LUC MICHEL’S
GEOPOLITICAL DAILY
Les ʽconflits gelésʼ de l'espace
post-soviétique
Luc Michel
Mercredi 4 octobre 2017
LUC MICHEL (ЛЮК МИШЕЛЬ) & EODE/
Luc MICHEL pour EODE/
Flash géopolitique – Geopolitical Daily/
2017 09 30/
Un des points chauds de la confrontation
OTAN-Russie, ce sont les Républiques
auto-proclamées de Pridnestrovie,
Abkhazie et Ossétie du Sud, que l’on
appelle aussi la « CEI-2 ». En outre,
dans une confrontation similaire, c’est
le Haut-Karabkh, soutenu par l’Arménie –
l’allié le plus proche de la
Russie au Caucase, contre l’Azerbaïdjan,
qui fut membre du GUAM pro-OTAN. C’est
là que la confrontation entre l’OTAN et
la Russie s’exprime directement, aux
frontières caucasiennes et aux marches
européennes de la Russie. Les USA et
l’OTAN ont besoin de ces foyers de
tension pour leur politique agressive
anti-russe …
I-
LE CONTEXTE GEOPOLITIQUE :
« LES REPUBLIQUES VENUES
DU FROID »
* L’Abkhazie
(capitale Soukhoumi) :
ex-république autonome de la Géorgie
soviétique depuis 1931, a combattu les
forces géorgiennes de 1992 à 1994, au
lendemain de la dissolution de l’URSS en
décembre 1991. Soukhoumi ne reconnaît
pas la souveraineté de Tbilissi sur son
territoire et applique une politique
visant à accéder à une indépendance
reconnue par la communauté
internationale.
* L’Ossétie du Sud
(capitale Tskhinvali) :
Ex-région autonome de la Géorgie d’après
la division administrative de l’URSS,
l’Ossétie du Sud (capitale Tskhinvali) a
proclamé son indépendance le 20
septembre 1990. Tbilissi a alors riposté
et les opérations militaires ont fait
des milliers de morts de part et d’autre
de 1990 à 1992. Lors du premier
référendum de janvier 1992, au lendemain
de la disparition de l’URSS, l’Ossétie
du Sud s’est massivement exprimée en
faveur de son indépendance envers la
Géorgie. Les Sud-Ossètes mettent le cap
sur le rapprochement avec l’Ossétie du
Nord, république du Caucase du Nord
russe, notant que les Ossètes, du Nord
comme du Sud, ont bénévolement intégré
la Russie en 1774, une bonne trentaine
d’années avant la Géorgie. Près de 99%
des Sud-Ossètes ont dit « oui » au
référendum organisé ce 12 novembre 2006
par les autorités séparatistes et
proposant de faire de la région un Etat
indépendant. Tskhinvali ne cache pas son
objectif stratégique de réunification
avec l’Ossétie du Nord, une république
russe du Caucase du Nord, et refuse
catégoriquement de reconnaître la
souveraineté géorgienne sur son
territoire.
* La Pridnestrovie
(la PMR, capitale Tiraspol) :
zone la plus industrialisée de
l’ancienne République soviétique de
Moldavie et peuplée aux deux tiers par
des Slaves, a proclamé son indépendance
envers Kichinev en 1992, après la
dislocation de l’URSS et à l’issue de
plusieurs mois de combats contre les
forces moldaves pro-roumaines. Depuis,
Tiraspol refuse de reconnaître la
souveraineté moldave sur son territoire
et applique une politique indépendante,
renforcée après le référendum sur
l’indépendance de septembre 2006, très
largement remporté par les partisans du
rapprochement avec la Russie. Le 17
septembre 2006, un référendum a eu lieu
en effet en République Moldave de
Pridnestrovie (PMR), et, dans le cadre
de cette consultation nationale, la
majorité écrasante de la population de
cette république autoproclamée s’est
prononcée pour la poursuite de la
politique d’indépendance de la
Pridnestrovie et de son union avec la
Russie.
