Opinion
Scarlett Johansson, le boycott des
colonies sionistes et le Financial Times
Mounadil al-Djazaïri
Jeudi 6 février 2014
L’actrice
américaine Scarlett Johanssonn a fait
beaucoup pour mieux faire connaître les
actions de boycott culturel, économique
et commercial qui visent le régime
sioniste.
Ce n’était pas
volontaire de sa part, mais en préférant
les dollars proposés par l’entreprise
sioniste SodaStream à la mission
d’ambassadrice de l’ONG britannique
Oxfam, elle a en quelque sorte révélé au
monde l’absence de principes moraux et
l’éthique particulière qui caractérisent
le projet sioniste.
C’est cette
réflexion que développe le Financial
Times dans un éditorial. Le fait que ce
journal qui est le porte voix des
milieux financiers de Londres et
d’autres métropoles du capitalisme
évoque ainsi cette question dans des
termes sans ambiguïté, donne une idée de
l’exaspération qui commence à gagner ce
que je désignerai par le raccourci
simplificateur de « communauté des
affaires ».
Un éditorial qui
sonne aussi comme un avertissement de ce
qui pourrait arriver tantôt : un boycott
généralisé des échanges avec l’entité
sioniste, comme celui qu’avaient connu
en d’autre temps la Rhodésie
(aujourd’hui Zimbabwe) et l’Afrique du
Sud.
La défense de son
sponsor par Scarlett Johansson est naïve
The Financial Times
(UK) 31 janvier 2014 traduit de
l’anglais par Djazaïri
La décision de
l’actrice Scarlette Johansson de ne plus
être une ambassadrice d’Oxfam,
l’organisation caritative pour la
justice sociale, et de continuer à être
une ambassadrice de la marque SodaStream,
une compagnie israélienne qui fabrique
des machines pour produire des boissons
gazeuses chez soi dans une usine située
en Cisjordanie occupée, pourrait être
tenue pour aussi négligeable qu’une
tempête dans un verre de limonade. Il ne
devrait pas en être ainsi.
La vedette du film
"Lost in Translation" a braqué
accidentellement le projecteur sur un
problème important – celui de savoir
s’il est juste ou légitime de faire du
commerce avec des entreprises qui
opèrent dans des colonies israéliennes
illégales sur le sol palestinien – tout
en donnant par inadvertance un éclairage
positif sur al campagne pour boycotter
Israël tant qu’il ne se retire pas de la
Cisjordanie et de Jérusalem-Est – une
question distincte, du moins pour
jusqu’à présent.
SodaStram fabrique
certains gazéificateurs [de boissons] à
Maale Adumim, la plus grande colonie
israélienne en Cisjordanie, illégale au
regard du droit international. L’usine
fait travailler environ 500 Palestiniens
et prétend promouvoir l’emploi et la
coexistence pacifique entre Arabes et
Juifs. Mlle Johansson affirme que la
compagnie « construit un pont vers la
paix entre Israël et la Palestine ».
C’est de la naïveté, tout comme la
confusion qu’elle fait entre ce point de
controverse et le mouvement de Boycott,
Désinvestissement et Sanctions (BDS) qui
prône l’isolement d’Israël.
Le statut des
colonies est clair au regard du droit
international même si Israël choisit de
l’ignorer et d’accroître sa colonisation
du territoire palestinien, tout en
faisant mine de négocier sur la création
d’un Etat palestinien. L’an dernier,
l’Union Européenne (UE) a adopté des
dispositions pour interdire les
subventions destinées à des organismes
opérant dans des colonies illégales.
L’UE a cependant laissé Israël
participer au programme Horizon 2020 –
Israël est le seul Etat non membre à
participer à ce programme de
recherche-développement de 80 milliards
d’euros – rendant ainsi la haute
technologie israélienne éligible aux
financements publics européens dès lors
qu’ils ne sont pas utilisés dans les
colonies.
Ce n’est pas un
boycott. C’est l’application du droit.
Il reste que si Israël poursuit son
occupation et repousse les conditions
pour la paix négociées par le Secrétaire
d’Etat John Kerry, de telles
distinctions deviendront obsolètes. Les
fonds de pension européens ont déjà
commencer à retirer leurs
investissements dans les banques
israéliennes qui ont des succursales
dans les colonies.
Les dirigeants
israéliens, depuis les anciens premiers
ministres Ehud Barak et Ehud Olmert à
Tzipi Livni et Yair Lapid, les ministres
de la justice et des finances du
gouvernement actuel de droite de
Benjamin Netanyahou ont prévenu
qu’Israël sera confronté à l’ostracisme
sauf sen cas de conclusion d’un accord
avec la Palestine. Aujourd’hui, ce sont
les colonies qui sont visées. Mais les
choses pourraient facilement évoluer
vers un boycott généralisé.
Il est malhonnête
de voir du romantisme dans les actions
de colonisation. L’occupation jette en
prison des milliers de jeunes hommes
palestiniens, donne leurs terres et leur
eau aux colons, démolit leurs maisons et
fragmente le territoire restant avec de
nombreux checkpoints et des routes
ségrégées. Il n’existe pratiquement
aucune base minimale pour une économie.
Pour créer des emplois palestiniens, il
faut mettre un terme à l’occupation et
laisser les Palestiniens construire les
fondations d’une économie – pas
construire des « ponts vers la paix »
sur la terre d’un autre peuple dans sa
permission.
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