Dieudonné
Interdiction de Dieudonné : La France
qui dérape n'est pas celle qu'on nous
montre du doigt
Christophe Oberlin
Le Pr
Christophe Oberlin
Vendredi 10 janvier 2014
C’est au nom d’un état juif à majorité
juive, censé accueillir les juifs du
monde entier, que les autochtones, les
Palestiniens sont martyrisés depuis
soixante ans (*). Pourtant certains
n’hésitent pas à condamner les
Palestiniens, les Arabes en général, et
tous ceux qui les soutiennent pour un
« antisémitisme » supposé. Les
Palestiniens devraient déclarer aimer
les juifs et insister à tout moment sur
la distinction entre juifs et sionistes.
C’est évidemment déloyal. En 1942 les
Français n’aimaient pas les « boches »
et aucune association anti raciste n’a
jamais protesté.
Lorsqu’on dit aujourd’hui en France
« qu’on n’aime pas les Américains »,
tout le monde comprend qu’il ne
s’agit évidemment pas de tous les
Américains en tant qu’individus,
mais qu’on désigne par-là la
politique et les guerres américaines
qui ont fait un million de morts en
quelques décennies. Et « ne pas
aimer les Américains », ne tombe pas
sous le coup de la loi. Quand on dit
qu’on n’aime pas les Corses, ce
n’est évidemment pas très
intelligent, mais tout le monde
comprend qu’on entend par là une
certaine ambiance xénophobe qui
règne en Corse. Ca ne tombe pas sous
le coup de la loi.
Quand on dit qu’on n’aime pas les
juifs, il est évident que cela
désigne ceux qui soutiennent un état
raciste dans ses lois et ses actes.
Ce qui veut dire qu’on n’aime pas
les juifs racistes, rien d’autre.
C’est le message de Dieudonné. Et
voilà qu’on voudrait faire tomber
cela sous le coup de la loi. C’est
déloyal et stupide.
J’ai personnellement des gens de ma
famille qui sont morts en
déportation. Quand Desproges dit
« On se demande pourquoi les juifs
se précipitaient à Auschwitz ?
D’abord parce que c’était
gratuit ! » C’est du deuxième degré,
ça me fait rire, et ça ne porte en
rien atteinte à la mémoire de ma
famille. Quand quelqu’un se fait
photographier devant Auschwitz en
faisant une quenelle, ça ne porte
pas atteinte à ma dignité ni à celle
de ceux qui sont morts en
déportation. Par contre c’est un
geste fort à l’encontre de tous ceux
qui tentent de masquer les crimes
d’Israël derrière les crimes nazis.
C’est à eux que ce discours
s’adresse.
Et voilà que nos politiques, les
plus tristes que la France ait
connus depuis longtemps, voudraient
expliquer à un humoriste ce qui est
drôle et ce qui ne l’est pas ! Et on
voudrait nous faire croire que les
millions de personnes qui rient sont
des idiots ou des antisémites, y
compris ceux qui soutiennent les
Palestiniens dans leur lutte contre
l’apartheid ! C’est méprisant, et
aussi effrayant. Et les commentaires
à sens unique de nos radios et
télévisions nationales donnent le
frisson.
Ceux qui condamnent Dieudonné n’ont
pas assisté à ses spectacles, et
n’ont pas réalisé qui est son
public : un public de jeunes,
extraordinairement diversifié, qui
représente une France fraternelle,
fondamentalement antiraciste, la
France de demain.
Alors il y a heureusement quelques
poches de résistance dans les
tribunaux. Et le jugement prononcé à
Nantes, cassant l’interdiction d’un
spectacle de Dieudonné, rassure.
Toutes les barrières n’ont pas cédé.
Et voilà qu’un juge unique du
Conseil d’Etat, sur simple
convocation du gouvernement, dans un
texte d’une pauvreté affligeante,
dépourvu du moindre fondement
juridique, impose son opinion à
toutes les lois existantes, à tous
les arrêts précédents français et
européens !
La France qui dérape, elle est là.
Christophe
Oberlin
10 Janvier 2014
Voir également :
Christophe Oberlin : Israël ... est
un état mafieux.
http://www.silviacattori.net/article4492.html
Christophe OBERLIN, né en 1952. est
chirurgien des hôpitaux et
professeur à la faculté Denis
Diderot à Paris ; il enseigne
l’anatomie, la chirurgie de la main
et la microchirurgie en France et à
l’étranger. Parallèlement à son
travail hospitalier et
universitaire, il participe depuis
30 ans à des activités de chirurgie
humanitaire et d’enseignement en
Afrique sub-saharienne, notamment
dans le domaine de la chirurgie de
la lèpre, au Maghreb et en Asie.
Depuis 2001, il dirige régulièrement
des missions chirurgicales en
Palestine, particulièrement dans la
bande de Gaza où il a effectué plus
d’une trentaine de séjours. Il est
le coauteur avec Jacques-Marie
Bourget de Survivre
à Gaza (éditions Koutoubia,
2009). Il a traduit le livre
Gaza, au carrefour
de l’histoire du journaliste
anglais Gerald Butt (éditions Encre
d’Orient).
Source : Christophe Oberlin
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