouver une solution à la guerre
syrienne. Mais les Etats-Unis sont plus
intéressés par la conclusion d’un
cessez-le-feu à Alep, pour sauver les
groupes terroristes d’une défaite
annoncée. Le manque de sérieux des
Américains est clairement apparu dans
les «fuites» orchestrées par un membre
de la délégation américaine négociant
avec les Russes. Il a déclaré aux
médias, sous couvert d’anonymat, que
l’accord avec Moscou prévoyait «la levée
du blocus imposé par l’armée syrienne à
partir du nord d’Alep et l’arrêt des
raids de l’aviation syrienne contre les
forces de l’opposition». Il est clair
que ces fuites ont pour but de semer le
doute entre Damas et Moscou, car
l’acceptation de ces conditions signifie
l’abandon de tous les avantages réalisés
sur le terrain par l’armée syrienne avec
l’aide de la Russie, ces deux derniers
mois.
Les Américains n’ont pas
tardé à exprimer leur mécontentement des
développements sur le terrain.
Washington a ainsi accusé Moscou d'avoir
«fait marche arrière» sur certains
points dans ses négociations sur la
Syrie, rendant impossible dans
l'immédiat un accord de coopération
entre les deux puissances. «Les Russes
ont reculé sur des points où nous
pensions pourtant nous être mis
d'accord, donc nous nous retournons vers
nos capitales respectives pour
consultation», a déclaré sous couvert de
l'anonymat un haut responsable du
Département d'Etat présent au sommet du
G20 à Hangzhou (Chine).
Le Secrétaire d'Etat John Kerry
américain a expliqué plus tard à la
presse qu'il avait certes rencontré
«pendant plusieurs heures» dimanche son
homologue russe Sergueï Lavrov, mais
sans parvenir à dissiper des divergences
persistantes.
Le président russe Vladimir Poutine
avait pour sa part estimé que Moscou et
Washington pourraient parvenir «bientôt»
à un accord. «Nous avançons petit à
petit dans la bonne direction», avait-il
déclaré, selon des propos diffusés par
le Kremlin.
Mais la partie américaine a poursuivi sa
stratégie visant à répandre un climat de
suspicion. Le président Barack Obama a
ainsi averti que les Etats-Unis
approchaient les discussions sur une
nouvelle trêve syrienne avec «une dose
de scepticisme», mais que cela «valait
le coup d'essayer».
Les négociations
russo-américaines achoppent sur le refus
des Etats-Unis de lever la couverture
qu’ils accordent aux groupes
terroristes, qui combattent côte-à-côte
avec l’opposition dite «modérée», sans
contrepartie politique. Ce qui veut dire
que l’Amérique continue
d’instrumentaliser les terroristes pour
engendrer des gains géopolitiques.
Source :
French.alahednews
Le sommaire de Samer R. Zoughaib
Les dernières mises à jour

|