Palestine
Pour mettre fin à la complicité de
l’Union européenne dans le maintien des
colonies illégales et d’autres sérieuses
violations des droits humains par Israël
Omar Barghouti*
Vendredi 16 mars 2018
Malgré la chute d’Israël vers un
extrémisme de droite à visage découvert,
particulièrement avec l’escalade
actuelle de la
brutale occupation militaire et de la
répression, et en dépit de sa
rhétorique, l’Union européenne (UE) a
manqué à ses obligations légales selon
le droit international vis-à-vis de
l’entreprise de colonisation israélienne
; elle reste largement complice de la
possibilité et du maintien de
l’occupation israélienne et des
violations des droits palestiniens.
Seule une pression effective de la
société civile européenne peut mettre
fin à cette complicité de l’UE, et
contribuer ainsi de manière
significative à la poursuite d’une paix
juste et complète dans notre région.
Les sérieuses violations du droit
international par Israël déclenchent des
obligations légales pour l’UE, le plus
grand partenaire commercial d’Israël, et
pour ses états membres. Comme cela a été
répété dans la décision de 2004 de la
Cour internationale de justice, pour
garantir le respect du droit humanitaire
international et du droit du peuple
palestinien à son autodétermination, les
états doivent s’abstenir de tout acte
qui impliquerait la reconnaissance de
l’entreprise de colonisation d’Israël et
de toute forme d’assistance au maintien
de la situation illégale qui en résulte.
En faisant du
commerce avec les colonies illégales
israéliennes et en soutenant des
entreprises qui sont impliquées dans la
colonisation, telles que
définies par l’OHCHR (Bureau du Haut
Commissaire des Nations Unies pour les
Droits humains), l’UE viole ses
obligations de non-reconnaissance et de
non-assistance.
L’UE maintient un
réseau de
relations militaires,
de recherches sur l’armement,
de transactions bancaires et
d’accords commerciaux avec des
entreprises, des banques et des
institutions israéliennes qui sont
lourdement
impliquées dans des violations des
droits humains.
Par exemple, l’UE
importe des produits provenant des
colonies israéliennes pour une
valeur annuelle estimée de 300 millions
de dollars. C’est plus de 17 fois la
valeur moyenne annuelle des produits
palestiniens importés par l’UE entre
2004 et 2014.
Par son programme
de recherche Horizon 2020,
l’UE a approuvé plus de 200 projets en
collaboration avec des entreprises
israéliennes, telles que Elbit Systems
et Israel Aerospace Industries, qui sont
accusées de profonde complicité dans les
crimes de guerre d’Israël et
peut-être dans des
crimes contre l’humanité. Un autre
bénéficiaire israélien des subventions
de l’UE est l’université Technion, une
plaque tournante pour le développement
des systèmes d’armement israéliens
utilisés pour perpétrer des crimes
contre les civils palestiniens.
Les banques
européennes continuent
leurs relations d’affaires avec des
banques israéliennes, malgré leur rôle
crucial dans le financement, la
fourniture de services et d’autres
formes de soutien aux colonies illégales
d’Israël. Un
rapport récent de Human Rights Watch
conclut que « les entreprises ne peuvent
assumer leurs responsabilités par
rapport aux droits humains si elles
poursuivent des activités à l’intérieur
des colonies ou pour leur bénéfice ».
Malgré la pression
de
centaines de groupes et d’ONG issus de
la société civile européenne et de
plus de
60 députés européens, l’UE a
obstinément refusé d’appliquer la clause
sur les droits humains de son Accord
d’association avec Israël. Cela a
continué même après qu’un rapport
juridique publié l’année dernière par
une agence des Nations Unies a conclu
qu’Israël
avait établi un régime d’apartheid
contre l’ensemble du peuple palestinien.
Il vaut la peine de mentionner que
l’apartheid est le deuxième crime contre
l’humanité le plus sérieux dans le droit
international.
