Un aperçu de la
vie quotidienne depuis le coup d'État
Que reste-t-il des Droits de l'homme en
Ukraine ?
Réseau Voltaire
Des
manifestants antigouvernementaux
agressent Vitaly Grushevsky,
député du Parti des régions, devant le
parlement, à Kiev, le 22 février 2014.
Mercredi 23 avril 2014
En Ukraine, les atteintes aux droits de
l’homme ont pris une terrible ampleur
depuis le coup d’État pro-occidental
déclenché en février dernier avec la
bénédiction de l’Otan. Alors que les
grands organes de presse de l’Occident
ferment délibérément les yeux sur cette
réalité de tous les instants, la
Revue Orientale documente pour ses
lecteurs trente cas avérés d’abus
caractérisés, montrant que les rues sont
passées sous le contrôle de nervis nazis
qui menacent, agressent, torturent et
tuent en toute impunité.
La machine répressive
tourne désormais à plein régime en
Ukraine. Le pouvoir intérimaire aux
commandes à Kiev n’a pas balancé
longtemps avant de lancer ses forces
répressives contre les populations qui,
dans l’Est et le Sud du pays, se
soulèvent et s’opposent de plus en plus
ouvertement au régime néo-nazi. On est
décidément bien loin de l’approche
libérale adoptée par le président
Ianoukovitch à l’égard des désordres et
des violences de l’Euromaidan.
Aujourd’hui (le 8 avril), rien qu’à
Kharkov, soixante-dix militants au moins
ont été arrêtés durant la soi-disant
« opération anti-terroriste » [1].
Les informations recueillies font état
de la participation à cette opération de
mercenaires étrangers, vraisemblablement
stipendiés par la firme Greystone Ldt,
spécialisée dans la sous-traitance des
opérations militaires, aux côtés
d’unités sûres du ministère de
l’Intérieur, et de la Garde nationale,
dont les combattants du parti
nationaliste extrémiste Pravy Sector
fournissent le contingent principal.
George Orwell eut sans conteste une
inspiration prémonitoire quand il grava
dans le marbre l’aphorisme « La
guerre, c’est la paix » pour en
faire la devise de la société
totalitaire du futur dont il dresse le
portrait dans sa fiction, 1984.
Il aurait tout de suite trouvé un air
familier à la propagande qui s’étalait
en gros titres, lors du renversement du
gouvernement ukrainien, pendant que les
« manifestants pacifiques » se
vautraient dans les pillages, les
incendies et les assassinats ... comme
ils n’ont cessé de le faire depuis.
Pour autant, les putschistes n’ont
pas encore gagné. Prendre le pouvoir est
une chose, c‘en est une autre de le
conserver. C’est maintenant que déferle
la cohorte inévitable des difficultés.
Il y a à peine plus d’un mois, le
gouvernement ukrainien a perdu la Crimée
et s’est trouvé confronté à une
résistance acharnée dans le Sud et dans
l’Est de l’Ukraine.
C’est en claironnant des slogans
comme « Manifestons pacifiquement ! »,
« Battons-nous pour la Démocratie ! »,
« Revendiquons la liberté
d’expression ! » que le nouveau
gouvernement s’est installé aux
commandes. À peine était-il dans la
place que déjà il pourchassait et
écartait les opposants, instaurait une
mainmise absolue sur la télévision, la
radio et la presse écrite, et recourait
à la répression politique pour étouffer
les protestations populaires dans le Sud
et dans l’Est du pays.
Dès les premières heures du coup
d’État du 20 février, une répression
brutale, accompagnée de violences
physiques délibérées, s’est abattue à
travers le pays, s’appliquant à briser
la moindre velléité d’opposition. Les
élus de la majorité pro-Maidan de la
Chambre suprême du Parlement (Verkhovnaya
Rada) ont assailli sans ménagement
les députés du Parti communiste tout
comme ceux du Parti des régions. Nombre
de députés agressés se sont vu
confisquer la carte permettant
d’exprimer leurs votes au Parlement,
d’autres s’empressant de les utiliser
pour faire enregistrer les votes
« adéquats ».
