Middle East Eye
Si cela arrivait chez nous, cela ferait
scandale.
En Israël, c’est la norme
Jonathan Cook
Samedi 28 avril 2018
Depuis plus de 70 ans, la tradition
sioniste de judaïsation des terres et de
ségrégation résidentielle entre citoyens
juifs et non juifs enracine l’apartheid
en Israël
Que diriez-vous
d’une ville blanche quelque part en
Europe qui gèlerait un appel d’offres
pour des parcelles de terrain dans un
nouveau quartier parce que cela
risquerait de permettre à des noirs d’y
emménager ? Diriez-vous qu’elle est
raciste ? Que penseriez-vous du maire de
la ville s’il assumait sans ambages
cette décision en invoquant l’objectif
de préserver le « caractère blanc » de
sa communauté ? Que c’est un fanatique ?
Et comment
caractériseriez-vous la politique de
l’État dans lequel se trouve cette ville
si celui-ci faisait appliquer une
ségrégation presque complète entre
blancs et noirs, ghettoïsant ainsi la
population noire ? Comme une politique
d’apartheid, ou peut-être comme une
politique relevant des
lois Jim Crow ?
Eh bien, il vous
suffit de remplacer le mot « blanc » par
« juif » pour que cela décrive ce qui
vient de se passer à Kfar Vradim, une
petite ville de 6 000 habitants située
en Galilée, dans le nord d’Israël. Ce
qui est encore plus inquiétant, c’est
que la politique de Kfar Vradim ne peut
être jugée comme un cas isolé. Il s’agit
d’un reflet de la façon dont la société
israélienne est intentionnellement
structurée depuis des décennies.
La ségrégation
en tant que norme
La ségrégation
résidentielle entre citoyens juifs et
non juifs est la norme en Israël. En
fait, ce fait est si établi qu’on le
commente à peine. Plusieurs centaines de
communautés rurales contrôlant presque
toutes les terres d’Israël sont
exclusivement juives, et le sont depuis
la création d’Israël il y a 70 ans.
On pourrait ainsi
presque compatir avec le maire de Kfar
Vradim, Sivan Yechiel, qui s’est attiré
des condamnations fin mars suite à sa
décision de geler la construction d’un
nouveau quartier de plus de
2 000 habitations. Il est apparu qu’à la
première série d’appels d’offres, plus
de la moitié des offres les plus élevées
pour des parcelles de terrain avaient
été déposées par des citoyens
palestiniens et non juifs.
La minorité
palestinienne d’Israël, qui constitue un
cinquième de sa population, est ce qui
reste du peuple palestinien dont la
majorité a été expulsée de sa patrie en
1948 au cours de ce que les Palestiniens
appellent la « Nakba », mot arabe
signifiant « catastrophe ».
Quelques villes
d’Israël où un petit nombre de familles
palestiniennes ont survécu au nettoyage
ethnique de 1948 sont qualifiées à tort
de « mixtes ». Ces familles vivent
habituellement dans des quartiers
séparés, à l’écart du cœur juif de la
ville
Selon Israël et ses
partisans, les citoyens palestiniens
jouissent des mêmes droits que les
citoyens juifs, contrairement aux
Palestiniens des territoires occupés,
qui vivent sous régime militaire. Mais
la réalité – soigneusement
cachée aux étrangers – est tout
autre.
La décision de Kfar
Vradim met brièvement sous le feu des
projecteurs la triste réalité de ce que
signifie un État juif. Elle apporte le
contexte qui permet de comprendre la
Journée de la Terre, qui commémore le
jour où
les forces de sécurité israéliennes ont
tué six citoyens palestiniens non armés
alors que la minorité organisait une
grève générale pour protester contre la
confiscation de leurs terres.
Kfar Vradim et des
dizaines d’autres communautés juives ont
été créées en réponse à la Journée de la
Terre, explicitement dans le but de
« judaïser la Galilée ». La tradition
raciste qui a inspiré la création de
Kfar Vradim est tout simplement honorée
et préservée aujourd’hui par Sivan
Yechiel.
C’est pourquoi
Adalah, un groupe juridique qui
s’adresse à la minorité palestinienne
d’Israël, a
accusé le maire d’avoir des
« motivations racistes ». C’est
également pour cela que Jamal Zahalka,
député palestinien au Parlement
israélien, a
déploré la politique d’« apartheid »
de Kfar Vradim.
