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Géopolitique : Poutine déplace ses pions
sur le 'grand échiquier et propose la
neutralisation de Kiev et de la Moldavie
...
Luc Michel
Photo:
D.R.
Lundi 31 mars 2014
Luc MICHEL pour EODE Think Tank /
Avec Libération – Interfax - EODE Press
Office / 2014 03 31 /
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Grandes maneuvres de la diplomatie russe
menées par Poutine et Lavrov. Après
celles spectaculaires, dans tous les
sens du terme, de l’Armée russe sur le
Don. Sur le « grand échiquier », le
président russe déplace ses pions et
propose un plan de pacification de
l’Ukraine et de la Moldavie. Dans des
négociations bilatérales USA-Russie qui
laissent les pions de l’UE sur la touche
…
RECONTRES BILATERALES USA-RUSSIE : L’UE
HORS JEU
Un appel de Vladimir Poutine a suffi,
vendredi, pour que Barack Obama dépêche
son secrétaire d’Etat, John Kerry, à
Paris, « afin de reprendre langue avec
son homologue russe, Sergueï Lavrov ».
Le secrétaire d’Etat américain, John
Kerry, et son homologue russe, Sergueï
Lavrov, se sont donc retrouvés à la
résidence parisienne de l’ambassadeur
russe pour commencer des discussions
afin de tenter de trouver un compromis
sur la crise ukrainienne.
Le président russe Vladimir Poutine,
grand communicant, a ensuite « informé
la chancelière allemande Angela Merkel
du retrait partiel des troupes russes à
la frontière orientale de l’Ukraine», a
annoncé ce lundi le gouvernement
allemand. Lors d’un entretien
téléphonique, les deux dirigeants «ont
évoqué d’autres possibles mesures pour
stabiliser la situation en Ukraine et en
Transnistrie», selon un communiqué de la
chancellerie.
UKRAINE – MOLDAVIE – TRANSDNIESTRIE : UN
VASTE COUP GEOPOLITIQUE DE POUTINE
Ukraine, Moldavie, deux cibles d’un seul
coup. Poutine déplace ses pions dans un
coup subtil et complexe qui vise à
répondre aux appétits d’expansion de
l’OTAN à l’Est.
Poutine a donc « souligné la nécessité
d’une réforme constitutionnelle qui
garantisse les intérêts légitimes des
habitants de toutes les régions
d’Ukraine», selon un communiqué du
Kremlin. C'est-à-dire la Fédéralisation
de l'Ukraine. Ce qui est le cauchemar de
la Junte de Kiev, qui pour survivre doit
reprendre le contrôle des régions de
l’Est et entend donc supprimer leur
autonomie. Une mission impossible pour
le gouvernement issu du putsch du 21
février. La Fédéralisation de l’Ukraine
est le plan de Moscou dès le mois de
novembre.
Concernant la Transdniestrie (ou PMR,
Pridnestrovie, la ‘République Moldave du
Dniester’, l’autre Moldavie) - la PMR
étant sous blocus de Kiev depuis le 22
février à la demande de l’OTAN et de
Chisinau -, Poutine a souligné, selon le
communiqué russe, « la nécessité de
mesures permettant de lever le blocus de
fait de cette région », et la
« recherche d’une solution juste au
problème » de cette République
autoproclamée, à population russophone,
qui s’est séparée deux fois en 1989 et
1991 (définitivement) de la Moldavie.
Les Etats-Unis, désireux d’aggraver la
crise, vont octroyer à la Moldavie 10
millions de dollars (7 millions d’euros)
« afin de renforcer la sécurité à ses
frontières, en pleine période de
tensions concernant la Transnistrie, où
Moscou maintient plusieurs milliers de
soldats ». Poutine entend donc répondre
à ce plan par ses propositions.
WASHINGTON A QUI PERD GAGNE …
Mais le coup du grand joueur d’échec
qu’est Poutine ne vise pas seulement
Kiev et Chisinau. Il a une troisième
cible : Obama et Washington. Libération
(Paris, ce 30 mars 2014) – dont je
partage pour une fois l’analyse - évoque
fort improprement « le poker menteur de
Washington et Moscou ». Mais résume bien
le piège stratégique de Poutine : « En
cas de solution diplomatique, Obama
pourrait se targuer d’une victoire et
Poutine garderait la Crimée, fragilisant
les nouvelles autorités de Kiev ».
Mais Washington serait en fait
perdante : « La présidence Obama, sans
cesse accusée de «désengagement», si ce
n’est de faiblesse, tente de jouer dans
la crise ukrainienne un rôle de
«leader», volant ainsi la vedette aux
Européens et rappelant étrangement la
position américaine durant la guerre
froide ». « Il n’est certainement pas
idéal de voir les Américains jouer ce
rôle », observe Mark Galeotti,
spécialiste de la Russie à la New York
University, mais ...
Dans les deux cas, la 'solution
diplomatique' du Kremlin marquerait la
neutralisation de l'Ukraine et de la
Moldavie. Et la fragilisation durable de
leurs gouvernements pro-occidentaux. Et
minoritaires, l’un étant arrivé au
pouvoir à Kiev par l’émeute transformée
en putsch, l’autre à Chisnau par une
« révolution de couleur » partielle …
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