MADANIYA
Imran Khan Niazi,
maître d’œuvre du
ravalement cosmétique du Pakistan
René Naba
Lundi 16 décembre 2019 Le Pakistan paraît
devoir opérer une révision déchirante de
son traditionnel partenariat avec ses
anciens complices de la guerre anti
soviétique d’Afghanistan, l’Arabie
saoudite et les Etats Unis, à en juger
par les dernières décisions stratégiques
d’Islamabad: le refus de participer à la
coalition pétro-monarchique contre le
Yémen et la fin de non-recevoir opposée
au tandem saoudo américain de rééditer
le schéma afghan depuis le Pakistan
contre l’Iran.
Le ravalement
cosmétique de ce pays à la réputation
sulfureuse semble avoir été confié à un
être paré des vertus du modernisme,
séducteur et grand sportif, parfaitement
à l’aise dans les cénacles
internationaux. En somme un personnage à
l’opposé des Barbus, imprécateurs:
Imrane Khan Niazi, ancien champion du
Monde de Cricket, par ailleurs ancienne
coqueluche des nuits londoniennes,
diplômés d’Oxford, issue d’une grande
lignée pakistanaise et philanthrope.
Né le 5 octobre
1952, à Lahore, un des foyers de la
jurisprudence islamique au même titre
que l’Université égyptienne d’Al Azhar,
dans la province du Pendjab, le fils
d’Ikramullah Khan Niazi, ingénieur
civil, descend par son père d’Haibat
Khan Niazi, Général du Padishah de
l’Inde, et par sa mère du poète-soldat
Soufi Pir Roshan, inventeur de
l’alphabet pachto.
Cet ancien joueur international de
cricket, qui mena l’équipe de son pays à
la victoire à la Coupe du Monde en 1992,
fondateur du Parti du Mouvement du
Pakistan pour la Justice, assume depuis
le 18 Août 2018, les fonctions de
premier ministre du Pakistan.
Il fait sa scolarité à Lahore dans un
huppé collège «Aitchison College» au
Pakistan avant de compléter sa formation
au Royaume Uni où il intègre le «cours
de philosophie politique et économique»
du Keble College de l’Université
d’Oxford, en 1972, où il côtoie Benazir
Bhutto, l‘héritière du clan. Après sa
retraite du cricket en 1992, et durant
plus de quatre ans, Imran Khan se
consacra entièrement à des activités
philanthropiques. En 1991, il avait
fondé le Shaukat Khanum Memorial Trust,
une association caritative nommée en
hommage à sa mère, Shaukat Khanum.
Imrane Khan Niazi
est souvent décrit comme «populiste» et
régulièrement critiqué pour son manque
de régularité et son incohérence
politique. Longtemps vu comme un
libéral, il devient plus conservateur au
fil des années et est même parfois vu
comme un rigoriste religieux.
Pointé du doigt par
l’opinion internationale pour sa
fonction de base arrière et parrain du
terrorisme islamique planétaire, en
conflit latent avec l’administration
américaine particulièrement depuis les
menaces à peine voilées formulées à son
encontre par Donald Trump de suspendre
sa coopération militaire avec Islamabad,
en désaccord avec l’ultra-bellicisme de
son allié naturel saoudien notamment
contre le Yémen, le Pakistan paraît
tenter de se dégager de son ancienne
fonction de «body guard» de la dynastie
wahhabite pour se mouler dans une
posture plus valorisante de partenaire
stratégique de la Chine, la première
puissance planétaire en devenir.
Le Mic Mac des
Etats Unis à l’égard du Pakistan:
Oussama Ben Laden et Abdul Qadeer Khan.
Donald Trump a
ainsi menacé le Pakistan, en 2017,
d’avoir «beaucoup à perdre s’il
continuait à abriter des criminels et
des terroristes», par allusion au réseau
Haqqani, allié des talibans afghans et
considéré comme liés aux services
secrets pakistanais.
Ce faisant, le
président américain a pris un risque
diplomatique à double tranchant en
critiquant ouvertement le Pakistan,
conduisant cette puissance nucléaire à
l’équilibre fragile à se rechercher de
nouveaux parapluies internationaux.