Il y a eu ensuite l’attaque menée
contre la chaîne de télévision
« Inter » [2],
regardée dans tout le pays, la deuxième
en termes d’audience. Des hommes armés
ont fait irruption dans un studio au
beau milieu d’une diffusion en direct.
Le journaliste Mustafa Nayyem (l’un des
organisateurs de l’Euromaidan), avait
déjà fait connaître l’intention du
nouveau gouvernement de nationaliser la
chaîne. Mentionnons au passage que cette
chaîne appartient à l’oligarque Dmytro
Firtash, récemment arrêté à Vienne à la
demande du FBI [3].
Ce qui ne manque pas de piquant,
c’est que Mustafa Nayyem et ses
complices de la chaîne publique
Hromadske TV (un projet de canal
télévisuel en ligne, lancé avec des
subsides US en concomitance presque
parfaite avec le déclenchement des
manifestations de l’Euromaidan ), avait
procédé quelques semaines plus tôt à une
manœuvre diamétralement opposée, en « s’appropriant »
une partie du temps d’antenne de la
Première chaîne nationale (publique) de
télévision.
Après une série de demi-mesures
infructueuses, le Conseil national de la
Radio et de la Télévision a finalement
décidé de bannir des ondes et des écrans
toutes les chaînes de télévision russes
diffusant des émissions dans le pays [4].
Tous les programmes TV produits par les
compagnies détenues par Igor Kolomoïsky [5],
Victor Pintchouk [6],
Rinat Akhmetov [7],
et Dmitro Fintash sont alors entrés en
synergie parfaite pour diffuser à
l‘unisson la propagande savamment
orchestrée du régime.
Des dizaines d’attaques ont été
menées, au cours, du dernier mois,
contre les rédactions des organes de
presse et de télévision contrôlés par
l’opposition. Le 27 février, les
soi-disant Forces populaires
d’autodéfense se sont emparées des
bureaux de l’agence de presse
Golos.ua. La chaîne de télévision
ukrainienne Gamma, qui collabore
étroitement avec cette agence, a été
l’objet de toutes sortes
d’intimidations. Le siège du journal
Communiste, l’organe officiel du
Parti communiste ukrainien, a tout de
suite été investi, et le site web du PCU
est souvent mis dans l’impossibilité de
fonctionner. Dans la ville de Vinnitsa,
les studios de la chaîne de télévision
locale, coupable de travailler avec les
communistes ukrainiens, ont été pris
d’assaut et investis avec une brutalité
inqualifiable. Les journalistes pro-Maidan
n’ont pas caché leur joie en annonçant
triomphalement la nouvelle.
La page web Ukrainian Kryvda,
qui confronte la réalité des faits aux
canons de la doctrine officielle, et
parodie les informations pro-Maidan, a
vu, elle aussi, ses locaux attaqués et
son site bloqué.
Des journalistes du site web que
dirige le politologue bien connu
Vladimir Kornilov, ont été sommés de
choisir entre l’expulsion hors des
frontières et l’arrêt de la publication
de leurs articles. Ils ont été menacés
de représailles barbares et
d’assassinat.
Le seul organe d’information de
l’opposition qui soit accessible dans
tout le pays, l’hebdomadaire 2000
, une publication reconnue, appréciée
des lecteurs, a sorti son dernier numéro
le 14 mars. La publication a dû être
abandonnée suite aux pressions exercées
sur l’imprimeur, « La Presse
d’Ukraine », qui en assurait la mise en
page au format habituel. L’imprimerie,
une société à financement public, a
décidé sans préavis ni concertation, de
modifier les conditions convenues pour
l’impression du magazine, rendant ainsi
sa publication impossible.
