Actualité
La catastrophe du coronavirus :
un effet boomerang de la guerre
biologique déclenchée par les États-Unis
contre la Chine ?
Ron Unz
Jeudi 7 mai 2020 Par
Ron Unz, American Pravda, 21 avril 2020
(1)
[Les mensonges
officiels américains autour de la Chine,
depuis le présumé massacre de Tiananmen
- Médias, réseaux sociaux et services de
renseignements - La logique des
événements - Le cas du professeur
Charles Lieber - Conclusion : l'effet
boomerang de la stupidité des
bellicistes US ]
Près de 30 000
Américains sont morts du coronavirus au
cours des deux dernières semaines, et
selon certaines estimations, il s'agit
d'une sous-évaluation, alors que le
nombre de décès continue à augmenter
rapidement. Pendant ce temps, les
mesures visant à contrôler la
propagation de cette infection mortelle
ont déjà coûté leur emploi à 22 millions
d'Américains, un effondrement économique
sans précédent qui a fait grimper nos
taux de chômage au niveau de ceux de la
Grande Dépression. Notre pays est
confronté à une crise aussi grave que
presque toutes celles de notre histoire
nationale.
Pendant de
nombreuses semaines, le président Trump
et ses alliés politiques avaient
régulièrement écarté ou minimisé cette
terrible menace pour la santé, et
soudain, face à un désastre aussi
manifeste, ils ont naturellement
commencé à chercher d'autres coupables à
blâmer.
Le choix évident,
c'est la Chine, où l'épidémie mondiale a
commencé à la fin de 2019. Depuis une
semaine ou deux, nos médias sont de plus
en plus nombreux à accuser la
malhonnêteté et l'incompétence du
gouvernement chinois d'avoir joué un
rôle majeur dans la production de notre
propre catastrophe sanitaire.
Des accusations
encore plus graves sont également
portées, de hauts fonctionnaires du
gouvernement informant les médias qu'ils
soupçonnent que le virus Covid-19 a été
développé dans un laboratoire chinois à
Wuhan, puis lâché par négligence sur un
monde vulnérable. De telles "théories du
complot" étaient autrefois confinées à
la frange politique extrême de
l'Internet, mais on les trouve
maintenant dans les pages respectables
de mon New York Times quotidien
et du Wall Street Journal du
matin.
Qu'elles soient
plausibles ou non, ces accusations ont
les plus graves implications
internationales, et il y a des demandes
croissantes pour que la Chine compense
financièrement les billions de dollars
de pertes économiques subies par les
USA. Une nouvelle guerre froide
mondiale, à la fois politique et
économique, pourrait bientôt voir le
jour.
Je n'ai pas de
compétence personnelle en matière de
technologie de guerre biologique, ni
accès aux rapports secrets des services
de renseignement américains qui semblent
avoir été pris au sérieux par nos
journaux nationaux les plus élitaires.
Mais je pense qu'une exploration
minutieuse des précédents affrontements
sino-américains de ces deux dernières
décennies pourrait donner un aperçu
utile de la crédibilité relative de ces
deux gouvernements ainsi que de celle de
nos propres médias.
Les mensonges
officiels américains sur la Chine,
depuis le supposé massacre de Tienanmen
À la fin des années
1990, l'Amérique semblait avoir atteint
le sommet de sa puissance et de sa
prospérité mondiales, se réjouissant de
sa victoire historique dans la longue
Guerre froide, tandis que les Américains
ordinaires ont grandement bénéficié de
l'expansion économique record de cette
décennie. Un énorme boom technologique
était à son apogée, et le terrorisme
islamique semblait une chose vague et
lointaine, presque entièrement confinée
aux films hollywoodiens. Avec
l'effondrement de l'Union soviétique, la
possibilité d'une guerre à grande
échelle semblait s'être dissipée, si
bien que les dirigeants politiques se
sont vantés des "dividendes de la paix"
dont les citoyens commençaient à
profiter; pendant ce temps, nos énormes
forces militaires, constituées sur près
d'un demi-siècle, se voyaient réduites
au moyen de coupes sombres dans le
budget de défense gonflé. L'Amérique
revenait enfin à une économie régulière
en temps de paix, dont les avantages
étaient évidents pour tout le monde.
À l'époque, je me
concentrais essentiellement sur les
questions de politique intérieure, aussi
n'avais-je accordé qu'une attention
minime à notre seule petite opération
militaire de cette période, la guerre
aérienne de l'OTAN contre la Serbie en
1999, destinée à protéger les Albanais
du Kosovo contre le nettoyage ethnique
et le massacre, un projet de
l'administration Clinton que j'avais
pleinement approuvé à l'époque.
Bien que notre
campagne de bombardement limitée ait
semblé assez réussie et qu'on ait
bientôt forcé les Serbes à s'asseoir à
la table des négociations, la courte
guerre a comporté un incident très
embarrassant. L'utilisation de vieilles
cartes avait entraîné une erreur de
ciblage qui a fait qu'une de nos bombes
intelligentes a accidentellement frappé
l'ambassade de Chine à Belgrade, tuant
trois membres de sa délégation et en
blessant des dizaines d'autres. Les
Chinois ont été scandalisés par cet
incident, et leurs organes de propagande
ont commencé à prétendre que l'attaque
avait été délibérée, une accusation
imprudente qui n'avait manifestement
aucun sens logique.
À l'époque, je
regardais le Newshour de PBS tous
les soirs, et j'étais choqué de voir
l'ambassadeur américain soulever ces
accusations absurdes avec l'animateur
Jim Lehrer, dont l'incrédulité
correspondait à la mienne. Mais lorsque
j'ai considéré que le gouvernement
chinois s'obstinait encore à nier la
réalité de son massacre des étudiants
protestataires sur la place Tiananmen
une décennie plus tôt, j'en ai conclu
qu'il fallait s'attendre à un
comportement déraisonnable de la part
des responsables de la RPC. En effet, il
y avait même des spéculations sur le
fait que la Chine exploitait cyniquement
ce malheureux accident pour des raisons
intérieures, espérant alimenter le genre
d'anti-américanisme jingoïste au sein du
peuple chinois qui contribuerait enfin à
panser les plaies sociales de ce
scandale de 1989.
C'est du moins ce
que je pensais à ce sujet il y a plus de
deux décennies. Mais dans les années qui
ont suivi, ma compréhension du monde et
de nombreux événements marquants de
l'histoire moderne a subi les
transformations radicales que j'ai
décrites dans ma série Americana
Pravda. Et j'ai remis en question
certaines de mes hypothèses des années
1990.
Prenons, par
exemple, le massacre de la place
Tienanmen, qui, chaque 4 juin, suscite
encore une vague annuelle de
condamnations sévères dans les pages
d'information et d'opinion de nos
principaux journaux nationaux. Je
n'avais jamais douté de ces faits au
départ, mais il y a un an ou deux, je
suis tombé par hasard sur un court
article du journaliste Jay Matthews
intitulé "Le mythe de Tienanmen" qui a
complètement bouleversé ce mirage.