L’ambivalence américaine à l’égard du
Pakistan paraît être le mode opératoire
de la stratégie des Etats Unis envers
son principal partenaire de la guerre
antisoviétique d’Afghanistan.
Cette ambivalence s’est matérialisée par
le comportement du duo américano
pakistanais à l’égard d’Oussama Ben
Laden, le fondateur d’Al Qaida, un
mouvement porté sur les fonts baptismaux
par Washington et Islamabad, qui a
trouvé refuge au Pakistan, dans un
quartier résidentiel du Haut
commandement de l’armée, mais assassiné
par un raid américain au Pakistan à
l’insu du plein gré d’Islamabad.
Il en a été de même
du nucléaire pakistanais et de la
diabolisation du père de la bombe
atomique pakistanaise Abdul Qadeer Khan.
Ce savant atomique pakistanais a été
diabolisé par la presse occidentale
accusé d’être le plus grand trafiquant
international de matériel nucléaire à
destination de «l’axe du mal», selon la
terminologie du président néo
conservateur George Bush jr: Corée du
Nord, Libye, Irak, Iran. Mais le père de
la bombe atomique ne paraît pas être le
canard boiteux que la presse occidentale
a voulu en faire.
Né en 1936 à Bhopal
(Inde), passé à la postérité pour avoir
été le théâtre d’une catastrophe
écologique de la firme chimique Union
Carbide, Abdul Qadeer Khan rejoint le
Pakistan à l’accession de ce pays à
l’indépendance en 1948.
Au terme d’études universitaires dans le
domaine scientifique, il effectue un
stage dans un laboratoire anglo
germano-néerlandais «Nederland UCN»
chargé de construire des centrifugeuses.
La légende avance qu’au terme de son
stage Abdel Qadeer Khan emporte avec lui
les plans des centrifugeuses pour en
faire bénéficier son pays dans le
domaine atomique.
A l’épreuve des
faits, cette légende n’a pas résisté à
l’analyse. Un ressortissant d’un pays
musulman du tiers monde opérant dans un
laboratoire de pointe d’un pays membre
de l’OTAN ne saurait échapper à la
double surveillance de l’Otan et des
Etats Unis, particulièrement à l’apogée
de la guerre froide soviéto-américaine,
ni non plus aux services de
renseignements des trois pays associés
au sein du consortium: Le Royaume Uni,
l’Allemagne et les Pays Bas.
Ce qui paraît plus
vraisemblable est le fait que les Etats
Unis ont sans doute fermé l’œil sur ce
transfert de technologie nord sud,
particulièrement en direction du
Pakistan, à l’époque un pivot de la
coalition musulmane pro occidentale,
notamment durant la guerre anti
soviétique d’Afghanistan (1980-1990),
donnant ainsi la possibilité au Pakistan
d’accéder à l’arme atomique «à l’insu du
plein gré des Etats Unis». Pour faire
bonne mesure, le Congrès américain a
même été jusqu’à accusé le Pakistan de
modifier des missiles antinavires AGM-84
Harpoon, livrées par les Etats-Unis
durant la décennie 1980, pour supporter
des charges nucléaires de faible
puissance.
Durant la décennie
1990, le réseau Khan, directement issu
des Khan Research Laboratories, un outil
entièrement créé et administré par le
savant, avait la sulfureuse réputation
de monnayer son savoir-faire au plus
offrant. Il aurait notamment vendu des
plans d’armes nucléaires compactes,
parfaitement adaptées aux moyens de
lancement iraniens.
Le savant
d’ailleurs avait lui-même reconnu avoir
livré les secrets de sa bombe à la Corée
du Nord, à la Libye ou encore à l’Iran,
l’homme avait dû «confesser» ses fautes
à la télévision publique pakistanaise.
En fait, cette mise en scène paraissait
surtout destinée à calmer la colère des
Etats-Unis, avait choqué les
Pakistanais, qui y avaient vu
l’humiliation d’un héros national en ce
que « le père de la bombe atomique
pakistanaise» a eté l’homme qui «a donné
aux Pakistanais un sens de l’honneur, de
la sécurité, dans une grande réussite
scientifique».
