LUC
MICHEL’S GEOPOLITICAL DAILY
La question palestinienne revient en
force :
Moscou s'invite dans la politique
israélo-américaine au Proche-Orient !
Luc Michel
Dimanche 20 septembre 2020
LUC MICHEL (ЛЮК
МИШЕЛЬ) & EODE/
Luc MICHEL pour EODE/
Quotidien
géopolitique – Geopolitical Daily/
2020 09 19//
(Série
III/2020-1240) « Nous constatons
que le problème palestinien conserve
toute sa gravité »
- Sergueï Lavrov,
MAE russe.
La perspective de
Trump, Pompeo et Kouchner repose sur une
« géopolitique du rétroviseur ». Cette
perspective est celle, obsolète, des
Années 1991-2015, où l’Axe Washington –
Tel-Aviv dominait le Proche-Orient.
C’est oublier que depuis la période
2016-2020, Moscou a rétabli la parité
stratégique avec l’Axe de la Résistance
et est une grande puissance
incontournable au Levant. Les israéliens
étant les premiers à le reconnaître,
Poutine étant qualifié par la presse
israélienne elle-même « d’arbitre du
Moyen-Orient » et en janvier dernier de
« prééminence » (1) !
Le presse russe a
qualifié poutine de « nouveau tsar » de
l’Orient (2). Elle n’ a pas tord tant le
président russe, surfant sur les erreurs
américaines, celles de Obama comme de
trump, en Syrie et ailleurs, s’est
imposé dans le nouveau « Grand jeu »
proche-Oriental. Et pas seulement en
Syrie. Après six ans de conflit, la
victoire du Président Assad et de ses
alliés russe et iranien est
incontestable et incontournable.
Voilà Moscou qui le
rappelle et s’invite dans le jeu
diplomatique de Trump et Netanyahu ! Pas
de paix au Proche-Orient sans règlement
de la question palestinienne, insiste
Moscou !
En réaction à
l’offensive proche orientale de
Washington qui a pris les allures de
l’élargissement des partisans de la
normalisation avec Israël à des
pétromonarchies alliées proches des USA,
la Russie a affirmé, ce jeudi 17
septembre, que « la résolution du
conflit israélo-palestinien demeurait
une condition clé pour stabiliser le
Moyen-Orient ». Les
accords qui lient Israël aux Emirats
arabes unis et au Bahreïn se font sur le
dos des Palestiniens qui les rejettent,
comme ils ont rejeté le fameux « Deal du
siècle » proposé par l’administration
Trump.
« LE PROBLEME
PALESTINIEN CONSERVE TOUTE SA GRAVITE »
« Prenant note des
progrès en cours dans la normalisation
des relations entre Israël et plusieurs
pays arabes, nous constatons que le
problème palestinien conserve toute sa
gravité », a indiqué Sergueï Lavrov, le
ministre russe des Affaires étrangères,
dans un communiqué.« Ce serait une
erreur de penser qu’il est possible
d’atteindre une stabilisation solide du
Moyen-Orient sans la résolution (de ce
problème, ndlr) », a poursuivi le
ministère, appelant les différents
acteurs à des « efforts coordonnés »
dans ce sens. « La Russie est prête à ce
travail commun » au sein du Quartet — un
groupe de médiateurs internationaux
composé des Etats-Unis, de la Russie, de
l’Union européenne et des Nations unies
— et en coopération avec la Ligue arabe,
précise le ministère.
Le Premier ministre
israélien Benjamin Netanyahu a signé
mardi à Washington avec les Emirats
arabes unis et Bahreïn des accords qui
ont suscité l’ire des Palestiniens. Ces
deux pays arabes sont les premiers à
reconnaître ‘Israël’ depuis les traités
de paix avec l’Egypte et la Jordanie, en
1979 et 1994. Le président américain
Donald Trump a affirmé que des Etats
arabes supplémentaires suivraient « très
bientôt » cet exemple, évoquant même
l’Arabie saoudite « le moment venu ». En
réaction, le président palestinien
Mahmoud Abbas a soutenu qu’il n’y aura «
aucune paix » au Proche-Orient sans la «
fin de l’occupation » israélienne des
Territoires palestiniens.
