Opinion
Interdire
Dieudonné ?
Et pourquoi pas interdire le spectacle
de Hollande à Ryad ?
Bahar Kimyongür
Bahar
Kimyongür
Mercredi 8 janvier 2014
Faut-il rire ou pleurer devant le
lynchage médiatique, judiciaire et
financier mené par les élites françaises
envers un humoriste au moment même où le
président de la République François
Hollande drague la dynastie des Saoud à
savoir l’une des familles royales les
plus obscurantistes, les plus violentes
et les plus racistes de la planète.
Dans ce pays qui porte le nom de la
famille régnante, un cas unique au
monde, les plus hautes autorités
religieuses affirment que la terre est
plate comme un tapis de prière et
accusent de blasphème ceux qui
contestent leurs thèses.
Selon les estimations, il y aurait entre
10.000 et 30.000 prisonniers politiques
en Arabie saoudite.
La discrimination y est érigée en
système : envers les chiites, les
femmes, les travailleurs immigrés, les
laïcs...
Selon l’index mondial de persécution des
chrétiens publié par l’ONG Portes
ouvertes, l’Arabie saoudite est le 2e
pays au monde où les chrétiens sont le
plus persécutés.
Les non-musulmans ne peuvent se rendre à
La Mecque ni à Médine.
Tortures, châtiments corporels,
exécutions, censure viennent compléter
le sombre tableau de chasse de la
famille régnante.
En août dernier, le blogueur saoudien
Raif Badawi a été condamné à sept ans de
prison et à 600 coups de fouet pour
avoir clamé l’égalité entre "musulmans,
chrétiens, juifs et athées".
Aujourd’hui, Raif Badawi est menacé de
décapitation pour avoir proposé de
lancer un débat sur la religion. Il est
accusé d’apostasie, un crime passible de
la peine capitale.
La politique étrangère des Saoud n’est
guère plus réjouissante.
Plusieurs groupes terroristes ont en
effet été mis sur pied par les services
secrets saoudiens en Syrie, en Irak, au
Liban, au Sahel, au Yémen, dans le
Caucase ou au Pakistan.
Inspirées par le discours des autorités
religieuses saoudiennes, ces armées de
la haine assassinent chaque jour des
dizaines d’innocents, juste pour le
plaisir, à la manière des SS.
Est-il vraiment nécessaire de rappeler
que, contrairement aux prêches
wahhabites, les sketches de Dieudonné
n’ont jamais tué personne ?
Des millions de citoyens français ont du
mal à comprendre que leurs dirigeants
puissent à la fois jeter l’opprobre sur
un comique et encenser des régimes
tyranniques comme celui des Saoud.
Si la "démocratie française" tient
absolument à se couvrir de ridicule et
de honte en interdisant la tournée d’un
Dieudonné, par souci d’équité, elle
devrait également interdire le spectacle
de son président à Ryad où il a loué la
"sagesse précieuse" du roi Abdallah.
L’humour de Monsieur Hollande aura
peut-être amusé la Cour mais il ne fera
sans doute pas rire les Syriens victimes
des missiles français MILAN livrés par
l’Arabie saoudite à Al Qaïda.
Bahar Kimyongür
8 janvier 2014
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