Assigné à résidence
à son domicile d’Islamabad à partir
2004, Abdul Qadeer Khan a depuis lors
retrouvé sa liberté et tout son
prestige. Celui dont il avait joui
auprès des Pakistanais, lorsqu’il avait
fait de son pays, en 1998, la première
nation islamique dotée de l’arme
nucléaire.
Depuis son
placement en résidence surveillée, les
Etats-Unis n’ont eu de cesse de réclamer
l’audition du savant, considérant sans
doute qu’il pourrait compléter leurs
informations sur l’état réel
d’avancement du programme nucléaire
iranien. Mais les présidents
Pakistanais, tant Asif Ali Zardari que
son prédécesseur, le général Pervez
Musharraf, se sont toujours fermement
opposés à l’audition de Khan par des
services de renseignements étrangers.
Le triomphe
électoral d’Imran Khan Niazi au
Pakistan et ses conséquences sur la
stratégie régionale.
La défaite
électorale de deux protégés de l’Arabie
saoudite en Malaisie et au Pakistan, en
2018, paraît devoir marquer le signe
d’un progressif dégagement des grands
pays asiatiques musulmans à l’égard du
bellicisme wahhabite et de
l’unilatéralisme forcené de
l’administration xénophobe de Donald
Trump, artisan du «Muslim Ban» et
caution de l’annexion de Jerusalem par
Israël.
Mahatir Mohamad (92
ans), ancien premier ministre
(1981-2003), chef de la coalition de
l’opposition Pakakan Harapan (Alliance
de l’Espoir) a en effet vaincu son rival
Najib Razzak, un protégé notoire des
Saoudiens, alors qu’au Pakistan Imran
Khan Niazi triomphait de tous les partis
politiques traditionnels qui ont dominé
la vie politique depuis l’indépendance
du Pakistan en 1948, tandis que l’ancien
premier ministre Nawaz Sharir, homme
lige de saoudiens était incarcéré.
Franc-tireur de la
vie politique pakistanaise, Imrane Khan
Niazi a été élu sur fond d’une nouvelle
crise économique avec fonte de la
réserve des devises étrangères, une
monnaie malmenée, un déficit budgétaire
de 10% et des difficultés à payer les
dettes et les importations.
Bien que soupçonné
d’avoir bénéficié de l’appui en
sous-main de la puissante armée dans sa
quête du pouvoir, le triomphe électoral
du chef du PTI, «Pakistan
Tehreek-e-Insaf (Mouvement du Pakistan
pour la Justice), a retenti comme un 2me
camouflet à l’Arabie en Asie et dans la
sphère musulmane après la victoire de
Mahatyr Mohamad en Malaisie.
L’offre saoudo
américaine de déstabilisation de l’Iran
via le Balouchistan
Indice de la
nouvelle orientation diplomatique
d’Islamabad, le Pakistan, dans la
foulée, a opposé une fin de non-recevoir
à l’offre américano saoudienne de
rééditer le scénario afghan contre
l’Iran depuis la province frontalière du
Balouchistan.
Riyad et Washington auraient proposé à
Islamabad de créer un abcès de fixation
au Pakistan depuis le Balouchistan, en
vue de transformer cette province
frontalière entre l’Afghanistan, le
Pakistan et l’Iran en base arrière des
djihadistes en même temps qu’un tremplin
vers des menées hostiles contre la
République Islamique d’Iran.
Imrane Khan, Le
représentant de Qom à Islamabad
L’irritation de
l’Arabie saoudite est telle que le
quotidien saoudien «Oukaze» n’a pas
hésité à qualifier Imran Khan Niazi de
«représentant de Qom à Islamabad» par
référence à la ville sainte chiite
iranienne.
Le nouveau premier
ministre pakistanais avait pourtant
réservé sa première visite officielle au
Royaume saoudien, le 20 septembre 2018,
accompagnant son déplacement d’un geste
de bonne volonté avec la remise en
liberté de l’ancien premier ministre
Nawaz Sharif, le protégé des Saoudiens
au Pakistan.
