Opinion
Dieudonné celui
par qui la résistance s'organise
Robert Bibeau
Robert
Bibeau
Mercredi 8 janvier 2014
La classe ouvrière de France mène la
lutte pour la liberté d’expression
La classe ouvrière choisit ses combats
et c’est son droit. Depuis quelques
années la classe ouvrière de France a
choisi de mener la lutte sur le front
idéologique de la lutte de classe pour
le droit d’expression, le droit de
réunion, le droit d’opposition, le droit
d’organisation et contre le délit
d’opinion.
Quand le Ministre français de
l’Intérieur exprime publiquement son
aversion pour un artiste et suggère
qu’il pourrait user de son poste
ministériel pour poser des gestes
inconstitutionnels comme d’interdire les
spectacles à venir – non encore rédigés
– d’un humoriste apprécié, l’accusant
par contumace et par anticipation,
d’être présumé coupable avant que
d’avoir commis le délit ; on atteint des
sommets de déraison que l’on aimerait
voir condamné par le Président de la
République pas encore fasciste. On
voudrait entendre le Premier Ministre,
patron de ce Ministre délinquant,
rappeler à l’ordre ce garnement.
Au contraire, le collègue du précédent,
Ministre de l’Économie et des
Finances, empêtré dans la crise
économique, le chômage et les scandales
financiers, en rajoute et invite les
citoyens à empêcher l’artiste de gagner
son pain. Il signe même de sa main les
affidavits administratifs de poursuite
destinés à ce citoyen lambda somme toute
plutôt moyen. Le Ministre n’avait pas
pris cette peine dans l’affaire
Bettencourt multimilliardaire héritière
de la fortune l’Oréal ; ni dans
l’affaire Depardieu, multimillionnaire
fuyant le fisc parisien ; non plus qu’à
propos de monsieur Arnault, première
fortune de France, s’éclipsant vers la
Belgique.
Comme le souligne Dieudonné, comment
va-t-il payer plus d’impôt si le
Ministre des finances milite activement
pour le boycott et el quiproquo? Une
question tout aussi irritante me
tourmente : depuis quand un Ministre des
finances tient-il inquisition et
joue-t-il les censeurs contre les
spectateurs ?
Et voici s’avancée au milieu de la
mêlée, au centre de l’allée des
strapontins ministériels, la daube noire
de service, désignée à la Justice, miss
Christiane Taubira,
fraichement coopté Garde des
Sceaux parmi les marguillers en
procession vers l’Élysée. La fugace
Ministre tient mordicus à apporter sa
contribution dans la guerre contre le
trublion, celui par qui la résistance
s’organise. La dame appel au
lynchage public de l’inconscient,
professe des menaces et exige des
sanctions toujours plus salaces. La
Ministre de la Justice, redevable devant
66 millions de citoyens français,
s’épand d’une déclaration dans les
médias internationaux à l’encontre d’un
commettant, affirmant sa résolution à
faire taire l’insolent. Mais consciente
de la guerre de classe en cours elle
s’en prend également au public du
troubadour, créant séance tenante le
délit de perversion humoristique.
Elle déclare : «Faut-il que son talent
soit stérile pour qu’il n’ait d’autres
motifs pour faire s’esclaffer des
esprits irresponsables ou incultes ou
pervers, qu’une tragédie, un
génocide (…)». La Dame des bayous de la
Guyane, «Garde des Sceaux», en
rajoute : «Il faut donc descendre dans
l’arène, disputer pied à pied, pouce par
pouce l’espace de vie commune, faire
reculer cette barbarie ricanante
(sic) la refouler, occuper le terrain
par
l’exigence et la convivialité.» (1).
Depuis quand le lynchage, l’acharnement
juridique, l’appel à créer des troubles
publics et l’invective d’une Ministre de
la Justice contre le public français
sont-ils
les instruments exigés de la
convivialité? Assurément il y a
quelque chose de pourri au royaume de
Sacha Guitry (2).
