Palestine
Les envoyés très spéciaux de France 24
Ahmed Halfaoui

© Ahmed
Halfaoui
Vendredi 8 août 2014
L’armée sioniste peut féliciter la
chaîne de télévision France 24 et lui
accorder la médaille du mérite. Elle lui
doit bien ça, même si la chaîne ne fait
que le travail pour lequel elle est
payée, en tant que pièce de la machine
de propagande de la Barbarie. Dans la
bande de Ghaza, ses envoyés spéciaux
sont allés droit au but. Il faut dire, à
leur décharge, que le monde entier a vu
et revu la mort et la destruction semées
par les israéliens. Peut-être que cela
leur a semblé superfétatoire d’aller
voir les vivants, de les écouter, de
montrer à quoi ressemble leur regard et
de nous dire ce que contiennent leurs
mots. Peut être savaient-ils ce que les
Palestiniens allaient leur dire de la
résistance, de leur résistance. Et ce
genre d’informations ne fait pas partie
de leur cahier des charges. Surtout pas.
Alors, les journalistes ne se sont pas
attardés où ils devaient le faire, ils
ont travaillé à dénicher ce qui les a
mis à mal devant l’opinion publique et
qui les a obligés à de pénibles
contorsions. Et ils ont trouvé ce qu’ils
cherchaient. Ils ont découvert « un
site de lancement de roquettes du Hamas,
situé au milieu des habitations des
Gazaouis, à quelques mètres seulement
d’un bâtiment de l’ONU ». Ils en ont
fait un « Reportage exclusif ».
Ils s’appellent Matthieu Mabin et
Gallagher Fenwick. Ils décrivent ce
qu’ils ont vu : « Cet endroit, situé
au cœur d’habitations gazaouies où
résonnent les cris d’enfants, n’est
placé qu’à 100 mètres environ d’un
bâtiment, au-dessus duquel flotte un
drapeau de l’ONU. ». Tout y est
restitué, même les « cris d’enfants ».
L’invocation est parfaite, si nous
n’avons pas le malheur de penser à la
nature de ces « cris ». Il n’y a plus
qu’à imaginer la scène pour compatir
avec Matthieu il dit : « Ici, on
comprend beaucoup mieux la difficulté,
qui est celle de l’armée de l’air
israélienne, des drones israéliens, de
distinguer les sites de lancement de
missiles des sites protégés ».
Affaire classée donc. Il n’y a pas de
crime et s’il y en a un il est du fait
des Palestiniens qui, de plus, tirent
des missiles et non des roquettes. Le
Matthieu ne se pose pas les questions
par trop compliquées. Il ne se demande
pas pourquoi on en est arrivé là,
pourquoi les roquettes et de quel droit
les sionistes peuvent se permettre de
faire les carnages qui jalonnent
l’histoire de leur arrivée en Palestine.
Au point où nous en sommes, le reporter
de France 24 peut même regretter de ne
pas avoir trouvé de rampes de lancement
de roquettes, sur la plage où quatre
enfants ont été pris pour cible, à coups
d’obus, par un navire sioniste. Il peut
même déceler des indices qui nous
mèneraient « à comprendre la
difficulté du navire à distinguer que ce
sont bien des enfants qui jouent sur une
plage ». Il le suggère, de toutes
les façons. D’après lui, « il doit
probablement exister des centaines de
positions comme celles-ci dans la bande
de Gaza », ce qui lui permet de
pousser les téléspectateurs à admettre
avec lui que « dans cet
environnement, les dommages collatéraux
et les pertes au sein des populations
civiles semblent plus inéluctables. »
Nous sommes donc avertis l’absolution
des assassins est en marche.
Ahmed.Halfaoui
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