L'art de la guerre
Le « sage leadership » de Petro
Manlio Dinucci
Mardi 10 mars 2015
A Kiev le premier ministre Renzi a fait
les louanges du « sage leadership » du
président Poroshenko, qu’il appelle
familièrement Petro. Et l’ami Petro l’a
assuré que les entrepreneurs italiens
pourront participer aux prochains
processus de privatisation en Ukraine
(en délocalisant ainsi d’autres
activités productrices au détriment de
l’emploi en Italie). En matière de
privatisations, Poroshenko s’y connaît :
dans les années 90, avec le
démantèlement de l’économie socialiste,
il obtient à prix cassés ou gratis la
propriété de plusieurs industries
pâtissières auparavant publiques, et
devient le « roi du chocolat ». Il étend
ensuite son empire à l’industrie
automobile, à la construction navale et
aux médias (il est le propriétaire de
l’influent Canal 5). Après avoir été le
principal soutien de la « révolution
orange » de 2004, ministre des Affaires
étrangères avec Timoshenko et du
commerce avec Ianoukovytch, il soutient
et finance le mouvement Euromaïdan, né
en novembre 2013 comme contestation du
refus du président Ianoukovytch de
signer les accords d’association avec
l’Union européenne, et transformé en
véritable putsch qui renverse le
président en février 2014. En utilisant
comme force d’assaut, sous régie
USA/Otan, des militants néo-nazis
armés et entraînés à cet effet, comme le
prouve notamment un document
photographique sur des jeunes de Uno-Unso
entraînés en 2006 en Estonie par des
instructeurs Otan. Immédiatement après,
en mars 2014, les formations néo-nazies
sont incorporées à la Garde nationale.
Dans ce sillage, en mai 2014,
l’oligarque Poroshenko devient président
de la République, appuyé par Washington
et Bruxelles (« sage choix », commente
Obama). Sous sa présidence, les
bataillons néo-nazis -comme l’Azov, l’Aidar
et le Dniepr- qui constituent la force
de choc de la Garde nationale,
commettent des atrocités, amplement
documentées par des vidéos et des
témoignages, contre les civils de
nationalité russe en Ukraine orientale.
Ces mêmes bataillons sont aujourd’hui entraînés par des centaines
d’instructeurs USA da la 173ème
division aéroportée, transférés depuis
Vicenza en Ukraine où ils resteront au
moins six mois, avec des britanniques et
autres instructeurs de l’Otan à leurs
côtés. Washington et Bruxelles sachant
bien que ces bataillons ont une
véritable idéologie nazie. L’emblème du
bataillon Azov, qui opère sous l’égide
du ministère de l’intérieur ukrainien,
est le même (représenté de façon
spéculaire) que celui de la division SS
Das Reich de l’Allemagne nazie. Pendant
qu’il passe en revue, en treillis, les
bataillons qui s’inspirent de
l’idéologie nazie, le président
Poroshenko travaille à mettre hors la
loi l’idéologie communiste.
Sur Canal 5, appartenant à
Poroshenko, le ministre de la justice
Pavel Petrenko a annoncé le 3 mars la
présentation d’un projet de loi qui
prohibe l’idéologie communiste, dans la
lignée de lois analogues en vigueur en
Pologne et en République Tchèque. La
loi, qui prévoit l’interdiction de tout
symbole et propagande communiste,
mettrait automatiquement hors la loi le
Parti communiste d’Ukraine. Pour son
bannissement une procédure judiciaire a
déjà été lancée, interrompue quand en
février dernier elle a été bloquée par
les juges de la cour de Kiev.
Entre temps cependant, a été
imposée la dissolution du groupe
communiste au parlement et plus de 300
membres du parti ont été incriminés,
tandis que de nombreux autres sont
soumis à des violences et à des
intimidations. Sous la présidence de
Petro, que son ami Matteo a invité à
Rome. Où se trouve un journal, il
manifesto, qui s’il était à Kiev
risquerait de disparaître non pas pour
des raisons économiques, mais parce
qu’il se définit comme « quotidien
communiste ».
Edition de mardi 10 mars 2015 de il
manifesto,
http://ilmanifesto.info/la-saggia-leadership-di-petro/
Traduit de l’italien par Marie-Ange
Patrizio
Le sommaire de Manlio Dinucci
Le dossier Ukraine
Les dernières mises à jour
|