Selon Matthews, le
tristement célèbre massacre n'avait
probablement jamais eu lieu, mais
n'était qu'un artefact médiatique
produit par des reporters occidentaux
confus et une propagande malhonnête, une
croyance erronée qui s'était rapidement
ancrée dans notre scénario médiatique
standard, sans cesse répétée par tant de
journalistes ignorants au point qu'ils
ont tous fini par croire qu'elle était
vraie. Au lieu de cela, aussi
précisément qu'on puisse le déterminer,
les étudiants protestataires avaient
tous quitté la place Tienanmen
pacifiquement, comme le gouvernement
chinois l'avait toujours soutenu. En
effet, les principaux journaux tels que
le New York Times et le
Washington Post ont parfois reconnu
ces faits au fil des ans, mais ont
généralement enterré ces maigres aveux
si profondément au détour de quelque
article que peu de gens les ont
remarqués. Pendant ce temps, la plupart
des grands médias étaient tombés dans le
piège de ce qui ressemble bien à un
canular.
Matthews lui-même
avait été le chef du bureau de Pékin du
Washington Post, couvrant
personnellement les manifestations à
l'époque, et son article est paru dans
la Columbia Journalism Review,
notre plus prestigieux organe critique
des médias. Cette analyse faisant
autorité et contenant des conclusions
aussi explosives a été publiée pour la
première fois en 1998, et j'ai du mal à
croire que de nombreux reporters ou
rédacteurs en chef couvrant la Chine
soient restés ignorants de cette
information, alors même que l'impact en
a été absolument nul. Depuis plus de
vingt ans, pratiquement tous les comptes
rendus des grands médias que j'ai lus
continuent de promouvoir le canular du
massacre de la place Tienanmen,
généralement de manière implicite mais
parfois explicite.
Plus remarquables
encore ont été les découvertes que j'ai
faites concernant le bombardement
prétendument accidentel de l'ambassade
de Chine en 1999. Peu de temps après le
lancement de ce site, j'ai ajouté Peter
Lee, ancien collaborateur de l'Asia
Times, en tant que chroniqueur, en
mettant en lien les archives de son blog
China Matters qui s'étendaient
sur une décennie. Il a rapidement publié
un article de 7 000 mots sur l'attentat
à la bombe contre l'ambassade de
Belgrade, représentant une compilation
de matériel déjà contenu dans une
demi-douzaine d'articles précédents
qu'il avait écrits sur ce sujet à partir
de 2007. À ma grande surprise, il a
fourni un grand nombre de preuves
convaincantes que l'attaque américaine
contre l'ambassade chinoise avait
effectivement été délibérée, comme la
Chine l'avait toujours prétendu.
Selon M. Lee, Pékin
avait permis que son ambassade soit
utilisée comme site de transmission
radio sécurisée par l'armée serbe, dont
le propre réseau de communication était
une cible principale des frappes
aériennes de l'OTAN. Pendant ce temps,
les défenses aériennes serbes avaient
abattu un chasseur américain F-117A de
pointe, dont la technologie furtive
top-secrète était un secret militaire
américain crucial. Des débris de cette
épave extrêmement précieuse avaient été
soigneusement rassemblées par les Serbes
reconnaissants, qui les avaient livrées
aux Chinois pour qu'ils les stockent
temporairement à leur ambassade avant de
les transporter chez eux. Cette
acquisition technologique vitale a
ensuite permis à la Chine de déployer
son propre chasseur furtif J20 au début
de 2011, bien des années plus tôt que
les analystes militaires américains ne
l'avaient cru possible.
Sur la base de
cette analyse, Lee a soutenu que
l'ambassade chinoise avait été attaquée
afin de détruire les installations de
retransmission serbes qui s'y
trouvaient, tout en punissant les
Chinois pour avoir permis une telle
utilisation. Il y avait également des
rumeurs répandues en Chine selon
lesquelles un autre motif était une
tentative infructueuse pour détruire les
débris de l'avion furtif qui y étaient
entreposés. Des témoignages ultérieurs
du Congrès ont révélé que, parmi les
centaines de frappes aériennes de
l'OTAN, l'attaque de l'ambassade
chinoise était la seule à avoir été
directement ordonnée par la CIA, un
détail hautement suspect.
Je ne connaissais
que très peu le travail de Lee, et dans
des circonstances normales, j'aurais été
très prudent face à ses remarquables
affirmations contre la position
contraire universellement adoptée par
tous nos propres médias d'élite. Mais
les sources qu'il citaient ont
complètement bouleversé cet équilibre.
Bien que les médias
américains dominent le monde anglophone,
de nombreuses publications britanniques
possèdent également une solide
réputation mondiale, et comme elles sont
souvent beaucoup moins sous l'emprise de
notre propre État de sécurité nationale,
elles ont parfois couvert des histoires
importantes qui ont été ignorées ici. Et
dans ce cas, le Sunday Observer a
publié un exposé remarquable en octobre
1999, citant plusieurs sources
militaires et de renseignement de l'OTAN
qui ont pleinement confirmé la nature
délibérée du bombardement américain de
l'ambassade de Chine, un colonel
américain se vantant même, semble-t-il,
que leur bombe intelligente ait touché
exactement la pièce visée.
Cette importante
histoire a été immédiatement résumée
dans le Guardian, une publication
sœur, et également couverte par le
(concurrent) Times de Londres et
par de nombreuses autres publications
parmi les plus prestigieuses du monde,
mais elle s'est heurtée à un mur de
silence absolu dans notre propre pays.
Une telle divergence bizarre sur une
histoire d'importance stratégique
mondiale - une attaque délibérée et
meurtrière des États-Unis contre le
territoire diplomatique chinois - a
attiré l'attention de FAIR, un
groupe américain de surveillance des
médias de premier plan, qui a publié une
première critique et un suivi ultérieur.
Ces deux articles totalisent quelque 3
000 mots et résument efficacement à la
fois les preuves accablantes des faits
et la lourde couverture internationale,
tout en rapportant les faibles excuses
avancées par les principaux
éditorialistes américains pour
expliquer leur silence persistant. Sur
la base de ces articles, je considère
que l'affaire est réglée.
Peu d'Américains se
souviennent de notre attaque de 1999
contre l'ambassade de Chine à Belgrade,
et si ce n'était à cause de l'agitation
rituelle d'un drapeau sanglant tous les
4 juin par nos médias ignorants et
malhonnêtes, le "massacre de la place
Tienanmen" aurait également disparu
depuis longtemps de la mémoire. Aucun de
ces événements n'a aujourd'hui une
grande importance directe, du moins pour
nos propres citoyens. Mais les
implications médiatiques plus larges de
ces exemples semblent assez importantes.
Ces incidents ont
représenté deux des plus graves points
chauds entre les gouvernements chinois
et américain au cours des trente
dernières années. Dans les deux cas, les
affirmations du gouvernement chinois
étaient tout à fait correctes, bien
qu'elles aient été démenties par nos
propres dirigeants politiques et
rejetées ou ridiculisées par
pratiquement tous nos médias grand
public. De plus, en quelques mois ou un
an, de nombreux journalistes ont pris
connaissance des faits réels, qui ont
même été rapportés dans des lieux tout à
fait respectables. Mais cette réalité
est restée complètement ignorée et comme
supprimée pendant des décennies, de
sorte qu'aujourd'hui, presque aucun
Américain dont l'information provient de
nos médias réguliers n'en a même
connaissance. En effet, comme de
nombreux jeunes journalistes tirent leur
connaissance du monde de ces mêmes
sources médiatiques d'élite, je
soupçonne que beaucoup d'entre eux n'ont
jamais appris ce que leurs prédécesseurs
savaient mais n'osaient pas mentionner.
