Algérie Résistance
Pr. Joseph Natoli :
« Nous avons besoin de tuer l’humain »
Mohsen Abdelmoumen
Pr. Joseph Natoli. DR.
Lundi 16 mai 2016
English version here:https://mohsenabdelmoumen.wordpress.com/2016/05/16/pr-joseph-natoli-we-need-to-kill-the-human/
Mohsen Abdelmoumen :
Peut-on évoquer la notion de démocratie
aux États-Unis ?
Pr. Joseph Natoli :
Qui « l’évoque » et « l’invoque » mieux
que les ploutocrates qui opèrent
derrière leur écran?
Nous voyons deux niveaux de
fonctionnement : le pouvoir souverain
appartient au peuple qui élit des
représentants qui détiennent le pouvoir
pour eux-mêmes. En ce qui concerne ce
qui est en cours actuellement, les
valeurs marchandes ont façonné un
imaginaire culturel plus ou moins
communément partagé qui alimente un
régime ploutocratique qui lui est en
même temps aveugle.
Parce les imaginaires culturels
flottent dans un univers dont les effets
et la signification sont en constante
évolution, dont le capitalisme lui-même
tire profit et auquel il ne peut
échapper, les valeurs du marché et la
ploutocratie elle-même ne pouvant
parvenir à une détermination
incontestable.
L’élection à deux reprises de Barack
Obama à la présidence est un signe de
cette faiblesse de l’emprise de la
ploutocratie sur l’imaginaire culturel
américain. Ce que nous voyons
actuellement, c’est l’appropriation
ouverte et audacieuse par la
ploutocratie des représentants élus, une
situation que le président Obama
espérait naïvement dépasser au départ.
La réaction enthousiaste à Bernie
Sanders sur l’attaque de la ploutocratie
est un autre signe que le talon
d’Achille de la ploutocratie a créé un
capitalisme débridé, plus aux États-Unis
que partout ailleurs dans le monde, est
un imaginaire culturel débridé,
fragmenté, hébété et confus qui a
prospéré pour l’amour du profit.
J’aborde le piégeage de cet imaginaire
dans des domaines cyber privatisés
ci-dessous.
Aux États-Unis, le système
capitaliste a-t-il effectué son ultime
étape en devenant une ploutocratie ?
Je rejoins Thomas Piketty en ce qui
concerne les dangers d’une ploutocratie
enracinée du fait d’une richesse
héréditaire et il suit Marx dans la
croyance que la richesse concentrée dans
quelques mains finirait par détruire la
démocratie.
Aucun des deux n’a pris en compte que
tout cela peut se produire dans une
macrosphère ignorée par ceux qui sont de
plus en plus perdus, dans tous les sens
pathologiques, dans ce que Bifo Berardi
appelle « l’infosphère » qui construit
une « psychosphère » où les conflits de
la réalité deviennent « n’importe
quoi ».
Bernie Sanders est à l’heure actuelle
en train d’essayer d’attirer l’attention
de tous sur la même page, à savoir que
les États-Unis avaient une démocratie de
la classe moyenne qui n’existe
maintenant que nominalement comme façade
pour un régime ploutocratique.
Dans la psychosphère où tout le monde
revendique un caractère unique à ses
problèmes, différents remèdes sont de la
même manière recherchés. Si les Jacobins
et les sans-culottes avaient été dans
une telle maison de fous de
psychosphère, une révolution sur la Rive
gauche aurait été « n’importe quoi » sur
la Rive droite.
La transformation d’une
soi-disant démocratie en ploutocratie
est-elle un processus naturel ou bien
marque-t-elle le déclin US ?