Si les droits
palestiniens sont vus aujourd’hui comme
l’« épreuve de vérité pour les droits
humains », comme l’a décrit l’éminent
juriste sud-africain
John Dugard, l’UE a
raté l’épreuve. Se contenter
d’étiqueter certains des produits
illégaux des colonies israéliennes au
lieu de les
interdire tous est considéré par les
Palestiniens comme un autre
manquement de l’UE à faire respecter le
droit européen et international.
Même si l’UE vote
encore en bloc pour appuyer les
résolutions des Nations Unies soutenant
les droits palestiniens fondamentaux, y
inclus le
droit de retour pour les réfugiés
palestiniens, et si elle condamne
encore
les colonies israéliennes comme
illégales, ces positions n’ont été
traduites dans aucune mesure effective
pour faire rendre des comptes à Israël.
Par contraste, l’UE
a tout de suite adopté des
sanctions contre la Russie après sa
prise de contrôle de la Crimée, une
action qui pâlit en comparaison avec
l’occupation militaire de cinq décennies
d’Israël à Gaza et en Cisjordanie,
incluant Jérusalem-Est. Rien ne peut
justifier cette hypocrisie.
Le gouvernement
d’extrême-droite d’Israël laisse tomber
le masque
Le régime israélien
devenant plus ouvertement associé
à l’extrême-droite dans son ensemble,
y compris avec des groupes suprémacistes
blancs et
anti-sémites aux États-Unis et
en Europe,
devenant aussi le modèle des politiques
xénophobes de Trump sur le profilage
ethnique, l’interdiction des
réfugiés et des Musulmans,
et le
mur raciste séparant les États-Unis
du Mexique, sa popularité est en baisse.
Un récent
sondage de la BBC montre qu’Israël a
le quatrième taux de popularité le
plus bas parmi de nombreux pays,
plus de 60% du public au Royaume-Uni, en
France et en Espagne le voyant
négativement.
De plus en plus de
personnes de conscience dans le monde —
y compris des contribuables des états
qui continuent d’armer Israël, comme les
États-Unis, l’Allemagne, le Royaume-Uni,
l’Italie et la France — reconnaissent
qu’il est de leur devoir moral de mettre
fin à la complicité de leurs
gouvernements respectifs dans les
crimes d’Israël et agissent en ce
sens.
De manière
cruciale, le soutien pour faire rendre
des comptes à Israël grandit parmi les
Juifs américains et le public
américain en général. Un sondage de 2014
de J Street montrait que 46
% des hommes juifs américains non
orthodoxes de moins de 40 ans appuient
un boycott complet d’Israël pour
mettre fin à l’occupation, et un rapport
de 2016 de la
Brookings Institution révèle que
près de la moitié des Américains
appuient le fait d’imposer des sanctions
à Israël pour arrêter ses colonies
illégales.
Avec la loyauté
inégalée de la Maison Blanche de Trump
et du Congrès envers sa politique
fanatique, le régime israélien d’occupation,
de colonialisme et d’apartheid est
devenu si enivré de pouvoir qu’il laisse
tomber son mince masque délabré de
démocratie,
se débarrassant du vernis d’un soutien à
une « solution à deux états »
et saluant l’accession au pouvoir de
Trump comme une rare opportunité pour
enterrer le droit palestinien à
l’auto-détermination.
Le gouvernement
d’Israël, le « plus
raciste » de son histoire, perpètre
des crimes sérieux contre le peuple
autochtone de Palestine avec une
arrogance et une impunité sans
précédent,
s’aliénant le courant libéral dominant
en Occident, qui a pendant des
décennies formé l’épine dorsale de ses
soutiens à l’Ouest, le protégeant de
toute responsabilité vis-à-vis du droit
international.
Israël intensifie
la confiscation de terres et la
construction de ses colonies
illégales et du mur en Cisjordanie
occupée, particulièrement à
Jérusalem-Est.
