Opinion
Après la Crimée, les régions du sud et
de l’est ukrainiens s’approchent du
rattachement à la Russie
Akil Cheikh Hussein

Photo:
D.R.
Jeudi 27 mars 2014
Laissons
de côté, parce qu’elles sont trop
diplomatiques, les affirmations du
président russe, Vladimir Poutine, selon
lesquelles «Après la Crimée, il n’y aura
pas d’autres régions (qui se détacheront
de l’Ukraine)». A l’est et au sud de
l’Ukraine, et longtemps avant la Crimée,
la majorité de la population crie haut
et fort sa volonté de s’intégrer à la
Russie.
Non seulement parce que la population
est russophone et courroucée par
L'annulation de l’usage de la langue
russe par le parlement ukrainien. Non
seulement parce que, dans son
emportement délirant, une Ioulia
Timochenko, ex-première ministre et
possible future présidente de l’Ukraine,
ne laisse rien à désirer aux pires
fascistes- qui sévissent actuellement
dans le pays- en exprimant sa volonté de
tuer à l’arme nucléaire, avant de ne
laisser de la Russie qu’un champ brûlé,
les huit millions de Russes vivant en
Ukraine!
Mais parce que cette population sait que
c’est avec la Russie que l’Ukraine ou,
au moins, ses régions du sud et de
l’ouest, pourront survivre.
Non seulement parce que, dans la
conjoncture économique catastrophique de
l’Ukraine actuelle, la Russie peut
offrir à ces régions des aides ou des
prêts exonérés des conditions ruineuses
habituellement imposées par l’Occident
et les institutions monétaires mondiales
responsables de la destruction des
économies de tant de pays pauvres dans
le monde, mais parce que les populations
de ces régions savent que seule la
Russie peut les protéger du froid et que
c’est en Russie que les Ukrainiens
peuvent écouler leurs produits
industriels et agricoles qui ne
présentent pas les critères requis par
le marché européen.
Dès le début des événements sur la place
Maïdan à Kiev, et avant même d’entendre
parler d’une possible sécession de la
Crimée, première région qui a voté à
l’unanimité pour l’indépendance et
l’intégration à la Fédération russe, un
Front ukrainien anti-Maïdan s’est formé
à Kharkov, seconde ville du pays et
capitale de l’Ukraine soviétique après
1917.
Et au moment où les putschistes
s’emparaient du pouvoir à Kiev, des
manifestations se déroulaient à Kharkov
avec des manifestants qui agitaient des
drapeaux russes en scandant «La Russie,
au secours!» et en exigeant
l’organisation d’un référendum sur
l’autonomie.
En même temps, une situation semblable
et des menaces de faire sécession
prévalaient à Donetsk et autres régions
du sud et de l’est de l’Ukraine.
Voilà une première conséquence de la
maladresse des Etats-Unis et de leurs
alliés occidentaux qui pensaient que le
putsch qu’ils ont fomenté à Kiev leur
permettra non seulement de s’emparer de
l’Ukraine, mais leur ouvrira en plus les
portes de Moscou et assurera leur totale
domination sur le reste du monde.
Cette première conséquence est, à en
rester là, une Ukraine divisée en deux,
avec une partie ayant toutes les chances
de prospérer en s’intégrant à la Russie
et à l’Union douanière, et une autre
partie -intégrée à l’Union européenne et
au Nato- qui, selon les observateurs
occidentaux eux-mêmes, encourt
inexorablement un sort semblable à celui
de la Grèce saignée à blanc par les
banques occidentales tout en ouvrant la
même voie à une foule d’autres pays de
l’Union européenne.
Le pillage par les banques et les
entreprises occidentales n’est pas le
seul danger qui menace l’Ukraine. Des
conflits intestins sont déjà
perceptibles entre les putschistes pour
le partage des butins et la guerre
civile qu’on entrevoyait entre une
Ukraine pro-russe et une Ukraine
antirusse risque maintenant d’éclater
entre les putschistes eux-mêmes. La
démission du ministre ukrainien de la
défense n’est qu’un indice significatif
des bouleversements susceptibles de
frapper l’Ukraine suite à la sécession
de la Crimée.
Le retour de la Crimée dans le giron
russe quelques années après
l’intervention de l’armée russe en
Géorgie suivie par l’indépendance de
l’Ossétie du sud sont en rapport direct
avec la politique de fermeté face à
l’impérialisme américain adoptée par
Vladimir Poutine depuis ses célèbres
déclarations en 2007 à la Conférence du
Munich sur la sécurité internationale.
Il parait qu’après la Géorgie et
l’Ukraine, la Serbie qui, ces derniers
jours, et à l’occasion de la
commémoration du 15eanniversaire des
frappes aériennes meurtrières effectuées
par l’OTAN contre ce pays, frappes qui
ont permis la sécession du Kossovo, a
connu une considérable augmentation dans
les taux de colère envers l’Occident,
pourrait bien être la prochaine étape de
la confrontation qui prend la forme
d’une contre-offensive que la Russie
mène avec succès en riposte à l’invasion
par l’Occident de l’espace stratégique
de Moscou depuis l’effondrement de
l’Union soviétique.
Cette confrontation possède de
véritables chances de ne pas s’arrêter
devant les frontières qui séparent
l’Europe occidentale de l’Europe
orientale et centrale qui parait plus
convaincue que jamais de l’unité de son
sort et de celui de la Russie, ce qui
donne à penser qu’elle se poursuivra au
plus profond de l’Occident. En effet, ce
qui se passe en Ukraine contribue à
conforter les tendances à la sécession
dans des pays comme la Belgique, la
France et l’Italie. Un référendum sur
l’indépendance de l’Ecosse vis-à-vis du
Royaume-Uni sera organisé en septembre,
alors que la majorité écrasante des
Catalans exigent un référendum sur
l’indépendance de leur riche province
vis-à-vis de l’Espagne. Les crises de
l’Union européenne et le recul des
Etats-Unis ne font qu’accentuer ces
tendances.
Source: french.alahednews
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