Liban
Le gouffre se referme sur le peuple
libanais.
Les diktats du FMI en plus de la faim et
du Covid 19
Marie Nassif-Debs

Lundi 1er juin 2020
Quand le peuple libanais a pris la rue,
le 17 octobre 2019, la pandémie du Covid
19 n’était pas encore connue ni décelée.
Ce qui avait poussé les Libanais à
manifester, c’était la crise économique
et financière qui était arrivée à son
paroxysme à la suite des politiques
socio – économiques et monétaires que
l’oligarchie financière libanaise avait
pratiquées depuis l’arrivée de feu Rafic
Hariri à la tête du gouvernement il y a
trente ans ; politiques qui se sont
envenimées au fil des années et des
conférences « internationales » sur le
Liban, surtout depuis l’avènement de
Donald Trump et la dernière conférence
tenue à Paris en 2018 sous le nom de
« CEDRE ».
Cette crise s’est d’abord exprimée par
une inflation galopante que le
gouverneur de la Banque centrale avait
essayé de camoufler en recourant à une
« stabilisation » factice du prix de la
livre libanaise face au dollar, faisant
ainsi perdre au pays plusieurs milliards
de dollars qui sont venus s’ajouter à
une dette de plus en plus grande (plus
de 200 pour cent du PIB) mais aussi à
une corruption jamais vue dans la classe
politique. En plus de tout cela, le
problème du coût des déplacés syriens
(un million et deux cent mille selon le
recensement de l’ONU, mais en réalité
plus d’un million et huit cent mille),
les sanctions étasuniens contre le
Hezbollah, les menaces israéliennes, les
crises de la région (dont le conflit
entre l’Arabie saoudite et l’Iran) ainsi
que la fermeture des frontières
terrestres ont eu des répercussions
néfastes sur tous les secteurs de
l’économie (tourisme, exportation des
produits agricoles, marasme dans
certains secteurs industriels).
Voilà pourquoi nous avons assisté à la
fermeture de beaucoup de petites et
moyennes entreprises et, par suite, à
l’augmentation du chômage et à une
paupérisation plus étendue (on parlait
de quelques 30 pour cent de la
population sous le seuil de pauvreté),
surtout dans la classe ouvrière et les
travailleurs dans les campagnes (souvent
remplacés par des Syriens moins bien
payés et travaillant au noir).
Cette situation, déjà catastrophique
dans la première moitié de 2019, a
empiré avec la pandémie du Covid 19… Il
est vrai que le Liban n’a pas subi une
grande propagation du virus, mais les
mesures de confinement prises par le
gouvernement, ajoutées à la situation
financière catastrophique et en
particulier à la mainmise sur l’argent
des petits épargnants, ont fait que la
moitié de la population libanaise a
chuté sous le seuil de pauvreté, que
plus de onze mille PME ont fermé et que
les licenciements ont augmenté
dangereusement puisqu’ils ont atteint la
moitié de la population active sans
travail actuellement… l’industrie du
tourisme, surtout, a subi de graves
dégâts et la balance commerciale bat de
l’aile. Les pertes s’élèvent à plus de
20 milliards de dollars que l’on ajoute
à la dette et à la situation financière
catastrophique.
Le gouvernement a trouvé la solution en
faisant, d’abord, appel à la société
Lazare qui a préconisé de baisser les
salaires à partir d’une dévaluation
tacite de la livre libanaise, ce qui a
augmenté les taux de l’inflation,
réduisant de 75 pour cent la valeur des
salaires puisque le dollar plafonne
aujourd’hui à 4000 livres libanaises et
plus (contre 1515 L .L.). Quant aux
pourparlers nouveaux avec le Fonds
Monétaire International comprennent
aussi des mesures anti populaires, dont
la diminution des salaires et des
retraites, la vente (ou ce qu’on appelle
la privatisation) des entreprises
productives et la création de nouvelles
taxes… sans oublier l’augmentation de la
TVA et le nivellement par le bas des
prestations médicales et sociales.
Ainsi, toutes les solutions préconisées
vont dans le sens des intérêts de la
classe dominante. D’où la nécessité pour
les syndicats et les organisations
civiles de revoir leur programme de
lutte et de mettre au point des
revendications à court et moyen termes
pouvant arrêter ou, du moins, diminuer
le glissement vers la banqueroute et les
désastres qui peuvent s’en suivre, dont
la famine qui se profile déjà.
Ceci demande aussi l’unité des forces
vives, dont en premier lieu le PCL et
les organisations politiques de la
gauche libanaise.
Agissons avant qu’il ne soit trop tard.
Sauvons notre pays.
Marie Nassif-Debs
Samedi, 30 mai 2020
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