Il renforce son
siège fatal d’une décennie sur deux
millions de Palestiniens
à Gaza, leur refusant les biens de
première nécessité, et même des crayons
ou des instruments de musique,
comptant le nombre de calories par
personne qui permette de les
maintenir à la limite de la famine, ou
« au régime », comme un haut
fonctionnaire israélien l’a jadis admis.
En conséquence, les Nations Unies
prédisent que Gaza sera
invivable en 2020.
Il enracine ce que
le Départment
d’État américain lui-même a
autrefois caractérisé comme un système
de « discrimination institutionnelle,
juridique et sociale » contre les
citoyens palestiniens de l’actuel
Israël, un système imposé au moyen de
plus de
soixante-cinq lois racistes. L’an
dernier, les forces armées israéliennes
ont démoli le village bédouin de
Umm al-Hiran dans le Néguev
pour construire sur ses ruines une nouvelle
colonie exclusivement juive, étrangement
baptisée « Hiran ».
Il continue
également à nier les droits
internationalement reconnus des
Palestiniens en exil, majoritairement
des réfugiés, qui forment 50
% de l’ensemble des Palestiniens.
À la lumière de
cette
Nakba continuelle, et étant donné
l’échec de la communauté internationale
sous l’hégémonie des USA et de l’UE à
garantir les droits palestiniens d’après
le droit international, le mouvement
BDS pour les droits palestiniens a
été lancé en 2005 par la
plus large coalition de la société
civile palestinienne. Il appelle à
mettre fin à l’occupation d’Israël
depuis 1967, à son système de
discrimination raciale légalisée, et à
garantir le
droit des réfugiés palestiniens
(établi par les Nations Unies) à revenir
dans leurs foyers et sur leurs terres,
dont ils ont été déracinés et dépossédés
depuis la
Nakba de 1948.
Ces trois droits
fondamentaux correspondent aux trois
composantes principales du peuple
palestinien : ceux de la Bande de Gaza
et de Cisjordanie occupées, y compris
Jérusalem-Est (38 % du peuple
palestinien, selon des
statistiques de 2016) ; les citoyens
palestiniens d’Israël (12%) ; et ceux en
exil (50%). Plus de deux tiers des
Palestiniens sont des réfugiés ou des
personnes déplacées de l’intérieur.
Ancré dans la
Déclaration universelle des droits de
l’homme, BDS s’est
constamment et catégoriquement opposé à
toutes les formes de racisme et de
discrimination raciale, y compris
l’anti-sémitisme, le racisme contre
les Noirs et l’islamophobie. L’identité
de quiconque, maintient le mouvement, ne
doit jamais diminuer son droit à des
droits. BDS, par conséquent, cible la
complicité, pas l’identité.
Arguer que le
boycott d’Israël est intrinsèquement
anti-juif est non seulement faux, mais
suppose aussi qu’Israël et « les Juifs »
sont la même chose. C’est aussi absurde
et
sectaire que d’affirmer qu’un
boycott d’un état s’auto-définissant
comme islamique, comme l’Arabie
saoudite, disons, à cause de son
horrible casier en ce qui concerne les
droits humains, sa discrimination
légalisée contre les femmes, ou ses
crimes de guerre au Yémen, serait
nécessairement islamophobe.
Puisqu’il n’y a
rien de juif dans le régime de siège
d’Israël,
le nettoyage ethnique et
l’oppression, il n’y a rien
d’intrinsèquement anti-juif, donc, dans
un combat pour les droits humains,
non-violent, moralement cohérent, afin
de mettre un terme à ce système
d’injustice. Le soutien pour BDS croît
de manière importante parmi
les jeunes générations juives du
monde entier, les
militants juifs israéliens de BDS
jouant en fait un rôle de plus en plus
important dans le mouvement.