Nous sommes tous globalement,
certains rapidement, certains lentement,
en train de nous incliner vers une
personnalisation ou privatisation de ce
que les philosophes appellent « le Grand
Dehors » et la seule chose dont nous
pouvons être sûrs c’est que c’est la
plus grande division ou fracturation
d’attention humaine que le monde ait
jamais vu. Et c’est donc le plus grand
cadeau à n’importe quel ordre dirigeant,
indépendamment de ses prétentions à la
légitimité. Les États-Unis courent ici
en tête, pris entre la conscience des
conditions « sur le terrain » et un
fatras des déterminations personnelles
du tout en ligne. Même les périls de
réchauffement climatique n’ont pas
surmonté cette liminalité.
L’émergence de la
ploutocratie est accompagnée par le
retour des vieux démons, le fascisme et
les extrémismes allant de Daech aux
divers groupes néofascistes, la matrice
ploutocrate régénère-t-elle le fascisme
avec ses différents visages ?
Les « vieux démons » peuvent
apparaître dans un monde millénaire
posthistoire, mais qui va les
reconnaître? Et vous pouvez vous
attendre à ce que les « vieux démons »
rivalisent avec les nouveaux dans une
pagaille du cyberespace. Baudrillard
reste ici l’homme quand il s’agit de
l’hyper réel. Vous pouvez voir
l’élection présidentielle américaine
passer entre l’hyper réel et un
« réel » Rabelaisien.
Le problème que « l’infosphère »
présente à tout régime consiste en ce
que finalement leur « mots d’ordre »,
tels que Deleuze renvoyait aux messages
d’ordre d’un ordre local des choses,
tourbillonne dans les textos et
l’imagerie en constante évolution du
cyberespace, un domaine indiscipliné.
Des contradictions entre un
ralliement virtuel, comme dans beaucoup
des révolutions du printemps arabe, et
les conditions réelles indiquent que la
dissidence et les perturbations émergent
maintenant des illusions de
l’émancipation. De telles illusions ne
rendent pas seulement un changement
positif difficile mais elles enracinent
aussi un pouvoir moins craintif d’un
véritable défi. Ce que l’on semble en
mesure de concevoir personnellement dans
le cyberespace ne peut pas être mis en
œuvre dans le monde, ce qui crée des
extrêmes de frustration et de colère.
Le vitriol que nous voyons dans
l’espace virtuel enregistre un niveau de
reconnaissance toujours frustrée qui
finalement s’évade dans un monde réel
dans des affiliations avec des groupes
prônant des actions extrêmes,
incontestablement réels, certains d’être
reconnus, enfin satisfaisants. Tous les
espoirs de l‘illusion.
Je vois tout cela comme le résultat
de nos explorations techno-capitalistes
pareilles à Rappacini, qui ont dépassé
de loin et dans une courte période de
temps notre capacité humaine à
s’assimiler dans quoi que ce soit
d’autre que les voies pathologiques.
Quelles que soient les conditions
réelles derrière l’attaque du 11/9 aux
États-Unis, Daech est en train de
batailler dans le cyberespace pour le
contrôle des esprits, les réfugiés de
Syrie, d’Afghanistan, d’Irak et
d’ailleurs errant avec des Smartphones,
et on peut supposer que l’Europe les
attire parce qu’ils ont vu sur leurs
Smartphones comment vivent les
Européens. Tout, depuis les régimes et
les ploutocraties despotiques jusqu’au
défi à la fois d’échapper aux deux s’est
déplacé vers un domaine d’interaction
qui signale que les vieux démons peuvent
revenir sans être détectés. Quand le
nouveau ne s’appuie plus en aucune façon
sur le vieux, l’histoire finit et nous
entrons dans un cycle pernicieux de
retour sans fin. Le client retourne pour
acheter encore une fois le même article.
Seuls les bénéfices progressent. Et le
discours sur le « Grand Dehors » ?
Consultez les primaires présidentielles
2016.
Le maintien de la candidature
d’Hillary Clinton malgré les scandales
de Benghazi, des emails et de l’enquête
du FBI n’est-il pas symptomatique de
l’image des USA ? Clinton n’a-t-elle pas
été élue d’avance par les divers
lobbies ?
