Alahed
Nebbol et Zahra libres:
La Turquie perd ses cartes dans le nord
syrien
Samer R. Zoughaib

Vendredi 5 février 2016
En
libérant les localités de Nebbol et
Zahra et en resserrant l’étau sur Alep,
l’armée syrienne et ses alliés ont
réalisé un exploit militaire qui aura
des conséquences géopolitiques
considérables.
En l’espace de moins de 72
heures, l’armée syrienne et ses alliés
ont balayé les groupes terroristes
installés au nord d’Alep depuis 2012, et
ont brisé les rêves de leurs sponsors
régionaux, notamment la Turquie et
l’Arabie saoudite.
Tout a commencé lundi,
lorsque les troupes syriennes ont lancé
une attaque surprise à partir de la
localité de Bachkoy, située au nord
d’Alep. Cette région avait connu des
combats féroces, ces derniers temps,
lorsque les groupes terroristes, menés
par le «Front al-Nosra», la branche
syrienne d’«Al-Qaïda», ont tenté de
reprendre Bachkoy, reconquise l’année
dernière par l’armée syrienne. Au lieu
de prendre du repos et de renforcer ses
positions après avoir repoussé tous les
assauts des terroristes, l’Armée arabe
syrienne (AAS), a lancé une offensive
vers le nord-ouest, en direction de la
localité de Hardtein, sous un barrage
d’artillerie et une préparation
effectuée par l’aviation russe et
syrienne. Des dizaines de raids ciblés
ont visé les positions des terroristes,
constituées de tranchées profondes et de
barricades fortifiées à l’aide de
remblais de terre. Devant la puissance
de l’attaque, les lignes des terroristes
se sont effondrées, en dépit des
renforts envoyés de toute la province
d’Alep. Après la prise de Hardtein, une
partie des attaquants a bifurqué vers la
localité de Ratian, située plus à
l’ouest, et une autre partie a poursuivi
sa progression, vers le Nord, prenant
deux autres villages, avant d’arriver à
l’est de Maaraset el-Khan. Dans le même
temps, d’autres unités ouvraient
plusieurs fronts dans la même région, de
sorte que, les groupes extrémistes,
dispersés, ne savaient plus exactement
quel était l’objectif principal de l’AAS
et de ses alliés. Après plusieurs
manœuvres de diversion, effectuées par
l’armée syrienne, les Comités
populaires, qui défendent Nebbol et
Zahraa depuis trois ans et demi, ont
effectué une sortie vers l’ouest de
Maaraset el-Khan. Pris en tenaille, les
extrémistes d’al-Nosra, d’Ansareddine,
et d’autres groupes inféodés à la
Turquie et à l’Arabie saoudite, se sont
effondrés et ont fui dans toutes les
directions. Une partie s’est dirigée
vers le sud, une autre vers la frontière
syro-turque, plus au nord. Mercredi au
crépuscule, les comités populaires et
l’armée syrienne faisaient leur
jonction, brisant le plus long siège
imposé par les terroristes depuis le
début de la guerre, en 2011.
Une leçon d’héroïsme
Nebbol et Zahra, qui
abritent quelque 60000 habitants civils,
sont défendues par 5000 hommes, en
majorité des volontaires originaires de
la région. Ils ont résisté à de
nombreuses offensives terroristes et à
des dizaines d’attaques suicide, donnant
à tous une véritable leçon d’héroïsme et
provoquant la colère des dirigeants
turcs, qui voulaient écraser coûte que
coûte cet ilot symbolisant la résistance
et la légitimité de l’Etat syrien.
Il aura donc fallu moins de
trois jours pour balayer trois ans de
préparatifs militaires, directement
supervisés par les services de
renseignements turcs. Les extrémistes
recevaient aussi de Turquie armes,
munitions, vivres, médicaments et autres
équipements militaires. Cet exploit
prouve que l’Armée arabe syrienne (AAS),
malgré cinq ans de guerre sur plus de
500 fronts et de lourdes pertes, garde
intacte sa combativité et sa motivation.
Il montre aussi que les mécanismes de
coordination entre l’AAS, le Hezbollah,
les instructeurs iraniens et
l’état-major russe, fonctionnent à
merveille. Contrairement aux groupes
terroristes qui ne sont pas parvenus à
établir une structure commune de
coordination, bien qu’ils aient les
mêmes sponsors et opérateurs régionaux.
Les conséquences
géopolitiques de la bataille du Nord
d’Alep sont énormes. La libération de
Nebbol et Zahraa permet de redéployer
dans des actions offensives les 5000
défenseurs des deux villes. De plus,
l’AAS a coupé en deux la campagne allant
du nord de la ville d’Alep à la
frontière avec la Turquie. Plus
important encore, les groupes
terroristes, qui occupent depuis 2012
les quartiers est de la ville, ne
peuvent plus recevoir ni renforts ni
ravitaillement de la Turquie ou de toute
autre région de Syrie. Ils n’ont plus
d’autres choix que la reddition ou la
mort lente, car l’armée syrienne n’a
nulle intention de prendre d’assaut les
quartiers qu’ils contrôlent, pour éviter
des destructions et des pertes inutiles.
Le rêve de la Turquie
d’intégrer Alep, la plus grande ville de
Syrie, dans sa zone d’influence s’est
évaporé en trois jours. Avec la
reconquête par l’AAS de la majeure
partie de la province de Lattaquié, à
l’ouest, la Turquie voit les cartes
qu’elle a accumulées pendant cinq ans en
Syrie disparaitre les unes après les
autres. Aujourd’hui, Ankara n’est plus
qu’un acteur impuissant, qui va son
influence fondre à vue d’œil, sans être
capable d’entreprendre quoi que ce soit
pour freiner cette chute inéluctable.
Source :
French.alahednews
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