Interview
Ana Gomes : «Il y a clairement un
lobbying pro-Maroc
ici au Parlement
européen.»
Mohsen Abdelmoumen
Mme Ana
Gomes. DR
Samedi 21 juillet 2018. English version here
Mohsen
Abdelmoumen : Vous siégez dans la
Sous-commission Sécurité et Défense et
dans la Commission spéciale sur le
terrorisme au Parlement européen. Que
pensez-vous de la coordination
européenne en matière de lutte
antiterroriste ?
Madame Ana
Gomes : Elle s’est beaucoup
améliorée depuis 2015, notamment depuis
les attentats terroristes en France qui
ont touché le Bataclan. Elle existait
déjà avant mais c’est surtout à partir
du Bataclan que l’échange d’informations
entre services de la police et de
renseignement s’est développé.
Cependant, il reste beaucoup à faire. On
n’a pas encore suffisamment attaqué les
causes du terrorisme, notamment les
raisons de la radicalisation chez les
Européens – et je ne parle pas seulement
des Européens qui sont partis rejoindre
Daech en Syrie et en Irak, mais des
Européens qui nous ont attaqués ici,
chez nous. La plupart sont nos
concitoyens qui sont nés et se sont
radicalisés ici, et je pense que cela a
beaucoup à voir avec les politiques
néolibérales qui se sont complètement
désinvesties dans le social, dans
l’inclusion sociale, notamment pour les
jeunes gens issus des communautés de
l’immigration, et donc c’était plus
facile pour les groupes terroristes de
recruter des gens instables pour
n’importe quelle raison. Je pense aussi
qu’on n’en a pas fait assez, et on n’en
fait toujours pas assez, au point de vue
de la coordination de la politique
extérieure de l’Union européenne afin
que l’on ne contribue pas aux conflits
qui alimentent la narrative des groupes
terroristes. Donc, je pense qu’il y a
beaucoup à faire. Je ne crois pas qu’au
point de vue du terrorisme, la situation
soit aussi grave que la rhétorique des
gouvernements européens le prétend. On
voit les tout récents rapports d’Europol
et, bien sûr, c’est une question
importante qu’on ne peut résoudre que si
l’on agit de façon coordonnée en tant
qu’Européens, mais ce n’est pas la
principale cause des meurtres de
citoyens européens. Par ailleurs, la
plupart des victimes des groupes
terroristes sont des citoyens d’autres
pays, et la plupart sont des musulmans.
C’est là aussi un domaine où je ne pense
pas que les gouvernements européens ont
fait ce qu’il fallait pour engager les
communautés musulmanes en Europe dans le
combat contre le terrorisme afin
d’alléger leurs efforts. Au lieu de les
considérer, comme l’extrême-droite le
fait, comme s’ils étaient coresponsables
des actes de terrorisme, je pense que
les communautés musulmanes sont nos
principales alliées dans le combat
contre le terrorisme et notamment dans
le terrorisme qui se prétend
d’inspiration religieuse et musulmane. À
mon avis, il y a beaucoup d’aspects à
reconsidérer, même au niveau du langage,
par exemple quand on parle du terrorisme
djihadiste, je ne suis pas du tout
d’accord que l’on dise cela, parce que
je sais très bien que le concept de
djihad est un concept important pour les
musulmans. Il est abusif d’utiliser ce
terme. De la même manière qu’on ne parle
pas du « terrorisme du Saint-Esprit »,
par exemple, ou du « terrorisme
catholique » en Irlande du Nord, on ne
devrait pas parler du terrorisme
djihadiste.
C’est une
question politique pour vous.
Absolument.
Depuis les
attentats qui ont touché le sol
européen, y a-t-il eu des avancées en
matière de lutte antiterroriste ?
Oui. On a pu
déjouer pas mal d’attentats terroristes,
pas tous, bien sûr, mais beaucoup. Et la
coopération au niveau européen et aussi
la coopération entre Européens et
d’autres États dont beaucoup de
terroristes sont ressortissants a été
très importante pour déjouer et donc
empêcher ces attaques.
On évoque de
plus en plus la possibilité d’attaques
terroristes chimiques sur le sol
européen. Pensez-vous que les services
des pays européens sont outillés pour
faire face à ce genre d’attaques
terroristes ?
Le danger chimique
est d’autant plus grand qu’on sait très
bien qu’il y a des forces, par exemple
en Syrie, qui possèdent des armes
chimiques et qui n’hésitent pas à
s’attaquer à la population syrienne.
Beaucoup de ces produits chimiques ont
d’ailleurs peut-être été fournis par des
entreprises européennes.
C’est très
grave.
Oui. Et cela peut
effectivement se retourner contre nous.
