Sputnik
Attentats à Paris: "c’est pour la
Syrie"
Alexandre Latsa
© AP
Photo/ Thibault Camus
Samedi 14 novembre 2015
Source:
Sputnik
Beaucoup de
commentateurs politiques se demandaient
comment depuis toutes ces années, la
France avait réussi à échapper à un
attentat sur son territoire.
Certes nos
services, parmi les meilleurs du monde,
ont sans doute contribué à éviter grand
nombre d'attentats. Mais notre pays la
France est soumis à des dynamiques qui
ne pouvaient que, statistiquement,
provoquer fatalement la situation de ce
vendredi 13 novembre 2015.
Au milieu des
années 2000, la politique étrangère de
la France a pris une nouvelle direction,
s'alignant sur des intérêts étrangers et
jugés par le monde musulman comme lui
étant hostiles. La politique étrangère
de la France, magnifiée par le discours
de Villepin en 2003 à l'assemblée de
l'ONU a été transformée en une politique
de participation active au projet
néo-conservateur
de reconfiguration du moyen orient,
initié outre-Atlantique.
La destruction
organisée des derniers bastions de
stabilité et de laïcité de la région,
accompagnée par un printemps Arabe qui
s'est avéré un total échec malgré le
soutien que ne lui portait notre classe
médiatique et intellectuelle, n'aura
finalement abouti qu'à répandre un Chaos
dont les nébuleuses terroristes les plus
radicales se nourrissent avec avidité.
Ces forces
destructrices ont su trouver, sur le
plan intérieur, nombre de partisans et
de recrues. La France, qui se targuait
d'être et de rester un pays
d'immigration, a subi au cours des
dernières décennies, une immigration
quasi-incontrôlée qui a modifié nombre
d'équilibres démographiques,
sociologiques, économiques, politiques
ou religieux.
La profonde crise
de désintégration (politique, morale,
identitaire, religieuse) que notre pays
traverse s'est doublée d'un échec
d'intégration et d'assimilation de
Français d'ascendance étrangère mais
aussi de petits Français de souche. Les
émeutes de 2005, l'éclosion de
revendications identitaires, la perte
d'autorité de l'Etat sur des milliers de
territoires en France ou les chiffres
effroyables des volontaires francais au
Jihad, en Syrie et en Irak, auraient
pourtant dû suffire à nos élites pour
mesurer le risque qui pesait sur la
France et sur les francais.
Mais il n'en fut
rien
A nos politiques
étrangères suicidaires se superposaient
un processus continu d'intégration
européenne ayant pour conséquence la
suppression des frontières intérieures
comme extérieures, vieux rêve datant
d'un monde ou la menace n'était
envisagé que sous une forme
territorialisée et non pas
déterritorialisée comme c'est le cas
aujourd'hui.
La crise des
migrants, dont on nous annonce
tranquillement qu'elle devrait se
poursuivre plusieurs années et voir
plusieurs millions d'arrivants au
sein de l'Union européenne, porte sans
nul doute en elle les germes d'un chaos
encore plus grand tant il paraîtrait
bien naïf d'imaginer que des cellules
terroristes ne se dissimulent pas au
sein de ces gigantesques flux humains.
Les Français ne
doivent pas se tromper: ils sont
en danger.
Ils pensent être
protégés mais ne le sont plus. Notre
pays ne dispose pas d'élites politiques
prêtes à prendre les décisions qu'il
faudrait pour supprimer le risque,
préférant affirmer aux francais qu'il
faut désormais: "s'habituer
à vivre avec le menace terroriste".
Imagine-t-on De
Gaulle dire aux Français qu'il faut
"s'habituer à vivre avec les soldats
allemands dans les rues de France"?
Se rappelle-t-on de
Vladimir Poutine qui en 1999 affirmait
qu'il allait "buter les terroristes
jusque dans les chiottes" et qui 16 ans
plus tard, continue seul ce combat
contre ce cancer jusque dans ses racines
les plus profondes au cœur du désert
syrien?
Ce n'est pas par
des slogans ou des caricatures qu'il
faut lutter contre le terrorisme, mais
par une guerre d'éradication des
terroristes, de Paris à Grozny en
passant par Damas.
Car ce que les
terroristes viennent de faire subir au
peuple francais, ils le font subir
chaque jour depuis plus de cinq ans au
peuple syrien, avec jusque-là le soutien
direct des élites politiques françaises
qui ont
livré des armes aux rebelles syriens,
rebelles ayant pour la plupart sans
aucun doute, depuis, rejoint les groupes
les plus radicaux.
Une guerre
d'éradication qui impliquerait également
de sérieusement reconsidérer les
relations internationales, politiques,
économiques et diplomatiques avec les
Etats qui parrainent ce terrorisme
international ou ceux menant des
politiques destructrices et créatrices
de chaos.
Une guerre
d'éradication qui passe par une alliance
avec la Russie dans son opération contre
le terrorisme en Syrie et un soutien à
l'Etat syrien.
Une guerre
d'éradication qui passerait au préalable
par un changement d'élite politique.
Le temps presse.
© 2015 Sputnik Tous droits réservés.
Publié le 17 novembre 2015 avec l'aimable autorisation de
l'auteur
Le sommaire d'Alexandre Latsa
Le
dossier Russie
Le
dossier Syrie
Les dernières mises à jour
|