LA REPUBLIQUE
D'EUROPE
La presse flamande a hélas raison :
Charleroi ne se relèvera jamais avec la
particratie
rapace et incapable qui l'a ruinée ...
Luc Michel
Mercredi 7 septembre 2016
Luc MICHEL pour LA REPUBLIQUE D'EUROPE/
2016 09 06/ 3e édition mise à jour/
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"La Belgique ne
fabriquera-t-elle bientôt plus rien ?"
- Het Laatste Nieuws.
"Charleroi est
toujours la ville la plus peuplée de
Wallonie, mais elle a seulement un
passé, pas - ou peu - d’avenir"
- Guido Fonteyn (De Morgen).
"Caterpillar était
un des derniers gros employeurs pour les
personnes peu qualifiées,
proportionnellement nombreuses à
Charleroi. Où ces gens vont-ils trouver
encore un emploi ?"
- Pascal Verbeken (De
Standaard).
La fermeture de
Caterpilar n'est pas un accident
industriel, c'est l'aboutissement d'un
long processus, qui a fait de la
première ville industrielle de Wallonie
le "tiers-monde de la Belgique", où
l'activité principale c'est le chômage
et l'intérim précaire. Responsables et
coupables : les arrogants politiciens
wallons, si suffisants, encore plus
insuffisants !
CATERPILAR : PAS UN
ACCIDENT MAIS LA FIN D’UN PROCESSUS
Et dans ce
processus Caterpillar n'avait été qu'un
remède provisoire, face à une
désindustrialisation du Bassin
Rhin-Meuse voulue au niveau mondial.
"L’arrivée de Caterpillar fut considérée
comme une opportunité unique pour sortir
la Wallonie de la crise dans laquelle la
plongeait la fermeture des charbonnages.
Une page noire qui se termina dans les
années 1980 avec la fermeture du Roton.
L’époque se caractérisa par le déclin de
l’industrie lourde et du secteur
textile. Le monde politique se tourna
vers les investisseurs étrangers. Avec
un joli coup de pouce des banques, comme
le rappelait l’économiste Alexandre
Lamfalussy dans le livre relatant sa vie
paru chez Racine", commentait LA LIBRE
samedi.
L'Histoire sait se
montrer cruelle : voilà la dernière
grande usine qui ferme le jour où ces
mêmes politiciens entendaient "fêter"
les 350 ans de la Ville ! Pas de
champagne et de feux d'artifice pour les
6.000 chômeurs de plus. Bon anniversaire
les carolos ! Et souvenez-vous que les
citoyens ont les élus qu'il méritent.
Ceux-là, de Van Cauwenberghe à Magnette
le parachuté, les deux bourgmestres PS
du déclin carolorégien (introduit par le
premier, clôturé par le second), c'est
vous qui les élisez depuis 35 ans ...
UNE PRESSE FLAMANDE
CRITIQUE
« La Flandre ne
ferme pas les yeux sur le désarroi des
travailleurs de Caterpillar. Les médias
néerlandophones ont largement couvert le
drame social qui s’est abattu sur
Gosselies. Au Nord du pays, experts
universitaires, responsables politiques
et éditorialistes jettent cependant sur
l’événement un regard plus froid, plus
sombre. Le discours général contraste
avec les réactions francophones, qui
oscillent entre compassion, volontarisme
obligatoire ("il faut faire plier
Caterpillar") et tentatives de positiver
malgré tout ("Charleroi, pôle
d’excellence dans les biotechnologies").
Au-delà des reportages, des portraits
d’ouvriers licenciés, un constat semble
s’imposer dans la presse flamande.
L’horizon s’annonce extrêmement noir
pour toute la province du Hainaut »,
commente LA LIBRE. « Avec fatalisme, le
quotidien HET LAATSTE NIEUWS, replace
Caterpillar dans la litanie des
fermetures témoignant de l’inexorable
déclin de l’industrie lourde : Duferco-La
Louvière, Carsid-Charleroi,
Arcelor-Liège, Ford-Genk, Opel-Anvers…
D’où cette question posée par le journal
: "La Belgique ne fabriquera-t-elle
bientôt plus rien ?" Les réponses des
experts sont nuancées, et pessimistes.
L’industrie manufacturière ne
disparaîtra pas, mais deviendra de plus
en plus spécialisée, avec un personnel
appelé à se réduire comme peau de
chagrin. »
« CHARLEROI N’A PAS
D’AVENIR »
Dans une tribune
publiée par DE MORGEN, l’essayiste Guido
Fonteyn pose un constat clinique. "Il y
a deux sortes de villes en Wallonie :
les villes avec une histoire centenaire
et une université - Liège, Namur et Mons
- et des villes relativement jeunes,
comme Charleroi et La Louvière, sans
université, et sans histoire
centenaire." La première catégorie peut
envisager l’avenir avec un certain
optimisme, même si le contexte
économique wallon reste compliqué. Pour
la seconde, en revanche, il n’y a guère
d’espoir, à moins d’hypothétiques
solutions à long terme. Guido Fonteyn
suggère de fonder une université à
Charleroi. L’auteur évoque le passé
industriel glorieux de Charleroi et La
Louvière, au temps du verre, de l’acier
et du charbon. "Ces endroits peuvent
sembler moches aujourd’hui, mais pendant
plusieurs générations, les ouvriers s’y
sont sentis heureux." Les usines ont
fermé, les gens sont restés. "Charleroi
est toujours la ville la plus peuplée de
Wallonie, mais elle a seulement un
passé, pas - ou peu - d’avenir." Guido
Fonteyn demande à Paul Magnette,
ministre-Président wallon, d’oser dire
la vérité. "L’avenir de Charleroi ne
s’annonce pas bon, pour longtemps."
Dans DE STANDAARD,
l’écrivain Pascal Verbeken, auteur d’un
livre sur les traces des immigrés
flamands en Wallonie, se montre aussi
catégorique. "Le XIXe siècle n’est pas
encore totalement terminé à Charleroi",
juge-t-il. Sa réflexion comporte une
part de tragique. "Caterpillar était un
des derniers gros employeurs pour les
personnes peu qualifiées,
proportionnellement nombreuses à
Charleroi. Où ces gens vont-ils trouver
encore un emploi ?" Samedi, "De
Standaard" titrait : "13 % de chômeurs,
et puis ça." "La province sinistrée du
Hainaut doit à présent digérer la perte
de plus de 5 000 emplois", observait le
quotidien.
Professeur
d’économie à la KUL, Herman Daems a
participé à la reconversion du Limbourg
après la fin de Ford-Genk. Très
sollicité par les médias flamands, il
recommande "un certain réalisme" aux
pouvoirs publics carolos. Ses conseils :
ne pas espérer un repreneur, négocier de
bonnes conditions de fermeture.
Lorsque l’homme
fort du régime belgo-flamand, le
nationaliste flamand Bart De Waever,
explique qu’il y a « deux démocraties en
Belgique ». il y a aussi deux presses.
Et la Flamande, visiblement, diverge
totalement de la Francophone. Les
citoyens flamands, comme les français de
Belgique, n’ont plus rien à attendre des
deux …
LUC MICHEL / LA
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