Rapports entre
les médias, les réseaux sociaux et les
services de renseignement
La plupart des
grands médias chinois sont détenus ou
contrôlés par le gouvernement chinois,
et ils ont tendance à suivre largement
la ligne du gouvernement. Les principaux
médias américains ont une structure de
propriété privée, d'entreprise, et se
vantent souvent de leur indépendance
farouche ; mais sur de nombreux sujets
cruciaux, je pense que la réalité n'est
pas si différente de celle de la Chine.
J'ai tendance à
douter que les dirigeants chinois aient
un quelconque engagement prioritaire
envers la vérité, et les raisons de leur
plus grande véracité sont probablement
d'ordre pratique. Les informations et
les divertissements américains dominent
complètement le paysage médiatique
mondial et ils ne sont confrontés à
aucun rival national important. La Chine
reconnaît donc qu'elle est largement
dépassée dans tout conflit de
propagande, et en tant que partie la
plus faible, elle doit nécessairement
essayer de se rapprocher de la vérité,
de peur que ses mensonges ne soient
immédiatement exposés. En attendant, le
contrôle écrasant de l'Amérique sur
l'information mondiale peut inspirer une
arrogance considérable, le gouvernement
promouvant parfois les mensonges les
plus scandaleux et les plus ridicules
dans la conviction que le moindre média
américain favorable couvrira toute
erreur.
Il convient de
garder ces considérations à l'esprit
lorsque nous tentons de passer au crible
les comptes rendus de nos médias souvent
peu fiables et malhonnêtes, dans
l'espoir d'extraire les véritables
circonstances de l'épidémie actuelle de
coronavirus. Contrairement aux études
historiques minutieuses, nous
travaillons en temps réel et notre
analyse est fortement entravée par le
brouillard de guerre permanent, de sorte
que toute conclusion est nécessairement
très provisoire. Mais compte tenu des
enjeux élevés, une telle tentative
semble justifiée.
Lorsque mes
journaux du matin ont commencé à
mentionner l'apparition d'une nouvelle
maladie mystérieuse en Chine à la
mi-janvier, je n'y ai guère prêté
attention, absorbé comme je l'étais par
les conséquences de notre soudain
assassinat du principal chef militaire
iranien et la dangereuse possibilité
d'une nouvelle guerre au Moyen-Orient.
Mais les rapports ont persisté et se
sont multipliés, avec des décès et des
preuves de plus en plus nombreuses que
la maladie virale pouvait se transmettre
entre humains. Les premiers efforts
conventionnels de la Chine semblent
avoir échoué à stopper la propagation de
la maladie.
Le 23 janvier,
après seulement 17 morts, le
gouvernement chinois a pris la décision
étonnante de mettre en quarantaine les
11 millions d'habitants de la ville de
Wuhan, une mesure qui a attiré
l'attention du monde entier. Il a
rapidement étendu cette politique aux 60
millions de Chinois de la province du
Hubei, ensuite, pour en venir à mettre à
l'arrêt son économie nationale et à
boucler 700 millions de Chinois dans
leurs foyers, une mesure de santé
publique probablement mille fois plus
importante que tout ce qui a été
entrepris auparavant dans l'histoire de
l'humanité. Soit les dirigeants chinois
étaient soudainement devenus fous, soit
ils considéraient ce nouveau virus comme
une menace nationale absolument
mortelle, qu'il fallait contrôler à tout
prix.
Compte tenu de ces
actions chinoises spectaculaires et des
gros titres internationaux qu'elles ont
générés, les accusations actuelles des
responsables de l'administration Trump
selon lesquelles la Chine aurait tenté
de minimiser ou de dissimuler la gravité
de l'épidémie sont tellement ridicules
qu'elles défient toute rationalité. En
tout cas, le dossier montre que le 31
décembre, les Chinois avaient déjà
alerté l'Organisation mondiale de la
santé sur cette nouvelle maladie
étrange, et les scientifiques chinois
ont publié le 12 janvier le génome
complet du virus, ce qui a permis de
produire des tests de diagnostic dans le
monde entier.
Contrairement à
d'autres nations, la Chine n'avait reçu
aucun avertissement préalable sur la
nature ou l'existence de cette nouvelle
maladie mortelle, et se trouvait donc
confrontée à des obstacles uniques. Mais
son gouvernement a mis en place des
mesures de contrôle de la santé publique
sans précédent dans l'histoire du monde
et a réussi à éradiquer presque
complètement la maladie, avec seulement
la perte de quelques milliers de vies.
Pendant ce temps, de nombreux autres
pays occidentaux comme les États-Unis,
l'Italie, l'Espagne, la France et la
Grande-Bretagne ont traîné pendant des
mois et ignoré la menace potentielle, et
ont maintenant subi bien plus de 100 000
morts en conséquence, le bilan
continuant à s'alourdir rapidement. Pour
ces nations ou leurs organes de presse,
critiquer la Chine pour son inefficacité
ou sa lenteur de réaction représente une
inversion absolue de la réalité.
Certains
gouvernements ont tiré pleinement parti
de l'alerte précoce et des informations
scientifiques fournies par la Chine.
Bien que les nations voisines de l'Asie
de l'Est, comme la Corée du Sud, le
Japon, Taïwan et Singapour aient été les
plus menacées et aient été parmi les
premières à être infectées, leurs
réponses compétentes et énergiques leur
ont permis de supprimer presque
complètement toute épidémie majeure, et
elles ont subi un nombre minimal de
décès. Mais l'Amérique et plusieurs pays
européens ont évité d'adopter ces mêmes
mesures précoces telles que les tests
généralisés, la quarantaine et la
recherche de la chaîne des contacts, et
ont payé un prix terrible pour leur
insouciance.
Il y a quelques
semaines, le Premier ministre
britannique Boris Johnson a
audacieusement déclaré que sa propre
stratégie de lutte contre la maladie
pour la Grande-Bretagne était basée sur
l'obtention rapide d'une "immunité
collective" - encourageant
essentiellement la majorité de ses
citoyens à être infectés - puis a
rapidement fait marche arrière après que
ses conseillers désespérés aient reconnu
que le résultat pourrait entraîner un
million de morts britanniques ou plus.
La réponse de la
Chine et de la plupart des pays
d'Extrême Orient à cette crise sanitaire
mondiale a été absolument exemplaire,
alors que celle de nombreux pays
occidentaux a été symétriquement
désastreuse. Le maintien d'une santé
publique raisonnable est une fonction de
base des gouvernements depuis l'époque
des cités-États de Sumer, et
l'incompétence pure et totale de
l'Amérique et de la plupart de ses
vassaux européens est à couper le
souffle. Si les médias occidentaux
tentent de prétendre le contraire, ils
perdront définitivement la crédibilité
internationale qu'ils possèdent encore.