Il y a eu en outre l’extraordinaire
irruption des nervis du parti
nationaliste Svoboda dans les bureaux de
la Première chaîne de télévision
nationale. Les violences infligées à
Aleksandr Panteleïmonov ont été
enregistrées par les caméras. C’est sous
une pluie de coups et de menaces qu’il a
été contraint de rédiger une lettre de
démission.
Les organes de presse occidentaux
affichent avec une compassion théâtrale
leur consternation devant les
allégations de « violations des
Droits de l’homme en Crimée ». En
revanche, les observateurs
internationaux semblent beaucoup trop
occupés pour s’intéresser à ce qui se
passe ailleurs en Ukraine [8].
Ceux qui sont en quête de vérité
trouveront ici la chronique d’une série
d’évènements avérés, qui ne sont que
« l’écume » de la vague de répression
politique qui déferle sur le pays.
Le
22 février, à Lvov, Rostislav Vasilko,
le Premier secrétaire du comité local du
Parti communiste d’Ukraine, a été
faussement accusé d’avoir fait usage
d’armes à feu contre le Maidan. Il a
ensuite été soumis à d’abominables
tortures [9].
Selon des témoins oculaires, on lui a
enfoncé des aiguilles sous les ongles,
son poumon droit a été perforé, trois de
ses côtes, son nez, et d’autres os de
son visage ont été cassés. On l’a menacé
d’éliminer tous les membres de sa
famille. Il est désormais en Russie où
il reçoit les soins que requiert son
état.
Le
23 février, Alexander Pataman, le chef
de la Milice populaire antifasciste de
Zaporozhye a été kidnappé.
Le
24 février, sur décision de la Chambre
suprême du Parlement, six membres de la
Cour constitutionnelle de l’Ukraine ont
été contraints à la démission pour
« avoir violé leur serment » [10].
Plusieurs d’entre eux ont subi des
violences et ont fait l’objet de
menaces. Les juges évincés ont présenté,
trois jours plus tard, un recours en
annulation, auprès des organisations
internationales de défense des Droits de
l’homme, compétentes en la matière. [11]
Le
28 février, Boris Filatov, le Gouverneur
délégué de la région de Dniepropetrovsk,
a publié, sur sa page Facebook, des
instructions sur l’attitude à adopter
envers les militants pro-russes qui
contestent les décisions du gouvernement
central de Kiev : « Dites oui à
toutes les revendications, à toutes les
demandes de garanties et de promesses
que présentent ces sacs de merde. Et…
nous les pendrons tous plus tard ». [12]
Le
5 mars, Andrei Purgin, l’un des
dirigeants de l’organisation pro-russe
« La République du Donetsk » a été
capturé dans la ville de Donetsk, et
transporté vers une destination
inconnue. [13]
Ses amis assurent que, le jour précédant
son enlèvement, il avait reçu une visite
d’intimidation. On l’avait averti que « sa
femme n’aurait pas à pleurer sa mort
s’il choisissait de rester sagement chez
lui ce jour-là ». Mais, parce que
les autres comptaient sur lui, il
s’était malgré tout rendu sur le parvis
où ses amis l’attendaient. On est depuis
sans nouvelle de lui.
Le
6 mars, Vladimir Rogov, premier
responsable de la Garde slave, une
organisation citoyenne ukrainienne, a
été victime d’un enlèvement. Il est
aujourd’hui en sécurité mais a été
contraint de quitter la région de
Zaporozhye et le territoire ukrainien.
-
-
Pavel Gubarev
Le
6 mars, Pavel Gubarev, le « Gouverneur
du Peuple », tête de file d’un groupe de
militants pro-russe, a été emprisonné à
Donetsk. [14]
Après son enlèvement, il a été passé à
tabac pendant le trajet le menant de
Donetsk à Kiev, puis au centre de
détention du BSU (les services de
sécurité ukrainiens). Pavel a souffert
d’un coma à la mi-mars. Il est
actuellement maintenu en détention dans
un hôpital pénitentiaire. On lui dénie
le droit de recevoir la visite d’un
avocat, de peur d’ébruiter le sort qui
lui est infligé. Après l’incarcération
de son mari, sa femme Ekaterina et ses
trois enfants ont été obligés de
s’expatrier.