Force est de constater qu’il y a bien
une
affaire Dieudonné M’bala un
humoriste né en France de mère française
et de père camerounais. Trois questions
nous interpellent avec insistance. La
première : quels sont les sources et les
motifs de l’affaire Dieudonné? La
deuxième : quels en sont les
protagonistes? La troisième : Où
espère-t-on aller à l’Élysée avec cette
persécution publique contre Dieudonné?
Quels sont les sources et les motifs
de l’affaire Dieudonné ?
Pour répondre à cette question il faut
convenir de quelques prémices, jamais
affirmés mais toujours appliqués sans
mots dires en ce royaume autocratique
poujadiste.
§ La société française est une
société extrêmement hiérarchisée,
normée, régulée, engoncée dans des
protocoles imposés par des poncifs qui
se cooptent sans jamais avoir été
accrédités par la populace. La nouvelle
oligarchie gouvernementale vient
nécessairement des Grandes écoles et
pour mériter la notoriété de
maire-député le candidat doit avoir
passé par ces «Tours d’Argent» obligées.
Les aristocrates de la langue –
plastronnée à l’Académie française –
imposent leur diktat sur la langue
écrite par des millions d’individus. La
communauté francophone du monde entier
traine ce boulet d’une grammaire
imaginée à une époque où l’aristocratie
conservait compliqué l’expression écrite
comme son fief exclusif. Nous savons
aujourd’hui ce que les jeunes font de ce
fourbi. Hébété, combien de fois n’ai-je
entendu un africain aliéné, plus
français qu’un métropolitain, s’écrier
que tout citoyen doit respecter le
Président de la République que ce
dernier soit un saint ou un vaurien. Un
crétin en autorité doit-il conserver sa
renommée ?
§ De l’axiome qui précède, il
découle que chaque classe sociale et
chaque segment de classe joue son rôle
social intégral. Il ne viendrait pas à
l’idée d’un petit-bourgeois de durement
critiquer son Président sur les ondes de
la télé sous peine d’être saqué. Les
dernières entrevues téléguidées par
Sarkozy montraient cette animatrice se
contorsionnant pour ne pas poser la
question qui tue à son ami et Président.
§ La société française entretient
une relation singulière avec la culture
et les médias censés propager la culture
élitiste. Il est là aussi des règles
non-écrites mais respectées par tous (ou
presque). L’une d’elle dit que le
terrain des médias à la solde est la
chasse gardée de la petite-bourgeoise
intellectuelle qui ne doit en faire
usage qu’au bénéfice de ses maîtres qui
remplissent son écuelle. Ceci étant
admis – les chefs d’antenne, les
directeurs de pupitres, les
éditorialistes, les animateurs de la
radio et de la télé peuvent exposer
toutes les insignifiances qu’ils
voudront à condition que la classe
ouvrière n’y soient jamais représentée –
la vie d’un esclave salarié n’offrant
rien de palpitant pour les
téléspectateurs aliénés qui doivent être
abreuvés des péripéties de la vie de
Johnny et de la propagande-informative –
prédigérée – analysée et interprétée,
ne laissant que les onomatopées à
déclamer par le spectateur passif et
compassé. Les artistes, les écrivains,
les journalistes, les politiciens sont
soumis à cette loi d’airain tout comme
l’animateur télé dont le rôle est de
leur faire faire leur tour de piste,
chacun selon son cirque : «Parlez
beaucoup pour ne rien dire ça devrait
suffire, de toute façon le temps
d’antenne vous est compté».
§ Ce pattern d’ensemble ne souffre
aucune incartade – aucune initiative
intempestive – aucune saute d’humeur non
approuvée par les autorités et aucune
originalité incontrôlée sur les plateaux
fragilisés où à la fin on vous dira que
cette salade a toujours été servi aux
différents publics desservis qui ne
réclament rien de plus exquis. Les
audimats (côtes d’écoute) traquent celui
qui dérape de cette routine et qui le
paie par des tarifs publicitaires en
déprime. Comme ceux qui réclament et
ceux qui achètent la réclame sont les
mêmes – la machine programmatique et
l’appareil de propagande fonctionnent en
tandem, de la façon convenu, ce que
confirment les sondages. Jusqu’au jour
où un grain de sable se glisse dans
l’engrenage. En France aujourd’hui ce
grain de sable a pour nom
Dieudonné M’bala M’bala.