Je ne pense pas que
ces faits particuliers soient très
contestés, sauf par les partisans les
plus aveugles, et l'administration Trump
reconnaît probablement qu'il est inutile
de prétendre le contraire. Cela explique
probablement son récent changement
d'orientation vers un récit beaucoup
plus explosif et controversé, à savoir
l'affirmation que Covid-19 pourrait
avoir été le produit de recherches
chinoises sur des virus mortels dans un
laboratoire de Wuhan, ce qui suggère que
le sang de centaines de milliers ou de
millions de victimes dans le monde sera
sur les mains des Chinois. Des
accusations dramatiques, qui, soutenues
par une puissance médiatique
internationale écrasante, pourraient
avoir une profonde résonance dans le
monde entier.
Les informations
publiées dans le Wall Street Journal
et le New York Times ont été
relativement cohérentes. Des hauts
fonctionnaires de l'administration Trump
ont désigné l'Institut de virologie de
Wuhan, un laboratoire biologique chinois
de premier plan, comme la source
possible de l'infection, le virus mortel
ayant été accidentellement libéré, se
propageant ensuite d'abord en Chine puis
dans le monde entier. Trump lui-même a
publiquement exprimé des soupçons
similaires, tout comme le secrétaire
d'État et ancien directeur de la CIA
Mike Pompeo dans une interview sur
Fox News. Des militants de droite
ont déjà intenté des procès privés à la
Chine pour plusieurs billions de dollars
et les sénateurs républicains Tom Cotton
et Lindsey Graham ont évoqué des
demandes gouvernementales similaires.
Je n'ai évidemment
pas d'accès personnel aux rapports
secrets des services de renseignement
qui ont servi de base à ces accusations
par Trump, Pompeo et d'autres hauts
fonctionnaires de l'administration. Mais
en lisant ces récents comptes rendus,
j'ai remarqué quelque chose d'assez
étrange.
En janvier dernier,
peu d'Américains prêtaient beaucoup
d'attention aux premiers rapports
concernant une épidémie inhabituelle
dans la ville chinoise de Wuhan, qui
n'était guère connue du grand public. Au
lieu de cela, l'attention politique
était concentrée sur la bataille pour la
destitution de Trump et les conséquences
de notre dangereuse confrontation
militaire avec l'Iran. Mais vers la fin
de ce mois, j'ai découvert que les
marges de l'Internet étaient inondées
d'allégations selon lesquelles la
maladie était causée par une arme
biologique chinoise accidentellement
libérée dans la nature par ce même
laboratoire de Wuhan. L'ancien
conseiller de Trump, Steve Bannon, et
ZeroHedge, un site web populaire
conspirationniste de droite, ont joué un
rôle de premier plan dans l'avancement
de cette théorie. En effet, ces
histoires se sont tellement répandues
dans ces cercles idéologiques que le
sénateur Tom Cotton, un néocon
républicain de premier plan, a commencé
à les promouvoir sur Twitter et FoxNews,
provoquant ainsi un article dans le NYT
sur ces "théories de conspiration
marginales".
Je pense qu'il est
peut-être plus que purement fortuit que
les théories de guerre biologique qui
ont éclaté de manière si concertée sur
de petits sites web politiques et des
comptes de médias sociaux en janvier
dernier correspondent si étroitement à
celles qui sont maintenant publiquement
préconisées par les hauts fonctionnaires
de l'administration Trump; et qui sont
supposées être basées sur nos sources de
renseignements les plus sûres. Peut-être
que quelques citoyens activistes
intrépides ont réussi à reproduire les
conclusions de notre appareil de
renseignement obtenues à coups de
milliards de dollars, et l'ont fait en
quelques jours alors que cela avait
nécessité de la part des agences des
semaines ou des mois. Mais un scénario
plus probable est que la vague de
spéculation de janvier avait été
alimentée par des fuites privées et des
"conseils" fournis par exactement les
mêmes éléments qui aujourd'hui lancent
très publiquement des accusations
similaires dans les médias d'élite. Au
départ, la promotion de théories
controversées dans des médias moins
connus a longtemps été une pratique
assez courante dans le domaine du
renseignement.
Quelles que soient
les origines de l'idée, est-il plausible
que l'épidémie de coronavirus ait pu
provenir d'une fuite accidentelle de ce
laboratoire chinois ? Je ne suis pas au
courant des procédures de sécurité des
installations du gouvernement chinois,
mais en faisant preuve d'un peu de bon
sens, on peut élucider cette question.
Bien que le
coronavirus ne soit que modérément
mortel, avec apparemment un taux de
mortalité de 1 % ou moins, il est
extrêmement contagieux, y compris
pendant une période pré-symptomatique
prolongée et également parmi les
porteurs asymptomatiques. Ainsi,
certaines parties des États-Unis et de
l'Europe subissent aujourd'hui de
lourdes pertes, tandis que les
politiques adoptées pour contrôler la
propagation ont dévasté leurs économies
nationales. Bien qu'il soit peu probable
que le virus tue plus qu'une petite
partie de notre population, nous avons
vu avec consternation comment une
épidémie majeure peut si facilement
détruire toute notre vie économique.
En janvier, les
journalistes qui ont couvert la crise
sanitaire croissante de la Chine ont
régulièrement souligné que la
mystérieuse nouvelle épidémie virale
s'était produite au pire moment et au
pire endroit possible, apparaissant dans
le principal centre de transport de
Wuhan juste avant les vacances du Nouvel
An lunaire, alors que des centaines de
millions de Chinois se rendaient
normalement chez leurs lointaines
familles pour les fêtes, ce qui risquait
de propager la maladie dans toutes les
régions du pays et de produire une
épidémie permanente et incontrôlable. Le
gouvernement chinois a évité ce triste
sort en prenant la décision sans
précédent de fermer toute son économie
nationale et de confiner 700 millions de
Chinois dans leurs propres maisons
pendant de nombreuses semaines. Mais
l'issue fatale semble avoir été évitée
de justesse et si Wuhan était resté
ouverte quelques jours de plus, la Chine
aurait pu facilement subir une
dévastation économique et sociale à long
terme.
Le moment d'une
libération accidentelle du virus en
laboratoire serait évidemment
entièrement aléatoire. Pourtant,
l'épidémie semble avoir commencé pendant
la période précise la plus susceptible
de nuire à la Chine, soit la pire
fenêtre possible de dix ou peut-être
trente jours. Comme je l'ai fait
remarquer en janvier, je n'ai trouvé
aucune preuve solide que le coronavirus
était une arme biologique, mais si
c'était le cas, le moment de la
dissémination semblait très peu
susceptible d'avoir été accidentel.