Une colonie
libérale et « raciste »
En réalité, Kfar
Vradim est loin d’être la communauté
illibérale et intolérante que l’on
pourrait imaginer à travers ces
critiques. Les trois quarts de ses
habitants ont voté pour les partis de
gauche et de centre-gauche lors des
dernières élections israéliennes. Elle a
résolument résisté à la tendance
ultranationaliste qui maintient Benyamin
Netanyahou et l’extrême droite au
pouvoir depuis près d’une décennie.
La colonie de Kfar
Vradim a été créée en 1984 sur une
partie des terres
de la ville
palestinienne voisine de
Tarshiha
(MEE/Jonathan Cook)
Néanmoins, dans un
débat sur Facebook entre des habitants
de Kfar Vradim au sujet de l’appel
d’offres, nombreux sont ceux qui ont
exprimé leur inquiétude. Un agent
immobilier local, Nati Sheinfeld, a
prévenu qu’il était temps de « se
réveiller » face à la menace d’une prise
de pouvoir des Palestiniens dans la
communauté.
Le maire a défendu
la décision de geler la construction du
nouveau quartier en expliquant qu’il
était chargé de préserver le caractère
« sioniste et juif » de Kfar Vradim.
Pour clarifier encore plus les choses,
Yechiel a affirmé qu’il ferait pression
sur le gouvernement pour fournir à sa
communauté des solutions de logement qui
ne perturberaient pas ses « équilibres
démographiques » actuels – en
d’autres termes, des solutions qui
tiendraient les citoyens palestiniens à
l’écart.
Pas de voisins
arabes
En réalité, la
réponse du maire de Kfar Vradim était
tout à fait classique. Plusieurs
histoires similaires ont été entendues
au cours des dernières années. D’autres
villes de Galilée, telles que Nazareth
Illit, Karmiel, Afoula, Nofit, Tzfat et
Nahariya, se sont battues pour empêcher
l’entrée de citoyens palestiniens, avec
plus ou moins de succès.
Selon des enquêtes
récentes, la moitié des juifs israéliens
avouent ouvertement qu’ils ne
veulent pas de voisins « arabes ».
En réalité, comme
l’illustre Kfar Vradim, beaucoup plus de
personnes le pensent en pratique. Ainsi
que l’a
observé David Rosenberg,
commentateur pour Haaretz, il est
quasiment certain que de nombreuses
personnes interrogées « étaient trop
gênées pour dire au sondeur ce qu’elles
pensent vraiment ».
L’opposition au
fait d’avoir des voisins palestiniens
n’est pas fondée sur des préoccupations
sécuritaires ou économiques. Les
citoyens palestiniens ont prouvé qu’ils
formaient une minorité largement
pacifique, bien que hautement
marginalisée. Et ceux qui ont les moyens
de s’installer dans des communautés
juives – en particulier à Kfar Vradim,
l’une des plus riches du pays – sont les
membres les plus prospères de la
minorité palestinienne. Ce sont des
hommes et femmes d’affaires ou des
professionnels de haut niveau tels que
des médecins, des avocats, des
ingénieurs ou encore des architectes.
Une politique
ancrée dans le sionisme
Alors pourquoi Kfar
Vradim est-elle décidée à ne pas les
laisser entrer ? La réponse nécessite
une analyse historique de la manière
dont Israël s’est structuré et organisé
en tant qu’État juif. En réalité, la
politique de Vradim est profondément
ancrée dans une idéologie, le sionisme,
dont les valeurs sont adoptées sans
contestation par presque tous les juifs
israéliens.
Les fondateurs
d’Israël, des hommes comme David Ben
Gourion, étaient des Européens de l’Est
qui se considéraient comme des
communistes ou des socialistes. Avant la
création d’Israël, sous la protection
britannique, ils ont établi des
collectifs agricoles pionniers comme les
kibboutz et les moshav.
L’opposition au
fait d’avoir des voisins palestiniens
n’est pas fondée sur des préoccupations
sécuritaires ou économiques. Les
citoyens palestiniens ont prouvé qu’ils
formaient une minorité largement
pacifique, bien que hautement
marginalisée
Néanmoins,
conformément à l’esprit du sionisme, ils
se sont assurés de rendre ces
communautés exclusivement juives. Elles
servaient à « judaïser »
la terre à travers le « travail
hébreu ». Les dirigeants du sionisme
croyaient fermement que, par le labeur
physique, les juifs pourraient à la fois
transformer la terre – « faire fleurir
le désert » – et se transformer
eux-mêmes en devenant un « peuple » fort
et autonome.