MOSCOU A JETE LES
BASES D’UNE NOUVELLE POLITIQUE ARABE
Moscou qui a jeté
les bases d’une « nouvelle politique
arabe », ouverte aussi aux
pétromonarchies, tente de se démarquer
de l’approche US marquée par une
arrogance certaine et doublée d’un
strabisme pro-israélien, a tendu la main
aux Palestiniens pour qu’ils poursuivent
le processus de réconciliation à Moscou.
Une invitation saluée par les diverses
factions palestiniennes à l’issue de la
réunion à Beyrouth de la majorité des
leaders des diverses composantes de la
résistance palestinienne sous la
houlette de M. Abbas,
chef de l’Autorité palestinienne qui
supervisait la réunion via
visio-conférence depuis Ramallah.
LA MISSION PROTECTRICE DE LA
RUSSIE
Depuis plusieurs
siècles, la France – et en particulier
depuis l’alliance géopolitique de revers
entre la monarchie française et le Grand
Turc – assurait la protection des
minorités chrétiennes du Proche-Orient.
Le mandat sur la Levant de 1918 et les
Accords Sykes-Picot en procédaient en
partie. Mais la participation française
aux guerres américaines (et
israéliennes) au Liban, en Irak et en
Syrie ont mis à mal la position
française (3). En particulier les
tentatives occidentales de démembrement
des Etats irakien et syrien.
L’Europe-croupion de l’UE – qui est
devenue tout sauf l’Europe – participe,
France en tête, avec le sang de ses fils
et l’argent de ses économies en crise
aux guerres des USA contre la
‘Grande-Europe’, c’est-à-dire contre
l’avenir de ses peuples, analysait
pertinnement le grand géopoliticien
autrichien Jordis Von Lohausen (4).
La Russie s’est
engouffrée dans la brèche ouverte. C’est
désormais Moscou, la « Troisième Rome »,
qui protège les minorités chrétiennes.
Mais aussi les non-sunnites du Liban
(5). Et maintenant les Palestiniens,
dont Trump, Kouchner (son gendre,
dirigeant de l’aile radicale du Lobby
pro-israélien US AIPAC) et les Likudniks
ne pensaient faire qu’une bouchée …
NOTES ET RENVOIS :
(1) A l’occasion de cérémonies de la
libération d’Auschwitz à Jérusalem, le
quotidien israélien écrivait le 24
janvier 2020 : « Au milieu de tous les
leaders à Jérusalem, Poutine domine !
« S’exprimant à deux reprises, faisant
les gros titres avant le Forum, le
président évoque la Seconde Guerre
mondiale et la Shoah en Russie, respire
l’autorité (…) Près de 50 dirigeants
mondiaux se sont réunis jeudi à
Jérusalem pour le cinquième Forum
mondial sur la Shoah, qui coïncide avec
le 75e anniversaire de la libération
d’Auschwitz. Le vice-président des
États-Unis, Mike Pence, était présent.
De même que le président français
Emmanuel Macron. Le prince Charles était
présent, l’héritier du trône britannique
effectuant sa première visite officielle
en Israël – un voyage qui, à tout autre
moment, aurait fait la une des journaux
locaux. Des dizaines d’autres dirigeants
– rois, Premiers ministres, présidents
et autres – ont également pris place
pour l’événement principal du Forum au
musée mémorial de la Shoah de Yad Vashem.
Et pourtant, il n’y avait aucun doute
sur le chef international qui avait la
présence la plus dominante : le
président russe Vladimir Poutine (…) Non
seulement Poutine a dominé les
cérémonies du jeudi, mais il avait
également dominé les jours précédents et
dominera probablement les jours suivants
». The times of Israël conclut : « Le
fait que Vladimir Poutine soit la
nouvelle superstar de la région – au
centre de la scène en Israël, et tirant
les ficelles au Liban, en Syrie, en Iran
et très probablement aussi à Gaza – a
été confirmé à Yad Vashem jeudi ».