Mais il y a aussi d’autres sortes de
menaces, biologiques notamment. Et les
autorités européennes ont plusieurs fois
laissé entendre que l’on pourrait avoir
des soucis au niveau des centrales
nucléaires. Donc, je pense que le plan
d’action au niveau de l’Union européenne
contre des problèmes CBRN (chimique,
biologique, radiologique, nucléaire) est
très en-dessous de ce qu’il devrait
être, surtout, justement, par rapport à
la menace terroriste. C’est l’un des
domaines auquel nous allons beaucoup
nous consacrer dans le rapport que nous
sommes en train de préparer.
D’après vous,
n’est-il pas temps pour les Occidentaux
de mettre fin à leurs alliances
notamment avec les Saoudiens et les
Qataris qui sont les principaux
géniteurs du terrorisme ?
Je ne crois pas
qu’il y ait une alliance européenne. Il
y a des alliances à géométrie tout à
fait variable de quelques États membres
cruciaux de l’Union européenne pour des
raisons ponctuelles, notamment liées au
commerce y compris la vente d’armes.
Mais à mon avis, oui, c’est un domaine
où il nous faut absolument parler clair
et ne pas fermer les yeux sur les
actions de quelques États membres qui se
placent dans la main des Saoudiens et je
me préoccupe d’ailleurs des questions
qui sont liées au financement du
prosélytisme radical, donc de visions
extrémistes qui mènent à la violence
terroriste. Je sais très bien pour avoir
été ambassadeur en Indonésie à l’époque
où Jemaah Islamiyah attaquait déjà des
cibles indonésiennes mais aussi
européennes ou étrangères là-bas, comme
ça a été le cas de l’attentat de Bali et
d’autres attentats terribles, que
c’étaient des franges radicales liées à
l’argent saoudien et au prosélytisme
saoudien wahhabite qui étaient
responsables de ces exactions. Et
partout où je suis allée dans le monde
arabe, on pointe du doigt le
prosélytisme wahhabite. Donc, à mon
avis, il est très important dans cette
perspective d’engager les musulmans
européens. Il est essentiel que l’Union
européenne et les États membres
empêchent toute forme de prosélytisme
qui vient de façon sournoise avec des
dons pour des mosquées, des prêcheurs,
des imams, etc. Au contraire, on engage
et on encourage la formation de
prêcheurs européens dans un cadre de
liberté religieuse où les musulmans
faisant bien partie de notre tissu
social européen aient la liberté mais
aussi le soutien de l’État pour
développer un islam européen tout à fait
compatible et respectueux de nos normes
et de notre tolérance et qui empêche les
infiltrations de versions obscurantistes
du wahhabisme.
Dans un de ses
livres, Gilles Kepel a parlé du rôle
joué par la communauté algérienne en
France lors des attentats commis par le
GIA (Group islamique armé). Il dit que
la communauté algérienne a joué un grand
rôle dans la neutralisation de ces
groupes, notamment la filière Khaled
Kelkal et Djamel Beghal. Kepel dit qu’il
est utile de faire appel à cette
communauté pour qu’elle nous aide à
combattre le terrorisme.
Absolument. C’est
pourquoi je pense qu’au lieu de faire
corps avec l’extrême-droite qui essaie
de dénigrer nos musulmans qui habitent
en Europe, il faut absolument engager
ceux-ci et les soutenir parce qu’ils
sont les mieux placés pour pouvoir
contrer une appartenance religieuse de
gens qui tiennent des propos
terroristes.
Pour vous, c’est
une sorte de vaccin ?
Absolument.
Des recrutements
se font au niveau des prisons et
ailleurs, et des livres diffusant
l’idéologie takfiriste circulent
librement sur le territoire européen. Ne
pensez-vous pas que le combat contre le
terrorisme n’est pas seulement militaire
mais qu’il faut surtout combattre les
idées ? Le combat n’est-il pas
idéologique avant tout ?
Oui, je pense qu’il
y a un combat idéologique qui est très
lié à cette question d’engager nos
musulmans et surtout de ne pas alimenter
la narrative qui prétend amalgamer les
musulmans en Europe ou les réfugiés ou
les émigrés, avec le danger terroriste.
Clairement, il faut démontrer le manque
de fondement religieux des propos des
terroristes, parce qu’ils sont
absolument contraires aux enseignements
de quelque religion que ce soit, y
compris l’islam. Il n’y a que les
musulmans qui peuvent déconstruire la
narrative des terroristes à tous les
niveaux de nos communautés, que ce soit
dans la famille, dans les écoles ou dans
la police, pour empêcher de recruter et
pour démontrer que cette religion qui
est invoquée n’est pas du tout servie
par ces attentats. Je pense aussi qu’il
faut qu’on s’attaque au financement du
terrorisme et maintenant que l’on voit
plutôt des attaques low cost, ce
n’est pas dans le coût des attaques,
c’est dans le prosélytisme que beaucoup
d’argent est placé en Europe. Et là, nos
gouvernements ne sont pas assez sérieux
dans le combat contre le blanchiment
d’argent – les directives sont aussi
contre le financement du terrorisme.