BDS tire beaucoup
d’inspiration de multiples relations
croisées avec des mouvements défendant
les droits des réfugiés, des immigrants,
des femmes, des travailleurs, des Noirs,
des musulmans, des nations
autochtones et des communautés
LGBTQI, comme avec le mouvement pour
la justice climatique.
Le mouvement BDS
est soutenu par un
quasi-consensus dans la société
palestinienne. Le mois dernier,
l’Organisation de libération de la
Palestine (OLP), le seul représentant
légitime du peuple palestinien,
a déclaré son soutien à BDS et a
appelé à des sanctions contre Israël.
Impact de BDS
L’impact
stratégique du mouvement non-violent
BDS pour les droits palestiniens est
maintenant bien reconnu par
l’establishment israélien.
En décembre
dernier, Lorde, la célèbre chanteuse
néo-zélandaise, a annulé un concert
prévu à Tel Aviv, devenant la plus
célèbre et la plus
courageuse artiste de sa génération
à respecter le piquet de grève du
boycott culturel palestinien. En réponse
à une triste campagne de dénigrement
contre elle par des membres du lobby
pro-israélien aux États-Unis, plus d’une
centaine d’artistes renommés, y
compris des stars d’Hollywood, ont signé
une lettre de soutien en sa faveur dans
le Guardian.
Des
vingt-six nominés aux Oscars en 2016
auxquels le gouvernement israélien a
offert de coûteux voyages de propagande,
aucun n’a à ce jour accepté son offre.
Quelques-unes des
plus grandes Églises des États-Unis,
dont l’Église
méthodique unifiée, l’Église
presbytérienne et l’Église
unifiée du Christ, ont retiré leurs
investissements des banques israéliennes
ou de compagnies internationales
complices, comme Caterpillar, HP, et
G4S, à cause de leur implication dans
l’occupation israélienne.
Avant même que les
Nations Unies ne publient leur liste,
des compagnies impliquées dans
l’entreprise de colonisation illégale
d’Israël, comme
Veolia,
Orange,
CRH et
G4S, ont subi d’importantes pertes
financières et/ou
d’importantes atteintes à leur
réputation dans les toutes dernières
années, grâce à une efficace campagne
BDS à travers l’ Europe, les États-Unis,
le monde arabe, ou l’Amérique latine. En
conséquence, ils ont mis fin à toute ou
à presque toute leur implication dans
les violations du droit international
par Israël. Hewlett Packard (HP) fait
face à une campagne BDS globale à effet
boule de neige,
de nombreuses églises américaines et
le Syndicat national des enseignants
(National Union of Teachers,
NUT) au Royaume-Uni annonçant qu’ils
étaient « sans HP ».
Des fonds
d’investissements globaux majeurs en
Norvège, aux
Pays-Bas,
au Danemark et ailleurs ont retiré
leurs investissements des banques
israéliennes ou des compagnies
internationales impliquées dans les
violations des droits humains par
Israël.
La municipalité de
Barcelone a annoncé en 2017 des
mesures pour mettre fin à sa complicité
avec l’occupation israélienne, après
des dizaines de conseils locaux dans
toute l’Espagne qui se sont déclarés
« zones exemptes de l’apartheid
israélien » au cours des deux dernières
années.
Des fédérations
syndicales majeures, comme le
LO norvégien, ont rejoint le
mouvement BDS en 2017.
Des associations universitaires et
des dizaines d’organisations étudiantes
aux États-Unis, au Royaume-Uni, au
Chili, en Afrique du sud, au Canada,
parmi d’autres, ont voté en faveur de
diverses mesures de BDS.
La prestigieuse
Université catholique de Louvain en
Belgique a récemment annoncé son retrait
de Law Train, un projet de
recherche particulièrement inquiétant
financé par l’UE et visant à développer
des techniques communes d’interrogation
des prisonniers en partenariat avec la
police israélienne et le ministère
israélien de la sécurité publique. Ces
deux entités israéliennes ont été
accusées par des avocats des droits
humains d’implication lourde dans des
exécutions extrajudiciaires et dans
la
torture de prisonniers palestiniens,
y compris d’enfants, parmi d’autres
violations sérieuses du droit
international.
