Voir, en fin d’article, la liste
interminable des «
Amis Français d’Israël » où gauche
et droite rivalisent de servilité :
votre élu en fait-il partie ? N’hésitez
pas à l’en féliciter : les valeurs
racistes, colonialistes et suprématistes
se perdent, et les criminels de guerre
et criminels contre l’humanité sont par
trop décriés. Heureusement que des
hommes et femmes courageux savent
reconnaître le mérite et portent haut
nos couleurs. Mention spéciale pour le
Front de Gauche
François Asensi, Député-maire de la
11e circonscription de
Seine-Saint-Denis, qui conjugue la
vice-présidence du groupe
France-Palestine avec celle du groupe
d’Amitié France-Israël. Comme disait
l’autre, « Ce ne sont pas les girouettes
qui tournent, c’est le vent. »
Sayed Hasan
Al Jazeera doit être félicitée pour une
enquête clandestine exposant quelque
chose que la plupart d’entre nous
aurions probablement pu deviner : que
certains membres du personnel de
l’ambassade d’Israël au Royaume-Uni – ne
faisons pas les vierges effarouchées,
des agents du Mossad – travaillent avec
des militants et de hauts responsables
politiques des Partis conservateur et
travailliste afin de subvertir leurs
propres partis de l’intérieur, et
réorienter la politique étrangère
britannique pour qu’elle profite aux
intérêts d’Israël au lieu des intérêts
britanniques.
On ne peut pas vraiment blâmer Israël
pour cela. La plupart des Etats
promeuvent leurs intérêts du mieux
qu’ils peuvent. Mais on peut et doit
exposer et faire honte aux politiciens
britanniques qui collaborent avec Israël
pour nuire davantage à la démocratie
représentative de la Grande-Bretagne.
Ce n’est pas comme si ces personnes ne
pouvaient pas être facilement
identifiées. Ils annoncent même ce
qu’ils vont faire. Ils sont membres du
groupe parlementaire des Amis
conservateurs d’Israël et des Amis
travaillistes d’Israël. Ils dominent les
deux partis du Parlement, mais surtout
les conservateurs. Selon les chiffres
des Amis conservateurs d’Israël, 80% des
députés conservateurs appartiennent au
groupe des Amis d’Israël du parti.
Jadis, personne n’aurait hésité à
appeler les politiciens britanniques
agissant dans l’intérêt d’une puissance
étrangère, et obtenant très probablement
des avantages financiers pour le faire,
des « traîtres ». Et pourtant, comme le
montrent les vidéos secrètement filmées
par Al Jazeera, les espions israéliens
comme Shai Masot peuvent facilement
rencontrer et conspirer avec le proche
assistant d’un ministre conservateur
pour discuter de la meilleure façon de «
faire tomber » le ministre adjoint des
Affaires étrangères, Alan Duncan, à
cause de ses critiques contre les
colonies illégales d’Israël dans les
territoires occupés. Maria Strizzolo,
l’assistante du ministre de l’éducation
Robert Halfon, suggère de façonner un «
petit scandale » pour porter préjudice à
Duncan.
Masot et les services de renseignement
d’Israël ne peuvent pas influencer la
politique étrangère britannique à
travers le parti d’opposition
travailliste, mais cela ne les empêche
pas d’avoir aussi un vif intérêt pour
les députés travaillistes. Masot est
filmé en train de parler au Président
des Amis travaillistes d’Israël, Joan
Ryan, à propos de « beaucoup d’argent »
– plus d’un million de livres sterling –
qu’il a reçu du gouvernement israélien
pour envoyer encore une autre brochette
de députés travaillistes dans un voyage
tous frais payés en Israël, où ils
seront choyés, cajolés, et apprêtés par
de hauts fonctionnaires israéliens pour
qu’ils adoptent des positions
pro-israéliennes encore plus extrêmes.
Les Amis travaillistes d’Israël sont
connus pour envoyer la plus grande
proportion de députés en Israël dans ces
genres de voyages.
Est-ce que cela a un effet sur la
politique intérieure britannique ? Vous
pouvez le parier ! Israël n’est pas un
organisme de bienfaisance.
Un grand nombre de ceux qui ont rendu
misérable la vie du leader travailliste
Jeremy Corbyn font partie des Amis
travaillistes d’Israël. Ce sont les
mêmes députés qui ont fait tout un
tapage sur une prétendue « crise
d’antisémitisme » dans le parti
travailliste – basée sur zéro preuve
tangible – depuis que Corbyn est devenu
le chef du parti. Suivaient-ils alors ce
que leur dictait leur conscience ?
Craignaient-ils vraiment qu’une épidémie
d’antisémitisme ait soudainement frappé
leur parti ? Ou jouaient-ils une
politique profondément cynique pour
évincer un leader qui soutient la
justice pour le peuple palestinien et
est considéré par le gouvernement de
droite d’Israël, qui n’a aucun intérêt à
faire la paix avec les Palestiniens,
comme de mauvaises nouvelles pour Israël
?