Alexander
Karitonov, le « Gouverneur du Peuple »
de la région de Luhansk , qui dirige la
Garde de Luhansk, est détenu dans les
locaux du BSU depuis le 14 mars.
Le
17 mars, Anton Davidchenko, le dirigeant
du groupe « Alternative Populaire », a
été arrêté par les services du BSU à
Odessa. Il est actuellement incarcéré
dans une de leurs prisons à Kiev.
Toujours
le 17 mars, une bande de militants
d’extrême droite, membres du soi-disant
« Tribunal du Peuple » de
Vinnitsa, a impudemment exigé la
démission de Tatyana Antonets, le
médecin-chef de l’hôpital pour enfants
de la région, au prétexte qu’elle
n’avait ni renié publiquement le Parti
des régions, ni condamné « les crimes
du gouvernement précédent ». [15]
Les extrémistes ont averti le médecin
que, faute d’obéir à leurs ordres, elle
aurait à rendre des comptes « en
application des lois inflexibles de la
révolution en marche ».
Le
17 mars, après des menaces répétées, la
voiture d’Artyom Timchenko, le chef du
« Front du Sud-Est », a été incendiée.
Alexander Shatsky, le tout nouveau
procureur de la région de Zaporozhye,
mandaté par Kiev, a décrit l’événement
comme « un cas typique
d’auto-immolation ».
Le
19 mars, à Vinnitsa, une troupe de trois
cents hommes armés, emmenée par des
militants du groupe extrémiste Pravy
Sector, s’est emparée d’une distillerie
régionale appartenant à la compagnie
Nemiroff. [16]
Le
20 mars, des militants de Pravy Sector
ont agressé des écoliers hongrois qui
participaient à un voyage pédagogique en
Transcarpatie, organisé à partir de leur
ville de Miskolsc, en Hongrie [17].
Par ailleurs, des extrémistes armés ont
fait irruption au beau milieu d’une
réunion du conseil municipal de Berehove,
près de la frontière hongroise,
interrompant les travaux de l’assemblée,
brutalisant et rouant de coups les
participants. La majorité des membres du
conseil étaient, à l’image de la
population de la ville, d’origine
hongroise. Deux années auparavant, dans
ce même secteur, la population avait eu
à déplorer la profanation d’un monument
érigé dans le défilé de Verecke pour
commémorer la traversée des Carpates par
les troupes hongroises [18].
La base du monument avait été
barbouillée de slogans proclamant : « Mort
aux Hongrois ! » et « Ici, c’est
l’Ukraine ! ».
Le
20 mars, quatre journalistes russes de
la chaine de télévision Russie 1
ont été placés en détention à Donetsk [19].
Leurs papiers d’identité ont été
confisqués. On les a ensuite conduits au
poste de contrôle de Vasilievska, où ils
sont restés plusieurs heures avant
d’être expulsés du territoire ukrainien.
Le
20 mars, les services de sécurité
ukrainiens ont tenté de dissoudre
l’association formée par le Comité de
Vigilance de Lugansk, qui préconise la
fédéralisation de l’Ukraine et l’octroi
du statut de langue officielle à la
langue russe. Trois militants ont été
arrêtés. Les bureaux de l’organisation
ont été fouillés ainsi que les logements
de tous les adhérents. L’une des
dirigeantes du département « Jeunesse »
du groupe, Anastasiya Pyaterikova, a
lancé un message d’alerte sur les
réseaux sociaux, dénonçant les fouilles
opérées par les services du BSU, avec le
concours d’un député de la Chambre
suprême du Parlement, pour mettre la
main sur les membres du Comité de
vigilance de Lugansk . Elle dénonçait en
même temps les violences infligées aux
adhérents et à leurs familles. [20]
Enregistrement video : Olek Lyashko,
un politicien ukrainien, chef de file du
Parti radical, kidnappe l’un des
adjoints du conseil municipal de la
ville de Lugansk, Arsen Klinchaev.