Mais il y avait un
corollaire important. La judaïsation
arracherait aux Palestiniens indigènes
la terre dont ils dépendaient en tant
qu’agriculteurs, tandis que la doctrine
du travail hébreu les priverait
d’emplois alternatifs dans ce qui
deviendrait une économie exclusivement
juive. Il s’agissait d’une forme
agressive de colonialisme.
La terre
nationalisée pour les juifs
Après la Nakba et
l’expulsion de la plupart de la
population palestinienne, le nouvel État
d’Israël n’a pas abandonné ces
politiques, ni adopté une notion de
citoyenneté civique et inclusive,
fondement de la démocratie libérale. Au
lieu de cela, il a élargi et intensifié
le projet de judaïsation.
Les observateurs
étrangers étaient souvent
séduits par l’idée du kibboutz
socialiste et par le genre de politique
progressiste et transformatrice qu’il
était supposé incarner. Ils ont négligé
le fait que tout cela était basé sur
l’exclusion à caractère raciste des
Palestiniens indigènes.
Les terres des
réfugiés palestiniens ont été
expropriées, tout comme la plupart des
terres appartenant à la minorité de
Palestiniens qui sont parvenus à rester
en Israël et qui ont fini par en devenir
citoyens. Israël a ensuite
« nationalisé » la quasi-totalité de son
territoire – 93 % – en le détenant en
fiducie collective pour le peuple juif
du monde entier au lieu des citoyens
israéliens.
Par conséquent, les
citoyens palestiniens ont été confinés
dans quelque 120 communautés
palestiniennes, sur un peu plus de 2 %
du territoire israélien. Ces communautés
palestiniennes languissent tout en bas
du tableau socio-économique d’Israël.
Pris au piège
dans des ghettos
Au cours des
dernières décennies, les communautés
palestiniennes sont devenues
considérablement surpeuplées dans la
mesure où Israël a
refusé de libérer des terres pour
leur expansion et n’a pas créé la
moindre nouvelle communauté
palestinienne depuis 1948. Plusieurs
milliers de familles palestiniennes ont
ainsi été
forcées de construire des maisons
illégalement et vivent désormais sous la
menace permanente d’une démolition.
Il n’est pas
seulement question de négligence. Les
responsables israéliens avaient une
méthodologie et un objectif en tête,
très semblables à ce qui était appliqué
dans les territoires occupés voisins.
L’objectif était d’appauvrir la minorité
palestinienne et de semer les graines de
divisions internes : comme des enfants
jouant aux chaises musicales, les
Palestiniens allaient devoir se battre
pour des ressources de plus en plus
réduites.
Environ 2 000
citoyens palestiniens d’Israël ont
manifesté à Tel Aviv
le 28 avril 2015
(MEE/Oren
Ziv et
Akram
Drawshi)
En désespoir de
cause, certains choisissaient de
collaborer ou de devenir des
informateurs, en échange d’un
soulagement partiel de leur détresse.
Une société faible et dépendante comme
celle-ci serait incapable de s’organiser
pour revendiquer ses droits. Les
responsables israéliens
espéraient voir les citoyens
palestiniens finir par perdre tout
espoir et émigrer.
Des comités de
contrôle
Mais il y avait
aussi un risque de voir des Palestiniens
plus riches et plus prospères fuir leur
ghetto non pas pour quitter Israël, mais
pour chercher à s’installer dans des
communautés juives et essayer de
s’intégrer. Cela entrait en violation
avec les pulsions les plus profondes
d’un État juif sioniste.
Il n’a pas été
difficile de claquer la porte de la
plupart des communautés juives au nez
des Palestiniens. Les centaines de
villages juifs qui contrôlaient la
plupart des « terres nationales »
d’Israël ont créé des comités
d’admission dont la mission consistait à
contrôler les candidats et à tenir les
citoyens palestiniens à l’écart. Cela
faisait partie intégrante de leur
mission de « judaïsation ».
À ce jour, des
centaines de communautés collectives
juives empêchent les citoyens
palestiniens de venir y vivre,
soutenant que ces derniers sont
« socialement inadaptés ». Ces
communautés avancent comme logique
fragile la nécessité de préserver leur
caractère juif et sioniste.
Utiliser de telles
ruses juridiques pour exclure les
citoyens palestiniens des villes et des
cités s’est toutefois avéré plus
délicat.
