France
Charlie-Hebdo :
la « sainte-alliance » a eu ses foules
Ahmed Halfaoui
© Ahmed
Halfaoui
Mardi 13 janvier 2015
Un président au plus bas dans la
popularité, un pouvoir en guerre
économique contre son peuple, une classe
politique discréditée, ont réussi le
pari de s’offrir les foules qui dopent
leur légitimité. Dans une alliance
sacrée, élargie à près de 50 dirigeants
alliés étrangers et figurants de leur
périphérie géostratégique, ils ont pris
la tête de deux ou trois millions de
Français de souche ou pas de souche,
auto baptisés les « Charlie »,
proclamant « Paris capitale du monde ».
Un monde que l’on a
pris soin d’exhiber, pour qu’il n’y ait
aucun doute, ni de quiproquo, sur la
chose. Ce sera Benyamin Netanyahu qui
sera l’invité d’honneur et le marcheur
le plus titré, accompagné de ses gros
bras dans son gouvernement, que les
Palestiniens, en particulier les
Ghazaouis, connaissent bien. La foule a
pu crier ce qu’elle a voulu. Elle a pu
dénoncer la violence, appeler à la
fraternité, fustiger l’extrémisme,
montrer patte blanche (pour les
musulmans), prôner la coexistence et
d’autres vœux pieux, cela ne comptait
pas et ne pouvait compter, elle n’était
au programme que pour le spectacle. Elle
devait servir l’image de la marée
humaine sous une bannière dont elle
ignore la symbolique, donner le quitus à
tout ce qui pourra être entrepris en son
nom.
In fine, ce sera à
la Grande synagogue de la Victoire de
Paris que François Hollande finira son
périple, aux côtés de « Bibi »,
aboutissement de la mémorable journée.
Personne dans les
médias ne s’est demandé pourquoi il
n’aurait pas mieux valu une cérémonie de
clôture à la Grande mosquée de Paris.
C’est là, tout de même, que se
concentrent les fondements du problème
que la manifestation exprimait
clairement. C’est ce lieu qui représente
cet « Islam de France » voulu laïc,
républicain, démocratique, tolérant et
tout le reste, versus celui des
desperados qui ont commis les attentats
de ces derniers jours. Et ce n’est pas
l’hommage rendu aux victimes juives qui
pourrait, à lui seul, expliquer le
choix. Ni la présence du premier
ministre sioniste. Les millions de
marcheurs, eux, du moins ceux qui
pourraient se la poser, la question, ne
se verront pas offrir l’occasion de le
faire.
A côté du bruit, il
y a d’abord la grande masse, les
dizaines de millions qui ne sont pas
venus, on ne saura pas grand-chose de ce
qui les a faits soit rester à la maison,
soit préférer vaquer à leurs
occupations.
On peut, par
contre, relever qu’il y a des Français
qui ne voulaient pas marcher et qui en
ont donné les raisons. Elles sont
multiples, mais convergent toutes sur un
point. Celui de ne pas accepter de
donner aux gens du pouvoir les troupes
nécessaires au cautionnement des
politiques qui vont être mises en œuvre.
Parmi eux il y a aussi bien des « je
suis Charlie, mais… » que des « je ne
suis pas Charlie ». D’autant qu’en
matière de liberté d’expression le
pouvoir serait plutôt classé parmi les
adversaires. Mais cela aurait été en
vain.
Il y a carton plein
pour la « marche républicaine », telle
qu’elle a été voulue et conçue. Les
quidams dispersés, happés par leur
quotidien, attendront de voir la suite
qui se fera sans eux, qu’ils jubilent,
très peu probable, ou qu’ils se mordent
les doigts certainement.
Ahmed Halfaoui
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