L’enquête menée par Al Jazeera n’a pas
encore été diffusée, et nous ne pouvons
donc nous baser que sur les extraits
publiés jusqu’à présent, soit par Al
Jazeera elle-même, soit d’autres fuites
de l’enquête fournies par le Mail
dimanche.
Il vaut la peine d’écouter un ministre
conservateur du gouvernement de David
Cameron, qui nous a récemment quittés,
qui s’exprime anonymement dans le
Mail dimanche. Il/Elle nous avertit
d’un double coup dur pour la politique
du Royaume-Uni causé par Israël et ses
partisans britanniques – et qui commence
à se rapprocher des dommages causés au
système politique des États-Unis par
Israël.
Le gouvernement britannique biaise sa
politique étrangère pour éviter de
contrarier les donateurs juifs,
dit-il/elle. Les députés, quant à eux,
agissent comme des agents d’une
puissance étrangère – à leur insu,
suppose-t-il/elle généreusement – plutôt
que des représentants du peuple
britannique. Oubliez le droit
international, ces politiciens ne
promeuvent pas même les intérêts
britanniques.
Voici ce que le/la ministre écrit :
La politique étrangère britannique
est soumise à l’influence israélienne au
cœur de notre politique, et les
personnes en autorité ont ignoré ce qui
se passe. Pendant des années, les Amis
conservateurs d’Israël et les Amis
travaillistes d’Israël ont travaillé
avec – et même pour – le gouvernement
israélien et leur ambassade de Londres
pour promouvoir la politique israélienne
et contrecarrer la politique du
gouvernement du Royaume-Uni et les
actions des ministres qui tentent de
défendre les droits des Palestiniens.
Beaucoup de pays essaient d’imposer
leurs points de vue aux autres, mais ce
qui est scandaleux au Royaume-Uni est
que, au lieu d’y résister, les
gouvernements successifs s’y sont
soumis, ont pris l’argent des donateurs,
et ont permis au trafic d’influence
israélien de façonner la politique et
même de déterminer le sort des
ministres.
Même maintenant, si je devais révéler
qui je suis, je serais soumis(e) à un
barrage incessant d’injures et à une
mise à mort politique. [...]
Il semble maintenant clair que les
membres des Partis conservateur et
travailliste ont travaillé avec
l’ambassade d’Israël, qui les a utilisés
pour diaboliser et honnir les députés
qui critiquent Israël ; une armée
d’idiots utiles d’Israël au Parlement.
C’est quelque chose de politiquement
corrompu et de diplomatiquement
indéfendable. La conduite de certains
députés doit être exposée au grand jour,
de même que l’infiltration toxique et
trompeuse de notre politique par les
agents involontaires d’un autre pays.
[...]
Nous avons besoin d’une enquête complète
sur l’ambassade d’Israël, les liens, les
accès et le financement des Amis
conservateurs d’Israël et des Amis
travaillistes d’Israël.Il est rare
que je sois d’accord avec un ministre du
gouvernement conservateur, mais une
telle enquête ne peut pas être
diligentée trop tôt.
Notez également que le fait qu’Al-Jazeera,
plutôt que le quatrième pouvoir
britannique, ait exposé les agissements
d’Israël pour subvertir le système
politique britannique constitue un acte
d’accusation contre les médias du
Royaume-Uni. Ce n’est pas comme si
les journalistes de la BBC, du
Guardian, du Times et du
Mail n’avaient pas vu des ministres
comme celui/celle citée précédemment se
plaindre à eux durant des années au
sujet des interférences en provenance
d’Israël. Alors pourquoi n’ont-ils pas
envoyé depuis longtemps des équipes
d’infiltration pour exposer cette
collusion entre Israël et les députés
britanniques ?
Nous avons eu des semaines d’histoires
sur les efforts supposés de la Russie et
de Poutine pour subvertir l’élection
américaine, sans encore le moindre
soupçon d’aucune preuve, et sur la base
d’une allégation centrale contre les
Russes selon laquelle ils auraient
compromis le résultat des élections en
diffusant des informations véridiques
sur des actes répréhensibles du Parti
démocrate. Des diplomates russes ont été
expulsés sur la base de ces affirmations
infondées, et le Président Obama a
promis d’autres mesures secrètes contre
la Russie.
Ici, nous avons des preuves documentées
que le gouvernement israélien complote
secrètement avec des députés
britanniques « amis » pour évincer un
ministre du gouvernement britannique. Si
ce n’est pas là de l’ingérence dans le
système politique britannique, je ne
sais pas ce qui en serait. Aurons-nous
de même des semaines de couverture de
cette histoire dans les médias au
Royaume-Uni, ou sera-t-elle rapidement
classée et oubliée ?
Et au-delà du renvoi de Masot, une
quelconque action sera-t-elle exigée par
le gouvernement britannique ? Cela
semble peu probable. Le Ministère des
Affaires étrangères a déjà publié une
déclaration disant que, après le renvoi
de Masot, il considérait l’affaire
close.
Jonathan Cook est un journaliste
britannique indépendant basé à Nazareth,
lauréat du prix spécial Martha Gellhorn
pour le journalisme, et spécialiste du
conflit israélo-palestinien.
Episodes du documentaire d’Al-Jazeera
(en anglais)
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