Qui sont les protagonistes de cette
controverse idéologique ?
Un artiste, un humoriste, un
journaliste, un politique, un
intellectuel déviant (Jean-Paul Sartre
pendant sa phase maoïste étant l’exemple
probant) qui ne respecte pas ce code
d’éthique inédit – jamais dit mais
toujours admis – complique la vie des
Égéries. Arrive Dieudonné
croyant naïvement à la liberté
d’expression, faisant fi des tabous –
des non-dits, manquant de respect envers
les intouchables-innommables, ceux dont
on ne prononce le nom qu’après avoir
fait génuflexion, négligeant le fait que
cette immense machine de propagande
n’est pas faite pour informer mais pour
désinformer et pour tromper en ayant
l’air d’interroger des commentateurs
ignares – venus faire la promotion de
leur dernier manuscrit – toujours prompt
à retourner l’ascenseur à l’animateur
lui-même éditeur de quelques pensées
plagiées.
Qu’un débutant s’enfarge faute de
maîtriser le rituel du cérémonial
télévisuel; qu’il dise des choses non
admises, à la limite du proscrit, il n’y
a là rien d’inédit. L’animateur lui
présentera une question complémentaire
accompagné de la réponse à braire – ou
alors un autre intervenant sur le
plateau, planquer là spécifiquement pour
ce boulot, se chargera de rappeler le
béotien à l’ordre de la pensée unique –
prête à consommer et au service des
riches.
La sélection des privilégiés de
l’antenne ayant lieu avant-scène, Il
arrive rarement qu’un artiste, un
journaliste, un analyste, un politique
fasse la sourde oreille et continue à
déblatérer pour faire croire que les
médias sont là pour informer. Car
aussitôt l’amicale des chacals –
animateurs, chef de plateau,
éditorialistes et plumitifs – lance le
mot d’ordre de boycott général – et si
certains ne semblent pas avoir compris
alors un thuriféraire accrédité – un
intellectuel abouché avec les autorités
– lance une «fatwa» contre le malfrat.
Jusqu’ici inutile d’ameuter les
Ministres et les plénipotentiaires
accrédités auprès des chancelleries.
C’est ici qu’un humoriste, coupable
d’outrage au tribunal idéologique
despotique, devient le «cas Dieudonné».
Et plutôt que de faire amende honorable
et de se taire après s’être confondu en
décharge, jurant de ne plus jamais le
refaire – l’humoriste tient tête et en
remet. Le voici qui use du droit
d’expression, d’opinion, de réunion,
d’organisation, d’opposition, sans
restriction et sans autorisation. C’est
la profession même de meneur d’antenne,
de faiseur d’opinion, de créateur de
consentement, de lèche culs des
puissants et de leurs adjudants que cet
artisan du spectacle joue à la roulette
des audimats.
Où va l’État bourgeois français si tout
un chacun peut émettre et diffusés
publiquement des idées non normées – non
politiquement approuvées ? Si n’importe
quel croquant peut quitter son studio et
monter sur le plateau pour être entendu
par la multitude des frustrés, des
enragés paupérisés qui n’attendent que
cela pour maugréer contre le pouvoir
dépravé? Pire, avec les nouveaux moyens
de télécommunication un artiste comme
Dieudonné peut déposer une vidéo sur
Youtube qui sera visionnée par
quelques millions de révoltés non
censurés. Le monopole de la parole n’est
plus respectée et même la ligue des
biens pensants – accrédités parce
qu’assujettis – ne parvient plus à
colmater l’hémorragie de la pensée
libérée.
Où espère-t-on aller à l’Élysée avec
cette persécution contre Dieudonné ?
