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La trahison de la
droite française
Alexandre Latsa
© Flickr/
James Whitesmith
Mercredi 29 avril 2015
Beaucoup d’encre a
coulé sur la volonté de l’ex/futur
patron de la droite française de
transformer l’UMP en « Républicains », à
quelques mois d’une élection primaire
qui devrait vraisemblablement se tenir
début 2016.
Il est vrai, le nom
UMP (qui signifiait d'abord Union pour
la majorité présidentielle, avant de
devenir l'Union pour un mouvement
populaire) est devenu de plus en plus
lourd à porter.
Apres une défaite
électorale inexcusable en 2012, après la
pitoyable élection interne de 2012
au cours de laquelle « deux abrutis » (dixit
Nicolas Sarkozy) avaient
maladroitement tenté de se mettre sur
orbite en vue de la présidentielle de
2017, c'est
l'affaire Bygmalion qui allait
achever de ternir l'image du premier
parti de droite français, en ajoutant au
mensonge et à la tricherie les
magouilles financières.
Pour sortir de
l'impasse dans laquelle la droite s'est
elle-même fourvoyée, sans pouvoir cette
fois accuser le parti socialiste, il
fallait trouver une solution.
L'urgence se fait
d'autant plus sentir qu'avec la poussée
électorale continue du Front National,
les cadres de la droite UMP, les futurs
Républicains, sont de plus en plus
écartelés entre les souhaits de leurs
électeurs et la discipline morale et
politique que leur impose l'appartenance
à l'oligarchie nationale.
De retour à la
direction de l'UMP bien que poursuivi
par les affaires, Nicolas Sarkozy semble
s'être transformé en Janus français de
la politique. Tantôt il joue le
centre pour ne laisser aucun espace
au tandem Juppé/Fillon, tantôt il doit
occuper son aile droite afin de pouvoir
bénéficier d'un potentiel de report de
voix qui lui permettrait de l'emporter
comme en 2007, grâce aux voix de
l'extrême-droite.
En matière de
politique internationale, Nicolas
Sarkozy semble être
frappé par le même virus que
Jacques Attali, virus que certains
membres de l'UMP comme
Alain Juppé nomment « russophilie »
ou que certains journalistes qualifient
de «
tentation de Moscou ». Il faut
cependant noter que la droite française
n'est pas devenue russophile en
totalité, puisque Bruno Le Maire par
exemple, personnalité de l'aile droite
de l'UMP, paraît opposé à tout compromis
avec la Russie en
affirmant que: « Vladimir Poutine ne
comprend que le rapport de force et la
fermeté » (sic).
Quoi qu'il en soit,
Nicolas Sarkozy, bien qu'il semble
prétendre à concourir pour la présidence
française, ne s'est pas privé d'un clin
d'œil à la culture américaine en «
américanisant » le nom du parti qu'il
espère mener au pouvoir. Ce tropisme
maladif qui frappe la droite française
est sans doute la plus belle réussite
d'un demi-siècle de soft-power politique
américain au sein des élites françaises.
Les prises de
position non hostiles à la Russie de
certains leaders politiques francais ne
peuvent cependant modifier l'ADN de la
grande majorité de la droite française
d'aujourd'hui. Tendance qui va voir la
tenue d'une primaire
100% endogène en 2016, sans aucun
parti ou tendance ni souverainiste, ni
gaulliste.
Les politiciens qui
dirigent la droite sont soit convertis
au libéralisme dominateur, soit au
libertarisme progressiste qui est en
contradiction avec les valeurs
sociétales traditionnelles françaises.
Quant au reste, il est membre conscient
ou inconscient du dispositif américain
dans l'Hexagone. En effet, environ
25% de nos députés sont membres du
groupe d'amitié France-Amérique. Dans ce
groupe relativement discret qui est
dirigé, c'est tout un symbole, par Louis
Giscard d'Estaing, fils de l'ancien
président français Valery Giscard
d'Estaing, on trouve un bon nombre de
députés de droite, en compagnie de
députés socialistes.
Cette
américanisation, loin d'être toujours
discrète, est un état de fait que le
président russe, lors de sa dernière
séance de questions réponses, a commenté
sur le ton de la plaisanterie: à la
question de savoir s'il avait des
discussions géopolitiques fréquentes
avec ses homologues européens, il a
répondu en souriant qu'il « est
difficile de parler à des gens qui
chuchotent même chez eux de peur des
écoutes américaines. Et ceci n'est pas
une blague, je ne plaisante pas ».
Du reste, c'est
précisément en Russie que la droite
française pourrait trouver le modèle qui
lui manque pour prendre, et surtout
conserver, le pouvoir sur la longue
durée.
La Russie, régime
politique présidentiel fortement inspiré
par la 5ème république française, est en
effet dirigée par un bloc politique
allant du centre à la droite de la
droite, mais avec un chef de l'Etat qui
se fait visiblement une certaine idée de
la Russie, une idée souverainiste.
Les grandes lignes
directrices de la gouvernance russe, ses
valeurs suprêmes en quelques sortes,
sont définies sans ambiguïté. On y
trouve entre autres
— La souveraineté.
— Le conservatisme
moral et sociétal.
— Le patriotisme.
— La nécessité d'un
Etat fort.
— La conscience des
Intérêts supérieurs du pays.
Des valeurs
suprêmes qui font cruellement défaut à
la France d'aujourd'hui, mais que nos
dirigeants, durant 15 siècles d'histoire
monarchique puis républicaine jusqu'à
mai 1968, avaient pourtant défendues
sans relâche.
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Publié le 5 mai 2015 avec l'aimable autorisation de
l'auteur
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