Tout cela pourquoi ? Parce que
beaucoup de nos élites dans certains
États membres, notamment ceux qui
vendent des armes à l’Arabie saoudite,
font des affaires et donc sont
« capturés » d’une manière ou d’une
autre.
C’est un cercle
vicieux.
Absolument. À mon
avis, tous ces aspects sont très
importants.
Que pensez-vous
de la coopération de l’Europe avec des
pays comme l’Algérie dans le cadre de la
lutte antiterroriste, c’est-à-dire la
rive sud de la Méditerranée ?
Je ne sais pas
exactement à quel point l’Algérie est
très importante dans ce combat.
J’aimerais qu’elle soit importante parce
que je crois qu’il y a une expérience en
Algérie et puis c’est quand même un pays
avec beaucoup de gens sécularisés et de
musulmans très convaincus. Ce que je
sais, c’est que la coopération est jugée
indispensable par rapport au Maroc et à
la Tunisie. Je ne sais pas si elle est
toujours bonne mais elle est
indispensable.
Parce que les
terroristes proviennent de ces pays ?
Parce qu’il y a
beaucoup de terroristes qui viennent de
Tunisie et du Maroc. On sait très bien
que tout cela est lié au chômage des
jeunes dans ces pays-là. Donc la
coopération avec ces pays est jugée
indispensable. Pour ce qui est de
l’Algérie, je ne sais pas si la
coopération est bonne. Mais il faut
qu’elle soit jugée indispensable.
J’imagine que c’est aussi important pour
l’Algérie. Mais je doute que cela
fonctionne bien puisque l’Algérie a un
régime plutôt militaire.
Pourquoi ?
Je ne sais pas
jusqu’à quel point c’est très efficace
au niveau de la perception de la
société. Je ne sais pas. Je pense que
l’Algérie est bien placée dans la région
à cause de sa propre expérience mais je
ne fais pas partie des services de
renseignement. Je ne suis pas vraiment
au courant.
Cette
coopération est souhaitable selon vous ?
Elle est
souhaitable mais à mon avis, il est
aussi souhaitable que dans la société
algérienne, il y ait des formes de
gouvernance plus démocratiques. Je ne
crois pas dans les sociétés qui ne sont
pas démocratiques. Je ne crois pas que
les services de renseignement peuvent
être bien renseignés de tout si on ne
vit pas en démocratie (elle rit).
Ça, c’est une
idée de Madame Gomes (rires).
Vous désarmez les terroristes par « la
démocratie ».
Oui. C’est ça.
Vous avez
dénoncé l’influence du lobby israélien
au sein du Parlement européen et vous
avez demandé une enquête sur la campagne
de diffamation qui vous a ciblée.
Comment se fait-il qu’à chaque fois que
quelqu’un dénonce la politique
d’apartheid d’Israël, on le qualifie
d’antisémite ?
Oui. Et moi, je ne
suis pas du tout contre Israël. Au
contraire, je suis pour le droit
d’Israël à exister en sécurité et je
pense que la seule façon pour Israël
d’exister, c’est de reconnaître son
voisin palestinien, le respecter et
vivre en bon voisinage avec la
Palestine, donc je suis pour la solution
des deux États. Mais je vois que depuis
des années, et je suis ici au Parlement
depuis 2004, les choses ont bien changé
et je pense que ce changement est dû à
l’influence grandissante de
l’extrême-droite, en Europe aussi, et
partout dans le monde. Je dirais même
une extrême-droite populiste fasciste.
Ce sont les alliés du gouvernement
israélien actuel. On voit très bien que
Monsieur Trump est l’un des grands
acteurs au monde de ce courant
proto-fasciste…
Vous pensez que
Trump représente ce courant
d’extrême-droite ?
Bien sûr. Je vois
un lien entre les idées et les actions
de Monsieur Trump, par exemple en
favorisant le Brexit. Il y a un lien
entre Monsieur Trump, Poutine et
l’extrême-droite israélienne au pouvoir.
Comment
expliquez-vous ce lien ?
Le lien est
constitué par les idées réactionnaires,
anti-droits de l’homme, anti-démocratie,
racistes, xénophobes, suprématistes, et
c’est ce qu’on voit. Ces idées ont connu
leur poussée en Europe également, comme
on le voit avec le Brexit, avec Marine
Le Pen en France, avec l’AfD en
Allemagne, comme on le voit en Autriche,
en Italie avec Salvini… et tous vont
boire à la même source, qui est une
source viscéralement réactionnaire,
anti-démocratique, intolérante, et ce
sont aussi les eaux de Monsieur
Netanyahou et de ses proches. Bien sûr,
cela impacte. Je vois avec beaucoup
beaucoup de souci les gouvernements
mainstream de l’Union européenne
courir derrière la narrative facho de
l’extrême-droite contre les immigrants,
contre les réfugiés, contre les
musulmans, contre les gitans, les Roms,
et un de ces jours ce sera de nouveau le
tour des Juifs. Et au milieu de tout
cela, il y a l’extrême-droite
israélienne qui est au pouvoir, qui est
responsable du blocage du processus de
paix, et qui est la grande alliée de
toutes ces forces d’extrême-droite très
dangereuses.