La pire espèce de Libéral est une
Troisième Voie triangulant celui qui
plonge dans le problème. La ploutocratie
fonctionne des deux côtés de la rue :
les libéraux et les néolibéraux. Hillary
capte les ploutocrates embourgeoisés qui
s’appellent eux-mêmes démocrates. Elle
va aussi, dans les élections générales
contre Donald Trump, recueillir les
libéraux embourgeoisés.
Le Parti Républicain vit-il
une crise ou s’agit-il d’une farce de la
ploutocratie qui a favorisé Donald Trump
pour mieux installer Hillary Clinton ?
Ne pensez-vous pas que Trump est le
meilleur allié objectif de Clinton ?
Je crois que les Républicains ont été
vraiment surpris qu’une cohue de riens
du tout populistes se tienne derrière un
Phineas Taylor Barnum comme Trump. Je
pense que les Républicains savent qu’ils
peuvent faire confiance à Hillary pour
ne pas blesser la ploutocratie tandis
que Trump, l’un de leurs riches
collègues, a beaucoup de comptes à
régler avec cette foule. Trump est un
électron libre qui causerait
probablement beaucoup de préjudice à la
réputation néolibérale s’il est mis en
cause. Hillary ne bouleverserait pas le
système truqué, ferait quelques
mouvements en politique culturelle, et
serait la destinataire de tant de
vitriol et de mauvaise presse que le
pays préférerait voter pour Paul Ryan
comme président. Vous savez, le disciple
enthousiaste d’Ayn Rand.
Que pensez-vous du niveau du
débat politique aux États-Unis ?
Existe-t-il un autre enjeu que celui de
remplacer un président par un autre ?
Alors que chacun est un auteur et un
intellectuel, il n’y a aucun de ceux-ci.
L’hégémonie de l’opinion personnelle
nourrie dans l’ »infosphère » a envoyé
dans le tourbillon chaque arbitre de ce
qu’on appelait autrefois la Tradition
occidentale de Rationalité et de
Réalisme. La ploutocratie en est la
bénéficiaire. Il y a un besoin désespéré
de créer à la fois un homme politique et
un discours pour un monde post-vérité.
En ce moment, les effets
incompréhensibles et donc troublants de
la vie dans ce genre de monde ont
bénéficié à un ordre ancré dans la
richesse et de la puissance. L’élection
d’un président n’est pas un remède à la
structure profonde, mais cela signifie
quelque chose. Réfléchissez si Gore
avait accepté la présidence en 2000 et
n’avait pas permis à Scalia de la lui
prendre.
Bernie Sanders est souvent
qualifié de « radical ». Par rapport à
qui et à quoi, à votre avis ? Sanders
incarne-t-il la nouvelle gauche
américaine à l’instar de la nouvelle
gauche européenne Podemos et Syriza ?
Podemos est un parti politique viable
en Espagne. La position de Sanders est
compliquée par son association avec le
Parti démocrate, qui est comme une
condamnation à mort à la politique
d’avant-garde radicale. Et le
« socialisme démocratique » de Sanders
ne sonne pas comme le socialisme
démocratique, mais plus comme la
social-démocratie.
Cela dit, il a confirmé qu’Occupy
Wall Street se concentre sur la fracture
de la richesse, retirant le
mot « socialisme » pour une
marche « apprenez à me connaître » et il
a obtenu le vote de la génération du
millénaire.
De savoir si une forme de socialisme
bourgeonnera aux Etats-Unis dépend des
montants négatifs et des déficits d’une
ploutocratie qui sont ou ne sont pas
anesthésiés par l’expansion soudaine et
croissante d’un engagement à la cyber
réalité.
L’American Dream,
The New Way of Civilization,
The End of History
n’annonçaient-ils pas l’impasse
politique actuelle aux USA ?
Nous aimerions penser que finalement
beaucoup de conneries alibis heurtent le
mur de la réalité, la matière réelle,
les conditions historiques objectives de
l’entourage… même si celles-ci ont été
poussées dans le cirque de l’espace
virtuel.
