Analyse
Syrie : La supercherie de
Bruxelles
Nasser Kandil
Jeudi 25 avril 2018
Coprésidée par l’Union européenne
et les Nations unies, la Conférence de
Bruxelles II des « faux amis » de la
Syrie s’est tenue le 24 et le 25 avril
courant. À cette occasion :
« M. Jean-Baptiste Lemoyne
[secrétaire d’État auprès du ministre de
l’Europe et des affaires étrangères] a
annoncé que l’effort français pour les
années 2018-2020 s’élèverait à plus d’un
milliard d’euros en faveur du peuple
syrien et des communautés hôtes : près
de 250 millions d’euros de dons et 850
millions d’euros de prêts. Cet
engagement inclut le programme de
réponse d’urgence de 50 millions d’euros
pour la Syrie, annoncé le 16 avril par
le président de la République […]
Ces
montants permettront de venir en aide à
la population syrienne et de créer en
Syrie les conditions d’un retour
« volontaire », sûr et durable des
réfugiés chez eux, le moment venu. Ils
doivent également permettre d’accroître
la résilience économique des pays qui
accueillent des réfugiés, au premier
rang desquels la Jordanie et le Liban »
[*].
Est-il
nécessaire de faire remarquer que la
Syrie n’attend pas autant de sacrifices
de la part du peuple français, mais
demande officiellement que ses
gouvernants cessent de soutenir le
terrorisme international pour continuer
à la saigner, cessent de nourrir la
calomnie pour le couvrir, et cessent de
lancer leurs missiles à tort et à
travers pour l’encourager ? [NdT].
Au Liban, la
conférence de Bruxelles II a été vendue
comme un effort de soutien à l’État
libanais dans le dossier des Syriens
déplacés, mais elle n’a pas tardé à
apparaître pour ce qu’elle est : une
conférence entre les pays impliqués dans
la guerre « sur » la Syrie et leurs
institutions financières respectives.
Ses
organisateurs ne cachent pas qu’il
s’agit d’une tentative de relance du
processus de solution politique en
Syrie, à condition que cette solution
réponde aux prétentions des États
participants, menés par les Saoudiens et
les Français.
En effet, la
question des Syriens déplacés est au
cœur de cette conférence et consiste à
empêcher leur arrivée en Europe tout en
empêchant leur retour en Syrie, à moins
qu’un accord politique ne vienne
satisfaire les conditions exigées par
ses promoteurs ; les représentants des
pays d’accueil ayant été invités dans le
but de garantir leur adhésion à ce
double objectif, en contrepartie du
financement nécessaire à l’intégration
des déplacés.
Une manœuvre
bruxelloise éventée par le communiqué de
protestation de l’Agence des Nations
Unies pour les Réfugiés [HCR] suite au
retour « volontaire » de centaines de
déplacés syriens, installés au Liban,
vers la localité [libérée du terrorisme]
de Beit Jinn en Syrie ; retour organisé
par la Sûreté générale libanaise en
coopération avec les autorités
syriennes.
L’implication
du gouvernement libanais dans une
conférence réunissant les représentants
de l’un des axes de la guerre en Syrie
contrevient scandaleusement à sa
prétendue politique de distanciation.
Elle participe à une supercherie
politique destinée à fixer les déplacés
syriens là où ils sont rendus,
contrairement aux hypothétiques efforts
de l’État libanais en faveur de leur
retour chez eux.
Nasser
Kandil
25/04/2018
Traduit de
l’arabe par Mouna Alno-Nakhal
Source :
Brève / Top News
http://topnews-nasserkandil.com/final/Full_Article.php?id=8464
[*] Syrie
- Contribution de la France à la
conférence Bruxelles II (Bruxelles, 25
avril 2018
https://www.diplomatie.gouv.fr/fr/dossiers-pays/syrie/evenements/actualites-2018/article/syrie-contribution-de-la-france-a-la-conference-bruxelles-ii-bruxelles-25-avril
Nasser Kandil est
un homme politique libanais, ancien
député, et Rédacteur en chef du
quotidien libanais « Al-Binaa ».
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