Comment
expliquez-vous que
l’extrême-droite israélienne, à savoir
Monsieur Bennett ou Liberman, soient
liés avec des gens comme le chancelier
autrichien – on a vu récemment la
rencontre Netanyahou-Bennet avec le
chancelier autrichien – alors qu’ils ne
cessent de parler d’Auschwitz et de la
Shoah ? Comment expliquez-vous qu’ils se
retrouvent en compagnie de néo-nazis ?
Je crois que c’est
la filière russe et de l’Europe de l’Est
qui est partie émigrer en Israël ces
dernières années. Ce sont des gens
d’extrême-droite, racistes, xénophobes,
qui transportent les mêmes idées de
Russie et des pays européens et qui sont
maintenant très forts derrière le régime
de Netanyahou. Et il y a aussi Poutine
qui est peut-être le stratège de tous
ces développements de l’extrême-droite,
par exemple du côté de Trump, contre
l’Europe, contre une Europe de
démocratie, de paix, de valeurs, de
respect et de tolérance.
Et en même
temps, on voit un rapprochement
Macron-Poutine. À quoi Macron
joue-t-il ?
Macron joue tous
azimuts. On a vu quand il est allé aux
États-Unis, il s’est même fait
ridiculiser par Trump. Macron joue sur
tous les tableaux.
Vous avez invité
Omar Barghouti, cofondateur des BDS, à
s’exprimer au Parlement européen au
cours d’un séminaire. Pourquoi le
mouvement des BDS dérange-t-il tant
Israël ?
Je pense que le
mouvement des BDS – et je n’ai pas à
être d’accord avec tout ce qu’ils
préconisent – est un interlocuteur
crucial pour la paix, pour sa
représentation d’une part de la
population – et de la population jeune –
de Palestine, et parce qu’ils exposent
justement la nature réactionnaire du
système d’apartheid imposé par Israël
dans tout le territoire qu’il occupe. Ce
qui gène beaucoup Monsieur Netanyahou et
ses proches, c’est que de façon très
efficace et très claire, ils exposent la
nature réactionnaire de la domination
d’Israël et comment cela empêche la
paix. Il y a d’autres types d’opposants
avec lesquels les Netanyahou d’Israël
peuvent vivre parce que finalement ce
sont des alliés. Je me rappelle très
bien lorsque j’étais à Tel Aviv en avril
1992 quand la première visite de la
Troïka européenne a eu lieu dans toute
la région, donc l’Égypte, Israël, la
Palestine, la Jordanie, le Liban, la
Syrie. On a fait tout le tour de la
région et nous avons rencontré Isaac
Rabin juste deux mois avant qu’il
devienne Premier ministre d’Israël. Il
nous a avoué – c’est dans le récit des
pays qui composaient la Troïka,
c’est-à-dire le Portugal, la Grande
Bretagne, et les Pays-Bas, et bien sûr
la Commission européenne – qu’Israël
avait aidé à créer le Hamas dans le but
que le Hamas délégitimise le Fatah et
quand il nous a dit ça, il reconnaissait
que finalement, la créature s’était
retournée contre le sorcier qui l’avait
créée.
C’est un
témoignage important.
Très important. Il
y a d’autres forces dites opposées à
Israël avec lesquelles Israël peut très
bien vivre, y compris le Hamas. Parce
que, finalement, elles servent son but,
alors qu’une organisation pacifique très
efficace comme les BDS frappe là où il
faut en exposant la domination du type
apartheid sans aucune base légale et
complètement contreproductive qu’Israël
impose en Palestine.
D’après vous,
d’où vient le pouvoir du lobby israélien
au sein du Parlement européen ?
Oui, absolument. Ce
pouvoir, je l’ai vu grandir. Je me
rappelle quand ma collègue Véronique De
Keyser était ici, on discutait beaucoup
d’Israël et de la Palestine et elle a
toujours essayé d’avoir une vision
ouverte et de garder des contacts avec
tous les camps.
Pourquoi vous
combat-on alors que vous avez cette
position ouverte ?
Parce qu’ils ont
l’habitude d’intimider les gens mais
moi, ils ne m’intimident pas. On ne
discute plus du problème de l’occupation
de la Palestine même si l’on sait qu’il
est à la base de la narrative du
terrorisme. Ça reviendra toujours. Quand
j’étais en Indonésie, c’était le grand
facteur de mobilisation au début d’Al
Qaïda. Je pense que cela a aussi à voir
avec la façon dont l’Union européenne
s’est paralysée de l’intérieur par
beaucoup de nouveaux États membres qui
ont un agenda de soumission à Israël par
les mêmes facteurs : l’argent, les
intimidations, etc. Cela contamine le
Parlement européen. L’Union européenne a
été décisive pour le lancement du
processus de paix en 1991, et
aujourd’hui elle ne compte pas. Elle se
limite à faire des déclarations de plus
en plus scandalisées sans aucun contenu
et le processus de paix est en train de
mourir, s’il n’est pas déjà mort comme
me le disent de nombreux Palestiniens.