Mon propre point de vue post-vérité
est que les médiations humaines des
« choses elles-mêmes, qui ne parlent
pas » sont sans fin, et souvent assez
éloignés des « choses elles-mêmes qui ne
parlent pas ». Les États-Unis ont
atteint ce stade liminal de leur
imaginaire culturel plus tôt et plus
radicalement qu’ailleurs.
Une grande part d’arrogance et de
présomption s’est retirée dans les
domaines cyber personnellement conçus,
et, le fait d’être là, accompagné de
telles illusions, ne nous mènera pas sur
un seuil du monde réel, ce que vous
appelez une « impasse ».
Notre ami en commun Henry
Giroux, lumière dans les ténèbres de ce
monde, évoque la faillite
intellectuelle, morale et politique aux
Etats-Unis. Peut-on dire que Trump et
Clinton sont les porte-drapeaux de cette
faillite ?
Chaque Américain partage et supporte
cette faillite. Le péché réel est que la
présomption et l’hégémonie américaine
forcent des sociétés ailleurs à aussi la
partager et la supporter.
Vous ne pouvez pas vous attendre à ce
qu’à une portion des 80 % de la
population complètement abusée et
désavouée depuis Reagan ne bondisse pas
derrière un démagogue tape-à-l’œil.
Appelez ça quelque chose de nouveau.
Hillary est un fossile d’un ordre
libéral qui a causé beaucoup de dommages
dans le passé, mais qui a été camouflé
par la vénération et le culte de la
personnalité de Bill Clinton. Appelez ça
du pareil au même.
Mais où est passé le soldat
McCain ?
Coupé avec l’atout (ndlr : jeu de mot
autour du mot « Trump » qui signifie
« atout » en anglais). Donald Trump nous
a montré que la politique électorale
américaine est un divertissement à la
recherche de « suiveurs » comme les
vidéos sur You Tube. Trump est devenu
viral ; McCain et la machine de Parti
Républicain entière sont analogiques de
la vieille école. Alors que les
bonimenteurs travaillent la scène comme
un acte de vaudeville, les lobbyistes
travaillent en coulisses. Trump a un
problème parce qu’il n’a pas
d’affiliation avec des lobbyistes
travaillant pour lui dans les coulisses.
Il est sans fil, il n’y a aucun maître
marionnettiste et bouffonnerie antique.
Vous êtes un écrivain
intéressant et prolifique. Vous écrivez
sur la politique, l’économie, la
philosophie, la littérature, la culture,
etc. En abordant des thématiques
diverses et variées, ne brisez-vous pas
les codes bourgeois de la
spécialisation ? Est-ce cela, un
écrivain postmoderniste ?
Merci pour le compliment. Ici, dans
le « Midwestern Doux », je suis
doucement toléré. Et je suis
reconnaissant pour cela.
La science, pas les arts et les
lettres, a contraint le jeu de la
spécialisation. Je ne discipline pas ma
réflexion au sein des murs des
disciplines. J’ai connu la liberté
chaque fois que j’ai été mis sur la
liste noire de l’enseignement au cours
des mes 20 années d’activité syndicale.
Je me suis promené partout où j’ai
voulu, j’ai écrit, et dans ma
cinquantaine, j’ai été appelé pour
enseigner. Je pense alors qu’il est
possible de publier un livre et de ne
pas être une voix perdue dans une
tempête de sable.
La postmodernité ne voit que des
récits là où les disciplines voient des
vérités. Comme maintenant chacun sait
tout, le sait différemment et a le
soutien d’amis dans l’Infosphère,
votre vérité importe seulement si
elle interfère avec la mienne. Dans le
cas contraire, la réponse contemporaine
est : « Peu importe ».
