Opinion
Afrique : Barak Obama en VRP
Ahmed Halfaoui

© Ahmed
Halfaoui
Vendredi 31 juillet 2015
Alors que, en Afrique, le président des
Etats-Unis est venu faire son travail de
colporteur des commerçants de son pays,
un bruit médiatique assourdissant est
fait, à propos des « droits de l’homme »
et de « gouvernance », comme si le
monsieur venait faire des cadeaux aux
dictatures ou à ce qui est considéré
comme tel. Le hic c’est que lui, aussi,
en fait une affaire et ne se prive pas
de donner la leçon, même dénoncer les
restrictions aux libertés homosexuelles,
à des lieues des doxas populaires
locales. Il faut dire que, tant qu’à
faire, il n’a pas à se priver. Ne
représente-t-il pas, après tout, le
modèle d’entre les modèles de la
démocratie, ce modèle qui a démontré
qu’il avait des arguments assez
convaincants en la matière, en termes de
férocité ? Pas trop cassant, parfois,
ces arguments, quand c’est permis. Comme
ce fut le cas en Côte d’Ivoire, quand
fut « certifié » Alassane Ouattara, par
la « communauté internationale », contre
Laurent Gbagbo qui, en passant, a voulu
croire à la souveraineté de son pays.
Mais, en apparence, on en est plus à ce
genre d’extrémités, puisque Barak Obama
ne s’est pas gêné d’aller au Kenya,
servir des trémolos sur la « terre de
ses ancêtres », et danser avec le
président Uhuru Kenyatta, un ex de la
liste de la CPI. Si cela en est ainsi,
c’est certainement qu’il n’est pas
possible de « certifier » partout des
Ouattara, qu’il faut trouver ou
fabriquer, ce qui n’est pas une mince
affaire. Le sourire, avec l’espoir
derrière que la crainte fera son effet,
sera donc au menu d’une opération de
conquête de l’Afrique et de containment
de la Chine et, pourquoi pas même si ce
n’est pas dit, de l’Europe. En ces temps
de rétrécissement du marché mondial et
de montée en puissance d’une concurrence
aux dents longues, il est nécessaire,
voire vital, pour la première puissance
économique de se faire plus
entreprenante que jamais ou s’effondrer
le cas échéant. Il faut absolument
augmenter les gains. Il y a péril en la
demeure. La veille de l’arrivée du Potus,
la Chine a accordé 17 millions de
dollars de prêt au Kenya, destinés
à financer trois projets, dont la
construction d’un très symbolique
« construction du plus grand Institut
Confucius d'Afrique ». Concernant les
volumes d’échanges bilatéraux, en 2014,
ils ont atteint 5,09 milliards de
dollars (contre 2,2 milliards de dollars
pour le commerce avec les Etats-Unis).
Pour ce qui est de l’ensemble du
continent, étant bien sûr entendu que
les soldes positifs ne sont pas
africains, force est de considérer les
200 milliards de dollars par an, des
échanges entre la Chine et l'Afrique,
rapportés aux 140 milliards réalisés
avec l'Union européenne et aux 73
milliards de dollars échangés avec les
Etats-Unis. Au vu de cela, la tâche du
président étatsunien s’avère des plus
ardues. « Il nous comprend… Il est
l’un des nôtres », aurait dit sa
demi-sœur kenyane, intoxiquée par le
mythe d’un système mondial bâti sur la
générosité, elle aurait dû plutôt
l’écouter plus attentivement. Elle
aurait compris qu’il est plutôt venu
pour prendre et non pour donner, pour
être compris, non pour comprendre.
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