Le
20 mars, une vingtaine de délégués du
soi-disant Groupe autoMaidan, a tenté
d’extorquer du carburant, des
liquidités, et d’autres articles de
valeur au directeur de l’une des
succursales de la société russe Lukoïl-Ukraine
pour « alimenter les caisses de la
révolution ». [21]
Le
20 mars à Kiev, une horde d’individus
masqués détenteurs d’armes à feu et
d’armes blanches, a fait irruption au
siège de la Commission officielle de
contrôle de l’architecture et des
industries du bâtiment en Ukraine. Ils
ont pris le contrôle des septième et
onzième étages de l’immeuble, arguant de
leur prétendue appartenance à un Comité
de lutte contre la corruption. Ils ont
également tenté de confisquer des
dossiers d’archives.
Le
21 mars à Kiev, la maison appartenant à
Victor Medvedchouk, l’un des dirigeants
du mouvement pro-russe Le Choix de
l’Ukraine, a été incendiée.
Le
23 mars à Kiev, des militants de l’Euromaidan
ont tenté d’occuper le siège de la
société Rossotrudnichestvo, une agence
russe qui œuvre au maintien et au
développement des liens avec les Russes
de l’étranger. La voiture de l’un des
employés de l’agence a été volée.
L’objectif de cette opération-commando
était la confiscation des bureaux de
l’agence pour en faire le quartier
général des forces d’autodéfense du
Maidan.
Le
23 mars à Rovno, brandissant des fusils
mitrailleurs, des militants de Pravy
Sector ont précipité dans le chaos un
concert organisé dans le cadre d’un
festival régional de musique rock. Ils
ont ensuite dispersé les participants
sous la menace de leurs armes.
Le
23 mars, quelques dizaines de recrues
des Forces d’auto-défense de l’Euromaidan
ont attaqué les automobilistes qui
participaient au rallye automobile de
l’amitié de Melitopol-Zaporozhye, avec
des pierres, des bâtons, et des barres
de fer. Plusieurs personnes ont été
rouées de coups et des voitures ont été
endommagées.
Le
24 mars, des équipages d’Aéroflot ont de
nouveau été consignés à bord de leurs
appareils sur ordre des garde-frontières
ukrainiens, pendant toute la durée des
escales effectuées. Aucune explication
n’a été fournie. Ces agissements
discriminatoires sont autant de
violations flagrantes des pratiques
admises, en la matière, au plan
international, et présentent de réels
dangers pour la sécurité des vols de
l’aviation civile. Les mêmes vexations
ont été infligées aux personnels
navigants, à plusieurs reprises, le mois
dernier, sur les aéroports de Kiev,
Donetsk et Kharkov. Ces derniers jours,
les garde-frontières ukrainiens ont
refoulé manu militari un très
grand nombre de voyageurs débarquant de
vols en provenance de la Russie. À 32
reprises, la compagnie Aéroflot a dû
rapatrier, à ses frais, des voyageurs
arrivés en Ukraine à bord de l’un de ses
appareils, avec un aller simple.
Depuis
la mi-mars, les garde-frontières
ukrainiens du secteur de Kharkov ont
interdit l’entrée sur le territoire
ukrainien à toutes les personnes de
nationalité russe. Ils refoulent ainsi
chaque jour 120 à 130 personnes.
Le
26 mars, à Dniepropetrovsk, Donetsk et
Kharkov, les partisans du groupe
extrémiste Pravy Sector ont pris à
partie et agressé physiquement toutes
les personnes croisées dans les rues qui
arboraient les rubans honorifiques
orange-et-noir de Saint George, portés
en hommage à la victoire des Soviétiques
sur les nazis. [22]
Le
26 mars, dans la région de
Kirovograd, des délégués du Conseil
du peuple et des adhérents du parti
Svoboda ont agressé le médecin-chef
de l’hôpital central du district d’Ulyanovsk,
Aleksander Tkalenko, tentant de lui
porter des coups à l’intérieur même
de son bureau [23].