(2) Cfr. LUC MICHEL’S GEOPOLITICAL
DAILY/
SEEN FROM RUSSIA: PUTIN IS THE ‘NEW LORD
OF THE MIDDLE EAST’ (RIA NEWS AGENCY)
sur
http://www.lucmichel.net/2017/10/10/luc-michels-geopolitical-daily-seen-from-russia-putin-is-the-new-lord-of-the-middle-east-ria-news-agency/
(3) Dans les «
guerres américaines » les USA,
servilement suivi par les politiciens de
l’OTAN, se sont engagés dans une série
de guerre contre les intérêts de la
Grande-Europe. Après la Yougoslavie, il
y aura l’Afghanistan, l’Irak, le
soi-disant « printemps arabe », la
Syrie. Où les valets européens de
Washington ont contribué directement à
la destruction de leurs alliés
géopolitiques potentiels, aux systèmes
socio-politiques les plus proches d’eux.
Des jeunes européens – et notre cœur
saigne devant leur sacrifice inutile au
service d’intérêts qui ne les concernent
en rien – sont allés et vont mourir
toujours pour Washington ! Les guerres
des USA sont en effet des guerres contre
la « Grande-Europe » (de Vladivostok à
Reykjavik, le concept géopolitique d’où
est issu le Néoeurasisme) et pour la
domination de l’Eurasie au XXIe siècle.
Ce qui implique aussi le contrôle des
sources d’énergie (Pétrole, Gaz,
Uranium) et de leurs voies
d’acheminement.
Le grand théoricien
de l’impérialisme américain au XXIeme
siècle est Zbigniew BRZEZINSKI dont le
domaine est la géostratégie et la
géopolitique et qui publie “The Grand
Chessboard” en 1997, titré en français
“Le grand échiquier. L’Amérique et le
reste du monde” pour son édition
française. La réflexion de BRZEZINSKI
est centrée sur les conditions
géopolitiques de la puissance américaine
et de son contrôle sur l’Eurasie, le
“grand échiquier” où Washington doit
éliminer tout rival potentiel ou réel.
Pour maintenir leur leadership, qui
n’est rien d’autre que la domination
mondiale, les USA doivent avant tout
maîtriser le “grand échiquier” que
représente l’Eurasie, où se joue
l’avenir du monde. Cette maîtrise repose
sur la sujétion de l’Europe occidentale,
étroitement liée aux USA dans un
ensemble politico-économique occidental,
la communauté atlantique cadenassée par
l’OTAN. Le géopoliticien de la «
Grande-Europe » Jean THIRIART
parlait de l’OTAN « non comme
d’un bouclier mais d’un harnais pour
l’Europe ». Elle repose aussi sur
l’isolement de la Russie qu’il faut
affaiblir irrémédiablement et démembrer.
Le danger mortel pour les USA, puissance
extra-européenne à l’origine de par sa
situation même, serait d’être expulsée
d’Europe occidentale, sa tête de pont en
Europe. Dans cet objectif, tout
rapprochement de l’Europe et de la
Russie, toute union eurasienne, sans
même parler de fusion comme l’évoquait
THIRIART et notre « Ecole
Euro-soviétique » de Géopolitique
(1982-1992), doit être empêchée par tous
les moyens. Zbigniew BRZEZINSKI écrit :
“L’Europe est la tête de pont
géostratégique fondamentale de
l’Amérique. Pour l’Amérique, les enjeux
géostratégiques sur le continent
eurasien sont énormes. Plus précieuse
encore que la relation avec l’archipel
japonais, l’Alliance atlantique lui
permet d’exercer une influence politique
et d’avoir un poids militaire
directement sur le continent. Au point
où nous en sommes des relations
américano-européennes, les nations
européennes alliées dépendent des
Etats-Unis pour leur sécurité. Si
l’Europe s’élargissait, cela accroîtrait
automatiquement l’influence directe des
Etats-Unis. Voir le Belarus ces
jours-ci. A l’inverse, si les liens
transatlantiques se distendaient, c’en
serait finit de la primauté de
l’Amérique en Eurasie.” Tout ceci est
plus que jamais actuel. Et les discours
simpliste sur le « recentrage
géopolitique sur le pacifique » sont une
erreur grave d’appréciation. Ce qui fait
la superpuissance américaine, depuis
1945, c’est l’addition des deux
économies nord-américaine et européenne.
