Alahed
L’élection de Michel Aoun:
une belle leçon de loyauté
Samer R. Zoughaib

Mardi 1er novembre 2016
L’élection de Michel Aoun à la
présidence de la République conforte le
Liban dans ses choix stratégiques
régionaux et assainit la vie politique
nationale. Ce qui ne plait pas à
«Israël».
L’élection du général Michel Aoun à la
présidence de la République a été
accueillie avec crainte et appréhension
par la presse «israélienne». Le
quotidien «Israel Hayom», proche du
Premier ministre Benjamin Netanyahu, a
écrit que «l’élection de Aoun signifie
que (le secrétaire général du Hezbollah
Sayyed) Hassan Nasrallah est le grand
gagnant». Le journal s’est indigné du
fait que «l’allié de l’Arabie saoudite,
Saad Hariri, a baissé la tête et s’est
plié aux diktats de Nasrallah». «Le
drapeau blanc qui a été brandi par
Hariri et l’Arabie permet à Nasrallah et
aux Iraniens de progresser afin de
soumettre le Liban à leurs diktats,
peut-on lire dans l’article. Dans le
passé, les chrétiens maronites du Liban
comptaient sur le soutien de la France
et des Etats-Unis ou même d’Israël. Or,
aujourd’hui, la situation a changé du
fait que Aoun et les maronites ont lié
leur sort à celui de Nasrallah et de
l’Iran», poursuit le quotidien.
Le «Times of Israel» titre, ce lundi,
que les présidents syrien et iraniens, (Bachar)
el-Assad et Hassan Rouhani «félicitent
Michel Aoun pour son élection».
Avant la séance électorale du 31
octobre, le Yediot Aharonot écrivait que
«si (Michel) Aoun devenait président,
l’empreinte de l’Iran au Liban sera
renforcée. Plus personne ne se risquera
à désarmer le Hezbollah. Ce sera
d’autant plus inquiétant pour l’Arabie
saoudite».
«Israël» veut semer la discorde
La réaction des médias sionistes traduit
effectivement la crainte d’«Israël» de
l’arrivée au pouvoir du général Aoun.
Mais ces commentaires ont pour
objectifs, aussi, de semer la discorde
entre les Libanais et entre le Liban et
les pays arabes.
«Israël» a raison de s’inquiéter de
l’arrivée à la magistrature suprême de
l’allié du Hezbollah. Mais cette
alliance n’est pas à l’image de celles
qu’établissent les Etats-Unis avec leurs
satellites, ou «Israël» avec ses valets,
basées sur la dépendance, le suivisme
aveugle et la subordination. La relation
entre le Hezbollah et le Courant
patriotique libre (CPL) est bâtie sur le
respect mutuel et sur des principes
inébranlables, à la tête desquels
figurent la préservation de l’unité du
Liban et sa défense face aux dangers qui
le guettent, d’où qu’ils viennent.
Sayyed Hassan Nasrallah a accordé son
soutien à un homme qui s’est tenu aux
côtés de la Résistance pendant
l’agression de juillet-août 2006, alors
qu’une partie de la classe politique
libanaise et de la communauté
internationale préparait l’enterrement
du Hezbollah avant même d’attendre
l’issue de la guerre. Michel Aoun a mis
en jeu sa sécurité personnelle et son
avenir politique, faisant primer
l’intérêt de la patrie sur toute autre
considération, misant sur la force, la
détermination et la capacité de
sacrifice des résistants affrontant
l’armée «israélienne» au Liban-Sud. Il a
gagné son pari.
Aoun, un authentique patriote
Sayyed Nasrallah a accordé sa confiance
à un authentique patriote, insensible
aux valises remplies de dollars, un
homme aux convictions solides, qui ne
cède pas devant les menaces et les
pressions. Michel Aoun n’a-t-il pas dit:
«Le monde peut m’anéantir mais il ne
réussira pas à arracher ma
signature»?
C’est en homme libre que Michel Aoun
s’est allié au Hezbollah et libre il
l’est resté, dix ans après la signature
du «document d’entente». Jamais une
alliance entre deux partis libanais
n’aura duré autant, et n’aura résisté à
tellement de pressions et de campagnes
de dénigrement.
L’élection du général Aoun après deux
ans et demi de vacance présidentielle
est une leçon de loyauté que le général
Aoun et sayyed Nasrallah ont donné à
l’ensemble de la classe politique
libanaise, habituée aux relations
passagères, aux coups bas et à la
traitrise. En soutenant la candidature
du leader du CPL jusqu’au bout, et en
déjouant tous les scénarios imaginés
pour la faire capoter, Sayyed Nasrallah
a prouvé que les relations entre les
hommes et les partis politiques au Liban
peuvent –et doivent- être bâties sur la
confiance, la loyauté et la fidélité.
Ces qualités, si elles sont appliquées
dans la vie politique nationale,
permettront de construire une société
apaisée.
C’est le sens du message que Sayyed
Nasrallah a adressé à la base du CPL le
dimanche 23 octobre. Le président du
parti, le ministre Gebran Bassil, a bien
saisi ce message et a déclaré, lundi
soir, lors de la célébration de
l’élection du général Aoun, place des
martyrs, que «Sayyed Nasrallah est le
second partenaire dans la victoire».
S’adressant au chef du Hezbollah, M.
Bassil a dit: «Nous n’avons jamais douté
de la sincérité de votre position à nos
côtés. Ce n’est pas seulement de la
loyauté mais de la sincérité, afin que
tous les Libanais comprennent qu’il
existe encore une éthique en politique
au Liban».
L’élection de Michel Aoun est une
victoire à plus d’un égard. Elle
conforte les choix stratégiques du Liban
dans les dossiers régionaux; elle ouvre
la perspective de l’édification d’un
Etat moderne. Et, enfin, elle donne une
bouffée d’oxygène à une vie politique
sclérosée.
Source : French.alahednews
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