La grande majorité
des juifs israéliens sont éduqués de
manière à devenir de fervents sionistes
et considèrent la « judaïsation »
– rendre le territoire juif – comme une
valeur suprême
Quelques villes
d’Israël où un petit nombre de familles
palestiniennes ont survécu au nettoyage
ethnique de 1948 sont qualifiées à tort
de « mixtes ». Ces familles vivent
habituellement dans des quartiers
séparés, à l’écart du cœur juif de la
ville. La
ségrégation a seulement pris une
forme différente.
Mais dans ces
villes et dans d’autres, Israël n’a pas
pu facilement faire valoir qu’il avait
besoin de comités d’admission pour
mettre fin à l’intégration des
Palestiniens et protéger le caractère
spécifiquement juif de la vie de la
ville. Cela risquait de ressembler un
peu trop à l’apartheid sud-africain.
Se libérer des
pénuries de terres
Pendant la majeure
partie de l’histoire d’Israël,
néanmoins, la ségrégation et l’exclusion
ont été maintenues dans les villes. Une
économie de libre marché et une
planification minutieuse ont suffi à
tenir les Palestiniens à distance.
La grande majorité
des juifs israéliens sont éduqués de
manière à devenir de fervents sionistes
et considèrent la « judaïsation »
– rendre le territoire juif – comme une
valeur suprême. Même s’il n’y avait
aucune pancarte indiquant « Interdit aux
Arabes », peu de juifs étaient disposés
à vendre leur maison à des citoyens
palestiniens, en particulier quand ils
pouvaient trouver un acheteur juif.
De toute façon, peu
de citoyens palestiniens avaient les
moyens de s’offrir une maison dans une
ville juive. En outre, il n’y avait pas
d’écoles enseignant en arabe pour leurs
enfants, les emplois étaient rares et
les préjugés répandus. C’était une
perspective que peu de citoyens
palestiniens envisageaient. Jusqu’à
récemment.
Les pénuries de
terres dans les communautés
palestiniennes d’Israël se sont
intensifiées, tout comme le
surpeuplement, le manque de services et
d’infrastructures, l’absence d’espaces
verts et la mauvaise qualité des écoles
publiques destinées à la minorité
palestinienne.
Photo d’archives
d’une colonie israélienne en cours de
construction (AFP)
Dans le même temps,
dans un monde de plus en plus
mondialisé, les citoyens palestiniens
sont beaucoup moins disposés à continuer
de vivre dans leurs communautés en proie
à la ségrégation. Ils aspirent à une
meilleure qualité de vie pour leurs
enfants et sont de plus en plus
« occidentalisés » – ils valorisent
l’indépendance personnelle par rapport à
la protection offerte par la famille
élargie.
Tous ces facteurs
combinés ont poussé ceux qui ont un
emploi stable et un salaire élevé à se
libérer de leur ghetto palestinien et à
rechercher des solutions de logement
dans les communautés juives.
Sur la ligne de
front
La ligne de front
de cette bataille pour les droits en
matière de logement est la Galilée, où
les citoyens palestiniens représentent
la moitié de la population. C’est pour
cette raison qu’au cours des premières
années d’existence de l’État, Ben
Gourion a donné
la priorité à une campagne
officielle visant à « judaïser la
Galilée » en construisant des
communautés juives sur des terres
confisquées aux Palestiniens afin de
contenir l’expansion de ces derniers et
les priver de toute possibilité de
développement futur.
La colonie de Kfar
Vradim a été créée en 1984 sur une
partie des terres de la ville
palestinienne voisine de Tarshiha. Comme
dans d’autres communautés juives,
beaucoup de ses habitants croient
– conformément à la philosophie de Ben
Gourion – qu’ils forment le principal
rempart contre une « prise
de pouvoir arabe » en Galilée.
Néanmoins, Kfar
Vradim s’est retrouvée sans défense face
à une première vague de travailleurs
palestiniens espérant vivre le rêve qui
est devenu la réalité de leurs voisins
juifs à leurs dépens.
Une poignée de
familles palestiniennes ont déjà réussi
à emménager et le maire et ses
administrés craignent que cela ne se
transforme bientôt en déluge.
Ils sont les
héritiers authentiques d’une tradition
sioniste qui enracine l’apartheid en
Israël depuis plus de 70 ans. Ben
Gourion et les fondateurs d’Israël
seraient fiers de Kfar Vradim
Kfar Vradim ne
dispose pas d’un comité d’admission qui
aurait résolu son problème. Et les
récentes décisions rendues par les
tribunaux israéliens lui ont encore plus
lié les mains en obligeant les villes à
inclure tous les citoyens dans les
processus d’appel d’offres pour de
nouveaux projets immobiliers.
