Opinion
Le Hezbollah comme vous ne l'avez jamais
vu
Bahar Kimyongür

Capture
écran PalSol
Samedi 15 février 2014
Les médias mainstream semblent décidés à
vouloir brouiller les cartes concernant
le conflit syrien. Ils entretiennent une
confusion telle que le spectateur moyen
a du mal à distinguer un terroriste
takfiri d’un résistant du Hezbollah.
Ce dernier est systématiquement présenté
comme un intrus dans le conflit syrien
alors qu’il est à la fois le dernier
venu et la cible originelle du
terrorisme takfiri. Tout est fait pour
déshumaniser voire diaboliser le
Hezbollah. Alors puisque les médias
dominants refusent de lui donner un
visage, nous allons lui en donner un,
celui de Mahdi Mohammed Yaghi, un jeune
Libanais presque comme les autres mort
au combat en Syrie.
Pétri de ferveur religieuse et assoiffé
de justice, Mahdi n’en est pas moins un
luron, un farceur qui ne se prend jamais
au sérieux.
Le 31 juillet 2013, ce jeune habitant
d’un village de Baalbek (Est du Liban)
est tombé en Syrie face aux hordes
takfiri soutenues par la CIA et les
Saoud.
L’un de ses camarades l’a filmé avant
son ultime combat.
Ces images ont fait leur apparition deux
mois après sa mort.
On y découvre un jeune homme tout
sourire, bardé d’humour et de tendresse.
"Tu veux quoi, qu’on parle des filles
que l’on croise dans les rues ?"
lance-t-il à son ami qui le filme.
Et puis d’ajouter :
"Je suis fiancé. Et je suis même
légitimement marié avec ma fiancée. En
clair, je ne veux pas des vierges du
paradis (houris)"
Ne sachant pas trop quoi dire, il
demande à son camarade qui le filme :
"Si j’ai l’air timide, efface les images
s’il te plaît."
Et puis, il se lance :
"Franchement, j’étais nul en grammaire."
Parlant de sa mère, il dit : "J’aimais
bien la couvrir de bisous".
A propos de son père, il dit :
"Si jamais mon père apprend que je suis
tombé en martyr, il va devenir fou. Il
ne va jamais me pardonner."
"Mon père, c’est vraiment un brave gars,
dur au travail. Allez papa, travaille et
vis ta vie."
A ses frères et soeurs, il se contente
de dire : "Soyez fiers de moi."
Ses amis semblent également beaucoup
compter pour lui :
"Je voudrais dire à mes copains : "Après
mon martyre, quand vous vous souviendrez
de moi dans vos veillées, (...) ne
commencez pas à vous lamenter et à lire
le Coran. Amusez-vous. Vous voulez jouer
à Uno (jeu de cartes) ? Jouez à Uno !"
Il envoie ses salutations à ses voisins,
aux gens de son quartier et aux
habitants de son village.
On est loin du discours hystérique de
ses ennemis qui jurent de trancher la
gorge de tous les infidèles et de leur
dévotion vicieusement ostentatoire.
Mahdi Yaghi va même jusqu’à dire :
"Si la chaîne Al Manar (chaîne télévisée
de son parti) vient voir mes parents
après mon martyre, il ne faut pas qu’ils
disent : "Que Dieu le bénisse, notre
enfant était pieux" (Rires).
Il essaie ensuite de faire plus
sérieux : "Si Al Manar vient vous voir,
dites-leur juste : "Franchement, il
avait un bon coeur. C’était un gars
gentil et indulgent."
Son message improvisé, il le termine en
s’excusant pour son départ auprès de
toutes celles et ceux qui l’aiment.
Ainsi sont les héros ordinaires qui se
battent dans les rangs du "Parti de
Dieu" contre les coupeurs de tête de
Daech et d’Al Nosra.
Ici, un reportage
de Medlebanon consacré à Mahdi Yaghi :
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