L’Europe
n’est-elle pas en train de mourir avec
ce processus ?
Oui, absolument. Le
grand problème que nous avons en Europe
en ce moment, c’est le problème
existentiel de l’Europe.
Quand on voit par exemple ce qu’ils nous
proposent pour le prochain Conseil
européen, on parle euphémistiquement de
plateformes de désembarquement
régional ! Mais ce sont des camps
d’internement que l’on veut
construire hors d’Europe ! C’est une
façon d’externaliser nos
responsabilités. C’est absolument
impensable !
Que pensez-vous
des hotspots ?
Je n’ai rien contre
les hotspots (ndlr :
procédé européen servant à identifier et
enregistrer les migrants arrivants) si
ce sont des endroits où le droit
national et international est respecté.
J’ai d’ailleurs visité récemment le
hotspot de Pozzallo.
Le Secrétaire
américain à la Défense, le général
Mattis, a confirmé qu’ils allaient
construire des camps d’internement.
Si c’est le modèle
australien qui parque les gens dans des
îles, c’est contraire au droit
international sans aucun doute. Et c’est
complètement contraire au droit
européen. Donc, c’est antieuropéen. Je
suis sûre qu’effectivement, il y a cette
idée et j’espère qu’on va pouvoir la
combattre et qu’elle ne sera pas
acceptée. Si l’Europe entre dans cette
voie-là, c’est l’Europe même qui est en
voie d’extinction et qui est en cause.
Et bien sûr, cela sert la stratégie de
Monsieur Poutine.
Vous pensez que
Poutine…?
Oui, je pense que
Poutine veut détruire l’Union
européenne.
À quelles fins ?
Dans quel but ?
Pour régner. C’est
une idée de revanche et surtout une idée
de la Russie impériale qui est une idée
du passé qui me semble absolument
incompatible avec le monde globalisé
dans lequel on vit en ce moment. Je
pense qu’on est en train de revivre les
années 1930 quand on entend les propos
fascisants de plusieurs dirigeants
européens et quand d’autres dirigeants
qui devraient avoir le courage de s’y
opposer suivent et acceptent des
solutions qui sont absolument contraires
au droit international et au droit
européen. Je pense à passer dans le
maquis. Aujourd’hui, je vous dis que si
je dois prendre les armes pour défendre
la démocratie, je le ferai. C’est
terrible de le dire mais cela montre à
quel point je suis désespérée de l’état
dans lequel se trouve l’Union
européenne.
Pensez-vous que
le Parlement européen doit fermer les
yeux sur les crimes d’Israël à
l’encontre du peuple palestinien ?
Non, je ne peux pas
l’accepter et c’est contre ça que je me
bats, cette façon d’aller contre le
peuple palestinien et n’importe quel
autre peuple, mais le peuple palestinien
a tellement souffert et l’Europe a
tellement de responsabilité. Plusieurs
pays européens ont de lourdes
responsabilités à l’égard du peuple juif
tout d’abord et de la façon dont le
peuple juif a été amené à occuper la
Palestine, ainsi que le fait que l’on
n’a toujours pas la paix alors que la
coexistence était tout à fait possible
entre les deux États et les deux
peuples. Je suis très déçue du rôle de
l’Europe.
Vous voulez dire
qu’elle ne joue pas un grand rôle ?
Non, je pense
qu’aujourd’hui l’Europe n’est pas
audible. Elle est le payeur qui paie
tout le temps pour qu’Israël détruise
sans que le peuple palestinien ait de
l’espoir. Ce qui me préoccupe beaucoup,
c’est que je ne vois plus d’espoir chez
le peuple palestinien. Beaucoup de
jeunes gens me disent qu’ils ne veulent
plus de la solution à deux États, ils
veulent exister avec leurs droits de
citoyens, libéraux, leurs droits
humains, dans l’État qui est là, qui est
l’État occupant.
Ils sont
résignés. Ils ont abandonné.
Oui et c’est cet
anéantissement de l’espoir qui me
préoccupe le plus et qui devrait
beaucoup préoccuper l’Europe. Et je
pense que l’Europe a beaucoup de
responsabilité parce que ces dernières
années, elle a été très timide, très
absente, très dominée et intimidée par
Israël et par toutes les forces
européennes qui font le jeu de cette
extrême-droite réactionnaire en Israël.
Vous êtes une
diplomate et une militante
anticolonialiste convaincue. Que ce soit
dans le dossier palestinien ou le
dossier du Sahara occidental, ne
pensez-vous pas que le Parlement
européen doit jouer un rôle déterminant
afin de résoudre ces deux questions
liées au colonialisme ?
Oui, tout à fait.
