Quatre faits que vous ignorez
sur les démolitions de logements par
Israël
IRIN
Un jeune
bédouin manifeste contre la démolition
de sa maison dans le Néguev
Photo: Annie Slemrod/IRIN
Lundi 27 juillet 2015
Jérusalem , 27 juillet 2015 (IRIN) - Le
petit village palestinien de Khirbet
Susiya, dans la Cisjordanie occupée, a
fait les gros titres de l'actualité
mondiale cette semaine, suite à la
condamnation par les États-Unis, le
Royaume-Uni et l'Union européenne du
projet de l'armée israélienne de le
démolir. D'après le Département d’État
des États-Unis, la démolition du village
serait un acte « dangereux
et provocateur ».
Jusqu'à présent, le gouvernement
israélien n'a montré aucun signe de
fléchissement. Des militants et des
habitants de la localité dorment sur
place au cas où les bulldozers
arriveraient.
Susiya, un village situé dans la zone C
de la Cisjordanie, contrôlée par l'armée
israélienne, est menacé de démolition
pour défaut
de permis de construire ; il est
rare que ce permis soit octroyé aux
Palestiniens.
Susiya n'est pas le seul village
palestinien menacé de démolition
imminente. Voici quelques faits à propos
des démolitions en Israël et en
Cisjordanie occupée :
Plusieurs types de démolitions
Les constructions sont démolies pour des
raisons « administratives » ou
« punitives ».
Le village de Susiya est en danger, car
les exigences en matière de
planification n'ont pas été respectées ;
les habitants ont donc reçu des ordres
de démolition « administrative ». La
plupart des logements rasés en
Cisjordanie, et notamment la majorité de
ceux rasés dans la zone C, ont fait
l'objet d'un ordre de démolition
administrative.
Cette année, l'armée a démoli 243
logements palestiniens situés dans la
Zone C et dans Jérusalem-Est, quartier
annexé, car Israël estimait qu'ils
avaient été construits illégalement
(c'est-à-dire sans les permis requis) –
39 de ces logements se trouvaient dans
Jérusalem-Est. Au total, l'armée a
procédé à 493 démolitions dans cette
région en 2014.
Israël procède également à des
démolitions « punitives » : les
logements des Palestiniens impliqués
dans des attaques visant des civils
israéliens sont détruits au bulldozer.
D'après les statistiques fournies par
B’Tselem, organisation de défense des
droits de l'homme israélienne, 664
logements ont été démolis pour des
motifs punitifs entre octobre 2001 et la
fin de l'année 2004. Les démolitions
punitives étaient censées produire un
effet dissuasif, mais un comité
militaire créé en 2005 a conclu qu'elles
n'avaient pas permis d'atteindre
l'objectif visé et que leur légalité
était contestable.
Un
problème constant
Malgré la
condamnation de la communauté
internationale, environ 600
bâtiments sont démolis chaque année
Zone C
Jérusalem-Est
Zone A
Zone B
2014
200
Zone B
400
600
571
2011
42
0
0
540
2012
64
0
0
565
2013
98
0
0
493
2014
98
5
5
Cette pratique a été abandonnée, puis
reprise l'année dernière, quand Israël a
démoli quatre logements et condamné un
autre. Les bâtiments appartenaient à des
familles de Palestiniens soupçonnés
d'avoir enlevé et tué trois adolescents
israéliens qui faisaient de l'auto-stop
en Cisjordanie. D'après B’Tselem, 27
personnes se sont retrouvé sans-abri,
dont 13 mineurs.
Cette année, aucune démolition punitive
n'a été menée. Mais, au début du mois,
Israël a évacué et bloqué l'accès à la
maison d'une famille de Jérusalem-Est
dont un membre avait participé à une
attaque contre une synagogue, tuant
quatre fidèles et un policier.
L'assaillant avait trouvé la mort dans
cet attentat perpétré à l'automne 2014.
Des
démolitions ont lieu en Israël aussi
Des démolitions administratives sont
aussi menées en Israël, notamment dans
les villages bédouins qui ne sont pas
reconnus par l’État. D'après
un récent rapport commandé par le
ministère israélien de la Sécurité
publique, les démolitions se sont
intensifiées. En 2013, 697 bâtiments
appartenant à des Bédouins ont été
évacués ou démolis. En 2014, 1 073
bâtiments ont été démolis.