Mais le fait que le ministre de la
défense ne figurait pas au sein de la
délégation pakistanaise et le discours
œcuménique du nouveau premier ministre
Pakistanais plaidant pour un règlement
pacifique des différends
inter-islamiques, notamment le conflit
au Yémen et le contentieux avec l’Iran,
ont confirmé le recentrage de la
stratégie pakistanaise, en même temps
que les réserves saoudiennes à l’égard
d’un homme réputé pour sa personnalité
tranchée.
Parallèlement à la
visite d’Imrane Khan en Arabie saoudite,
le Pakistan a invité le Royaume à
rallier le projet OBOR pour en faire le
3me partenaire stratégique de la
«Nouvelle route de la soie sino
pakistanaise», dans une tentative de
d’Islamabad à conduire Ryad à opérer un
recentrage de sa diplomatie et de
prendre quelque peu ses distances avec
l’OTAN.
Cet appel n’est pas
resté sans écho. Ravalant ses réticences
à l’égard d’Imran Khan, le prince
héritier saoudien Mohamad Ben Salmane a
débloqué vingt milliards de dollars au
Pakistan dont dix milliards de dollars
pour la construction d’une raffinerie
pétrolière de l’ARAMCO, le géant
pétrolier saoudien, la plus importante
du monde, dans le périmètre du port
pakistanais de Gawar.
L’annonce de cet
investissement est intervenue le 17
Février 2019 à l‘occasion de la tournée
du dirigeant saoudien aux grands pays
asiatiques (Inde, Chine), membres du
BRICS et leur associé pakistanais dans
une démarche du prince héritier saoudien
destinée à signifier à ses alliés
occidentaux son mécontentement de
l’ostracisme dont il est frappé de leur
part depuis l’assassinat du le
journaliste saoudien, Jamal Khashoggi,
l’opposant décapité au consulat saoudien
à Istanbul, le 4 octobre 2018.
Le projet
saoudo-américain contre l’Iran: Les
baloutches, des «combustibles de
guerre», attisés par un MOCC .
Le projet
saoudo-américain viserait à
instrumentaliser les Baloutches iraniens
comme «combustibles de guerre» sur le
modèle des Pachtounes pakistanais en
Afghanistan. Un MOCC (Military
Operations Command Center), sur le
modèle de la guerre de Syrie, serait
chargé de maintenir en état
d’incandescence cet abcès de fixation à
la frontière irano-pakistanaise.
Poste de
commandement conjoint installé aux deux
extrémités de la Syrie, l’un à Antakia,
l’ancienne Antioche, (Turquie) pour la
région d’Alep, au Nord de la Syrie,
l’autre à Amman, pour la région sud de
la Syrie, le MOC était constitué
d’officiers de huit pays, quatre de
l’Otan (Etats Unis, Royaume Uni, France
et Turquie) et quatre des monarchies
suivantes: Jordanie, Arabie Saoudite,
Emirats Arabes Unis et Qatar.
Avec pour mission
la conduite des opérations et
l’intendance: l’équipement en armes et
en munitions, de même que le
ravitaillement des groupements
islamistes et leurs rémunérations.
En application de
la «théorie des combats des chiens»,
conçue par Peter Galbraith, interface de
la CIA auprès de Benazir Bhutto,
l’ancienne premier ministre du Pakistan,
le duo saoudo américain souhaitait
exacerber les antagonismes sociaux de la
zone frontalière de l’Iran sur la base
des critères religieux et ethniques,
comme ce fut le cas avec succès au
Liban, en Yougoslavie et en Irak.
La théorie des
combats des chiens de Peter Galbraith,
sur ce lien
Islamabad a rejeté
catégoriquement les offres réitérées de
ses anciens alliés. Passant outre aux
objections d’Islamabad, le tandem saoudo
américain a favorisé la mise sur pied
d’une «Armée de la Justice», mais, faute
d’un appui logistique pakistanais,
l’efficacité de ce groupement demeure
aléatoire.
