LUC
MICHEL’S GEOPOLITICAL DAILY
Taiwan : la prochaine crise géopolitique
en Asie (I).
Pékin vs les ʽséparatistesʼ de Taipei
Luc Michel
Samedi 5 janvier 2019
LUC MICHEL (ЛЮК
МИШЕЛЬ) &
EODE/
Luc MICHEL pour EODE/
Quotidien géopolitique – Geopolitical
Daily/
2019 01 03/
J’annonçais dans mes analyses
prévisionnelles pour 2019 (1) que Taiwan
serait la grande crise de l’année. A
peine publiée, l’actualité rattrapait ma
prévision : « Xi Jinping intransigeant
face à Taïwan, vouée à la
"réunification"… » titrait l’AFP dès ce
2 janvier …
# PARTIE I :
XI JINPING CONTRE LES ‘SEPARATISTES
TAIWANAIS’ ET LEURS SOUTIENS EXTERIEURS
« Taïwan sera réunifiée à la Chine », a
promis ce mercredi le président chinois
Xi Jinping, défiant son homologue
taïwanaise en réaffirmant que « Pékin ne
renoncerait pas à la force » pour
récupérer l'île. « Nous ne promettons
pas de renoncer au recours à la force et
nous nous réservons le droit de prendre
toutes les mesures nécessaires », a
déclaré le numéro un chinois lors d'un
discours dans le cadre solennel du
Palais du peuple à Pékin. Dans le viseur
de l'homme fort de Pékin: les « forces
extérieures » (les lobbies chinois
anti-communistes aux USA – qui ont
soutenu l’élection de Trump – et
anglo-saxons) qui agissent contre la
réunification pacifique, ainsi que « les
actions indépendantistes et séparatistes
».
PEKIN VS TAIPEI
Taïwan et le continent sont gouvernés
séparément depuis 1949, avec la fin de
la guerre civile chinoise et la prise du
pouvoir par les communistes sur le
continent. Les nationalistes de Tchang
Kaï-chek (2), alliés étroits des USA,
ayant pu s’établir sur l’Ile de Formose
et s’y établir avec l’appui américain.
Il y avait désormais deux Chines ! Pékin
considère toujours l'île comme l'une de
ses provinces et menace de recourir à la
force en cas de proclamation formelle
d'indépendance à Taipei ou
d'intervention extérieure -- notamment
de la part des Etats-Unis, principal
appui militaire de l'île. «
L'indépendance de Taïwan ne pourra
conduire qu'à une impasse », a prévenu
Xi. « La Chine doit être réunifiée et
elle le sera ».
Pékin s'oppose particulièrement à
l'actuelle présidente taïwanaise, Tsai
Ing-wen, qui depuis son arrivée au
pouvoir en 2016 refuse de reconnaître «
l'unité de principe de l'île et du
continent », comme le réclame Pékin. «
Le peuple taïwanais chérit les valeurs
démocratiques, c'est son mode de vie »,
a répliqué mercredi Mme Tsai lors d'une
conférence de presse. Elle a accusé
Pékin de « provocation », lui reprochant
« d'avoir acheté ces derniers mois
quelques uns des derniers alliés
diplomatiques de Taïwan » et d'avoir
multiplié les manoeuvres militaires près
de l'île. « Si le gouvernement chinois
ne traite pas son peuple avec
bienveillance, ne peut garantir les
droits de l'homme et s'il ne laisse pas
son peuple voter... Alors les Taïwanais
verront avec suspicion les intentions de
la Chine », a réagi de son côté le
ministère taïwanais des Affaires
étrangères.
LE ‘PRINCIPE DE LA CHINE UNIQUE’,
FONDAMENTAL POUR PEKIN
Certains membres du Parti démocratique
progressiste (PDP), la formation de Tsai
Ing-wen, plaident pour l'indépendance
formelle de l'île, dont l'appellation
officielle reste "République de Chine".
« S'écarter du principe de la Chine
unique conduirait à la tension et au
chaos dans les relations inter-détroit
et nuirait aux intérêts vitaux des
compatriotes de Taïwan », a averti Xi
Jinping. « Nous ne laisserons jamais
aucune place aux actions séparatistes en
faveur de l'indépendance de Taïwan ».
Afin de parvenir à un « consensus autour
de la réunification », Xi Jinping a
évoqué « un vaste dialogue regroupant
toutes les couches de la société » ...
mais sur la base de « la reconnaissance
préalable du principe de la Chine unique
». Ce que refuse le PDP de Mme Tsai !
Par son discours « au ton menaçant »
(dixit l’AFP, nous verrons ce qu’il en
est), Xi Jinping risque au contraire «
de prendre les Taïwanais à
rebrousse-poil », pronostique même un
expert occidental (proche du Vatican).
Selon lui, « le pouvoir chinois cherche
à éloigner les électeurs taïwanais du
PDP, au profit du Kuomintang (KMT),
considéré comme plus favorable à la
réunification chinoise ». le KMT est
l’ancien parti de Tchang Kaï-chek.