Effectivement, j’ai été militante
anticolonialiste à l’époque où mon pays
menait une guerre coloniale et je suis
tout à fait engagée dans le combat
anticolonial. C’est pourquoi lorsque je
vois dans des pays qui se sont libérés
du colonialisme comme les anciennes
colonies portugaises, des gouvernements
qui sont oppressifs et kleptocrates, je
parle aussi contre eux parce que je n’ai
aucun complexe et je crois que leurs
peuples ne se sont pas battu les armes à
la main pour être exploités par leurs
propres gouvernements. Pour ce qui est
du Sahara occidental, comme j’ai
beaucoup travaillé aussi pour
l’indépendance du Timor oriental, je
vois énormément de parallélisme entre le
cas du Timor oriental et le Sahara
occidental. Et depuis que je suis ici au
Parlement européen, je suis membre du
groupe des amis du Sahara occidental, je
travaille avec d’autres collègues, et
j’ai toujours vu de la part de la
Commission une attitude incroyablement
soumise aux intérêts français qui sont
ceux qui soutiennent le Maroc dans ses
prétentions sur le Sahara occidental.
J’ai alerté plusieurs fois la Commission
qu’elle ne devait pas prendre cette
voie-là. J’ai entendu plusieurs excuses
telles que « Oh ! C’est une
affaire qui est aux mains des Nations
Unies ». Comme s’il n’y avait pas
d’autres cas qui sont aussi aux mains de
l’ONU sur lesquels l’Europe pourrait se
dispenser de ne pas avoir une position.
Est-ce que le
fait de ne pas avoir de position est une
position ?
Absolument, mais je
pense qu’au niveau du Parlement, on fait
quand même la différence. On a ces
décisions de la Cour de Justice
européenne sur l’accord de pêche et
l’accord d’agriculture. Et je pense
qu’au Parlement, nous aurons bientôt
beaucoup à dire parce qu’il n’y a aucun
moyen pour la Commission de surpasser
les décisions de la Cour de Justice et
quelle que soit la décision, elle devra
venir ici au Parlement.
C’est-à-dire que
c’est vous qui déciderez sur l’accord de
pêche ?
Oui, et il n’y aura
pas de nouvel accord de pêche ou de
nouvel accord d’agriculture sans le
Parlement. Et le Parlement aujourd’hui
est plus conscient de cela que jamais.
J’ai participé à la réunion de la
Commission mixte Union européenne –
Maroc et j’ai dit à nos collègues
marocains qu’ils ne se fassent pas
d’illusions, que ce que la Commission
vend en prétendant qu’elle va trouver
une solution qui surpasse le Parlement,
ce n’est pas possible. J’ai dit haut et
clair à mes collègues marocains et aux
autorités marocaines qu’il ne fallait
pas se faire des illusions.
Ne pensez-vous
pas qu’il faudrait en faire d’avantage
au niveau du Parlement européen pour le
peuple du Sahara occidental qui subit
l’oppression du Maroc ?
Oui absolument.
Comme je vous l’ai dit, je suis membre
du groupe des amis du Sahara occidental
et j’ai beaucoup d’entretiens francs
avec les Sahraouis mais aussi avec les
Marocains – autorités, collègues
parlementaires et société civile.
J’aimerais que la situation puisse se
résoudre parce qu’elle nuit beaucoup à
la coopération qui n’existe pas entre le
Maroc et l’Algérie qui pourrait être
tellement productive pour les peuples de
la région. Cette situation empoisonne
les rapports. Et je pense parfois que
les Sahraouis et le Polisario sont trop
dépendants de l’Algérie, beaucoup plus
dépendants de l’Algérie que les
guérilleros du Timor oriental l’ont
jamais été du Portugal. Le Portugal
était leur avocat mais celui-ci ne leur
disait pas ce qui correspondait à leurs
intérêts.
Comment
l’expliquez-vous ?
Je pense que le
Polisario est devenu trop dépendant de
l’Algérie.
Ont-ils le
choix ?
Je pense tout de
même qu’ils auraient le choix s’ils
étaient plus autonomes. Je sais de quoi
il s’agit et j’ai quelques idées (elle
rit). De toutes manières, je pense que
c’est un vrai problème. Il y a un peuple
du Sahara occidental qui demande à
s’autodéterminer et il est incroyable
que l’Union européenne n’ait pas affirmé
de façon plus claire le droit à
l’autodétermination du peuple sahraoui
et aide de façon invisible le Maroc à
consolider l’occupation. Mais ça se
retourne contre le Maroc, parce que j’ai
déjà visité Laâyoune et j’ai même vu des
transmigrés marocains qui, lorsqu’ils
peuvent s’exprimer librement, sont
contraires à la domination militaire.
J’ai aussi visité Tindouf.
Que pensez-vous
du Maroc qui a coupé ses liens avec
l’Iran sous le prétexte que le Hezbollah
aurait armé le Front Polisario ? Ne
pensez-vous pas qu’il s’agit d’une
manœuvre grossière de l’Arabie saoudite,
alliée d’Israël et des États-Unis ?
