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Pourquoi il faut soutenir Vladimir
Poutine
Alexandre Latsa
© REUTERS
- Laszlo Balogh
Mercredi 18 mars 2015
« La France ne le
sait pas, mais nous sommes en guerre
avec l’Amérique. Oui, une guerre
permanente, une guerre vitale, une
guerre économique, une guerre sans mort
apparemment.
Oui, ils sont très
durs les américains, ils sont voraces,
ils veulent un pouvoir sans partage sur
le monde. C'est une guerre inconnue, une
guerre permanente, sans mort apparemment
et pourtant une guerre à mort.
» (Source: Le dernier Mitterrand de
Georges-Marc Benamou).
Ces dernières
semaines, de bien surprenantes prises de
positions sont apparues sur la toile: la
dénonciation des dérives poutiniennes
que connaîtraient une
certaine classe politique, surtout
de droite, tandis qu'une
partie de la France aurait, elle, le
tort d'être « pro-Poutine ».
Hormis la fâcheuse
manie franco-française de
systématiquement dénoncer son voisin,
surtout s'il est francais, on constate
qu'une certaine panique gagne les relais
médiatiques actifs du dispositif de
gouvernance, dont le métier est de
rédiger et de diffuser le «
prêt-à-penser » démocratique. Il y a
peu, émus par le nombre de
commentaires pro-poutine sur le web
hostiles aux articles de leurs journaux,
ils tentèrent maladroitement de mettre
cette tendance sur le compte de
professionnels de l'agit-prop internet
payés par le Kremlin. Une telle
explication n'a pas manqué d'amuser les
citoyens qui expriment par simple
conviction leur opinion dans les
commentaires du Figaro ou du Monde, par
exemple.
Dans la foulée, ces
mêmes experts ne purent que constater la
victoire idéologique russe (sic)
dans la bataille de la communication, en
affirmant que le Kremlin pouvait
s'appuyer sur « des fantassins
européens, recrutés ou ralliés par
conviction ». Diantre!
Leur panique semble
du reste croître à mesure que n'augmente
la défiance des Français envers la
gouvernance actuelle ou lorsqu'ils
constatent que toutes les décisions
importantes qui concernent la France
sont prises à Bruxelles ou Washington.
En général, ils sont tout aussi méfiants
envers les alliances supranationales ou
face aux projets d'abolition totale des
frontières ou d'installation de vastes
marchés communs transatlantiques dans
lesquels les Etats n'auraient plus leur
mot à dire, et se verraient privés du
droit de défendre leurs intérêts
nationaux. Les « pro-Poutine », comme
aiment les nommer nos journalistes et
autres chercheurs, semblent dans
l'ensemble penser que vivre dans un
monde dominé par une hyperpuissance
unique n'est pas une bonne chose.
On ne saurait leur
donner tort, sachant que semble se
profiler la fin du monde unipolaire face
au monde multipolaire en émergence. Une
fin du monde unipolaire qui frappera par
ricochet, et en priorité, les plus
proches alliés de l'Amérique et les pays
qui lui sont excessivement
soumis au sein de l'OTAN, comme
c'est le cas pour le bateau France. Ceux
que nos « journalistes et autres
chercheurs ou intellectuels » taxent de
« pro-poutine » semblent plutôt partager
un mode de pensée patriotique qui
bénéfice de relais et d'échos aussi bien
dans divers pays d'Europe qu'en Chine,
au Brésil ou en Inde, parmi ceux qui
souhaitent un monde pluri-polaire formé
de nations souveraines. Voilà pourquoi
le système de gouvernance actuelle,
discrètement mais clairement atlantiste
ou proaméricain en France, se sent
inquiet et réagit par la voie médiatique
notamment.
La grande force du
dispositif américain en France est
d'avoir efficacement, laborieusement et
très discrètement placé ses « trolls »,
relais et agents à des positions
d'experts, du moins officiellement. Des
experts dont le seul travail aura été
ces dernières années d'exécuter une
mission
de totale désinformation à l'égard
du peuple français en lui dressant un
tableau mensonger de la situation
nationale, européenne et surtout
mondiale.
Alors que le bateau
France prend l'eau, les relais de ce
système ne semblent pas très inquiets
pour la France. Ce qui les préoccupe,
c'est un possible échec du projet
américain et euro-mondialiste qui
gangrène la France et l'Europe. Un tel
échec commencerait par affaiblir les
financements du système et mettrait en
péril les revenus de bon nombre de ces
faux experts qui en vivent.
Au fil des années,
le modèle Bruxelles-Washington
d'organisation de la planète s'est
largement discrédité en essayant de
propager la démocratie et l'économie
libérale en bombardant Hanoï, Belgrade
puis le Moyen-Orient. De plus, le bilan
économique dans les pays occidentaux
n'est pas fameux. Le système médiatique
a donc arrêté de faire l'éloge de ce
modèle, et il s'est mis à dénigrer les
contre-modèles. Chine-bashing, Russie-bashing,
Poutine-bashing et finalement
dénigrement et maintenant bashing
systématique des Français qui se
déclarent pro-Poutine. Ils
représenteraient un pays raciste et
fermé (cette France qui a portant
accueilli plus d'étrangers que la
plupart des pays de l'OCDE et qui
aimerait plus que tout Zidane,
Goldman ou Omar Sy), cette même France
moisie,
stérile et idiote (!) aurait
désormais le culot de porter un certain
intérêt et
d'estimer Vladimir Poutine.
