EODE THINK TANK
La crise économique occidentale (1) :
‘L'ours terrasse le taureau’
ou le pessimisme des marchés
Luc Michel
Photo:
D.R.
Samedi 18 octobre 2014
Luc MICHEL pour EODE Think Tank/
Avec AFP – Politika – CNBC – CMC Markets/
2014 10 17 /
www.eode.org
https://www.facebook.com/EODE.Think.Tank
« De quelle volonté
de désescalade en Ukraine peut-il être
question si les décisions sur de
nouveaux paquets de sanctions sont
introduites quasi simultanément avec
l'adoption des accords faisant avancer
le processus de paix ? S'il s'agit de
vouloir isoler notre pays, cet objectif
est absolument absurde et illusoire. Il
est clair que c'est impossible bien
qu'un préjudice non négligeable puisse
être bien sûr causé à la santé
économique de l'Europe et du reste du
monde »
- V.V. POUTINE (Politika, Belgrade, 16
oct. 2014).
« L'ours a terrassé le taureau : les
marchés financiers semblent être entrés
dans une phase durable de baisse,
alimentée par la médiocrité de
l'économie réelle et la peur »,
commentait l’AFP ce mercredi.
Sur les marchés, deux animaux
s'affrontent, le taureau et l'ours.
Le premier est un animal optimiste et le
plantigrade est pessimiste. Un marché où
l'optimisme l'emporte est taurin (+bullish+
en anglais), et a contrario +bearish+
(caractéristique de l'ours) quand le
pessimisme est le sentiment dominant.
« Ne bougez pas. Nous entrons dans une
période très difficile, je crois que
c'est peut-être le début d'un marché de
l'ours qui peut durer un moment (...)
Souvenez-vous, les ours ne mangent pas »
en cette période, a recommandé sur CNBC
Dennis Gartman, éditeur américain d'une
lettre spécialisée sur les marchés,
encourageant les investisseurs à adopter
une attitude attentiste dans un
environnement incertain.
Ce Mercredi, les marchés ont fortement
reculé, et ce jeudi matin, ils
s'engageaient de nouveau dans une
spirale baissière, avec de fortes
variations, venant accentuer un
phénomène qui était déjà à l'oeuvre
depuis plusieurs semaines.
POUR LES ANALYSTES DE CM-CIC, LES
MARCHÉS FONT FACE À UN "CHANGEMENT DE
PARADIGME"
Depuis un MOMENT déjà, tous les
organismes internationaux révisent à la
baisse leurs prévisions de croissance.
Les indicateurs macroéconomiques
dessinent à petites touches un horizon
terne, poussif, fait d'incertitudes,
d'aléas, et donc à la merci d'un
retournement.
« La forte réaction sur les marchés
actions et les taux souverains (des
obligations de dette souveraine, ndlr)
hier témoigne d’une prise de conscience
de la morosité des perspectives de
croissance mondiale, doublée d’une
conjonction de facteurs incluant des
inquiétudes sur la pandémie Ebola ou
encore sur le risque d’un nouveau
dérapage en Grèce", selon CM-CIC.
LES « RISQUES GEOPOLITIQUES » DANS LA
CRISE ECONOMIQUE
La directrice générale du FMI Christine
Lagarde a résumé l'avenir d'un mot:
"médiocre".
Il y a "un risque que le monde soit aux
prises pendant un certain temps avec un
niveau de croissance médiocre", a
déclaré Mme Lagarde début octobre. En
oubliant que le FMI avec ses méthodes
coercitives est aussi le grand
responsable des crises qu’il déplore
ensuite. Grèce, Argentine, Portugal,
Ukraine … La main du FMI dans les crises
est déterminante et dans le cas
ukrainien, la sale guerre de Kiev au
Donbass résulte directement des ukases
du FMI (*).
Ajoutons qu’aucun des experts consultés
ne parle d’un autre Ours, l’Ours russe,
dans la crise des économies européennes.
L’UE, sur réquisitions de Washington et
de l’OTAN, s’est lancée dans la guerre
des sanctions contre la Russie suite à
la crise ukrainienne. Mais l’ours russe
a tenu bon. Et loin de s’effondrer a
lancé des contre-sanctions qui frappent
durement une UE en crise. A cela
s’ajoute la crise du gaz vers l’UE via
l’Ukraine, l’instabilité et les
chantages de Kiev et la position de
force de Moscou. Position qui se
renforce encore aux portes d’un hiver
qui est annoncé fort rude. Le tout
s’appelle les « risques géopolitiques ».
C’est cela que soulignait le président
Poutine dans sa retentissante interview
à POLITIKA (Belgrade) de ce 16 octobre :
« De quelle volonté de
désescalade en Ukraine peut-il être
question si les décisions sur de
nouveaux paquets de sanctions sont
introduites quasi simultanément avec
l'adoption des accords faisant avancer
le processus de paix ? S'il s'agit de
vouloir isoler notre pays, cet objectif
est absolument absurde et illusoire. Il
est clair que c'est impossible bien
qu'un préjudice non négligeable puisse
être bien sûr causé à la santé
économique de l'Europe et du reste du
monde »
LA CRISE DE LA ZONE EURO DANS LA CRISE
MONDIALE
Les investisseurs s'inquiètent de l'état
des moteurs de la croissance mondiale.
La zone euro est engluée entre
stagnation et risque de déflation, la
Chine est en train de ralentir, les pays
émergents sont à la peine, et la
locomotive américaine n'est pas aussi
puissante qu'il n'y paraît.
Cette succession de nouvelles peu
encourageantes pour les marchés a rempli
goutte à goutte le vase et mercredi, il
y a eu "un gros coup de blues sur un
chiffre (une mauvaise donnée
macroéconomique américaine) qui a fait
déborder le vase" pour René Defossez,
stratégiste obligataire de Natixis. "La
mauvaise ambiance (sic) a conduit à une
augmentation claire de la volatilité et
à un mouvement de ventes sur les marchés
actions", abondent les analystes de la
banque allemande DZ BANK. Maintenant,
"le marché va rester très nerveux et
très attentif à la publication de chaque
chiffre", selon M. Defossez.
Le phénomène met aussi beaucoup de
pression sur les grandes banques
centrales.
« LES ANCIENS PROBLÈMES SONT TOUJOURS
LÀ » !
La Reserve fédérale américaine veut
progressivement mettre un terme à sa
politique monétaire ultra généreuse
(inondant les marchés de liquidités) à
mesure que l'économie américaine se
redresse, mais "à mesure que la morphine
monétaire se dissipe, le patient réalise
que beaucoup des anciens problèmes sont
toujours là", estime Michael Hewson de
CMC MARKETS.
La BCE (Banque centrale européenne) de
Mario Draghi avait elle calmé les
marchés financiers en 2012 en quelques
mots, les assurant que l'institut de
Francfort ferait tout le nécessaire pour
sauver l'euro. Mais Mario Draghi a dit
récemment que la BCE avait déjà beaucoup
fait et que la balle était maintenant
dans le camp des gouvernements européens
qui devaient prendre leurs
responsabilités pour relancer la
croissance.
Pour les analystes d'Aurel, ce qui s'est
passé mercredi sur les marchés (et qui
semble se reproduire jeudi) a "un petit
goût de crise financière"…
Luc MICHEL / EODE Think Tank
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