Les salariés de France ne s’y sont
pas trompé, qui se mobilisent pour
défendre le droit d’expression et
d’opinion de Dieudonné, pour défendre le
porte-parole des sans voix, comprenant
parfaitement que ce sont les droit
d’opinion, d’expression, d’opposition,
de réunion et d’organisation qui sont
remis en question. L’État policier
ne doit pas imposer le délit d’opinion.
C’est un niveau de conscience populaire
qui ne fait pas l’affaire des
thuriféraires qui se liguent et appel au
boycott totale du résistant afin
de rétablir leur autorité despotique
malmenée. Encore un peu et leurs patrons
exigeront des comptes à ces poltrons
incapables de faire taire l’humoriste
grégaire et populaire.
Voilà pourquoi chacune de ses paroles
est devenue une affaire d’État policier.
C’est le pouvoir de manipulation de
l’information et de l’opinion qui sont
en jeux et la propagation de cette
fronde populaire menace l’édifice
étatique capitaliste. L’intervention du
CRIF et de la section sioniste du
patronat et des banquiers français n’est
que fortuite. Pour des raisons
historiques cette section du grand
capital français est mieux organisé et
plus prompte à se mobiliser pour une
répartie planifiée. Dieudonné
a même eu le courage de prendre fait et
cause pour le valeureux peuple
Palestinien attirant de ce fait
l’opprobre du contingent sioniste et de
tous les autres segments des
capitalistes français.
La rancœur gronde à Matignon. Une
exécution médiatique et artistique
sommaire a avorté. L’affaire est en
train de prendre des proportions
internationales. Ce sont les
coolies du stylo, du clavier et des
plateaux qui ont appelé les apparatchiks
gouvernementaux à la curée afin
d’étouffer cette fronde sociale pour le
droit d’expression, d’opinion, de
réunion et contre le maintien de
l’hégémonie des riches sur les idées
véhiculées dans la société.
Le crime de Dieudonné ce n’est pas
l’antisémitisme, pas même
l’antisionisme, c’est la résistance
flamboyante au despotisme idéologique
des riches. Pour ces milliers de
coolies de la radio, des journaux et des
plateaux, perdre la guerre
Dieudonné c’est de voir contesté
leur autorité et se vider l’auge où ils
ont l’habitude de se goinfrer.
Pour les ouvriers et les salariés
paupérisés et révolté, les quenelles et
Dieudonné sont devenus des symboles de
résistance populaire contre l’oligarchie
honnie. La guerre de classe est engagée
sur le front idéologique d’une lutte à
finir. Les ministres
Vals, Moscovici, Taubira ne s’y sont
pas trompés et lancent l’offensive afin
de faire taire ce pestiféré, gênant pour
la puissante machine de l’État policier.
Mais ce faisant, chaque agression menée
contre le citoyen Dieudonné montre la
fragilité de l’État tétanisé. Pensez
donc, un homme seul contre tout un
gouvernement et une coterie de médias
propriétés de milliardaires déchaînés.
Mais en réalité ce que Dieudonné est
en train de démontrer c’est qu’un homme
ostracisé par les célébrités, qui ose
affronter l’appareil de répression
gouvernemental et médiatique, trouve des
milliers et des milliers de salariés
pour le secondé et l’appuyer.
Désormais, chaque exaction contre
Dieudonné, y compris «l’anataxe-shohananas»,
agrandira et galvanisera le cercle de
ses amis qui ira en s’élargissant tandis
que la quenelle ira en
s’amplifiant. Je crois que 2014 verra
l’effondrement de ce gouvernement
délirant, battu par «David» M’bala
M’bala à la quenelle géante et
insolente.
1.
http://www.huffingtonpost.fr/christiane-taubira/christiane-taubira-dieudonne_b_4534918.html?utm_hp_ref=france
2.
http://allainjules.com/2014/01/03/dieudonne-quand-christiane-taubira-le-ouistiti-entre-dans-larene-du-lynchage/
3.
http://www.youtube.com/watch?v=q9sYwdkw9ok
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