La logique des
évènements
Si le virus a été
libéré intentionnellement, le contexte
et le motif d'une telle attaque de
guerre biologique contre la Chine ne
pourraient pas être plus évidents. Bien
que nos médias malhonnêtes continuent de
prétendre le contraire, la taille de
l'économie chinoise a dépassé la nôtre
il y a plusieurs années, et a continué à
croître beaucoup plus rapidement. Les
entreprises chinoises ont également pris
la tête de plusieurs technologies
cruciales, Huawei étant devenu le
premier fabricant mondial d'équipements
de télécommunications et dominant
l'important marché de la 5G. La vaste
initiative chinoise de la Route de la
Soie a menacé de réorienter le commerce
mondial autour d'une masse terrestre
eurasienne interconnectée, réduisant
considérablement l'influence du contrôle
américain sur les mers. J'ai suivi la
Chine de près pendant plus de quarante
ans et les tendances n'ont jamais été
aussi évidentes. En 2012, j'ai publié un
article au titre provocateur "L'ascension
de la Chine, la chute de l'Amérique..."
et depuis lors, je n'ai vu aucune raison
de réévaluer mon verdict.
Quelle
superpuissance est la plus menacée par
ses 'élites extractives' ?Pendant les
trois générations qui ont suivi la fin
de la Seconde Guerre mondiale,
l'Amérique s'est imposée comme la
puissance économique et technologique
suprême du monde, tandis que
l'effondrement de l'Union soviétique, il
y a trente ans, nous a laissés comme la
seule superpuissance restante, face à
aucun rival militaire imaginable. Le
sentiment croissant que nous étions en
train de perdre rapidement cette
position incontestée a certainement
inspiré la rhétorique anti-Chinoise de
nombreux hauts responsables de
l'administration Trump, qui ont lancé
une guerre commerciale majeure peu après
leur entrée en fonction. La misère et
l'appauvrissement croissants de larges
pans de la population américaine ont
naturellement poussé ces électeurs à
chercher un bouc émissaire commode, et
les Chinois prospères et en pleine
ascension ont fait une cible parfaite.
Malgré le conflit
économique croissant entre les
États-Unis et la Chine au cours des deux
dernières années, je n'avais jamais
envisagé la possibilité que les choses
prennent une tournure militaire. Les
Chinois avaient depuis longtemps déployé
des missiles à portée intermédiaire
avancée dont beaucoup pensaient qu'ils
pourraient facilement couler nos
transporteurs dans la région, et ils
avaient aussi généralement amélioré leur
dissuasion militaire conventionnelle. En
outre, la Chine était en assez bons
termes avec la Russie, qui était
elle-même la cible d'une intense
hostilité américaine depuis plusieurs
années ; et la nouvelle série de
missiles hypersoniques révolutionnaires
de la Russie avait réduit
considérablement tout avantage
stratégique américain. Ainsi, une guerre
conventionnelle contre la Chine semblait
une entreprise absolument désespérée,
alors que les hommes d'affaires et les
ingénieurs chinois exceptionnels
gagnaient constamment du terrain face au
système économique américain en déclin
et lourdement financiarisé.
Dans ces
circonstances difficiles, une attaque de
guerre biologique américaine contre la
Chine aurait pu sembler la seule carte
qui restait à jouer dans l'espoir de
maintenir la suprématie américaine. Un
démenti plausible minimiserait le risque
de représailles chinoises directes et,
en cas de succès, le coup terrible
infligé à l'économie chinoise la
retarderait pendant de nombreuses
années, voire déstabiliserait son
système social et politique.
L'utilisation de médias alternatifs pour
promouvoir immédiatement les théories
selon lesquelles l'épidémie de
coronavirus était le résultat d'une
fuite d'un laboratoire de guerre
biologique chinois était un moyen
naturel de prévenir toute accusation
chinoise ultérieure allant dans le même
sens, permettant ainsi à l'Amérique de
gagner la guerre de propagande
internationale avant même que la Chine
n'ait commencé à jouer.
La décision de
certains éléments de notre sécurité
nationale de mener une guerre biologique
dans l'espoir de maintenir la puissance
mondiale américaine serait certainement
un acte extrêmement imprudent, mais
l'imprudence extrême est devenue un
aspect régulier du comportement
américain depuis 2001, en particulier
sous l'administration Trump. Un an
auparavant, nous avions enlevé la fille
du fondateur et président de Huawei, qui
était également directeur financier et
l'un des plus hauts dirigeants chinois,
alors qu'au début du mois de janvier,
nous avons soudainement assassiné le
plus haut dirigeant militaire iranien.
Ce sont les
réflexions qui m'ont traversé l'esprit
au cours de la dernière semaine de
janvier, lorsque j'ai découvert les
théories largement diffusées selon
lesquelles l'épidémie massive de
maladies en Chine était la conséquence
de ses propres recherches sur la guerre
biologique. Je n'ai vu aucune preuve
solide que le coronavirus soit une arme
biologique, mais si c'était le cas, la
Chine était certainement la victime
innocente de l'attaque,
vraisemblablement menée par des éléments
de l'establishment américain de la
sécurité nationale.
Peu après,
quelqu'un a porté à mon attention un
très long article d'un expatrié
américain vivant en Chine qui se faisait
appeler "Metallicman" et qui avait un
large éventail de croyances excentriques
et invraisemblables. J'ai longtemps
reconnu que des individus imparfaits
peuvent souvent servir de vecteurs à des
informations importantes qui ne seraient
pas disponibles autrement, et cette
affaire en a constitué un parfait
exemple. Son article dénonçait
l'épidémie comme une probable attaque de
guerre biologique américaine, et
fournissait une grande richesse de faits
que je n'avais pas considérés
auparavant. Depuis qu'il a autorisé la
reproduction de l'article ailleurs, je
l'ai repris, et son analyse de 15 000
mots, bien qu'un peu brute et non polie,
a commencé à attirer un nombre énorme de
lecteurs sur notre site web,
probablement l'un des tout premiers
articles en anglais à suggérer que la
mystérieuse nouvelle maladie était une
arme biologique américaine. Nombre de
ses arguments m'ont paru douteux ou ont
été contournés par des développements
ultérieurs, mais plusieurs d'entre eux
me semblaient assez éloquents.
Il soulignait que,
au cours des deux années précédentes,
l'économie chinoise avait déjà subi de
graves coups de massue de la part
d'autres nouvelles maladies
mystérieuses, bien que celles-ci aient
ciblé les animaux d'évelage plutôt que
les personnes. En 2018, un nouveau virus
de la grippe aviaire a balayé le pays,
éliminant une grande partie de
l'industrie avicole chinoise, et en
2019, l'épidémie de grippe porcine a
dévasté les élevages de porcs chinois,
détruisant 40 % de la principale source
nationale de viande, avec de nombreuses
allégations selon lesquelles cette
dernière maladie était propagée par de
mystérieux petits bourdons. Mes journaux
du matin avaient quasiment ignoré ces
importantes histoires, notant tout de
même que l'effondrement soudain d'une
grande partie de la production
alimentaire nationale chinoise pourrait
s'avérer une énorme aubaine pour les
exportations agricoles américaines au
plus fort de notre conflit commercial,
mais je n'avais jamais envisagé les
implications évidentes de tout cela.
Ainsi, pendant trois années
consécutives, la Chine a été gravement
touchée par d'étranges nouvelles
maladies virales, bien que seules les
plus récentes aient été mortelles pour
l'homme. Cette preuve était simplement
circonstancielle, mais le schéma
semblait très suspect.