Je suis amusé par la façon dont les
présentateurs télé parlent de « récits »
sans se rendre compte que ce faisant,
ils sont en train de basculer les
prétentions de la modernité qu’ils
soutiennent très probablement. Ce
n’était pas un « récit » quand McNamara,
Secrétaire à la Défense, s’attachait à
pousser le « conflit » du Vietnam plus
avant que jamais : c’était « l’analyse
des systèmes ». Et je ne crois pas
qu’aucun disciple de Friedrich Hayek
dévie de sa « science » économique en
disant que c’est un récit.
Il est fâcheux que nous ne voyions
pas le côté fictif, créatif, constructif
de notre raisonnement ou combien les
imaginaires profondément enracinés du
désir et de la crainte façonnent notre
« logique ». Nous serions encore noyés
dans une mer de récits, mais au moins
nous ne laisserions personne les
déclarer comme incontestables.
« Dark affinities, Dark
imaginaries : A Mind’s Odyssey »,
est-ce la quête de lumière dans un monde
des ténèbres qui vous a poussé à écrire
ce livre ?
C’est une rétrospective de mon écrit
« Les sombres moulins diaboliques de
Blake« . D.H. Lawrence écrit
« combien plus sombres et plus
diaboliques sont-ils maintenant ! ». Je
rejoins la vue de William Blake que nous
avons coulé dans une vision simpliste et
que seule l’imagination est
régénératrice. J’ai écrit au sujet de ce
qui nous maintient dans la chute
et dans l’obscurité, et cela m’a
fait errer largement. Je ne vois pas
l’enfer ici mais simplement
des médiations humaines erronées
d’une planète stupéfiante
travaillée par « le bois tordu de la
nature humaine ». C’est Locke.
Vous êtes aussi critique de
cinéma. Pourquoi le concept de héros
surhumain revient-il constamment dans le
cinéma américain ? Les USA et le public
américain ont-ils besoin de super-héros
portant la bannière étoilée ?
Donc, quelque chose s’installe dans
une culture et vous essayez de trouver
la connexion à l’ordre prédominant des
choses, le régime de la psychosphère.
Même quelque chose d’aussi stupide
qu’un engouement pour un super-héros ou
une téléréalité de l’emploi du mot
« Donc » par la génération du
millénaire, qui ne sert pas à résumer ou
tirer une conséquence de ce qui a déjà
été dit, mais comme un rejet ou une
résiliation ou « peu importe » de ce que
quelqu’un d’autre a dit. Fragments sur
fragments.
La nécessité est de trouver un
dénominateur commun pour tenir un
auditoire en esclavage collectif. Le
super-héros dans un costume… un point de
focalisation que vous ne pouvez pas
perdre de vue et qui vous prend par des
conflits malfaisants et qui justifie
ainsi votre capacité supérieure de faire
le même parce que, enfin, vous êtes le
super-héros !
Héros surhumains dans les films?
Lorsque le « récit » est réduit à un
tweet de 140 caractères et à des emojis
et que nous sommes post-livres et que la
capacité d’attention est à la vitesse du
clic, on peut s’attendre à ce que la
tolérance à la complexité et à la
longueur au-delà des bandes dessinées,
des jeux vidéo et des nouvelles
graphiques etc. ait disparu.
Une histoire de l’imaginaire et des
héros ne fait aucun appel à l’érudition
ou à l’alphabétisation. La fiction peut
être ramenée à des forces simples, pas
l’histoire réelle.
Ceux qui abordent l’infosphère à
partir d’un cadre alternatif critique de
transmissions analogiques s’effacent
pendant qu’en même temps la culture
bouge à la vitesse nano vers une perte
de cette sensibilisation pré-infosphère.
Ce genre de liminalité culturelle
mène à des psychopathologies culturelles
qui sont tout autour de nous, aussi bien
qu’à ce qui y ressemble, du point de vue
de ceux qui ne sont pas nés dans le
nouveau paradigme, « Une Descente dans
le Maelström », qu’ils reconnaissent
comme un titre de Poe et non comme une
application.