Ses seuls torts étaient d’être
affilié au Parti des régions et
d’avoir été affecté à son poste par
l’administration de Victor
Ianoukovitch.
Le
26 mars, Vasily Tretetsky, l’ancien
maire de Mirgorod (dans la région de
Poltava), président en exercice du
conseil municipal, est décédé à
l’hôpital des suites des coups et
blessures par armes à feu qui lui
avaient été infligés le 16 mars. [24]
Le
26 mars, à Kiev, des adeptes du
mouvement Avtodozor, flanqués d’une
centaine de militants des Forces
d’auto-défense de l’Euromaidan, ont
envahi et occupé les bureaux des
banques russes de la rue Kreshchatik
(VTB, Alfa, Sherbank de Russie, et
Prominvest), exigeant leur fermeture
et réclamant la nationalisation de
leurs branches ukrainiennes [25].
L’immeuble de la Sherbank a fait
l’objet d’une confiscation et d’un
pillage en règle.
Le
1er avril, les services de sécurité
ukrainiens ont procédé à la fouille
des appartements occupés par des
militants pro-russes d’Odessa. Ils
ont notamment passé au peigne fin le
logement appartenant à Alexei Albou,
l’un des élus du Conseil régional
d’Odessa. « Les agents du BSU
sont arrivés sur place à huit heures
du matin. Ils ont ouvert la porte et
ont procédé à la fouille de
l’appartement. Ils étaient porteurs
d’une injonction de la Cour de
Justice. Les agents ont eux-mêmes
indiqué qu’ils recherchaient des
listes de militants de notre
organisation, et des armes. Il leur
a fallu toutefois se résoudre à
signer, au bout du compte, une
attestation stipulant que rien
d’illégal n’avait été découvert dans
l’appartement fouillé ». Alexei
a affirmé par ailleurs qu’il avait
été préalablement convoqué par les
services spéciaux ukrainiens pour
une « conversation ».
-
-
Les nazis ukrainiens
adressent un dernier
avertissement catégorique au
révérend Alexander Shirokov, le
sommant de cesser immédiatement
« {toute propagande
moscovite} », sous peine de
mort.
Les menaces proférées à
l’encontre des prêtres orthodoxes
russes font malheureusement partie
du paysage ordinaire de l’Ukraine
d’aujourd’hui. C’est grâce au
communiqué spécial que le ministère
des Affaires étrangères de la Russie
a publié à propos de l’affaire, que
les persécutions infligées au
révérend Alexander Shirokov par les
séides du Parti national-socialiste
des travailleurs d’Ukraine, non
enregistré officiellement, ont pu
être portées à la connaissance du
public. [26]
Beaucoup d’autres cas
d’intimidations à l’encontre du
clergé pro-russe, ne reçoivent pas
la même couverture médiatique, mais
sont néanmoins exercées au quotidien
par les autorités administratives
locales fidèles au gouvernement
intérimaire de Kiev.
Ce climat délétère a provoqué une
émigration massive de
l’intelligentsia ukrainienne
pro-russe. Ce mouvement se poursuit
actuellement. Les dernières
statistiques montrent que 30 000
personnes ont dû fuir leur propre
pays, passé sous le joug des
nationalistes.
Où les organisations
internationales de défense des
Droits de l’homme peuvent-elles bien
trouver leurs informations ? Comment
ne pas être confondu en constatant
qu’elles ne dénoncent que les
violations irréelles, extravagantes,
d’un seul camp : la Russie,
détournant ostensiblement leurs yeux
de la débauche d’anarchie qui se
rencontre à maintes occasions et en
tant de lieux en Ukraine ?