Mettre fin à
l’afflux d’Arabes
À l’heure actuelle,
le nombre de familles palestiniennes qui
ont les moyens de s’installer dans des
villes juives et qui le souhaitent est
faible. Mais ce chiffre augmente et bien
qu’il soit encore bas, il est trop
important pour la plupart des
communautés juives.
Cela dit, Yechiel
pourrait se montrer réticent à l’idée
d’employer les solutions adoptées par
certaines villes juives voisines.
Par exemple,
Nazareth Illit, qui a été construite sur
les terres de Nazareth, la plus grande
ville palestinienne d’Israël, a tenté de
mettre fin à l’afflux de
Palestiniens en planifiant un grand
quartier juif ultra-orthodoxe.
Les tribunaux ont
fait une exception qui permet des appels
d’offres restrictifs dans le cas des
juifs religieux afin que ces derniers
puissent vivre dans des communautés
indépendantes. Les dirigeants de
Nazareth Illit semblent espérer qu’une
forte présence d’ultra-orthodoxes, avec
leur natalité élevée et leurs attitudes
intolérantes, dissuadera d’autres
Palestiniens d’emménager.
Mais cette approche
pourrait être considérée comme un pas de
trop pour les habitants très laïcs et
aisés de Kfar Vradim. À la place, le
maire pourrait espérer s’appuyer sur un
recours juridique. En 2016, un tribunal
de district a statué en faveur de la
municipalité d’Afoula qui avait bloqué
48 familles palestiniennes ayant
remporté des appels d’offres
immobiliers. Des législateurs
palestiniens ont
jugé la décision du tribunal
« honteuse » et « raciste ».
À LIRE ► Comment tenir Israël pour
responsable du crime d’apartheid
Le maire de Kfar
Vradim fait également appel au
gouvernement pour l’aider à concevoir
une solution plus permanente. Il
pourrait ne pas être déçu.
L’Organisation sioniste mondiale, une
organisation internationale qui jouit
d’un statut quasi gouvernemental en
Israël, a annoncé l’été dernier qu’elle
relançait la campagne de judaïsation de
Ben Gourion.
L’organisation se
prépare à créer plusieurs nouvelles
communautés exclusivement juives.
En mars, une
commission parlementaire israélienne a
également
approuvé la version finale de la
nouvelle loi fondamentale définissant
Israël comme l’État-nation du peuple
juif. Cette loi apporte un soutien
constitutionnel à la création d’une
« communauté composée d’individus de
même religion ou de même nationalité
pour maintenir une communauté
exclusive ». En pratique, cette mesure
est conçue uniquement pour profiter à la
foi et à la nationalité juives.
Ces mesures
interviennent alors qu’Israël se prépare
à démolir le village bédouin d’Umm al-Hiran,
dans le Néguev, de manière à pouvoir le
remplacer par une communauté
exclusivement juive, Hiran.
Le règlement
municipal de Hiran lui
permettra d’admettre comme habitants
uniquement « ceux qui respectent la
Torah et les commandements selon les
valeurs juives orthodoxes ». Les
habitants libéraux et aisés de Kfar
Vradim, à travers le souhait de tenir
leurs concitoyens palestiniens à
l’écart, ne sont pas une aberration.
Ils sont les
héritiers authentiques d’une tradition
sioniste qui enracine l’apartheid en
Israël depuis plus de 70 ans.
Ben Gourion et les
fondateurs d’Israël seraient fiers de
Kfar Vradim.
- Jonathan
Cook est un journaliste
anglais basé à Nazareth depuis 2001. Il
a écrit trois ouvrages sur le conflit
israélo-palestinien et remporté le prix
spécial de journalisme Martha Gellhorn.
Vous pouvez consulter son site web et
son blog à l’adresse suivante : www.jonathan-cook.net
Les opinions
exprimées dans cet article n’engagent
que leur auteur et ne reflètent pas
nécessairement la politique éditoriale
de Middle East Eye.
Photo : la
colonie israélienne illégale de Beitar
Illit surplombe les oliveraies du
village palestinien de Wadi Fuqin
(MEE/Chloé Benoist).
Traduit de
l’anglais (original)
par
VECTranslation.
® Middle
East Eye 2014 - Tous droits réservés
Publié le 29 avril 2018 avec l'aimable autorisation de
Middle East Eye
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