"UN PAYS, DEUX SYSTEMES" (COMME A
HONG-KONG)
Dans son discours, Xi Jinping s'est
cependant gardé de fixer une date limite
pour parvenir à la réunification. Comme
feuille de route, Xi a repris pour
modèle la méthode "Un pays, deux
systèmes" qui prévaut depuis 1997 pour
le retour de Hong Kong dans le giron
chinois. Une formule qui hérisse les
indépendantistes taiwanais. « Un tel
rapprochement ne risque pas de
convaincre grand monde », observe la
députée hongkongaise Claudia Mo
(anti-Pékin). La Chine serait « en train
d'avaler Hong Kong dans tous les
domaines mais explique que Hong Kong est
un excellent exemple pour Taïwan. C'est
une blague », estime-t-elle.
LES PROVOCATIONS DES ‘SEPARATISTES’
TAIWANAIS
A lire l’AFP (qui reprend des infos
diffusées dans tous les médias
occidentaux), Xi Jinping serait
l’agresseur ou le provocateur. Mais en
réalité, il ne fait que répondre à une
vaste campagne indépendantiste lancée à
Taiwan en octobre dernier ! « Taïwan
prépare une manifestation sur
l'indépendance, drapeau rouge au nez de
Pékin », titrait la même AFP le 17
octobre 2018. « En tout cas, il s'agira
d'un défi lancé à Pékin et d'un
casse-tête pour le gouvernement de l'île
», commente encore l’AFP.
Ce rassemblement se tenait alors que la
Chine devient de plus en plus dure face
à Taïwan. La présidente Tsai Ing-wen
marche quant à elle sur des oeufs, prise
entre l'enclume du géant asiatique et le
marteau des indépendantistes. La Chine
continentale et Taïwan sont dirigés par
des régimes rivaux depuis 1949, après
une guerre civile entre communistes
établis à Pékin et nationalistes du
Kuomintang (KMT) réfugiés finalement à
Taipei. La Constitution actuelle de
Taïwan héritée du KMT définit l'île
comme la "République de Chine"
représentant toute la Chine, pas une
entité séparée.
Les manifestants ont exigé un référendum
sur une déclaration officielle
d'indépendance, à l'appel de la
‘nouvelle Alliance Formose’, soutenue
par les anciens présidents Lee Teng-hui
et Chen Shui-bian. C'était la première
manifestation potentiellement importante
pour demander que les Taïwanais votent
sur l'indépendance depuis que l'île est
devenue une démocratie il y a plus de 20
ans (3). « Chaque Taïwanais doit pouvoir
choisir l'avenir de Taïwan. La décision
appartient aux 23,57 millions de
Taïwanais, pas à la Chine et (à son
président) Xi Jinping », souligne Kuo
Pei-horng, qui dirige l'Alliance. Taïwan
se considère comme un Etat souverain
mais n'a jamais déclaré son
indépendance. Pékin a prévenu « qu'il
userait de la force » si Taïwan tentait
un divorce officiel. La Chine a aussi
averti l'Alliance qu'elle ne devait pas
poursuivre sur cette "voie dangereuse".
Huang Kuo-chang, président du ‘Parti du
nouveau pouvoir’ qui a fait ses armes
lors du mouvement anti-Pékin dit "des
Tournesols" en 2014 (une version
taiwanaise des ‘révolutions de
couleur’), enjoint la population à
manifester « pour dire non aux ambitions
d'annexion de l'île par la Chine ».
Pékin est déjà courroucé par un
référendum prévu en novembre sur une
participation de l'île aux jeux
Olympiques et autres compétitions
sportives internationales sous la
bannière "Taïwan". La Chine est
particulièrement susceptible quand il
s'agit de l'utilisation de certains noms
ou emblèmes considérés comme
l'expression de la souveraineté
taïwanaise. Sous la pression de Pékin,
Taïwan doit concourir sous l'appellation
"Taipei chinois".
LES SEPARATISTES TAIWANAIS VEULENT UN
REFERENDUM D’INDEPENDANCE …
Le Parti démocratique progressiste (PDP)
dont est issue Mme Tsai penche
traditionnellement du côté de
l'indépendance mais celle-ci est
favorable au maintien du status quo. Ce
qui n'a pas empêché les relations de
devenir glaciales depuis son arrivée au
pouvoir. Mme Tsai refuse d'avaliser la
ligne de Pékin, à savoir que Taïwan fait
partie d'une « Chine unique ». Pékin
attaque sur de multiples fronts
diplomatiques et internationaux « pour
bouter l'île hors de l'arène
internationale », en l'empêchant de
participer à des conférences mondiales,
en lui arrachant un par un ses alliés
diplomatiques (notamment en Afrique). «
Mais par son approche mesurée, Mme Tsai
s'est fait des ennemis parmi les
indépendantistes du PDP », dit un expert
occidental. D'après Jonathan Sullivan,
directeur des programmes chinois à
l'Université de Nottingham, « les
exigences de référendums sur les JO et
l'indépendance reflètent leur déception.