Le Ministère de la
justice portugais a été le premier en
juillet 2016 à se
retirer du projet. Vingt-cinq
éminents universitaires ont publié un
avis juridique confirmant l’illégalité
du projet Law Train à cause de
l’implication des entités israéliennes
dans de sérieuses violations du droit
international.
Le nouveau
McCarthyisme d’Israël
Ayant perdu de
nombreuses batailles, tant des cœurs que
des esprits, au niveau populaire, Israël
a adopté en 2014 une nouvelle
stratégie top-down pour combattre
BDS, remplaçant son infructueuse
stratégie précédente qui cherchait à
combattre le mouvement simplement par un
marquage et
une propagande étendue.
Évoquant la mémoire
du
McCarthyisme, la nouvelle
stratégie israélienne utilise une
guerre juridique et de l’espionage
avec d’énormes budgets pour miner, ou
même faire mettre hors la loi, le
soutien pacifique à BDS. Israël a même
engagé un grand cabinet juridique pour
intimider et réduire au silence des
militants BDS en Amérique du Nord, en
Europe et au-delà, franchissant « les
lignes de la criminalité », comme un
juriste israélien en a
lancé l’alerte.
Un ministre
désespéré du gouvernement israélien a
établi une «
unité de ternissement » pour salir
les défenseurs palestiniens, israéliens
et internationaux des droits humains
dans le mouvement BDS, tandis qu’un
autre nous a
menacés publiquement d’« assassinats
civils ciblés ».
Amnesty International a condamné ces
menaces.
Une
loi israélienne anti-BDS refuse
maintenant l’entrée aux
organisations qui appuient BDS ou
simplement prônent des boycotts
sélectifs visant les colonies
israéliennes. Le ministère israélien
anti-BDS des Affaires stratégiques
travaille maintenant sur une « liste
noire » des Israéliens qui sont
actifs dans une forme quelconque
d’activité BDS.
Glenn Greenwald a décrit ces
tentatives d’Israël et de ses groupes de
pression pour criminaliser la solidarité
avec la Palestine, particulièrement dans
sa forme la plus efficace qu’est le
mouvement BDS, comme « la plus
grande menace contre la libre expression
en Occident ».
Le mouvement BDS
gagne cependant quelques remarquables
batailles contre ce maccarthyisme
israélien.
L’Union européenne, les
gouvernements de
Suède, d’Irlande et des Pays-Bas,
les parlements de
Suisse et d’Espagne,
Amnesty International, la Fédération
internationale pour les droits humains (FIDH),
Human Rights Watch, l’Internationale
socialiste, l’Union américaine des
libertés civiles (ACLU),
parmi d’autres, ont tous défendu le
droit de boycotter Israël en tant que
question relevant de la liberté
d’expression.
ACLU, qui a
condamné l’application d’une législation
anti-BDS legislation au
Texas « comme une violation
flagrante du Premier Amendement [de la
Constitution des USA], rappelant les
serments de loyauté de l’ère McCarthy »,
a récemment gagné une victoire légale
faisant jurisprudence contre la
législation anti-BDS de l’état du
Kansas.
En 2016,
Federica Mogherini, chef de la
diplomatie de l’UE, a déclaré :
“L’UE prend
fermement position en faveur de la
protection de la liberté d’expression et
de la liberté d’association en
concordance avec la Charte des droits
fondamentaux de l’Union européenne, qui
est applicable sur le territoire des
états membres de l’UE, y compris par
rapport aux actions de BDS effectuées
sur ce territoire ».
