Opinion
Afrique : Barak Obama en maître des
lieux
Ahmed Halfaoui

© Ahmed
Halfaoui
Vendredi 31 juillet 2015
Devant l’Union Africaine (UA), le Potus
n’a pas dérogé à l’hybris, qui
caractérise le rapport des Etats-Unis au
monde. Le fait que le lieu où il tenait
sa diatribe contre ses pairs africains,
le nouveau siège de l’UA à Addis-Abeba,
soit un produit chinois, n’a rien
atténué de son arrogance. Barak Obama a
été, en tout point, fidèle au
comportement dont l’histoire récente a
connu et continue de connaître la
perversité. Il a même prévu ceux qui
devaient l’applaudir, sachant qu’il
allait jeter un froid parmi les
dirigeants qu’il comptait malmener et
qu’il a malmenés. L’applaudimètre a été
assuré par des jeunes, invités pour
l’occasion, nourris aux idées de
changement, version étatsunienne,
auxquels il a dit qu’ils avaient
le pouvoir de bouleverser l’ordre des
choses. Tout contents ils l’ont
ovationné, tandis que les dirigeants se
taisaient et subissaient les insultes,
et ils n’en sont pas à leur première
réprimande. Il y a quatre ans, en juin
2011, l’ex chef de la diplomatie
étatsunienne, Hillary Clinton, s’est
permis de conseiller « vivement à
tous les États africains d’exiger la
démission de Kadhafi... d’expulser les
diplomates pro-Kadhafi… d’accroître
(leurs) contacts avec le Conseil
national de transition ». Plus qu’un
conseil, un ordre péremptoire. Après ça,
elle a visé directement ses auditeurs,
sans prendre de gants. Elle leur a dit :
« Il est temps pour les chefs de
rendre des comptes, de traiter leurs
peuples avec dignité, de respecter leurs
droits et d’obtenir des résultats
économiques. S’ils ne le font pas, il
est temps pour eux de partir. » Un
autre ordre. Et il n’y a même pas eu un
simple rappel à l’ordre, même timide,
contre ce qui relève d’un gravissime
incident diplomatique. Bien au
contraire, lorsque la dame a rendu
hommage aux femmes africaines, la salle
s’est levée pour l’acclamer, ce qui a
décrispé l’atmosphère et offert aux
« mauvais élèves » un dérivatif
inespéré. Obama, est un peu plus
sournois. Il a choisi des mots plus
« pédagogiques », après une véritable
leçon de choses sur le sujet, il a
appelé l’UA à obliger les présidents
africains respecter « les limitations
du nombre de mandats et leurs
Constitutions ». Sans qu’il n’y ait
de réactions outrées, contre cette
ingérence outrecuidante dans les
affaires intérieures des pays,
fussent-ils des dicatures. Signe que
l’Afrique a bien changé depuis les
luttes de libération nationale, qu’elle
est redevenue soumise dans son écrasante
majorité, sous l’apparat des
indépendances. Au point que le droit est
donné à ses pires ennemis, les
esclavagistes et colonialistes d’hier de
venir la brimer, sur son sol, avec
l’assentiment de ses chefs d’Etat, qui
leur sont devenus plus sensibles qu’à
leurs peuples. Des peuples qui
refuseraient, assurément, le partenariat
proposé par Obama, s’ils avaient le
loisir de l’examiner et de donner leur
avis. Celui-là qui, en 2013, fut un
merveilleux aveu, au campus de Soweto de
l’Université de Johannesburg, où il a
lâché: «Si vous vous développez,
c’est bon pour nous. Cela veut dire que
vous nous achèterez des iPad.»
Ahmed.Halfaoui
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