On pourrait dire que la première
place des États-Unis comme une force de
techno-capitalisme plonge encore plus à
corps perdu dans ce maelström, mais ce
n’est pas le seul. La force du spectacle
et de la manipulation transmise via une
« réalité » alternative, c’est-à-dire le
cyberespace, par la machinerie puissante
du capitalisme globalisé est universelle
maintenant.
Bollywood a ses films de super-héros.
Le dessin animé pakistanais Burka
Avenger and Dust, un super héros
afghan, l’une et l’autre femme, aussi
bien que Les 99, une équipe de
super héros musulmans, nous dit que le
besoin d’accroître les pouvoirs de plus
en plus réduits de n’importe quel
individu partout dans le monde n’est pas
restreint qu’aux États-Unis. Il y a un
algorithme universellement effectif ici
liant des super-héros aux vies démolies.
L’atout du héros surhumain consiste en
ce qu’il ou elle fixe le truc
maintenant, dans ce monde. Cela reste un
dynamisme socialiste.
J’associe aussi le super-héros, « The
Iron Man« , comme une course à la
robotique, à une humanité transformée.
Pensez-y comme une préparation pour
l’homme en cyborg, la fusion de l’homme
et de l’IA (Intelligence Artificielle)
et la création d’une bio puce.
Nous aspirons à être des post-humains
peut-être parce que notre règle du
marché a tant fracassé nos vies que nous
avons besoin de nous agripper à une
transcendance, une Singularité.
Sur le côté plus sombre, nous sentons
de manière subliminale que nous, les
humains, avons conduit non seulement
nous-mêmes mais toute la planète au
désastre.
Nous avons besoin de tuer l’humain.
Le « super-humain » est un désir
accompli de meurtre masqué, comme dans
un rêve. Nous détruisons le bois tordu
de nos propres natures et devenons
quelque chose de mieux, d’autre.
C’est peut-être la psychopathologie
subliminale maîtrisant la formation de
notre monde d’avidité, de terreur, de
torture et de génocide.
Et il se peut très
bien que les Américains des
États-Unis soient d’avant-garde ici, alors
que des psychés de masse ailleurs sont
commandées
par la pauvreté et l’impuissance et non
par une dynamique de Thanatos. L’envie
de survivre pour cohabiter avec toutes
les cultures qui ne sont pas conduites
elles-mêmes vers Thanatos.
Vous êtes l’un des fondateurs
de Bad Subjects, la plus
ancienne revue sur le web qui a créé un
concept original de l’information en
opposition aux médias de masse, peut-on
dire que l’avenir est dans les médias
alternatifs et qu’il y a une nécessité
de chercher l’information ailleurs que
dans les grands médias ? Le combat des
médias alternatifs contre les médias de
masse n’est-il pas le combat de
l’originalité contre le conformisme ?
Tout ce qui n’est pas votre propre
opinion est alternatif maintenant. Je ne
sais pas comment on peut attirer
l’attention de tout le monde sur la même
page. Ce temps, textuel, est passé.
Peut-être pouvons-nous glisser quelque
chose de provocateur dans une vidéo de
chat devenue virale ? Nous ne pouvons
pas continuer, nous continuons. Voilà
Beckett. Je crois que Bad Subjects
et CounterPunch, mes sites
d’écriture, font un bon travail dans la
continuation.
Interview réalisée par Mohsen
Abdelmoumen
Qui est le Professeur Joseph
Natoli ?