Usant de son arme
favorite, la lubrification financière de
ses coreligionnaires, le Royaume
saoudien, comme à son habitude, a
octroyé une forte subvention au
Balouchistan en vue de développer son
système éducatif, favorisant la
construction d’un réseau d’écoles et
d’institutions religieuses de rite
«wahhabite», afin de doter la province
d’un vivier aux combattants du djihad
baloutche, comme ce fut le cas avec les
«madrassas» pachtounes en Afghanistan
Plus de trente
millions de Pakistanais sont de
confession chiite sur une population de
190 millions d’habitants, un levier
démographique qui pourrait brider toute
tentation du Pakistan de rééditer le
schéma afghan, en faisant planer un
risque de guerre civile à l’effet de
compromettre son partenariat prometteur
avec la Chine.
A propos de
l’équation chiite dans le jeu des
puissances régionales
Le Pakistan avait
déjà opposé une fin de non-recevoir à
une demande pressante du Royaume
saoudien de se joindre à la coalition
pétro monarchique dans sa guerre
d’agression contre le Yémen,
considérant, à l’instar des autres
grands pays musulmans (l’Egypte et la
Turquie, et plus récemment la Malaisie)
que cette équipée accentuerait la
destruction du Monde arabe et musulman
et sa vulnérabilité.
Un «Monde post
occidental», selon l’expression de
Sergueï Lavrof, ministre russe des
Affaires étrangères
Au-delà de ses
récriminations à l’encontre de ses
anciens alliés, le Pakistan a intégré
dans sa stratégie les bouleversements
survenus au plan de la géostratégie
mondiale en un quart de siècle et le
passage, trente ans après l’implosion de
l’Union soviétique, à un «Monde post
occidental», selon l’expression du
ministre russe des Affaires étrangères
Sergueï Lavrof.
A – L’Iran: un
grand décideur régional
Pour la première
fois depuis la fin de la II me Guerre
mondiale, un axe de contestation de
l’hégémonie israélo-américaine s’est
constitué au Moyen orient, à
l’initiative de l’Iran, promu désormais
au rang de grand décideur régional,
depuis sa remarquable performance
militaire de la guerre de Syrie.
La transversale Moyen orientale de
l’Iran met en mesure ce pays, -du fait
de son réseau d’alliances en Irak, en
Syrie, au Liban et au Yémen-, de porter
la riposte «derrière les lignes
ennemies» et de placer ses
contestataires sur la défensive.
L’Arabie Saoudite en a fait l’expérience
au Yémen et au Liban, la France et les
Etats Unis en Syrie, Israël en Syrie et
au Liban
De surcroit, l’Iran est membre
observateur du Groupe de Shanghai, le
groupement des cinq pays du BRICS
(Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du
Sud). Un allié de choix pour un ensemble
qui se propose de favoriser une ère
multipolaire dans les relations
internationales, en opposition frontale
avec l’unilatéralisme occidental.
La visite de trois jours du général
Mohamad Bakiry, chef d’état-major de
l’armée iranienne, à Islamabad,
effectuée en juillet 2018, dans le cadre
de la «diplomatie défensive» de l’Iran,
a été qualifiée par la presse arabe
comme étant «la plus importante depuis
40 ans». Elle a débouché sur un accord
de principe visant à la co production
conjointe d’armes entre l’Iran et le
Pakistan.
Pour aller plus
loin sur ce thème
De plus, deux des
pays membres du groupe de Shanghai sont
de puissants voisins du Pakistan:
B- L’Inde:
Sans passif
colonial, sans adversaire déclaré autre
que le Pakistan, l’Inde constitue, au
même titre que l’Afrique du sud, une
référence morale de par ses conditions
d’accession à son indépendance et de sa
gouvernance, fondée sur le système
électoral.
L’un des premiers pays musulman au Monde
par la densité de sa population, qui
compte autant de citoyens de confession
musulmane que la quasi-totalité des pays
arabes réunis, est aussi un «swinging
state», un état pivot dont le
basculement peut faire pencher la
balance dans un sens ou dans l’autre
Son accession au 5me rang des puissances
économiques mondiales devant son ancien
colonisateur, le Royaume Uni, et la
France, donne à l’Inde, au vu de ses
atouts, une confortable marge de
manœuvre.