Ces tentatives symbolisent la
frustration croissante face à une chef
de parti précautionneuse punie par la
Chine alors même qu'elle fait l'effort
d'être prudente et conservatrice dans
les relations bilatérales »v (dit-il à
l'AFP). « Quoi qu'il en soit, le sujet
est épineux » …
Pour tenir un vote public sur
l'indépendance, il faudrait amender la
loi qui interdit les référendums sur les
changements constitutionnels et de
souveraineté. D'après les analystes, il
est peu probable que Mme Tsai fasse
amender la loi, car cela reviendrait à
agiter un drapeau rouge au nez de Pékin.
Le PDP avait interdit à ses
représentants et ses candidats de
participer à la manifestation qui s’est
tenue devant le siège du parti, dans le
centre de Taipei. Les indépendantistes
considèrent qu'il est urgent d'agir
malgré tout car c'est la première fois
que le PDP détient à la fois l'exécutif
et la majorité parlementaire. « C'est
l'âge d'or pour faire avancer la cause
indépendantiste », explique Chang
Ya-chung, analyste à l'Université
nationale de Taïwan.
LA MANIFESTATION DU 20 OCTOBRE 2018 :
UN DRAPEAU ROUGE AGITE DEVANT PEKIN
Des dizaines de milliers de personnes
sont finalement descendues dans la rue
le 20 octobre pour réclamer un
référendum sur l'indépendance de Taïwan,
une manifestation d'une ampleur inédite
qui a défié Pékin. Selon les
organisateurs, la manifestation a
rassemblé plus de 100.000 personnes. Les
manifestants se sont massés devant le
siège du Parti démocratique progressiste
(PDP) au pouvoir, agitant des drapeaux
et des pancartes pour un "Référendum
d'indépendance" et scandant des slogans
tels que "Nous voulons un référendum" et
"Non à l'annexion !".
On voit là que Xi Jinping n’est pas
l’agresseur ou le provocateur mais celui
qui a été provoqué. Ceci d’autant plus
que derrière les ‘séparatistes’ de
Taiwan il y a de puissants lobbies aux
USA et en Grande-Bretagne. Et que
ceux-ci sont très proches de Trump …
NOTES ET RENVOIS DE LA PARTIE I :
(1) Cfr. sur LUC MICHEL’S GEOPOLITICAL
DAILY/
ANALYSE GEOPOLITIQUE PROSPECTIVE : 2019.
VERS UN MONDE ENCORE PLUS INSTABLE ET
DANGEREUX
sur
http://www.lucmichel.net/2019/01/02/luc-michels-geopolitical-daily-analyse-geopolitique-prospective-2019-vers-un-monde-encore-plus-instable-et-dangereux/
(2) Tchang Kaï-chek, ou Chiang Kaï-Shek,
(31 octobre 1887 – 5 avril 1975) est un
militaire et homme d'État chinois qui
fut l'un des principaux représentants du
Kuomintang après la mort de Sun Yat-sen
(le fondateur de la République chinoise)
en 1925. Il fut le chef militaire – avec
le titre de généralissime – et, à
diverses périodes et en alternance, le
chef du gouvernement et le président de
la « Première République » puis, jusqu'à
sa mort, le président de la « république
de Chine » à Taïwan.
En septembre 1949, la victoire des
communistes est totale sur le continent,
la République populaire de Chine est
déclarée le 1er octobre 1949 à Pékin. En
décembre 1949, Tchang déplace son
gouvernement à Taipei, devenue capitale
de fait de république de Chine (Taïwan),
où il reprend de manière officielle ses
fonctions de président de la République
le 1er mars 1950. Un temps isolé sur la
scène politique internationale,
abandonné par les États-Unis, il s'est à
nouveau imposé comme un allié de poids
au moment de la guerre de Corée et des
risques d'extensions de la menace
communiste en Asie. En 1967, il
s'associe à la fondation de la Ligue
anticommuniste mondiale. Tchang Kaï-chek
reste à la tête de la république de
Chine à Taïwan jusqu'à sa mort en 1975,
et continue de revendiquer la
souveraineté sur l'ensemble de la Chine.
(3) Malgré une constitution
théoriquement démocratique, le
gouvernement de Tchang Kaï-chek demeure
dictatorial, basé sur un système de
parti unique et de loi martiale. Il
impose également une culture chinoise
standard, en interdisant à l'école et
dans les médias l'usage des dialectes
taïwanais. La « terreur blanche » qu'il
déclenche contre ses adversaires
politiques fait des dizaines de milliers
de victimes. Sa présidence voit
cependant un fort développement de
l'économie de Taïwan grâce au commerce
extérieur. En 1978, son fils Chiang
Ching-kuo devient à son tour président
de la République, et donne le coup
d'envoi de la démocratisation du régime.
(Sources : AFP – Xinhua – PCN-TV - EODE
Think Tank)
LUC MICHEL (ЛЮК МИШЕЛЬ) & EODE
* Avec le Géopoliticien de l’Axe
Eurasie-Afrique :
Géopolitique – Géoéconomie –
Géoidéologie – Géohistoire –
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