Aujourd'hui, l'attention se porte sur
les Bédouins
du village d'Umm al-Hiran, dans le
sud du désert du Néguev. Le gouvernement
israélien prévoit de construire une
ville juive sur les terres sur
lesquelles les Bédouins sont installés
depuis 60 ans et, après plus d'une
décennie de batailles juridiques, il
semble que plus rien ne puisse
l'arrêter.
L’État israélien indique qu'il a trouvé
des terres pour les habitants du village
d'Umm al-Hiran - qui sont des citoyens
israéliens - dans une ville bédouine
proche du village. La majorité des
villageois refusent cette solution.
Destructions de colonies juives
Les colonies juives implantées dans la
Zone C font, elles aussi, l'objet de
démolitions. Les colons jouissent d'un
régime de planification différent de
celui des Palestiniens et il leur est
plus facile de construire en toute
légalité. Mais les extensions des
colonies juives, baptisées « postes
avancés », apparaissent souvent sans
l'autorisation du gouvernement et elles
peuvent faire l'objet de démolitions.
Cependant, les ordres de démolition sont
souvent délivrés et exécutés de manière
inégalitaire, d'après les chiffres
gouvernementaux obtenus en réponse aux
demandes d'accès à l'information
déposées par Dror Etkes, spécialiste de
la question des implantations et
militant.
Depuis 1988, l’État d’Israël a émis 14
782 ordres de démolitions de structures
palestiniennes et 7 091 ordres de
démolitions de constructions juives –
soit un peu moins de la moitié –
indiquent les chiffres.
Le fait que 14,2 pour cent des bâtiments
palestiniens visés par un ordre de
démolition soient détruits, contre
seulement 6,5 pour cent des
constructions juives, aggrave cette
inégalité.
Un
système double
Les Palestiniens
qui vivent dans la zone C de la
Cisjordanie ont reçu deux fois plus
d'ordres de démolition que les
Israéliens. Le pourcentage d'ordres
de démolition appliqués est deux
fois plus important pour les
Palestiniens.
Logements voués à la
démolition, en milliers
Pourcentage de
logements démolis
Palestiniens
5
Pourcentage de logements
démolis
10
7.09
Colons israéliens
6.5
14.78
Palestiniens
14.20
Chiffres depuis 1988
Il ne s'agit pas que de briques
et de mortier
D'après le Bureau de la coordination des
affaires humanitaires des Nations Unies
(OCHA), 280 Palestiniens ont perdu leur
logement suite aux 243 démolitions
menées cette année. Six Palestiniens ont
été déplacés cette semaine.
L'impact humanitaire de la campagne de
démolitions menée par Israël est
considérable. D'après OCHA et l'Office
de secours et de travaux des Nations
Unies pour les réfugiés de Palestine
dans le Proche-Orient (UNRWA), la
démolition des logements entraîne une
détérioration significative des
conditions de vie des familles touchées
qui risquent d'être privées d'un accès à
l'eau potable, à l'éducation, à
l'assainissement et à d'autres services
de base. A Susiya, on craint que les
panneaux solaires qui produisent de
l'électricité en quantité limitée pour
alimenter les habitants du village ne
soient détruits, ce qui les priverait de
leur seule source d'énergie.
D'après le rapport sur les démolitions
de logements en Cisjordanie présenté en
2009 par l'organisation caritative Save
the Children, il est extrêmement
difficile pour les familles déracinées
de se rétablir. Plus de la moitié des
familles contactées dans le cadre du
rapport ont mis au moins deux ans à
trouver un logement permanent.
Les enfants sont particulièrement
touchés. Ceux dont les maisons ont été
détruites ont plus de risques de
souffrir de problèmes de santé mentale,
comme la dépression et l'anxiété, ou de
tomber dans la délinquance et d'avoir
des comportements violents.
Save the Children s'inquiète aussi de l'état
mental des parents et OCHA
a noté que
« l'impact sur le bien-être
psychosocial des familles peut être
dévastateur ».
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