L'auteur soulignait
également que peu avant l'épidémie de
coronavirus à Wuhan, cette ville avait
accueilli 300 officiers militaires
américains en visite, venus participer
aux Jeux mondiaux militaires de 2019,
une coïncidence de calendrier absolument
remarquable. Comme je l'avais alors
souligné, comment les Américains
réagiraient si 300 officiers militaires
chinois avaient effectué une visite
prolongée à Chicago et que, peu de temps
après, une mystérieuse et mortelle
épidémie avait soudainement éclaté dans
cette ville ? Une fois de plus, les
preuves n'étaient que circonstancielles
mais ont certainement suscité de sombres
soupçons.
L'enquête
scientifique sur le coronavirus avait
déjà mis en évidence son origine dans un
virus de chauve-souris, ce qui avait
conduit les médias à spéculer sur le
fait que les chauves-souris vendues
comme aliments sur les marchés ouverts
de Wuhan pouvaient avoir été le vecteur
original de la maladie. Entre-temps, les
vagues orchestrées d'accusations
anti-Chine avaient mis l'accent sur la
recherche en laboratoire chinois sur
cette même source virale. Mais nous
avons rapidement publié un long article
de la journaliste d'investigation
Whitney Webb fournissant de nombreuses
preuves des énormes efforts de recherche
de l'Amérique en matière de guerre
biologique, qui s'étaient également
concentrés pendant des années sur les
virus des chauves-souris. Webb était
alors associée à MintPress News,
mais cette publication avait étrangement
refusé de publier son important article,
peut-être par crainte des graves
soupçons qu'elle nourrissait à l'égard
du gouvernement américain sur une
question aussi importante. Et voilà
comment, sans le bénéfice de notre
plateforme, la contribution majeure de W
Webb au débat public aurait pu attirer
relativement peu de lecteurs.
L'affaire
Charles Lieber (2)
À peu près au même
moment, j'ai remarqué une autre
coïncidence extrêmement étrange qui n'a
pas réussi à susciter l'intérêt de nos
somnolents médias nationaux. Bien que
son nom n'ait rien signifié pour moi,
fin janvier, mes journaux du matin ont
publié des articles importants sur
l'arrestation soudaine du professeur
Charles Lieber, l'un des meilleurs
scientifiques de l'université de Harvard
et président de son département de
chimie, parfois qualifié de futur
lauréat potentiel du prix Nobel.
Les circonstances
de cette affaire m'ont paru tout à fait
étranges. Comme de nombreux autres
universitaires américains éminents,
Lieber avait entretenu pendant des
décennies des liens étroits avec la
Chine dans le domaine de la recherche,
en occupant des postes conjoints et en
recevant des fonds importants pour ses
travaux. Mais maintenant, il était
accusé d'infractions en matière de
rapports financiers dans les parties
divulguées de ses demandes de
subventions gouvernementales - le type
de délit le plus obscur - et sur la base
de ces accusations, il a été arrêté par
le FBI lors d'une descente matinale dans
sa maison de la banlieue de Lexington et
menotté et emmené en détention, risquant
potentiellement des années
d'emprisonnement fédéral.
Une telle action du
gouvernement contre un universitaire
semblait presque sans précédent. Au plus
fort de la guerre froide, de nombreux
scientifiques et techniciens américains
ont été accusés à juste titre d'avoir
volé nos secrets matière d'armement
nucléaire pour les livrer à Staline, et
pourtant je n'avais jamais entendu
parler d'aucun d'entre eux traité de
manière aussi dure, et encore moins d'un
universitaire de la stature du
professeur Lieber, qui était simplement
accusé de violation de règles de
divulgation technique. En fait, cet
incident rappelait les comptes-rendus
des raids du NKVD lors des purges
soviétiques des années 1930.
Bien que Lieber ait
été décrit comme un professeur de
chimie, quelques secondes sur Google
suffisent pour découvrir que certains de
ses travaux les plus importants avaient
été réalisés en virologie, y compris la
technologie de détection des virus.
Ainsi, une nouvelle épidémie virale
massive et mortelle avait éclaté en
Chine et, presque simultanément, un
éminent chercheur américain ayant des
liens étroits avec la Chine et une
compétence d'expert en matière de virus
était soudainement arrêté par le
gouvernement fédéral; mais personne dans
les médias n'a exprimé de curiosité
quant à un lien possible entre ces deux
événements!
Je pense que l'on
peut supposer sans risque que
l'arrestation de Lieber par le FBI était
motivée par l'épidémie de coronavirus
concomitante, mais toute autre hypothèse
n'est que pure spéculation. Ceux qui
accusent maintenant la Chine d'avoir
créé le coronavirus pourraient sûrement
suggérer que nos services de
renseignement ont découvert que le
professeur de Harvard avait été
personnellement impliqué dans cette
recherche mortelle. Mais je pense qu'une
possibilité bien plus probable est que
Lieber ait commencé à se demander si
l'épidémie en Chine n'était pas le
résultat d'une attaque de guerre
biologique américaine, et qu'il ait
peut-être exprimé ses soupçons un peu
trop librement, attirant ainsi la colère
de nos services de sécurité nationale.
Infliger un traitement aussi sévère à un
scientifique de haut niveau de Harvard
intimiderait grandement tous ses
collègues moins importants ailleurs, qui
y réfléchiraient sûrement à deux fois
avant d'aborder certaines théories
controversées avec n'importe quel
journaliste.
Fin janvier, notre
webzine avait publié une douzaine
d'articles et de messages sur l'épidémie
de coronavirus, puis en avait ajouté
beaucoup d'autres à la mi-février. Ces
articles totalisaient des dizaines de
milliers de mots et attiraient un
demi-million de mots de commentaires,
représentant probablement la principale
source en langue anglaise pour une
perspective particulière sur l'épidémie
mortelle, ce matériel ayant finalement
attiré plusieurs centaines de milliers
de pages. Quelques semaines plus tard,
le gouvernement chinois a commencé à
évoquer prudemment la possibilité que le
coronavirus ait été apporté à Wuhan par
les 300 officiers militaires américains
en visite dans cette ville, et a été
violemment attaqué par l'administration
Trump pour avoir propagé une propagande
anti-américaine. Mais je soupçonne
fortement que les Chinois ont puisé
cette idée dans notre propre
publication.
Alors que le
coronavirus commençait à se répandre
progressivement au-delà des frontières
de la Chine, une autre suite
d'évènements est intervenue, qui a
fortement multiplié mes soupçons. La
plupart de ces premiers cas s'étaient
produits exactement là où l'on pouvait
s'y attendre, dans les pays d'Asie de
l'Est limitrophes de la Chine. Mais fin
février, l'Iran était devenu le deuxième
épicentre de l'épidémie mondiale. Plus
surprenant encore, ses élites politiques
avaient été particulièrement touchées,
avec 10 % de l'ensemble du parlement
iranien bientôt infecté et au moins une
douzaine de ses fonctionnaires et hommes
politiques mourant de la maladie, dont
certains étaient très haut placés. En
effet, les militants neocon sur Twitter
ont commencé à noter avec joie que leurs
ennemis iraniens tombaient maintenant
comme des mouches.