Oui, je pense que
c’est clairement lié à la dépendance
financière des Marocains aux Saoudiens.
Vous qui êtes
une diplomate chevronnée, comment
expliquez-vous que la France et
l’Espagne sont des soutiens
inconditionnels du Maroc à l’encontre du
peuple Sahara occidental, sachant que le
dossier sahraoui est classé par l’ONU
comme l’un des derniers dossiers de
décolonisation ?
Je crois que le
Maroc est un héritage colonial de la
France et que le Maroc se met en
position de dépendance de la France dans
ce domaine-là. Je ne pense pas que cela
serve le peuple du Maroc comme non plus
les autres peuples de la région. Et ça
ne sert pas non plus le peuple français.
Il y a aussi beaucoup de gens capturés
qui sont payés en France et moi je
connais quelques cas.
Notamment dans
les médias.
Et dans le
Parlement même.
Donc, dans le
Parlement européen, il y a des gens qui
sont payés par le Maroc ?
Oui. Il y a
clairement un lobbying pro-Maroc ici au
Parlement européen.
Le lobby
israélien que vous avez dénoncé n’est-il
pas un soutien indéfectible du régime du
Makhzen marocain qui opprime la
population du Sahara occidental ?
Ça je ne sais pas,
mais le Maroc parle souvent des
exactions d’Israël contre le peuple
palestinien.
Il y a par
exemple le groupe Alpha, un groupe
paramilitaire israélien, qui est présent
au Maroc.
Ça, je ne sais pas
mais je ne pourrais pas l’exclure non
plus.
Que pensez-vous
de la sortie de Donald Trump de l’accord
sur le nucléaire iranien ? L’Europe
a-t-elle un rôle à jouer dans ce
dossier ?
Oui, absolument. Je
pense que l’accord sur le nucléaire
iranien avec l’Iran est très important.
C’est vérifié par l’AIE, c’est un vrai
accord qui fonctionne. L’Europe s’y est
beaucoup engagée et même si j’ai
beaucoup de critiques à faire au régime
iranien notamment en matière des droits
de l’homme, je pense que la voie de
l’engagement avec l’Iran est la voie qui
peut être productive pour la paix dans
la région et aussi pour l’amélioration
des conditions de vie du peuple iranien,
notamment en matière des droits de
l’homme. On peut diverger sur beaucoup
de questions avec l’Iran, mais on peut
discuter avec l’Iran. C’est une
puissance régionale importante, c’est
une civilisation, et c’est une puissance
fonctionnelle. Or, je trouve que
l’Arabie saoudite est un régime
théocratique complètement
dysfonctionnel.
Pour vous,
l’efficacité est du côté de l’Iran ?
Absolument. Même si
nous sommes en désaccord, on peut
discuter avec eux, et il faut engager
l’Iran.
En même temps,
la question du terrorisme ne vient pas
de l’Iran. Et on n’arrête pas de le
sanctionner.
Bien sûr ! Et dans
beaucoup de domaines, si l’on s’engage
avec l’Iran, il faut comprendre les
questions liées à l’histoire de l’Iran
comme avec le régime de Mossadegh déposé
par la CIA, etc. Je pense qu’ils sont
très attachés à l’Europe et celle-ci ne
peut pas se passer d’avoir un dialogue
avec l’Iran, même pour être en
désaccord. Mais surtout ce
programme qui a été négocié au niveau
global avec un grand apport européen et
aussi américain, est vraiment un gage de
sécurité au niveau global, donc on ne
peut pas se défaire de ça. Et j’espère
que maintenant que l’accord est sous la
menace de l’administration Trump par
imposition israélienne, là au moins
l’Europe fera la différence. Nous devons
rester sur cette voie et ne pas être
intimidés pour garder cet accord et
prouver que c’est la bonne voie. Si un
jour Monsieur Trump arrive à quelque
chose de semblable au niveau des
compromis de désarmement avec la Corée
du Nord, j’applaudirai. Mais en ce
moment, on sait très bien que ça n’a
aucune cohérence et aucune consistance.
Alors que l’accord avec l’Iran est en
place, est vérifié par l’AIE, et il ne
faut pas qu’on se dérobe à cet accord.
Pensez-vous
qu’après la sortie de cet accord par
l’administration Trump, la parole des
Américains sera encore crue ? Les
Coréens vont-ils croire en un quelconque
accord ?
La question va bien
au-delà de Monsieur Trump, je pense. Ce
n’est pas Monsieur Trump, c’est que cela
arrange la Chine et cela arrange la
Corée du Sud. Cela pourra peut-être
fonctionner parce que cela arrange la
Corée du Sud qui veut un engagement.
Et le Japon ?
Le Japon, moins.
C’est plutôt la Chine et la Corée du
Sud. Et je crois que ce sont ces deux-là
qui ont vraiment œuvré à cet accord. Ce
n’est pas Monsieur Trump.