Quoi qu’il en soit, il est clair
qu’en de telles circonstances, les
élections présidentielles annoncées
ne pourront en aucun cas intervenir
dans des conditions acceptables le
25 mai. En conséquence, la Russie,
sur laquelle comptent la plupart des
Ukrainiens pour trouver une issue à
la crise, ne reconnaitra la validité
d’aucun scrutin qui interviendrait
durant cette période de troubles
exacerbés.
Traduction
Gérard Jeannesson
Source
Oriental Review
[1]
“Kiev
cracks down on eastern Ukraine after 2
regions proclaim independence” (Les
forces répressives de Kiev s’abattent
sur l’Ukraine oriental, après la
proclamation, par deux régions, de leur
indépendance). Russia Today, le 8
avril 2014.
[2]
“2014
. Захват канала " ИНТЕР " в прямом эфире”,
YouTube, 22 February 2014.
[3]
Dmytro Fintash est un homme d’affaires
et un investisseur ukrainien, enclin au
mécénat. Il préside le directoire du
groupe DF (le consortium des entreprises
Fintash) qui concentre des avoirs dans
l’industrie chimique, le secteur
énergétique et l’immobilier, en Ukraine,
en Allemagne, en Italie, à Chypre, au
Tadjikistan, en Suisse, en Hongrie, en
Autriche et en Estonie. Il préside
également l’organisation patronale FEU
(Fédération des employeurs d’Ukraine) et
le Conseil national tripartite
économique et social d’Ukraine (CNTES).
[4]
“Ukrainian
court bans Russian TV broadcast”
(Une cour ukrainienne décide d’interdire
la diffusion des chaînes de télévision
russes). Russia Today, le 26 mars
2014.
[5]
Igor Kolomoïsky est un oligarque
israélo-ukrainien d’ascendance juive.
C’est un homme d’affaires. Il est
l’actuel gouverneur de la Région de
Dniepropetrovsk. Multimilliardaire, il
se classe au deuxième ou au troisième
rang des plus grosses fortunes
d’Ukraine, après Rinat Akhmetov et/ou
Victor Pintchouk. Depuis 2006,
Kolomoïsky est l’associé principal du
Groupe Privat (un géant du monde des
affaires, de la finance, de l’industrie
et de la presse. Le groupe contrôle des
milliers d’entreprises en Ukraine, en
Europe, en Russie, aux États Unis et
dans d’autres pays). Il est aussi le
président de fait du Dnipro
Dniepropetrovsk (le club de football).
[6]
Victor Pintchouk est un homme d’affaires
ukrainien versé dans le mécénat. En mars
2012, Forbes l’a classé au 255ème
rang de la liste des plus grosses
fortunes du monde, avec un patrimoine de
4,2 milliards de dollars. Pintchouk est
le fondateur et principal actionnaire de
l’EastOne Group, une société de
placements et de consultance pour les
investissements internationaux, basée à
Londres. Il est pareillement le
fondateur et principal actionnaire de la
société Interpipe, l’un des plus
importants producteurs de tuyaux, de
roues et d’acier en Ukraine. Victor
Pintchouk possède aussi quatre chaînes
de télévision et un quotidien populaire
à grand tirage Fakty i Kommentarii
(Faits et Commentaires), créé en 1997,
est le quotidien en langue russe qui a
le tirage le plus important. Élu une
première fois au Parlement suprême (Verkhovna
Rada) en 1998, il a ensuite été
reconduit pour un deuxième mandat
jusqu’en 2006. Il est marié à Helena
Pintchouk, la fille de Leonid
Davilovytch Koutchma, l’ancien président
de l’Ukraine (de 1994 à 2005). C’est un
proche des Clinton (« La
Clinton-Pintchouk Connection », par
Manlio Dinucci, Traduction Marie-Ange
Patrizio, Il Manifesto/Réseau Voltaire,
22 février 2014.)
