Opinion
Le gouvernement français applaudit
le coup d'état en Ukraine
Kumaran Ira

Viktor
Yanukovitch - Photo: D.R.
Mardi 25 février 2014
L'élite politique
française a applaudi la chute samedi du
président ukrainien Viktor Yanukovitch
par le coup d'état d'une opposition
soutenue par l'occident et menée par des
groupes fascistes glorifiant les crimes
nazis.
Avant-hier, le
ministre français des Affaires
étrangères Laurent Fabius a salué la
libération de la milliardaire et chef de
l'opposition, condamnée pour
détournement de fonds, Yulya Tymoshenko,
du Parti de la Patrie.
Après avoir vu les
émeutes sanglantes des fascistes
soutenus par l'occident à Kiev la
semaine dernière et avoir collaboré
étroitement avec l'opposition
lorsqu'elle faisait tomber Yanukovitch
de manière extra-légale, Fabius a
hypocritement déclaré : « Nous
souhaitons le respect de la
constitution, la formation d'un nouveau
gouvernement et la préparation dans les
meilleurs délais des élections. »
Le soutien aux
forces fascistes en Ukraine expose la
criminalité politique du Parti
socialiste (PS) au pouvoir en France et
de l'ensemble de l'élite politique
française. Avec Berlin et Washington,
Paris a soutenu des forces de
l'opposition d'extrême-droite comme les
néo-nazis de Secteur droit, et le parti
fasciste Svoboda d'Oleh Tyahnbok.
Svoboda, qui a des liens avec le
Front national (FN) néo-fasciste,
célèbre les unités SS qui ont massacré
des Juifs en Galicie (Ukraine
occidentale), pendant la seconde Guerre
mondiale..
Paris a collaboré
avec Berlin pour faire pression sur
Yanukovitch pour qu'il accepte les
revendications de l'opposition. Mercredi
19 février, pendant que les ministres
allemands et français se rencontraient
au palais présidentiel de l'Élysée à
Paris pour le 16e Conseil
franco-allemand, ils ont discuté de
l'imposition de sanctions contre
l'Ukraine.
« Il se produit en
Ukraine des actes inqualifiables,
inadmissibles, intolérables. Une
violence, une brutalité, une répression,
et la chancelière et moi-même, avec nos
deux gouvernements, nous avons condamné
tous ces actes et la répression venant
du pouvoir » a dit le président François
Hollande.
Vendredi, Hollande
a imputé toute la faute pour ces
violences à Yanukovitch, exonérant les
intermédiaires fascistes du PS à Kiev.
Il a dit, « Il convient de mettre un
terme aux violences dont le pouvoir est
d'ailleurs responsable et de donner la
parole au peuple ukrainien. »
La collaboration du
PS avec les groupes fascistes ukrainiens
liés au FN français souligne
l'hypocrisie de ses prétentions à mener
une lutte contre la montée du FN en
France. En fait, le PS n'a pas de
problème à travailler avec des groupes
fascistes parce que les principaux
points de son agenda politique
réactionnaire, consistant en de vastes
mesures d'austérité et une escalade des
conflits et des interventions
impérialistes, sont entièrement
compatibles avec une politique
d'extrême-droite.
Si le FN monte, en
fait, c'est en très grande partie dû à
la politique de droite du PS et des
partis de la pseudo-gauche qui ont
étouffé l'opposition aux mesures
d'austérité sociale et ont permis au FN
de se présenter comme le seul parti
opposé à l'élite politique française.
Il est remarquable
que même si la chute de Yanukovitch
représente une victoire dans l'immédiat
pour Svoboda, qui est lié au FN
au sein de l'Alliance européenne des
mouvements nationaux (AEMN), le FN s'est
retenu d'applaudir ses alliés
ukrainiens.
Jeudi, le
vice-président du FN et fonctionnaire au
ministère de l'Intérieur, Florian
Phillipot, a appelé l'UE à ne pas
intervenir en Ukraine. Il a dit, « Il
faut éviter l’ingérence de l’Union
européenne qui jusqu’ici a mis de
l’huile sur le feu en faisant des
promesses totalement inconsidérées à
l’Ukraine. On n’avait pas à proposer à
l’Ukraine de s’associer ou même ensuite
d’être membre ou partie prenante de
l’Union européenne. »
Philippot a
critiqué ainsi l'intervention de l'UE en
Ukraine : « l’Union Européenne a mis de
l’huile sur le feu et continue à le
faire. Ce n’est pas à l’UE de le faire,
elle est partie prenante, elle a soutenu
les manifestants, elle a fait des
promesses inconsidérées, elle menace de
sanctions, ce qui est idiot. »
« La solution la
plus intelligente c’est d’aller
rapidement vers de nouvelles élections.
» a-t-il dit en ajoutant que « C'est aux
Ukrainiens de décider. »
Un facteur
essentiel de la décision du FN d'adopter
une position relativement discrète et
prudente sur l'intervention Ukrainienne
de la France est que son affiliation
avec Svoboda contredit les
prétentions de la dirigeante actuelle du
FN, Marine Le Pen, à avoir « dédiabolisé
» le parti.
Depuis qu'elle a
récupéré la direction du FN de son père
Jean-Marie, Marine Le Pen a tenté de
faire prendre ses distances au FN par
rapport à des positions
traditionnellement antisémites,
économiquement pro-marché et pro-nazies.
Elle considère qu'il est essentiel pour
le FN de conquérir une base électorale
plus large en France.
Jean-Marie Le Pen
est tristement célèbre pour avoir écarté
l'Holocauste comme un « détail de
l'histoire » et dit qu'« En France du
moins, l’Occupation allemande n’a pas
été particulièrement inhumaine, même
s’il y eut des bavures, inévitables dans
un pays de 550 000 kilomètres carrés. »
Par contraste, en
octobre dernier, Marine Le Pen a affirmé
que le FN ne serait « ni de gauche ni de
droite, » mais qu'il aurait des idées
radicalement différentes des partis
établis comme le parti de droite Union
pour un mouvement populaire (UMP) et le
PS actuellement au pouvoir.
La campagne de
Marine Le Pen pour « dédiaboliser » le
FN a obtenu quelque succès alors que
toute l'élite politique française se
précipite vers la droite à une telle
vitesse qu'aucun de ses partis n'a
cherché à exposer les mensonges
historiques sur lesquels ce parti
s'appuie pour se « dédiaboliser. »
Les liens du FN et
de la « gauche » bourgeoise française
avec l'extrême-droite ukrainienne
ouvertement pro-nazie soulignent non
seulement les rapports profonds entre la
politique actuelle du FN et son passé
ouvertement fasciste, mais aussi la
dérive de plus en plus rapide de
l'ensemble de l'élite dirigeante
française vers une politique fasciste.
(Article original
paru le 24 février 2014)
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Publié le 25 février 2014 avec l'aimable
autorisation du WSWS
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