Joseph Phillip Natoli est un écrivain
américain, professeur, bibliothécaire,
peintre à l’huile, cuisinier et fermier,
maintenant à la retraite. Il est né le
24 août 1943 à Brooklyn, New York, a
obtenu ses diplômes de licence et
maîtrise dans l’enseignement gratuit du
Brooklyn College, son Ph.D. (avec une
thèse sur William Blake et Carl Jung) et
un MLS à l’Université d’État de New York
à Albany. Il a aidé à former le premier
syndicat de faculté en Nouvelle
Angleterre en 1974, s’est par la suite
retiré pour une vie d’agriculture de
subsistance dans le sud des Appalaches,
puis est revenu à la fois comme adjoint
dans l’enseignement et dans divers
postes de bibliothécaire. Il a d’abord
écrit dans le Journal de la Psychologie
Phénoménologique, a suivi la
phénoménologie dans la théorie
littéraire et la théorie littéraire dans
la déconstruction et la postmodernité.
Il a initié la série « Postmodern
Culture » de SUNY Press en
1991, la publication d’une grande
variété de monographies jusqu’en 2009.
Il a dirigé un programme Europe,
« Est-ce un monde postmoderne? » de 1995
à 2010 organisé par Birkbeck,
l’Université de London, l’Université
d’Utrecht, l’Université de Leiden,
l’Université Katholieke, l’Université de
Vercelli, et l’Université de Saragosse.
En 2010, il a commencé « pro bono
publica » en ligne écrit pour diverses
revues : Senses of Cinema, Bright
Lights Film Journal, popmatters,
Americana, Journal of
Popular Culture, Dandelion Salad,
Truthout, Writing for Godot, Bad
Subjects, dont il membre du
collectif éditorial. Il écrit un article
hebdomadaire pour CounterPunch.
Interview: « Conversations avec des
érudits américains ». Invité vedette:
Joseph Natoli dans The Journal of
American Popular Culture Printemps
2007.
Il a écrit de nombreux ouvrages :
Travels of a New Gulliver, 2013;
This is a Picture, and Not the
World: Movies and a Post-9/11 America,
SUNY, 2007; Memory’s Orbit:
Film & Culture 1999-2000,
SUNY Press, 2003; Postmodernism: The
Key Figures, eds. Hans Bertens &
Joseph Natoli, Blackwell, 2002,trans.
into Japanese, Czech, and Turkish;
Postmodern Journeys: Film and Culture
1996-1998, SUNY Press, 2000;
Primer to Postmodernity, Blackwell,
1997 (2nd printing, Spring 1998)trans.
into Chinese: Jiangsu Publishing House;
Speeding to the Millennium: Film &
Culture 1993-1995, SUNY Press,
1998; Hauntings: Popular Film and
American Culture 1990-1992, SUNY
Press, 1994; A Postmodern Reader,
eds. Joseph Natoli and Linda Hutcheon,
SUNY Press, 1993; Mots d’Ordre:
Disorder in Literary Worlds, SUNY
Press, 1992; Literary Theory’s
Future(s), ed. University of
Illinois Press, 1989; Tracing
Literary Theory, ed. University of
Illinois Press, 1987;
Psychocriticism,
Joseph Natoli and Frederik L. Rusch,
Greenwood, 1984; Psychological
Perspectives on Literature: Dissident
Freudian and Non-Freudian, ed.
Archon, 1984; Twentieth Century
Blake Criticism: Northrop Frye to the
Present, Garland, 1982.
Dark Affinities, Dark Imaginaries:
A Mind’s Odyssey, est une
rétrospective de ses écrits sur la
littérature, la psychologie, la théorie
littéraire, la postmodernité, études
textuelles, la politique, l’économie, le
journalisme, l’éducation, le cinéma, la
télévision, la nourriture et le sport en
production à SUNY Press.
Un calendrier de tous ses écrits
ainsi que des réimpressions de son
écriture en ligne et un portfolio de ses
peintures à l’huile peut être trouvé à
www.josephnatoli.com
Published in English in American
Herald Tribune, May 15, 2016:http://ahtribune.com/us/2016-election/900-joseph-natoli.html
In Oximity, May 16, 2016:https://www.oximity.com/article/Pr.-Joseph-Natoli-Nous-avons-besoin-de-1
Reçu de l'auteur pour
publication
Le sommaire de Mohsen Abdelmoumen
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