* Le Nagorno-Karabakh
(capitale Stepanakert) :
Enfin le Nagorno-Karabakh (capitale
Stepanakert), qui se veut « le deuxième
Etat arménien », enclave à majorité
arménienne en Azerbaïdjan, a fait
sécession de Bakou au terme d’un conflit
armé qui a fait, entre 1988 et 1994, des
milliers de morts. Le Haut-Karabakh
bénéficiait, au sein de la république
soviétique d’Azerbaïdjan, du statut de
région autonome. En 1988, à la faveur de
la perestroïka gorbatchévienne, la
population locale a exigé la
réunification de l’enclave à la
république soviétique d’Arménie. Malgré
de multiples tentatives de Moscou de
faire revenir le calme dans le pays, une
véritable guerre a éclaté entre la
région et l’Azerbaïdjan après la chute
de l’URSS en 1991. Le 2 septembre 1991,
les autorités séparatistes ont proclamé
l’indépendance de la République du
Haut-Karabakh englobant la région
autonome du Haut-Karabakh et le district
de Chaoumian. Un cessez-le-feu est
intervenu en 1994 mais la situation
reste tendue, malgré des efforts de
médiation du groupe de Minsk de l’OSCE.
Depuis, des négociations sont en cours à
différents échelons entre Bakou et
Erevan.
II-
QUATRE « CONFLITS GELES »
Quatre « conflits
gelés » perdurent autour de ces quatre
républiques, que l’on tente, avec
l’appui de l’OTAN et de Washington,
d’annihiler par la force.
* En Abkhazie et en
Ossétie du Sud agressées par la Géorgie,
les combats n’ont cessé qu’après
l’intervention d’une force
internationale de maintien de la paix.
Après l’agression de l’Ossétie du Sud
par la Géorgie en août 2008 et la courte
guerre entre la Russie et la Géorgie,
Moscou a reconnu les deux républiques
caucasiennes.
* La situation
reste tendue dans le Haut-Karabakh,
malgré le cessez-le-feu et les efforts
de médiation de l’OSCE. « la prochaine
guerre européenne évitable : le Nagorno-Karabakh
» ? C’est la thèse du livre EUROPE’S
NEXT AVOIDABLE WAR: NAGORNO-KARABAKH de
Michael Kambeck (Editeur) et Sargis
Ghazaryan (Editeur) pour Palgrave
MacMillan. « Le Nagorno-Karabakh est le
plus périlleux des conflits dits gelés
en Europe de l’Est. Dans une région
presque libre d’observateurs, les
conséquences d’une nouvelle guerre dans
le Haut-Karabakh sont largement
sous-estimés », explique l’éditeur.
* La Pridnestrovie
réclame depuis 16 ans son indépendance
par rapport à la Moldavie, au travers de
plusieurs referendum, et abrite un
contingent de paix russe malgré
l’opposition moldave. Avec l’arrivée de
la Junte orangiste au pouvoir à Kiev («
Euromaidan »), un axe anti-PMR et
anti-russe s’est constitué entre
Bucarest, Chisinau et Kiev. USA et OTAN
instrumentalisant la tension. Tiraspol,
dont le poumon extérieur était Odessa, a
été mise sous blocus.
III-
LA COMMUNAUTE DE LA « CEI-2 »
A noter que le 30
septembre 2006, les présidents des
parlements de trois de ces républiques
auto-proclamées – mais néanmoins en
Droit international reconnues comme «
sujets de droit international » en tant
que parties à des conflits – (Abkhazie,
Ossétie du Sud, Pridnestrovie) ont signé
un accord instituant l’Assemblée
parlementaire de la Communauté « Pour la
démocratie et les droits des peuples ».
Cette Communauté, qualifiée depuis de «
CEI-2 », a été instituée en juin 2006
par les leaders des trois républiques et
le Traité d’amitié prévoit une
assistance mutuelle au niveau politique
et économique, mais aussi, en cas
d’agression, une assistance militaire.
(source : Luc
Michel / EODE Think Tank)
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