Que pouvez-vous
dire à tous les résistants
anti-impérialistes et anticolonialistes
à travers le monde via notre journal ?
Je pense que plus
que jamais le grand combat est le combat
des droits de l’homme et de la
démocratie. C’est le grand moment de
tous les gens qui comprennent que l’on
vit dans un monde globalisé,
interdépendant, qu’il faut qu’on se
comprenne, qu’il faut qu’on se parle,
qu’il faut qu’on lutte pour ces idéaux
qui sont inscrits dans les principes de
la Charte des Nations Unies, qu’on
s’engage, si nécessaire de manière très
forte, pour combattre cette
internationale de l’extrême-droite
fasciste, réactionnaire, xénophobe.
C’est un combat contre cette
internationale de la honte, de la
xénophobie, du fascisme et il faut qu’on
se mobilise.
Vous ne pensez
pas qu’il faut un front mondial pour
contrer ces idées ?
Je pense que déjà
il nous faut un front européen, et un
front européen avec un partenariat de
tous les voisins, et au niveau
transatlantique, de tous ceux qui se
battent pour l’architecture de
civilisation que l’on a acquise après la
deuxième guerre mondiale, et que les
Trump, les Salvini, les Poutine, de ce
monde sont en train de détruire.
Interview
réalisée au Parlement européen à
Bruxelles par Mohsen Abdelmoumen
Qui est Ana
Gomes ?
Ana Gomes est une
femme politique portugaise membre du
Parti socialiste portugais, diplomate et
députée au Parlement européen, élue en
2004, réélue en 2009 et en 2014. Dans
son mandat actuel (2014-2019), elle est
membre de la commission des libertés
civiles, de la justice et des affaires
intérieures et du sous-comité pour la
sécurité et la défense. Elle est aussi
membre de la délégation pour les
relations avec les États-Unis et la
délégation à l’Assemblée parlementaire
de l’Union pour la Méditerranée. Elle
est membre suppléant du Comité des
affaires étrangères et du Sous-comité
des droits de la personne. Mme Gomes a
été Rapporteur pour la Libye, l’Irak,
l’Arabie saoudite et l’APC (ndlr : APC :
accord de partenariat et de coopération)
avec l’Indonésie, sur le rapport « Plan
d’action CBRN de l’UE » (ndlr :
Chimique, Biologique, Radiologique et
Nucléaire), le rapport « Dimension
maritime de la PSDC (ndlr : PSDC :
politique de sécurité et de défense
commune) », sur le rapport « Droits
de l’homme et corruption », et autres
dossiers.
Le parcours
universitaire d’Ana Gomes est le droit.
Diplomate de carrière, elle a rejoint le
service diplomatique portugais en 1980
et a servi dans les missions portugaises
à l’ONU à New York et à Genève ainsi que
dans les ambassades à Tokyo et à
Londres. Entre 1999 et 2003, elle a été
chef de la section des intérêts
portugais puis ambassadrice à Jakarta,
où elle a joué un rôle dans le processus
menant à l’indépendance du Timor
oriental et au rétablissement des
relations diplomatiques entre le
Portugal et l’Indonésie. En 2003, elle a
suspendu sa carrière diplomatique pour
entrer dans la vie politique.
Ana Gomes a
participé à plusieurs missions du
Parlement européen et a visité
l’Afghanistan, la Bosnie-Herzégovine, la
Chine, les États-Unis, le Kosovo, le
Liban, l’Indonésie (et Aceh), l’Irak,
Israël, la Palestine, la RDC, la Syrie,
le Soudan (Darfour), le Tchad, le Timor
Oriental, la Turquie, etc.
Elle a écrit de
nombreux articles qui ont été publiés
dans le Courrier International, Diário
de Notícias, Expresso, Jornal
de Leiria, Jornal de Notícias, Público et Visão.
Elle a reçu
plusieurs prix dont le Prix des droits
de l’Homme Ruth Pearce, attribué
par les ONG des droits humains, Genève,
1989 ; elle a été élue Personnalité
de l’année – 1999, Journal Expresso,
Lisbonne, 1999 ; Personnalité de
l’année – 1999, Association des
correspondants étrangers, Lisbonne,
1999 ; a reçu le Prix des droits
humains de l’Assemblée de la République,
1999 ; le Prix Procópio, 1999 ; a
été élue Activiste de l’année – 2008,
The Parliament Magazine,
Bruxelles, 2008.
Elle a reçu les
distinctions suivantes : Commandeur de
l’ordre de Léopold II (15 novembre
1985) ; Officier de l’ordre de Dannebrog (15
novembre 1985) ; Grand officier de
l’ordre de l’Infant Dom Henri (18 mars
1986) ; Commandeur de l’ordre du Mérite
du Portugal (27 avril
1993) ; Grand-croix de l’ordre militaire
du Christ, attribuée par le Président
Jorge Sampaio en 2000.
Reçu de Mohsen Abdelmoumen pour
publication
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