Dans la même veine,
le
gouvernement hollandais a confirmé
que promouvoir BDS est une libre
expression protégée, « inscrite dans la
Constitution hollandaise et la
Convention européenne sur les droits
humains ». Il a aussi
rejeté des appels à punir BDS pour
le motif que cela impliquerait une
« discrimination » contre Israël,
affirmant que « les droits
humains, y compris l’interdiction de la
discrimination, vise explicitement à
protéger des individus [et] des groupes
d’individus. Sur la base de la liberté
d’expression il est permis d’appeler un
gouvernement à prendre des sanctions
contre un autre pays ».
En 2016 également,
dans un revers majeur pour la guerre
juridique répressive que mène Israël
contre le mouvement BDS, une
déclaration sans précédent de plus de
200 experts juridiques de 15 pays
européens, incluant d’anciens juges de
cours internationales, a défendu le
droit de BDS en disant :
« Les états qui
déclarent illégal BDS sapent le droit
humain fondamental et menacent la
crédibilité des droits humains en
exemptant un état particulier de la
revendication de mesures pacifiques
conçues pour obtenir qu’il respecte le
droit international. »
Conclusion
Même si les
Palestiniens apprécient le soutien
européen envers notre fermeté dans notre
patrie, les Palestiniens ne cherchent
pas la charité, mais la solidarité. À
tout le moins, nous attendons de l’UE
qu’elle ne nuise pas.
La moyenne de 300
millions d’euros que l’UE donne
annuellement aux Palestiniens
subventionne en grande partie
l’occupation israélienne et sert à
couvrir la complicité persistance de
l’UE à la maintenir. De plus, elle pâlit
en comparaison avec le
coût de l’occupation pour l’économie
palestinienne, qui rien qu’en 2010
atteignait approximativement 7 milliards
de dollars − près de 85% du PIB
palestinien total estimé.
Les Palestiniens
appellent les membres progressistes du
Parlement européen ainsi que les
parlements nationaux dans toute l’Europe
et la société civile européenne à
intensifier sa pression sur l’UE pour
qu’elle remplisse ses obligations envers
le droit international et le peuple
palestinien, au moins en :
-
Interdisant l’importation de
produits de compagnies israéliennes
et d’autres compagnies qui opèrent
illégalement dans les territoires
occupés.
- Suspendant l’Accord d’association
entre Israël et l’UE jusqu’à ce
qu’Israël se conforme à sa deuxième
clause qui demande le respect des
droits humains.
- Implémentant la recommandation du
Conseil européen des relations
étrangères de cesser toutes les
transactions financières avec les
banques israéliennes qui financent
l’occupation d’Israël, y compris le
mur et les colonies.
- Cessant d’envisager l’importation du
gaz naturel ou de l’électricité
israéliens, étant donné le pillage
par Israël des ressources
énergétiques palestiniennes et les
risques sérieux en matière de droit,
de finance et de sécurité impliqués
dans une telle entreprise.
- Imposant à Israël un embargo
militaire dans les deux sens, comme
cela a été fait pour l’Afrique du
Sud de l’apartheid, y compris en
coupant les subventions à toutes les
entreprises et les universités
israéliennes impliquées dans des
recherches militaires qui rendent
possible la perpétration des crimes
de guerre d’Israël.
L’ancien leader
anti-apartheid d’Afrique du Sud,
l’archevêque
Desmond Tutu, a déclaré jadis : «
si vous restez neutre dans des
situations d’injustice, vous avez choisi
le camp de l’oppresseur ». Loin d’être
« neutre », l’UE favorise l’oppresseur
et lui permet de poursuivre ses
injustices. Il est grand temps de mettre
fin à cette complicité pour conserver
vivant notre espoir qu’un jour nous
pourrons vivre dans la dignité, la
liberté, la justice et une paix
véritable.
OMAR BARGHOUTI
* Omar Barghouti est
un défenseur palestinien des droits
humains et un cofondateur du mouvement
de Boycott, désinvestissement et
sanctions (BDS). Il est le co-récipiendaire
du Prix Gandhi pour la Paix 2017.
Le
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