FOCUS
Le Donbass, puissante région
industrielle de l'est ukrainien, s'est
aussi soulevée contre la junte de Kiev
Luc Michel
Mercredi 5 mars 2014
PCN-SPO / Focus / 2014 03 05 /
Focus : Le fait du jour décrypté
par Luc MICHEL
pour le Service de Presse du PCN /
PCN-SPO
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Lu dans Le Temps (Genève)
Ce 5 mars 2014 :
« C’est un Maïdan à l’envers: il n’y a
aucun drapeau ukrainien mais des
drapeaux russes ou rouges frappés du
marteau et de la faucille et les
couleurs de l’éphémère république de
Donetsk qui vécut quelques mois en 1918.
Il n’y a que peu de jeunes parmi les
300 personnes présentes, probablement
aucun étudiant, mais des gueules noires,
des métallos et des retraités »
# « Le Donbass entre en résistance »
titre Le Temps (Genève, quotidien
russophobe) ce 5 mars : « Au Donbass,
dans l’est de l’Ukraine, les gueules
noires entrent en résistance. Kiev
n’arrive pas encore à étendre son
pouvoir dans l’est du pays, où les
russophones sont en majorité. Des
mineurs de Donetsk, fief de président
déchu Viktor Ianoukovitch, réclament un
rattachement à la Russie ».
Comme en Crimée ou dans toutes les
grandes villes de l’Est ukrainien, c’est
un soulèvement populaire qui est à
l’œuvre, des masses en colère qui
redécouvrent spontanément le processus
de la Démocratie Directe.
Plusieurs centaines de manifestants
pro-russes ont pris ce lundi d’assaut
l’administration régionale de Donestk.
Après une manifestation ayant rassemblé
entre 3 000 et 4 000 personnes
brandissant des drapeaux russes et
scandant «Russie, Russie !», un groupe
de manifestants a brisé des vitres et
pénétré dans le bâtiment dont ils
occupent maintenant plusieurs étages.
Deux jours plus tard, un nouveau
gouverneur a été dé&signé par les
insurgés et le nettoyage de la ville des
représentants de la junte de Kiev est en
route.
Ecoutons le reportage du Temps : « Une
foule en colère entoure le bâtiment de
l’administration régionale de Donetsk,
ville de l’est de l’Ukraine, accolée à
la Russie. «Nous avons des otages», crie
un ouvrier sidérurgiste qui participe à
la manifestation. Depuis la chute de
Viktor Ianoukovitch, son ancien fief de
Donetsk est secoué par des
manifestations de plus en plus
violentes. Une large partie des
habitants ne reconnaît pas l’autorité du
nouveau gouvernement de Kiev et les
partisans d’un référendum
d’autodétermination monopolisent la
scène politique locale. La région est en
majorité russophone et Moscou y a des
soutiens importants. Dans le cas d’une
intervention militaire russe au-delà de
la Crimée, elle serait certainement la
première conquête. Lundi, à Genève,
Sergueï Lavrov, le ministre russe des
Affaires étrangères, a répété que des
menaces sérieuses pesaient sur les
minorités russophones d’Ukraine et que
la Russie leur viendrait en aide, s’il
le fallait. Le Donbass et Donetsk, sa
capitale, sont dans tous les esprits ».
UN
« MAÏDAN A L’ENVERS » CONTRE LE
FACHO-MAIDAN :
«A BAS LES VOLEURS! A BAS MAÏDAN! NOUS
VOULONS ETRE RATTACHES A LA FEDERATION
DE RUSSIE!»
C’est le très russophone Temps qui parle
de « Maidan à l’envers ». Car la
véritable révolution populaire c’est le
soulèvement du peuple travailleur de
Kiev, pas l’alliance des petit-bourgeois
de l’Ouest avec les néofascistes,
néonazis et autres nostalgiques des
pogroms bendéristes.
«A bas les voleurs! A bas Maïdan! Nous
voulons être rattachés à la Fédération
de Russie!» crient les foules en colère
de l’Est. On sent l’effarement du
reporter du Temps, dont le monde formaté
par la vision de l’OTAN bascule :
« C’est un Maïdan à l’envers: il n’y a
aucun drapeau ukrainien mais des
drapeaux russes ou rouges frappés du
marteau et de la faucille et les
couleurs de l’éphémère république de
Donetsk qui vécut quelques mois en 1918.
Il n’y a que peu de jeunes parmi les
300 personnes présentes, probablement
aucun étudiant, mais des gueules noires,
des métallos et des retraités ».
LE DONBASS CŒUR INDUSTRIEL DE L’UKRAINE
CONTRE LES POLITICARDS DU MAIDAN
Pas d’étudiants (mais beaucoup de jeunes
ouvriers), classe parasitaire et
transitoire, dont les jacqueries n’ont
jamais rejoint les luttes populaire.
Mais l’Est travailleur, celui dont
l’Ouest pro-EU profite depuis vingt
ans : « Les hauts-fourneaux, les
cheminées et les terrils font le
centre-ville de Donetsk. Avec un peu
moins d’un million d’habitants, c’est la
capitale du bassin houiller du Donbass.
