Sputnik
La trahison de la
gauche française
Alexandre Latsa
© Photo.
Tatjana Brila
Jeudi 14 mai 2015
Source:
Sputnik
Le Parti
socialiste existe toujours… sur le
papier, titrait récemment
Slate alors
que la direction du parti socialiste
venait
de rappeler
«qu'aucun débat médiatique ne se fera
durant cette campagne».
On voit mal comment
il pourrait en être autrement alors que
les contradictions systémiques qui
frappent le parti socialiste sont dues
aux mêmes contraintes que celles qui
frappent la « droite » française ou
du moins ses plateformes de gouvernance,
RPR autrefois et maintenant l'UMP.
Les partis de la
gouvernance française, à droite et à
gauche, ont peu à peu perdu leurs fonds
idéologiques, tout a été dissous au
cours des quinze dernières années dans
deux objectifs qui sont devenus des
obsessions pour la droite et la gauche
traditionnelles: les processus
autoritaires d'intégration européenne et
d'implémentation de la monnaie unique.
Dans cette grande
soumission au « système » de Bruxelles,
qui s'est donc historiquement couplée
avec une « libéralisation » du marché du
travail et une plus grande concurrence
(intra-européenne mais aussi à l'échelle
mondiale) la gauche française a fini de
trahir son héritage politique
historique.
En abandonnant les
travailleurs face à la dérèglementation
transnationale, en contribuant
activement à la destruction de l'état
français, en oubliant tout patriotisme
économique, le parti socialiste prend
sans doute une trajectoire historique
similaire à celle du parti communiste.
C'est à partir des années 70 que le PCF,
(parti communiste français) en reniant
ses racines staliniennes, a fini par
disparaitre idéologiquement mais aussi
électoralement.
Il semble probable
qu'un destin électoral similaire attende
le parti socialiste. Ses leaders actuels
semblent manquer d'idées et leur
obsession de conquête électorale du
centre a totalement vidé le parti de
tous ses principes. Il n'a plus
d'ambition idéologique en faveur du
peuple français, ni la volonté de
constituer un authentique projet pour
défendre les travailleurs. C'est cette
situation qui a provoqué récemment une
révolte molle dans la gauche de la
gauche.
Cette situation est
l'aboutissement d'une longue évolution
qui a commencé quand la nouvelle gauche
sociétale a pris le pouvoir dans les
esprits, après mai 68. Depuis, deux
facteurs sociologiques et économiques
lourds ont fini par détruire les
ambitions anciennes de la gauche
française, et l'électeur de gauche n'est
plus ce qu'il était.
D'abord il y a eu
la disparition du « populo » français
dans l'esprit de nombreux nouveaux
électeurs et dirigeants de la nouvelle
gauche: les bourgeois-bohème avec leurs
attentes sociétales libertaires. Ces
habitants du centre des villes qui
dirigent le parti ne ressemblent plus
beaucoup aux ouvriers, paysans et
employés qui historiquement constituent
le socle du « peuple » français. C'est
tellement vrai que pour l'élite
socialiste des beaux quartiers, le mot
"populisme" est devenu une grossièreté,
voire une injure. On est loin du
populisme social du 19° siècle aux USA
ou des « Narodniki » russes de l'époque
tsariste.
Ensuite, il y a eu
la forte immigration que le pays a
connue sur les dernières décennies, qui
a entrainé la disparition des
périphéries urbaines pauvres, les
fameuses banlieues rouges, qui
constituaient les socles de l'électorat
ouvrier de gauche. Si les nouveaux
français, issus de l'immigration, votent
jusqu'à maintenant
plus à gauche qu'à droite, c'est
bien souvent par crainte de dérives
stigmatisantes et sécuritaires.
Cependant nombre de ces nouveaux
français (musulmans ou pas) ont des
traditions culturelles plutôt
conservatrices, et voient d'un œil
méfiant les dérives sociétales mises en
avant par une partie de la nouvelle
gauche.
Beaucoup d'
ouvriers, paysans, employés et beaucoup
de chômeurs ont déjà
quitté la nouvelle gauche pour voter
FN ou à droite tandis que la « nouvelle
gauche » semble vouloir se focaliser sur
une lutte à mort avec ce qui reste de la
droite traditionnelle pour gagner la
guerre du centre. Autour de ce grand
centre, sur sa droite comme sur sa
gauche, l'espace est donc de plus en
plus occupé par un parti qui devient de
plus en plus un authentique parti de
gauche: le Front National qui tend même
à laisser l'initiative sécuritaire à une
aile de la droite de gouvernance.
Si les dynamiques
actuelles devaient se confirmer, le
fossé devait s'accroitre au sein de la
gauche, au sein d'une élite partagée
entre des centristes-sociaux et des
ayatollahs de la théorie du genre. Dans
ce cas, nul doute que cette nouvelle
gauche pourrait perdre le soutien d'une
bonne partie des français d'origine
immigrée, qui l'ont pourtant massivement
soutenue lors des précédentes échéances
électorales.
Cette tendance
lourde pourrait, pourquoi-pas, entrainer
une recomposition bien inattendue de la
vie politique française qui verrait un
Front National s'ancrer de plus en plus
à gauche, des blocs centristes
sociaux-libéraux et européistes se
coaliser pour avoir accès a la
gouvernance et un mouvement
souverainiste, protectionniste et
étatiste faire son apparition.
En 2022?
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Publié le 15 mai 2015 avec l'aimable autorisation de
l'auteur
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