(4) Le général et
géopolitologue autrichien Lohausen
(1907-2002), ancien membre de l’Etat
major du Maréchal Rommel, proche des
patriotes anti-nazis du 20 juillet 1944,
s’inscrit dans la suite des thèses
géopolitiques de Jean Thiriart sur «
l’Europe de Vladivostok à Dublin ».
Jordis VON LOHAUSEN a écrit des pages
élogieuses sur le projet européen de
THIRIART dans les Années 1960-75, sous
le titre « REICH EUROPA », en Français «
L’EMPIRE D’EUROPE ». Nous avons
largement diffusé cette longue analyse
publiée en Allemand et l’avons traduite
en Français, Anglais, Italien, Espagnol
et Russe.
Le livre principal de géopolitique du
général, « MUT ZUR MACHT. DENKEN IN
KONTINENTEN » (Vowinckel, Berg am See,
1979), traduit pour la petite histoire
en Français par une des secrétaires de
THIRIART, s’inscrit dans l’Ecole
d’HAUSOFER, mais reprend aussi de
nombreuses conceptions de THIRIART.
LOHAUSEN parle notamment de «
l’Europe de Madrid à Vladivostok ». Dans
l’exemplaire offert par LOHAUSEN à
THIRIART en 1983 (et qui m’a été légué
avec sa bibliothèque en 1999)
figure la dédicace suivante : «
En respectueux hommage à un grand
Européen ».
LOHAUSEN a aussi visiblement été
influencé par le concept du « Grand
Espace continental de Flessingue à
Vladivostok » de Ernst NIEKISCH. Dont on
méconnaît profondément l’influence sur
les jeunes officiers allemands des
Années 1930-34, qui recherchaient une
alternative au Nazisme (notamment avec
les initiatives du Général SCHLEICHER,
le « général rouge »
qui voulait barrer la route à HITLER
avec un Front uni des syndicats, de la
Reichwehr et des nationalistes à la
gauche du NSDAP », le « Quer front », le
Front Transversal).
Pour Lohausen, « l'Europe puissance
passe par la réunion de la grande
communauté de peuples européens au sein
d'un espace continental allant de ‘Cadix
à Vladivostok’, il s'agit donc de
construire une ‘Europe
grand-eurasienne’. »
(5) Cfr. LUC MICHEL’S GEOPOLITICAL
DAILY/
ATTENTAT DE
BEYROUTH (V) : DUEL FRANCO-RUSSE SUR
FOND D’ENQUETE MANIPULEE
sur
http://www.lucmichel.net/2020/08/29/luc-michels-geopolitical-daily-attentat-de-beyrouth-v-duel-franco-russe-sur-fond-denquete-manipulee/
LUC MICHEL (ЛЮК
МИШЕЛЬ) & EODE
* Avec le Géopoliticien de l’Axe
Eurasie-Afrique :
Géopolitique – Géoéconomie –
Géoidéologie – Géohistoire –
Géopolitismes - Néoeurasisme –
Néopanafricanisme
(Vu de Moscou et Malabo) :
PAGE SPECIALE Luc MICHEL’s Geopolitical
Daily
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* Luc MICHEL (Люк
МИШЕЛЬ) :
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* EODE :
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