France-Irak
Actualité
Erdogan et le retour des Turkmènes
chiites à Tal Afar
Gilles Munier
Mercredi 2 novembre 2016
Que la
Turquie se soucie un peu plus de la
situation des Turkmènes en Irak, et
notamment de ceux résidant à Tal Afar
(ou Tell Afar), est une bonne
nouvelle. La prise de Mossoul par l’Etat
islamique en Irak et au Levant (EEIL –
Daech), le 14 juin 2014,
avait fait passer au second plan celle
de cette ville deux jours plus tard, et
l’exode des
Turkmènes chiites qui composaient sa
population pour presque moitié.
A
l’époque, Arshad al-Salihi, président du
Front Turkmène Irakien, estimait
à
350 000 les habitants de Tal Afar
qui s’étaient réfugiés dans le sud de
l’Irak. Il réclamait des armes et la
création d’une zone de sécurité dédiée
aux minorités menacées.
Une
délégation de cheiks tribaux de Tal Afar
s’était rendue à Erbil pour
demander l’intervention des peshmerga
et – proposition impensable avant la
prise de la ville par Daech -
l’intégration de leur district dans la
Région autonome du Kurdistan. Sans
résultat.
La
Turquie n’avait pas particulièrement
réagie. On expliquait ce silence
par les bonnes relations entretenues par
Recep Tayyip Erdogan avec Massoud
Barzani, et par les contacts du MIT
(Milli Istihbarat Teskilati),
service secret turc, avec Abou Muslim
Al-Turkmeni (tué depuis par un drone
américain), né à Tal Afar, ancien
membre des services secrets militaires
du temps de Saddam Hussein, considéré
comme le ministre de la Guerre de
Daech.
Certes, la Turquie n’était pas avare en
aide humanitaire et accueil de réfugiés,
mais elle excluait toute aide militaire
aux Turkmènes. Conséquence : en 2014,
ceux assiégés pendant 85 jours dans
Amerli – petite ville située entre
Kirkouk et Bagdad - ont dû
faire appel à la milice de Moqtada al-Sadr,
à la Brigade Badr de Hadi al-Amiri
et au général iranien
Qassem Suleimani, pour les
délivrer.
Ali
Husseini, porte-parole de la
composante turkmène de Hachd al-Chaabi
a donc beau jeu de demander au président
Erdogan où il était quand
Tuz Khurmatu et Amerli étaient
attaquées par l’EI.
La
Turquie se doit aujourd’hui de veiller à
ce que le retour des Turkmènes chiites à
Tal Afar s’effectue dans des conditions
aussi bonnes que possibles, c’est-à-dire
sans pillages et exécutions sommaires,
des exactions commises partout où
Hachd al-Chaabi intervient.
Le sommaire de Gilles Munier
Le
dossier Irak
Les dernières mises à jour
|