Un incident a émaillé
lundi matin le procès du
policier Damien Saboundjan,
jugé jusque vendredi devant
la Cour d’assises de Bobigny
(Seine Saint Denis) pour
avoir abattu, en 2012, Amine
Bentounsi d’une balle dans
le dos. Dans cette ambiance
assez tendue entre la
famille de la victime et les
forces de l’ordre venus
soutenir leur confrère, un
policier n’a rien trouvé de
mieux que de procéder à un
contrôle au faciès au sein
même de la salle d’audience…
Il est 9h35 hier matin,
le deuxième jour du procès
s’ouvre sur le témoignage
des experts, lorsqu’un agent
s’approche des bancs
réservés à la presse. Il
s’adresse directement à
notre confrère Nadir
Dendoune en lui demandant
s’il peut justifier d’une
carte de presse. Ce
Journaliste (notamment
pigiste occasionnel pour l’Humanite),
écrivain et documentariste
couvre ce procès pour le
Courrier de l’Atlas. « Je
lui ai répondu ‘’Pourquoi
vous ne demandez qu’à moi et
pas à mes confrères ?’’ »,
raconte-t-il. Les autres
journalistes commencent
aussi à poser des questions,
mais l’audience se poursuit
et l’avocat de la défense,
dont le banc se trouve
devant celui de la presse,
réclame le silence.
L’incident s’arrête là.
Il faudra attendre la
suspension d’audience, à
12h15, pour avoir une
explication. Interrogé, le
policier auteur du contrôle
assume tout à fait son geste
: « C’est le seul
journaliste que je ne
connaissais pas, les autres
sont des habitués de la cour
d’assises. » Faux :
l’auteure de ces lignes en
personne n’a jamais couvert
de procès aux assises du
tribunal de Bobigny et n’a
pas été contrôlée une seule
fois depuis hier…
« Ça fait dix ans que je
fais ce métier et je suis
contrôlé en permanence,
regrette Nadir Dendoune. Ça
m’est même arrivé une fois
alors que je portais la
caméra de France 3 ! ». Mais
au cœur d’une cour
d’assises, c’est une
première…
©
Journal L'Humanité
Publié le 13 janvier 2016
avec l'aimable autorisation
de
L'Humanité.fr