Opinion
Chronique de la lâcheté ordinaire :
les humoristes et l’affaire Dieudonné
Nicolas Bourgoin

Dimanche 27 avril 2013
L’affaire Dieudonné
aura été triplement révélatrice.
D’abord, du niveau de soumission de l’establishment
politique au lobby sioniste, où l’on a (re)découvert
un gouvernement totalement inféodé à
Israël, la maison-mère, par CRIF et
LICRA interposés. Ensuite, du talent et
de la personnalité de Dieudonné, capable
de renverser à son avantage une
situation pour le moins défavorable par
son humour et son courage politique hors
du commun. Et enfin, last but not
least, cet épisode peu glorieux aura
mis en lumière la lâcheté profonde de la
communauté des artistes français et le
degré de pénétration de l’idéologie
sioniste dans cet univers. Comme un seul
homme, les pairs humoristes de Dieudonné
ont sans exception pris le parti du
Ministre de l’Intérieur, à quelques
nuances près. Convictions pro-sionistes
ou veulerie politique ? Sans doute
beaucoup des deux…
Les historiens de
l’avenir retiendront cette journée du 9
janvier comme celle de l’enterrement de
la liberté d’expression en France. Le
précédent que créé la
jurisprudence Dieudonné est lourd de
conséquences en permettant aux autorités
publiques d’interdire préventivement une
réunion (spectacle artistique ou
rassemblement politique) si celle-ci est
susceptible d’entraîner des troubles à
l’ordre public ou « d’affecter le
respect de la dignité humaine».
Or ces notions sont hautement
subjectives et
ouvrent la voie à toutes les décisions
arbitraires : comment caractériser
une atteinte à l’ordre public ou à la
dignité humaine, a fortiori si
elles n’ont pas encore eu lieu ? La
porte est désormais ouverte à tous les
abus et elle n’est pas prêt d’être
refermée.
Cette décision
inique et liberticide, qui fait voler en
éclats la (relative) protection dont
bénéficiait le domaine artistique
vis-à-vis de la censure d’État, aurait
dû provoquer une levée de boucliers de
la part des humoristes et des artistes
de scène, les premiers concernés. Il
n’en a rien été. Il est vrai que
Dieudonné est devenu un paria parmi ses
pairs depuis
son sketch (plutôt réussi) de
décembre 2003 mettant en scène un colon
israélien, qui avait provoqué la fureur
de la LICRA et de l’UEJF et lui avait
valu une condamnation pour "injure à
caractère racial", la première d’une
longue série… Le considérer publiquement
comme antisémite est devenu depuis un
rituel d’allégeance au système et une
figure imposée pour qui veut réussir. On
se souvient sans doute que lors de
l’annulation de son spectacle à
l’Olympia en février 2004, ses
soutiens humoristes se comptaient déjà
sur les doigts d’une main, parmi eux
figurait notamment Daniel
Prévost.
D’autre part, il
faut aussi compter avec les convictions
majoritairement pro-sionistes des
personnalités du show business, qui
s’expriment clairement dans
les propos extrémistes de Gad Elmaleh
ou
ceux de Stéphane Guillon appelant
purement et simplement à l’interdiction
des spectacles de Dieudonné et à sa
condamnation pénale pour antisémitisme.
Dans ce registre, on peut citer Patrick
Timsit qui le compare (sans rire)
à Hitler ou prétend le démolir dans
un
sketch assez laborieux ou encore
Jérôme Ferrari dont
les attaques bêtes et méchantes contre
Dieudonné lui ont valu d’être
encensé par les médias aux ordres –
rappelons quand même au journaliste du
Nouvel obs’ (cf lien précédent)
que le courage se mesure surtout aux
coups que l’on prend…
Mais cette position
radicale est somme toute minoritaire car
il n’est jamais bon de s’afficher trop
clairement dans le camp du pouvoir quand
on prétend être impertinent. En réalité,
les artistes de scène sont face à une
équation simple : comment faire
allégeance au système en critiquant
Dieudonné tout en faisant mine
d’encenser la liberté d’expression,
valeur sacrée du domaine artistique ? La
solution la plus fréquente a le mérite
de la simplicité : affirmer sans
l’ébauche d’une preuve que l’humoriste,
métamorphosé en militant politique, ne
ferait plus rire personne – oubliant au
passage qu’il n’a jamais eu autant de
succès que depuis un an. Dany Boon,
sur la sellette, répond juste à
cette question – et aux autres que lui
pose Ardisson pour tester sa judéïté
nouvellement acquise. Mais, comme on
n’est jamais trahi que par ses amis, les
meilleurs dans cet exercice restent ceux
qui ont été pendant un temps les "potes"
de Dieudonné comme
Bruno Solo qui prend bien le soin de
souligner les distances prises depuis
pour cause d’infréquentabilité,
Jamel Debbouze pour qui la
domination sioniste est un "fantasme" ou
encore
Elie Semoun à l’occasion d’un sketch
(inter)minable – lui,
ne fait vraiment plus rire personne.
Autre tactique :
critiquer la méthode employée par
l’ex-ministre de l’Intérieur, jugée
contre-productive, tout en reconnaissant
la nécessité de donner un coup d’arrêt
aux "dérapages" de Dieudonné.
L’interdiction de ses spectacles
fortement médiatisée aurait fait de la
publicité à l’humoriste. C’est à cette
simple idée que se résume
l’analyse d’Anne Roumanoff pour qui
Dieudonné est une "tumeur" que Manuel
Valls aurait malheureusement "transformé
en gros cancer".
En définitive, la
cabale politico-médiatique contre
l’humoriste aura été la meilleure
démonstration de la validité de ses
thèses sur le deux poids/deux mesures.
Mention spéciale à Nicolas Bedos dont
le sketch ouvertement raciste
mettant en scène un jeune de banlieue
fan de Dieudo et donc (forcément)
antisémite a été encensé par les
journalistes pro-système. Il suffit de
se rappeler un instant le feu des
critiques que le même sketch mais
inversé – un juif colon raciste – mis en
scène par Dieudonné avait essuyé pour
mesurer le degré de partialité et de
soumission des médias dominants.
Vrai trublion et
humoriste hors pair, dans la lignée de
Pierre Desproges ou de
Coluche qui en leur temps – où la
liberté d’expression était respectée –
n’ont pas ménagé les juifs – comme les
autres communautés religieuses – sans
pour autant s’attirer les foudres des
autorités politiques, Dieudonné est
le pourfendeur de la mauvaise conscience
du système, de son hypocrisie
insondable et de ses tares : sioniste,
néo-colonialiste, impérialiste et
raciste. C’est avant tout cette remise
en cause radicale qui lui vaut le
déchaînement politico-médiatique dont il
est victime ainsi que l’accusation
infamante d’antisémite que l’establishment
réserve à ceux qui combattent l’emprise
du sionisme sur notre pays.
Le sommaire de Nicolas Bourgoin
Le
sommaire de Dieudonné
Les dernières mises à jour

|