Elle a grandi dans l’idéal soviétique,
fut une cité prospère sinon modèle.
Depuis, hormis une avenue et quelques
rues adjacentes où des enseignes de luxe
racolent les nouveaux riches de l’acier
et du charbon, l’agglomération semble
vivre prisonnière d’une époque révolue:
la place Lénine et sa statue colossale,
le monument au mineur exemplaire, des
usines délabrées et des petits immeubles
soviétiques desservis par des impasses
en terre battue. Personne ne songerait à
trouver cela déprimant, au contraire,
explique Olena Konstantinova, 39 ans,
responsable du département de traduction
de l’université: «Les gens d’ici sont
fiers de leur ville. Fiers qu’elle n’ait
d’autre histoire que la mine » (…) »
Un Dombass qui a été le fief de
Ianoukovitch, mais qui lassé de la
gestion corrompue des politiciens
ukrainiens de tous bords, recherche la
stabilité russe : « Viktor Ianoukovitch
a grandi dans la périphérie de Donetsk
et lors de la présidentielle de 2010,
c’est ici qu’il a réalisé son meilleur
score avec 90% des voix (…) le Donbass
s’est peu à peu détourné de Viktor
Ianoukovitch ».
Et la colère du peuple travailleur de
l’Est s’est surtout tournée contre les
politiciens et les oligarques
pro-occidentaux du Maidan : « La
disgrâce de l’ancien président ne
profite en rien aux révolutionnaires de
Maïdan et au nouveau gouvernement ». «
Le divorce est consommé. Vu d’ici, les
militants de Maïdan semblent des enragés
et des voyous. La contestation violente
contre les forces de l’ordre nous a
choqués. Et puis pour quel résultat ?
Les amis de Ioulia Timochenko occupent
la scène, elle y sera bientôt. Je ne lui
pardonne pas d’avoir voulu démanteler
l’industrie lourde.» commente une
citoyenne.
LA RUSSOPHOBIE DU MAIDAN A ALIMENTE LA
REVOLTE
L’arrogante russophobie de la
Junte fasciste du Maidan a
alimenté la colère : « L’une des
premières mesures prises par le
parlement a conforté la méfiance des
russophones du Donbass: l’abolition du
russe comme deuxième langue
officielle ».
L’insurrection de l’Est a fait le
reste : « Dimanche, le nouveau
gouvernement a nommé un oligarque du
Donbass, Serhiy Taruta, au poste de
gouverneur de Donetsk ». Il espèrait
« ainsi amadouer les populations
méfiantes à son égard et contrer
l’influence des sécessionnistes, mais
Pavel Goubarev, gouverneur autoproclamé
et partisan d’un référendum, ne veut pas
céder la place ». Et « La foule s’est
radicalisée devant le gouvernement
régional. «Des élus et des journalistes
sont retenus prisonniers. Certains ont
été battus», explique Iouri », un
citoyen.
Le discours de Pavel Goubarev est clair
: «Les ouvriers du Donbass ne
travailleront pas pour la clique de
Kiev!». Le temps où le Donbass se
faisait parasiter par l’Ouest
nostalgique de Bendera et était payé en
retour d’une arrogante russophobbie est
bien fini.
LE FACHO-MAIDAN EST UNE MINORITE
ACTIVISTE QUI A PRIS L'UKRAINE EN OTAGE
Les médias de l’OTAN ont propagé depuis
3 mois une fiction ukrainienne. Celle
que les éructations d’un BHL résument.
Le maidan, qui est un ‘facho-maidan’,
serait « l’Ukraine, le pays, le peuple »
(sic). La révolution du peuple
travailleur déchire le voile de cette
fiction.
A Kiev, environ 50.000 personnes (selon
les médias du NATO donc sans doute
beaucoup moins) se sont rassemblées
dimanche sur le Maïdan, la place de
l'Indépendance. "Nous ne nous rendrons
pas !", ont-ils scandé à l'adresse de la
Russie. Certains portaient des pancartes
proclamant : "Poutine, touche pas à
l'Ukraine !"
50.000 AU MIEUX pour une menace de
guerre et une mobilisation générale. Ils
étaient autant à Sébastopol ou à
Kharkov, des villes de province pour la
Russie samedi. Ils sont 4 millions à
avoir signé en Ukraine en novembre la
pétition du KPU pour l'unité avec la
Russie et son Espace eurasiatique. Cette
info choc qu’aucun média de l’OTAN N’a
jamais évoquée ! A titre de comparaison,
300.000 français sont descendus dans la
rue pour le problème moins dramatique du
'mariage pour tous' …
Focalisés sur une Crimée déjà perdue
pour Kiev, les médias de l’OTAN semblent
ne pas voir ce qui se passe dans tout
l’Est. La révolte de l’Est ukrainien
ouvre une rupture décisive entre ces
deux Ukraines que tout oppose.
Luc MICHEL
Photo :Pavel Goubarev (deuxième depuis
la gauche), gouverneur proclamé par le
peuple insurgé de la région de Donetsk,
avec des partisans dans le parlement
régional. (Reuters)
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