L'actualité du
droit
Syrie : Ca peut s’accélérer
Gilles Devers
Mercredi 10 août 2016
Il y a la
bataille d’Alep, et il y a la
diplomatie.
Depuis le début, la Russie et
l’Iran jouent une carte claire : soutien
au gouvernement légitime dans le respect
des frontières. Donc un appui sans
faille aux objectifs du
gouvernement syrien : la reprise de
l’ensemble du territoire, contre Daech,
et contre les autres groupes armés.
Le grand évènement de ces
derniers mois a été
le retournement étasunien. Les
dirigeants ont dû constater l’évolution
militaire sur le terrain, qui écarte
l’hypothèse d’un départ rapide d’el-Assad.
Alors, basta… Le but prioritaire d’Obama
est de faire élire Clinton, car Trump
balayerait son maigre bilan en quelques
mois, et il a décidé du repli US,
abandonnant toute velléité sur la Syrie
et se concentrant sur un seul point : le
renseignement, pour éviter un attentat
djihadiste aux US qui ouvrirait un
boulevard à Trump.
En Syrie, les groupes
combattants ont compris qu’ils étaient
lâchés par les US, et ils ne comptent
plus que sur l’Arabie saoudite, le
Qatar, les Emirats et la Turquie. La
Turquie,… vraiment ?
C’est le point focal de la
visite d’Erdogan à Poutine. Bien sûr, il
faut relancer le business, et bien des
projets sont prêts… car ils avaient
seulement été gelés. Mais Poutine, s’il
s’est évidemment montré positif, a dit
que ce serait « difficile ». S’il veut
le business, qui lui est indispensable,
Erdogan va devoir faire des choix. En
clair : peut-il maintenir sa politique
syrienne, soit tout ce qu’il faut pour
renverser le plus vite possible el-Assad ?
En encore plus clair : Erdogan a-t-il
aujourd’hui les moyens de faire
autrement qu’Obama ? Outre le rapport de
force diplomatique et économique, il y a
la cohérence politique : alors que,
maintenant, il joue tout sur la
condamnation du coup d’Etat « organisé
depuis l’étranger », peut-il s’afficher
comme président turc voulant renverser
le président syrien ?
Clinton la guerrière a averti
que si elle était élue, elle romprait
avec la politique syrienne d’Obama, et
foncerait pour faire dégager el-Assad.
Ce qui encourage à accélérer dans les
six mois qui viennent.
Kerry sera à la fin du mois en
Turquie, alors suivons bien l’évolution
jusque-là. Les relations vont rester
grises, car on voit mal les US extrader
Gülen et renoncer à leur appui aux
Kurdes, les deux dossiers qui
braquent la Turquie. Poutine, pour avoir
une politique solide depuis le début,
est en position d’engranger… C’est comme
çà.
Dans un
entretien publié dans la presse russe
avant la rencontre d’hier à
Saint-Pétersbourg, Erdogan a tenu ces
propos qui pèsent lourd : « La Russie
est un acteur clef, très important pour
l'instauration de la paix en Syrie. Ce
problème doit être réglé avec des
mesures prises en commun par la Russie
et la Turquie. » C’est du pur
diplomatique, mais ça annonce un
bouleversement. Lors des déclarations
communes, Poutine a affirmé que les
relations entre les deux pays entraient
dans « une phase tout à fait différente
».
Et la France ?
Incompréhensible, totalement sortie du
jeu diplomatique,… mais amenée lutter
sur son sol contre
le terrorisme importé. Pas de
problème, on revotera pour eux.
Le sommaire de Gilles Devers
Le
dossier Syrie
Les dernières mises à jour
|