Examinons les
implications de ces faits. Dans le monde
entier, les seules élites politiques qui
aient subi des pertes humaines
importantes sont celles de l'Iran, et
elles sont mortes à un stade très
précoce, avant même que des épidémies
importantes ne se produisent presque
partout ailleurs dans le monde, en
dehors de la Chine. Ainsi, nous avons
l'Amérique qui a assassiné le plus haut
commandant militaire de l'Iran le 2
janvier, puis, quelques semaines plus
tard, de grandes parties des élites
dirigeantes iraniennes ont été infectées
par un nouveau virus mystérieux et
mortel, et beaucoup d'entre elles en
sont mortes rapidement. Un individu
rationnel pourrait-il considérer cela
comme une simple coïncidence ?
La guerre
biologique est un sujet hautement
technique, et ceux qui possèdent une
compétence dans ce domaine sont peu
susceptibles de faire franchement état
de leurs activités de recherche
confidentielles dans les pages de nos
grands journaux, peut-être encore moins
après que le professeur Lieber ait été
traîné en prison enchaîné. Mes propres
connaissances sont nulles. Mais à la
mi-mars, je suis tombé sur plusieurs
commentaires extrêmement longs et
détaillés sur l'épidémie de coronavirus,
qui avaient été publiés sur un petit
site web par un individu se faisant
appeler "OldMicrobiologist"
et qui prétendait être un vétéran
retraité après quarante ans dans la
biodéfense américaine. Le style et les
détails de son apport m'ont semblé assez
crédibles, et après un peu plus
d'enquête, j'ai conclu qu'il y avait une
forte probabilité que son passé soit
exactement ce qu'il avait évoqué. J'ai
pris des dispositions pour republier ses
commentaires sous la forme d'un article
de 3 400 mots, qui a rapidement attiré
beaucoup de monde et 80 000 mots de
commentaires supplémentaires.
Bien que l'auteur
ait souligné l'absence de preuves
tangibles, il déclarait que son
expérience l'amenait à soupçonner
fortement que l'épidémie de coronavirus
était bien une attaque de guerre
biologique américaine contre la Chine,
probablement menée par des agents amenés
dans ce pays sous le couvert des Jeux
militaires qui se sont tenus à Wuhan fin
octobre, le genre d'opération de
sabotage que nos services de
renseignement avaient parfois entrepris
ailleurs. Un point important qu'il
soulignait, c'est qu'une létalité élevée
est souvent contre-productive dans une
arme biologique, car le fait d'affaiblir
ou d'hospitaliser un grand nombre
d'individus peut imposer à un pays des
coûts économiques bien plus importants
qu'un agent biologique qui ne fait
qu'infliger un nombre égal de morts.
Selon lui, "une maladie à haute
transmissibilité et à faible létalité
est parfaite pour ruiner une économie",
ce qui suggère que les caractéristiques
apparentes du coronavirus étaient
proches de l'optimum à cet égard. Les
personnes intéressées devraient lire son
analyse et juger par elles-mêmes de sa
crédibilité et de son pouvoir de
persuasion.
Un aspect intrigant
de la situation est que, presque dès le
premier instant où les médias
internationaux ont été informés de
l'étrange nouvelle épidémie en Chine,
une vaste campagne orchestrée a été
lancée sur de nombreux sites web et
plateformes de médias sociaux pour
identifier la cause comme étant une arme
biologique chinoise lancée par
négligence dans son propre pays.
Entre-temps, l'hypothèse bien plus
plausible selon laquelle la Chine était
la victime plutôt que l'auteur de
l'attentat n'avait reçu pratiquement
aucun soutien organisé nulle part, et
n'a commencé à prendre forme qu'au fur
et à mesure que je trouvais et
republiais des documents pertinents,
généralement tirés de milieux très
obscurs et dont
les auteurs étaient souvent
anonymes. Il semblait donc que seule la
partie hostile à la Chine menait une
guerre de l'information active.
L'apparition de la maladie et le
lancement presque simultané d'une
campagne de propagande aussi importante
ne prouvent pas nécessairement qu'une
véritable attaque de guerre biologique
ait eu lieu, mais je pense que cela tend
à soutenir une telle théorie.
Conclusion:
l'effet boomerang de la stupidité
belliciste US
Lorsque l'on
considère l'hypothèse d'une attaque de
guerre biologique américaine, certaines
objections naturelles me viennent à
l'esprit. Le principal inconvénient de
la guerre biologique a toujours été le
fait évident que les agents auto-répliquants
employés ne respecteront pas les
frontières nationales, ce qui augmente
le risque sérieux que la maladie finisse
par revenir sur sa terre d'origine et
lui infliger des pertes substantielles.
Pour cette raison, il semble très
douteux qu'un quelconque dirigeant
américain rationnel et quelque peu
compétent aurait déclenché le
coronavirus contre la Chine.
Mais comme nous le
voyons absolument démontré dans nos gros
titres quotidiens, le gouvernement
américain actuel est grotesquement et
manifestement incompétent, plus
incompétent qu'on ne pourrait presque
l'imaginer, des dizaines de milliers
d'Américains ayant déjà payé de leur vie
une telle incompétence extrême. La
rationalité et la compétence sont
manifestement introuvables parmi les
néoconservateurs des États profonds que
le président Donald Trump a nommés à
tant de postes cruciaux dans l'ensemble
de notre appareil de sécurité nationale.
De plus, l'idée
extrêmement servile qu'une épidémie
massive de coronavirus en Chine ne se
propagerait jamais aux États-Unis aurait
pu sembler plausible à des personnes qui
supposaient négligemment que les
analogies historiques du passé
continueraient à s'appliquer. Comme je
l'ai écrit il y a quelques semaines :
"Des personnes raisonnables ont suggéré
que si le coronavirus était une arme
biologique déployée par des éléments de
l'appareil américain de sécurité
nationale contre la Chine (et l'Iran),
il est difficile d'imaginer pourquoi
elles n'ont pas supposé qu'il se
propagerait naturellement aux États-Unis
et déclencherait une énorme pandémie
ici, comme c'est le cas actuellement."
La conclusion la plus évidente est
qu'ils étaient vraiment stupides et
incompétents, mais voici un autre point
à considérer...
Fin 2002, la Chine
a connu l'épidémie de SRAS, un virus
apparenté mais bien plus mortel et
quelque peu différent par d'autres
caractéristiques. Le virus a tué des
centaines de Chinois et s'est propagé
dans quelques autres pays avant d'être
contrôlé et éradiqué. L'impact sur les
États-Unis et l'Europe a été
négligeable, avec seulement une petite
dispersion des cas et seulement un ou
deux décès.
Donc, si les
analystes américains de la guerre
biologique envisageaient une attaque de
coronavirus contre la Chine, ne se
seraient-ils pas dit que puisque le SRAS
n'a jamais eu depropagantion
significative aux États-Unis ou en
Europe, nous resterions pareillement à
l'abri du coronavirus ? Il est évident
qu'une telle analyse était stupide et
erronée, mais n'aurait-elle pas été
plausible à l'époque ?
