Palestine. La flottille pour Gaza
empêchée d’accoster à Paris
Pierre Barbancey
Capture
d'écran : PalSol
Lundi 18 juin 2018
Deux bateaux ont été encadrés par la
police fluviale et n’ont pu s’arrêter
sur un quai de Seine. L’AFPS dénonce les
pressions d’Israël.
Deux bateaux,
membres de la flottille qui compte
tenter de briser le blocus de Gaza, la
Falestine et la Mairead, devaient
accoster, hier, sur un quai de Seine à
Paris. « Devaient » car la préfecture –
donc le gouvernement et l’Élysée – en a
décidé autrement. Arrivés sans encombre
à Asnières, les deux navires ont d’abord
embarqué deux élus, les conseillers de
Paris Raphaëlle Primet (PCF) et Jérôme
Gleizes (Verts), avant de poursuivre.
Claude Léostic, responsable de la
plateforme des ONG pour la Palestine,
était également à bord. À l’écluse de
Suresnes, surprise, la brigade fluviale
de la police les attendait. Les
contrôles tatillons se sont d’abord
multipliés avec un zèle rare. Des
plongeurs sous-marins étaient même prêts
à intervenir. Pourquoi ? Nul ne le sait
puisque le but était clair : populariser
ce voyage qui ne visait qu’à défendre le
peuple palestinien soumis à un blocus
inhumain depuis plus de onze ans
maintenant et de s’intéresser plus
particulièrement au sort des pêcheurs de
Gaza particulièrement visés par la
marine israélienne. Alors que les
accords d’Oslo prévoyaient une zone de
pêche à 20 milles marins des côtes,
soit 36 kilomètres, Israël n’a eu de
cesse de la réduire. Les pêcheurs
gazaouis sont maintenant confinés à 3
milles marins, soit 5,4 kilomètres. Trop
près pour trouver une mer suffisamment
poissonneuse.
Les bateaux encadrés
de Zodiac de la police
Les ordres de la
préfecture ont d’abord été une
interdiction pour les bateaux de
traverser Paris avec des banderoles pour
Gaza et des drapeaux palestiniens
déployés. Puis, il a été notifié aux
commandants des deux embarcations qu’ils
ne pourraient pas accoster.
Au même moment, sur
le quai devant le jardin Tino-Rossi, en
contrebas de l’Institut du monde arabe
(IMA), des dizaines de personnes se
rassemblaient pour accueillir comme il
se doit les bateaux et apporter leur
soutien à l’opération. Elles étaient
pratiquement encerclées par des
policiers style Robocop – si l’un
d’entre eux, lourdement harnaché,
tombait dans la Seine, il était fort à
parier qu’il aurait coulé aussitôt.
Surprise, quand enfin les bateaux
étaient en vue, ils étaient encadrés de
Zodiac de la police les poussant le plus
possible vers le milieu du fleuve. Selon
un des membres de l’équipage de la
flottille, les policiers s’amusaient
même à faire le plus de vagues possible
pour les faire gîter un peu plus, voire
les mouiller.
Sur le quai, donc,
les slogans ont commencé à jaillir. En
soutien à Gaza et à la flottille, mais
également pour dénoncer l’attitude du
gouvernement français. L’ambassade
d’Israël fait pression depuis des jours
pour obtenir l’interdiction de cette
traversée de Paris. Ce fut déjà le cas à
La Rochelle, pour un bateau qui va
rejoindre la Méditerranée via le détroit
de Gibraltar. L’attitude d’Emmanuel
Macron n’est guère étonnante, moins de
deux semaines après avoir reçu Benyamin
Netanyahou en grande pompe.
Ce qu’a d’ailleurs
dénoncé Camille Lainé, secrétaire
générale des Jeunes communistes, qui a
pris la parole et appelé à des sanctions
de la part de la France contre Israël.
Le député FI Éric Coquerel, tout comme
la sénatrice Verts Esther Benbassa
étaient également présents pour dénoncer
la politique israélienne et l’attitude
française.
Tous les bateaux de
la flottille doivent maintenant se
retrouver en Méditerranée, comme l’a
annoncé Bertrand Heilbronn, président de
l’Association France Palestine
Solidarité (AFPS). « Cette flottille est
là pour montrer aussi le côté monstrueux
du blocus imposé par les Israéliens »,
a-t-il dit. Jack Lang, président de
l’IMA, était également présent, avec
Leïla Shahid, ancienne ambassadrice de
Palestine en France et auprès de l’UE.
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