France-Irak
Actualité
Irak : Compte à rebours vers
l’inconnu
Gilles Munier
Moqtada al Sadr et
Hadi al-Amiri à Nadjaf
(juin 2018)
Mardi 28 août 2018
Tandis que des
milliers d’Irakiens manifestent toujours
pour de meilleures conditions de vie et
que des cellules clandestines de l’Etat
islamique sortent de l’ombre,
Moqtada Sadr et Hadi al-Amiri tentent de
rassembler un nombre suffisant de
parlementaires leur permettant de
proposer un nouveau Premier ministre.
Pour l’instant
aucun des deux n’est en mesure de réunir
les 169 élus nécessaires. Majoritaire
aux législatives du 12 mai dernier, la
liste Sairoun (En marche -54
députés, dont deux communistes)
sponsorisée par Moqtada al-Sadr, a
environ 3 mois pour proposer le Premier
ministre de son choix.
Casse-tête
électoral
Moqtada a obtenu le
soutien du
mouvement Hikma (Sagesse –
19 députés) dirigé par Ammar
al-Hakim et du bloc Wataniya
(Patriotes – 21 députés) de l’ancien
Premier ministre pro-occidental
Iyad Allaoui. A eux trois,
ils ne totalisent que 95 sièges au
Parlement, et 137 avec les 42
députés de la liste de Haïdar al-Ababi…
à condition que certains n’ait pas
changé de camp depuis la déclaration de
leur leader en faveur des sanctions
américaines contre l’Iran.
Mais la barre des
169 élus est un minimum. Les deux
vainqueurs des législatives doivent
convaincre une trentaine d’élus
supplémentaires de les rejoindre pour
pallier les retournements de vestes de
dernières minutes.
Pour l’instant les
Kurdes (PDK - 25 députés / UPK – 19
députés) attendent les propositions
qui leur seront faites. Ils penchent
plutôt en faveur de Hadi al-Amiri, car
il est associé à Nouri al-Maliki
(Etat de droit – 25 députés) qui
les a laissés gouverner Kirkouk quand
il était au pouvoir.
Retrait des
Hachd
des
« villes libérées »
Avec les partis
kurdes, le bloc parlementaire soutenant
actuellement Hadi al-Amiri (Alliance
Fateh – 48 députés) totaliserait 117
sièges. Ses partisans font campagne pour
élargir son audience. Une de leurs
initiatives a des aspects positifs :
Abou Mahdi al-Mohandes,
commandant adjoint des Hachd al-Chaabi
a ordonné aux milices de quitter les
« villes libérées » et de
couper leurs liens avec les partis
politiques et les groupes religieux qui
les soutiennent. Dans les provinces à
majorité sunnite, elles sont perçues
comme une armée chiite d’occupation.
Leur présence
contrariait les négociations engagées
par Amiri et Maliki pour attirer
des élus sunnites et kurdes dans la
coalition parlementaire en cours de
constitution. Même si Haïdar al-Abadi,
toujours Premier ministre et donc chef
des forces armées irakiennes - sans
doute furieux que la décision
n’ait pas été prise par lui - leur a
ordonné de ne pas bouger, le principe de
leur retrait est maintenant dans l’air,
et c’est tant mieux.
Mettre fin au
« système Bremer »
Autre avancée vers
un Irak moins chaotique : Qaïs al-Khazali,
chef de Asa’ib Ahl al-Haq (Ligue des
Vertueux), pilier important des
Hachd, s’en est pris au « système
Bremer » - du nom du gouverneur
américain nommé en Irak par G.W Bush –
qui a imposé au peuple irakien une
constitution rendant le
pays ingouvernable.
Dans un
message diffusé sur Twitter
et cité par le site iranien PressTV,
il a proposé de mettre fin au régime
parlementaire actuel, basé sur un
« système des quotas
ethno-confessionnelles », et
d’instaurer un régime présidentiel pour
« sauver l’Irak ».
Les quinze
dernières années ont prouvé que le
système électoral dicté par les
Américains et les Israéliens ne pouvait
que provoquer mécontentement et chaos.
(à suivre)
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