[7]
Rinat Akhmetov est un homme d’affaires
appartenant au cercle des oligarques
ukrainiens. Il est le fondateur
président de la société SCM (System
Capital Management) et possède l’une des
plus grosses fortunes du pays. Akhmetov
est également le propriétaire président
du club de football Shaktar Donetsk.
Rinat Akhmetov a siégé au Parlement
ukrainien (Verkhovna Rada) de
2006 à 2007 et de 2007 à 2012 en tant
que député du Parti des régions.
[8]
“Crimean
Tatars Seek Autonomy in Light of Massive
Russian Human Rights Violations”
(Victimes de multiples atteintes aux
Droits de l’homme perpétrées en Russie,
les Tatars de Crimée revendiquent leur
autonomie). Daily Kos, le 29 mars
2014.
[9]
“Communist
tells of atrocious tortures on Maidan”
(Un militant communiste fait le récit
des tortures qui lui ont été infligées
sur le Maidan). Pravda TV.
[10]
“Ukraine
Parliament Sacks Constitutional Court
Judges” (Le Parlement Ukrainien
limoge les juges de la Cour
Constitutionnelle). RIA-Novosti,
le 24 février 2014.
[11]
“Address
of judges of the Constitutional Court of
Ukraine to European and international
organisations and human rights
institutions”, (Requête des juges de
la Cour Constitutionnelle de l’Ukraine
auprès des organisations européennes et
internationales et des associations de
défense des Droits de l’homme). Voltaire
Network, le 27 février 2014.
[12]
Boris Filatov’s Facebook.
[13]
“Andrei
Purgin has been kidnapped by armed men
thought to be oligarch Rinat Akhmetov’s
men who’s loyalty is with Kiev’s self-proclaimed
regime” (Andreï Purgin est enlevé
par des hommes armés aux ordres de
l’oligarque Rinat Akhmetov, qui soutient
le régime autoproclamé de Kiev).
Ukraine Maidan Related Info and News,
le 5 mars 2014.
[14]
“Pavel
Gubarev kidnapped by nazi self-proclaimed
government in Kiev” (Le gouvernement
nazi autoproclamé de Kiev fait enlever
Pavel Gubarev). Ukraine Maidan
Related Info and News, le 6 mars
2014.
[15]
“Фашисты
сыкуны угрожают детскому врачу Татьяне
Антонец, если не уйдет с должности”,
YouTube, 19 March 2014.
[16]
“В
Винницкой области вооруженные люди
захватили ликеро-водочный завод”,
YouTube, 19 March 2014.
[17]
“« Правый
Сектор » принялся за венгров”,
euromaidanu.net, 21 March 2014.
[18]
“Монумент
в честь перехода древних венгров через
Карпаты осквернили на Украине”,
Finugor, 22 August 2012.
[19]
“На
украинской границе задержали и допросили
российского корреспондента”, NTV, 21
March 2014.
[20]
“Обращение
от лица "Луганской гвардии". Луганск
нуждается в помощи !”, YouTube, 19
March 2014.
[21]
“Автомайдан
и Правый Сектор требуют у компании
Лукойл горючее на нужды революции !”,
YouTube, 20 March 2014.
[22]
“Right
Sector terrorizing Dnepropetrovsk,
beating pro-Russian activists” (Les
nervis de Pravy Sector sèment la terreur
à Dniepropetrovsk et rouent de coups les
militants pro-russes). YouTube, le 28
mars 2014.
[23]
“Беспредел
в Ульяновке”, YouTube, 24 March
2014.
[24]
“Замах
на вбивство голови народної ради
Миргорода Василя Третецького”,
YouTube, 18 March 2014.
[25]
“Пикет
российских банков в Киеве”, YouTube,
26 March 2013.
[26]
“Comment
by the Russian Ministry of Foreign
Affairs regarding threats to priests in
Ukraine” (Commentaire du ministre
des Affaires étrangères de la Russie à
propos des menaces proférées à
l’encontre des prêtres ukrainiens).
Ministère Russe des Affaires étrangères,
le 25 mars 2014.
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