Comme certains
l'ont sûrement remarqué, j'ai
délibérément évité d'enquêter sur les
détails scientifiques du coronavirus. En
principe, une analyse objective et
précise des caractéristiques et de la
structure du virus pourrait aider à
déterminer s'il est entièrement naturel
ou s'il est plutôt le produit d'un
laboratoire de recherche et, dans ce
dernier cas, si la source probable
serait la Chine, l'Amérique ou un pays
tiers.
Mais nous sommes
face à un événement mondial
cataclysmique et ces questions ont
évidemment d'énormes ramifications
politiques, de sorte que tout le sujet
est enveloppé d'un épais brouillard de
propagande complexe, avec de nombreuses
revendications contradictoires avancées
par les parties intéressées. Je n'ai pas
de formation en microbiologie et encore
moins en guerre biologique, je serais
donc désespérément à la dérive dans
l'évaluation de ces assertions
scientifiques et techniques
contradictoires. Je soupçonne que cela
est également vrai pour l'écrasante
majorité des autres observateurs, bien
que les partisans engagés répugnent à
admettre ce fait et s'empressent de
saisir tout argument scientifique qui
apporte de l'eau à leur moulin, tout en
rejetant ceux qui les contredisent.
C'est pourquoi, par
nécessité, je me concentre sur les
preuves qui peuvent au moins être
comprises par tout profane, si ce n'est
nécessairement toujours acceptées. Et je
crois que la simple juxtaposition de
plusieurs divulgations récentes dans les
médias grand public conduit à une
conclusion assez éloquente.
Pour des raisons
évidentes, l'administration Trump est
devenue très désireuse de mettre en
évidence les premiers faux pas et les
retards dans la réaction chinoise à
l'épidémie virale de Wuhan, et a sans
doute encouragé nos médias à orienter
leur attention dans cette direction.
À titre d'exemple,
l'Associated Press Investigative Unit
a récemment publié une analyse assez
détaillée de ces premiers événements,
prétendument basée sur des documents
confidentiels chinois. Intitulé de
manière provocante "La Chine n'a pas
averti le public d'une probable pandémie
pendant 6 jours clés", cet article a été
largement diffusé, sous forme abrégée, à
New York et ailleurs. Selon cette
reconstitution, le gouvernement chinois
a pris conscience de la gravité de cette
crise de santé publique le 14 janvier,
mais a retardé toute action majeure
jusqu'au 20 janvier, période durant
laquelle le nombre d'infections s'est
fortement multiplié.
Le mois dernier,
une équipe de cinq reporters du WSJ a
produit une analyse très détaillée et
approfondie de 4 400 mots de la même
période, et le NYT a publié un
calendrier utile de ces premiers
événements également. Bien qu'il puisse
y avoir quelques différences d'accent ou
des désaccords mineurs, toutes ces
sources médiatiques américaines
s'accordent à dire que les responsables
chinois ont eu connaissance de la grave
épidémie virale à Wuhan au début ou à la
mi-janvier, le premier décès connu étant
survenu le 11 janvier, et n'ont
finalement mis en œuvre de nouvelles
mesures de santé publique majeures que
plus tard dans le même mois. Personne
n'a apparemment contesté ces faits
fondamentaux.
Mais les
conséquences horribles de notre inaction
gouvernementale ultérieure étant
évidentes, des éléments au sein de nos
agences de renseignement ont cherché à
démontrer que ce n'était pas eux qui
dormaient au bout du fil. Au début de ce
mois, un reportage d'ABC News a
cité quatre sources gouvernementales
distinctes pour révéler que dès la fin
novembre, une unité spéciale de
renseignement médical au sein de notre
Agence de renseignement de la défense
avait produit un rapport avertissant
qu'une épidémie hors de contrôle se
produisait dans la région de Wuhan en
Chine, et avait largement diffusé ce
document dans les plus hauts rangs de
notre gouvernement, avertissant que des
mesures devaient être prises pour
protéger les forces américaines basées
en Asie. Après la diffusion de
l'histoire, un porte-parole du Pentagone
a officiellement nié l'existence de ce
rapport de novembre, tandis que
plusieurs autres hauts fonctionnaires du
gouvernement et des services de
renseignement ont refusé de faire des
commentaires. Mais quelques jours plus
tard, la télévision israélienne a
mentionné qu'en novembre, les services
de renseignements américains avaient
effectivement partagé un tel rapport sur
l'épidémie de maladie de Wuhan avec ses
alliés de l'OTAN et d'Israël, semblant
ainsi confirmer de manière indépendante
l'exactitude complète de l'histoire
originale d'ABC News et de ses
différentes sources gouvernementales.
Il semble donc que
des éléments de l'Agence de
renseignement de la défense aient été au
courant de l'épidémie virale mortelle de
Wuhan plus d'un mois avant tout
responsable du gouvernement chinois
lui-même!!! À moins que nos services de
renseignement n'aient été les premiers à
utiliser la technologie de la
précognition, je pense que cela a pu se
produire pour la même raison que les
pyromanes ont la connaissance la plus
précoce des incendies futurs.
En février dernier,
avant qu'un seul Américain ne meure de
la maladie, j'ai rédigé mon propre
aperçu du déroulement possible des
événements, et je m'y tiendrais encore
aujourd'hui : "Considérez un résultat
particulièrement ironique de cette
situation, pas particulièrement probable
mais certainement possible..."
Tout le monde sait
que les élites dirigeantes américaines
sont criminelles, folles et aussi
extrêmement incompétentes. L'épidémie de
coronavirus était donc peut-être bien
une attaque de guerre biologique
délibérée contre la Chine, qui a frappé
ce pays juste avant le Nouvel An
lunaire, le pire moment possible pour
produire une pandémie nationale
permanente. Cependant, la RPC a réagi
avec une rapidité et une efficacité
remarquables, mettant en place la
quarantaine de loin la plus importante
de l'histoire de l'humanité, et la
maladie mortelle semble maintenant y
être en déclin.
Pendant ce temps,
la maladie se propage naturellement aux
États-Unis et, malgré tous les
avertissements préalables, notre
gouvernement totalement incompétent gère
mal la situation, ce qui produit un
énorme désastre sanitaire national,
ainsi que l'effondrement de notre
économie et de notre système politique
décrépit.
Comme je l'ai dit,
on ne s'y attendait pas, mais c'est
certainement une fin très appropriée
pour l'Empire américain...
Notes: (1) Ron Unz
offre les liens des traductions en
différentes langues de ses articles,
ici:
https://www.unz.com/page/american-pravda-series/ , https://www.unz.com/page/major-translations/
2) Voir
l'interprétation très différente de E.
Michael Jones sur l'affaire Lieber ici:
https://plumenclume.org/blog/543-le-coronavirus-et-la-guerre-culturelle-1
Source:
https://www.unz.com/runz/american-pravda-our-coronavirus-catastrophe-as-biowarfare-blowback/
Traduction, notes
et intertitres: Maria Poumier
Le dossier
Chine
Le
dossier Monde
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