C- La Russie: En
marche forcée vers l’Eurasie.
A la recherche de
son objectif, la constitution d’un blog
géopolitique transcontinental qu’elle a
désigné du terme de «l’Eurasie», la
Russie a réussi le tour de force de
maintenir de solides relations avec
l’Inde, son ancien allié de la guerre
froide, et le Pakistan, son ancien
ennemi juré de cette période. Doctrine
forgée par les géopoliticiens russes
afin de dépasser le positionnement
géographique de la Russie à cheval entre
l’Europe et l’Asie, l’Eurasisme consiste
à envisager une troisième aire
géographique entre l’Europe et l’Asie.
L’Eurasie se
composerait alors de la Russie et de la
majorité des anciennes Républiques
soviétiques (Kazakhstan, Turkménistan,
Tadjikistan, Kirghizistan, Ukraine,
Biélorussie, Géorgie, Arménie,
Azerbaïdjan, Biélorussie et Moldavie).
Cette théorie tient une place
grandissante dans les pays cités, mais
également en Turquie, en Iran ou en
Afghanistan.
Gawar, le point
d’achoppement de la stratégie saoudo
américaine de l’Iran.
Le Balouchistan est
une région d’Asie partagée entre trois
pays l’Iran (Ouest), l’Afghanistan
(Nord), le Pakistan (Est).
Situé au sud-est du pays, à la frontière
avec le Pakistan et l’Afghanistan, le
Baloutchistan est la deuxième plus
importante province d’Iran, le
Sistan-et-Balouchistan est l’une des 31
provinces d’Iran. Sa capitale est
Zahedan. Sa population de 2,1 millions
d’habitants. Sa superficie de 181.600
km.
Tout serait
parfait, sauf que le projet saoudo
américain pourrait avoir capoté du fait
que le Balouchistan abrite le port de
Gawar, le terminal du projet OBOR.
Ancienne possession du Sultanat d’Oman,
cédée au Pakistan en 1959, Gawar, ville
portuaire de la province du
Baloutchistan, à une centaine de
kilomètres de la frontière iranienne,
est dotée d’un terminal pétrolier ayant
vocation à faire office de ravitailleur
énergétique de la Chine. Gwadar (« porte
du vent » en langue baloutche) doit son
élection à son emplacement stratégique,
susceptible de lui valoir à long terme
une place de choix dans le commerce
mondial. La ville doit devenir la tête
de pont du Corridor économique
Chine-Pakistan (CPEC), un projet
multiforme de 54 milliards de dollars,
visant à relier l’ouest de la Chine à
l’océan Indien via le Pakistan.
Le projet OBOR
ou La nouvelle route de la soie de la
Chine.
Grand projet
économico-politique du président Xi
Jinping, le projet OBOR consiste à
tracer d’immenses routes commerciales,
les unes traversant l’Asie par voie
terrestre, les autres contournant le
continent par voie maritime, d’où son
nom officiel anglais d’OBOR – pour: One
Belt (la ceinture océanique), One Road,
(les infrastructures terrestres). Il
permet de contourner le détroit de
Malacca et de raccourcir de 1.000 km les
lignes de ravitaillement de la Chine.
Corridor économique
sino pakistanais de 3.200 km, son
objectif est de désenclaver le Xinjiang
en le reliant au port de Gwadar au
Balouchistan, dans le sud de la Chine, à
mettant directement en contact la 2me
plus grande économie du Monde à l’Asie
du sud et à l’Asie de l’Ouest (Moyen
orient). Il permet de contourner le
détroit de Malacca et de raccoucir le
trajet de ravitaillement de la Chine de
mille km.
Projet titanesque,
OBOR concerne 68 pays représentant 4,4
milliards d’habitants et 40 pour cent du
PIB mondial. Il va réduire de 10.000 km
le trajet entre la Chine et l’Asie
occidentale, au-delà l’Afrique
orientale. 80 pour cent des importations
pétrolières chinoises transitent par
l’Asie du Sud Est.
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