Cette hystérie
pathologique prend des tournures parfois
inattendues. Dimanche dernier, l'homme
politique francais Nicolas Dupont-Aignan
était en visite à Moscou. Il a rencontré
des chefs d'entreprises francais qui lui
ont fait part des difficultés qu'ils
rencontraient dans le climat de «
russophobie médiatique » excessif que
propagent la majorité des médias
nationaux. Immédiatement ces chefs
d'entreprise ont été accusés d'être des
«
faussaires payés par le Kremlin »
(!) par des journalistes qui ne
supportent visiblement juste pas que
leur travail soit critiqué, fût-ce de
façon constructive.
Pour nos
journalistes, intellectuels, politiciens
et professeurs d'université cela semble
invraisemblable, démontrant par là-même
que la faculté de comprendre le peuple
n'est pas donnée à tout le monde. Et
encore moins à une certaine élite
globaliste et soumise, dont la mission
aura été durant ces dernières décennies
de servir pitoyablement la volonté
politique de Washington et du bloc
Otan-centré, portant ainsi atteinte aux
intérêts supérieurs de la nation.
Pourtant, il y a de très nombreuses
raisons de penser que cette France «
stérile et idiote » (sic) qui
soutient Vladimir Poutine n'a pas tort.
La première sans
doute est qu'il est impossible de ne pas
reconnaitre au président russe les
attributs d'un authentique chef d'Etat,
dont la mission unique et absolue est la
défense des intérêts supérieurs de la
nation russe. Une tâche que ce dernier
accomplit sans faillir depuis maintenant
15 ans.
Et n'en déplaise à
une majorité d'«experts » occidentaux,
le projet Poutine a été expliqué par ce
dernier au peuple russe dès sa prise de
pouvoir en 2000. Force est de constater
que le peuple russe plébiscite encore à
ce jour ce projet qui s'axe sur la
croissance économique, le retour d'un
Etat fort (une tradition en Russie) et
la réaffirmation d‘une certaine fierté
nationale de voir la Russie de nouveau
jouer un rôle important au niveau
régional et mondial. On ne souhaiterait
pas mieux à la France!
En tant que
Français, je me souviens du rôle
historique que mon pays a joué afin de
contribuer, au cœur des années 60, à
l'émergence d'un monde multipolaire,
cette tâche juste et fondamentale dont
le flambeau est aujourd'hui très
clairement porté par la Russie.
La majorité des
Français de Russie saisit bien à quel
point les difficultés de redressement de
la barque russe sont grandes et
qu'aujourd'hui, seul le « système
Poutine », malgré ses nombreuses
imperfections, est le seul suffisamment
solide et éprouvé pour aborder et
achever la complexe transition en cours
en évitant un quelconque chaos.
Inclassable, le
président russe, réformateur
économiquement et conservateur
socialement, représente aujourd'hui en
Russie tant la droite et la gauche, le
patriotisme et l'internationalisme, le
libéralisme et l'étatisme. Cette
politique qui mise sur le pragmatisme et
la croissance a sans doute été la clef
du dispositif de gouvernance russe,
permettant au pouvoir russe de s'assurer
un enracinement politique sur la longue
durée, la seule échelle permettant le
déploiement et l'application d'une
authentique politique stratégique.
Cet enracinement
politique lui permet de fédérer la
grande majorité des courants électoraux
comme ne le faisait du reste en son
temps dans notre pays le Général De
Gaulle, avec 78,5% des voix 1958 et 55%
en 1965. S'il n'est sans doute pas plus
facile de créer une opposition contre
Poutine aujourd'hui qu'il ne l'était
d'en créer une contre De Gaulle en 1958,
il est amusant de constater que dans les
deux cas, avec un demi-siècle d'écart,
la principale opposition est communiste,
traduisant bien la grande similitude non
seulement de ces moments historiques
mais aussi sans doute des situations
politiques de ces deux personnages.
Ce qui a été bon
pour la France durant les 30 glorieuses
ne peut fondamentalement qu'être bon
pour la Russie durant ses 15 glorieuses,
mais la similitude historique pourrait
ne pas s'arrêter là. La Russie sortait
d'une grave crise historique, politique
et sociale et à ce titre, si le Poutine
de 2012 ressemble au De Gaulle de 1958,
la France de 2020 pourrait ressembler à
la Russie des années 2000 tant notre
pays semble malheureusement se diriger
vers des années douloureuses et une
crise profonde. Une crise qui devrait,
comme en Russie, permettre l'émergence
d'une nouvelle élite politique.
Un tel
bouleversement politique devrait
entraîner (du moins espérons-le) de
profondes modifications structurelles et
générer une lourde réorientation
stratégique et structurelle de la
France.
De l'époque
actuelle, il restera le souvenir de
l'extraordinaire incompétence des gens
qui depuis 1968 ont dirigé notre pays.
Une sous-élite dont
la durée de vie, ou plutôt de nuisance,
n'aura historiquement duré qu'un
demi-siècle, mais que la réalité ne
devrait pas tarder à renvoyer, avec leur
panoplie de faux experts et autres
donneurs de leçons, à l'endroit qu'ils
méritent: les poubelles de l'histoire.
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Publié le 20 mars 2015 avec l'aimable autorisation de
l'auteur
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