Opinion
Grèce : force est restée à la réalité
des choses
Ahmed Halfaoui

© Ahmed
Halfaoui
Mardi 14 juillet 2015
Lors de la victoire
électorale du parti Syriza, il a été
écrit ici, le 27 janvier 2015, qu’il ne
s’agissait pas d’une révolution, que
Syriza n’était pas le parti Bolchevik,
que les électeurs n’étaient pas des
guérilleros. Rappelons-nous, aussi,
qu’Alexis Tsipras, le leader de Syriza,
à commencé à modérer ses prétentions,
dès que les sondages pré- électoraux
annonçaient la victoire et qu’après
cette victoire, il a parlé de
négociations et non de décisions
souveraines. Même si la déconfiture des
« partis traditionnels » constituait, à
n’en point douter, une relative remise
en cause de l’ordre établi. Ce qui,
toutefois, laissait espérer que les
rapports de force, entre le grand
capital et les victimes de son diktat
économique, allaient connaître une
modification en faveur d’une irruption
des peuples dans la prise de décision
politique, idée que le référendum
organisé le 5 juillet pour dire « non »
ou « oui » aux propositions des
créanciers venait conforter. Le « non »
ayant été massif, malgré les menaces de
représailles de l’Union européenne,
malgré la mobilisation de l’appareil
médiatique pour diffuser les mises en
garde des propagandistes de
l’apocalypse, l’essentiel a pu sembler
être fait, dans le sens d’inaugurer une
bataille contre les dictateurs de
Bruxelles et du FMI. Mais la surprise a
été de taille. Syriza se plie à presque
tous les desiderata contre lesquels il a
été porté au pouvoir. De fait, il
devient difficile de ne pas se plier à
la conclusion, la plus évidente, qui est
que le parti de Tsipras devait espérer
que les Grecs votent « oui ».
L’Allemagne, elle, ne se suffit pas de
cette reculade spectaculaire et
inattendue, elle en reste à sa première
impression. Angela Merkel, la
chancelière allemande, paraît
inflexible, malgré tout. En réponse à la
capitulation de Siryza, elle a dit que« la
valeur la plus importante, à savoir la
confiance et la fiabilité, a été
perdue ». Une façon d’expliquer que
les actes de soumission ne souffrent pas
de dérogations et, par-là, de faire
payer à la Grèce ses tentatives de
« rébellion ». Le peuple grec du
« non », lui, est partagé entre ceux qui
font confiance à leurs dirigeants, dans
un fol espoir qu’il ne s’agit que d’une
tactique pour gagner du temps, ceux qui
se sentent trahis et ceux qui n’arrivent
pas à comprendre ce qui est arrivé.
Néanmoins, tous seront édifiés bientôt
sur l’avenir. Dans le document (en
anglais) remis par le gouvernement grec
le 10 juillet 2015 a la TROÏKA (Commission
européenne, Banque Centrale Européenne,
Fonds monétaire international) se
dévoilent les engagements du
gouvernement grec. Aux privations en
vigueur, contre quelques milliards
d’euros qui serviront à renflouer les
banquiers, viendront s’ajouter d’autres
mesures qui feront s’effondre tous les
espoirs de sortir du cauchemar. En voici
quelques unes. Les subventions sur le
gasoil seront réduites de moitié pour le
carburant domestique de chauffage, la
Sécurité Sociale sera révisée de façon à
générer une économie de 0.5% du PIB, le
taux d’imposition des loyers sera
augmenté de 11% à 15% pour les revenus
annuels inférieurs à 12.000 euros et
l’allocation de solidarité (EKAS) sera
éliminée progressivement pour tous les
retraités d’ici fin décembre 2019. Et
ainsi de suite, des coupes drastiques
seront opérées partout où l’Etat peut
générer des économies budgétaires. Pour
le reste, les opérations de
privatisation des actifs étatiques
couronneront le programme proposé. Il y
a de quoi appréhender la réaction de la
rue.
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