Monde
Terrorisme israélien :
le Hezbollah
prépare ses représailles !
Abdel Bari Atwan
Hassan Nasrallah,
Secrétaire général du mouvement
Hezbollah [résistance libanaise]
Photo
: Archives
Samedi 31 août 2019 Abdel Bari Atwan
– Netanyahu pourrait bien regretter
d’avoir enfreint les règles d’engagement
au Liban.
Il ne fait aucun
doute que le secrétaire général du
Hezbollah, Hassan Nasrallah, tiendra sa
promesse de se venger du récent raid de
drones israélien sur le sud de Beyrouth.
La seule question est de savoir comment,
quand, et quelles en seront les
conséquences.
Les dirigeants
israéliens en sont bien conscients et
malgré leur bravade de façade, se
préparent à la frappe imminente de
représailles, plaçant leurs forces en
alerte maximale.
Il n’y a rien de
nouveau concernant des avions de guerre
ou des navires de guerre israéliens
violant l’espace aérien ou les eaux
territoriales du Liban. Ils le font
depuis des décennies et, ces dernières
années, ont régulièrement utilisé
l’espace aérien libanais pour lancer des
tirs de missiles contre des cibles à
l’intérieur de la Syrie, y compris sur
des convois d’armes du Hezbollah.
Mais la dernière
attaque était différente. En envoyant
deux drones dans la capitale libanaise
dans le but d’assassiner un haut
responsable non identifié du Hezbollah,
les Israéliens ont enfreint les règles
d’engagement convenues de longue date
entre les deux parties. C’est, à notre
avis, la raison pour laquelle Nasrallah
a eu une perception aussi grave de
l’incident et a jugé impérative une
forte réaction.
La cible visée par
les drones aurait été une personnalité
du Hezbollah dont l’identité n’a pas été
révélée. Cette opération faisait partie
d’une campagne d’assassinats ciblés dont
la liste pourrait être étendue à
n’importe qui.
Selon les médias
israéliens, le premier drone aurait été
un avion de surveillance censé suivre la
personne ciblée alors qu’elle se
déplaçait le long de la rue Muawwad, au
cœur de la banlieue sud, où le Hezbollah
entretient un hébergement tenu secret
avec lequel il reçoit des visiteurs
importants, tels des commandants. On
suppose que la victime visée a joué un
rôle d’intermédiaire entre le Hezbollah
et le général Qasem Suleimany,
commandant de la brigade al-Qods des
gardiens de la révolution iraniens, ou
aurait même pu être Suleimany lui-même.
Le deuxième drone armé a été détruit à
distance par les Israéliens après
l’abattage du premier avion, faisant
échouer l’opération d’assassinat.
Cette violation des
règles d’engagement en vigueur depuis
treize ans – depuis la fin de la guerre
de 2006 – s’inscrivait dans un plan
israélien plus large consistant à
attaquer des groupes pro-iraniens dans
trois pays différents – la Syrie, l’Irak
et le Liban – dans une période de 24
heures. Cela ressemblait à une tentative
de provoquer des représailles de la part
l’Iran afin d’entraîner ce dernier dans
une guerre plus vaste dans laquelle les
États-Unis seraient impliqués. Mais les
dirigeants iraniens se sont retenus et
ont évité de tomber dans le piège, du
moins jusqu’à maintenant.
La deuxième attaque
israélienne sur le Liban, lorsque les
avions de guerre ont bombardé la base
d’un groupe palestinien soutenu par la
Syrie – le Commandement du Front
populaire général – dans la vallée de la
Beqaa, peut également avoir eu d’autres
objectifs : en réponse au discours de
Nasrallah promettant de prendre des
mesures de représailles et suite aux
trois missiles lancés hors de la bande
de Gaza dimanche soir contre la colonie
de Sderot.
Le Premier ministre
israélien, Binyamin Netanyahu, est
convaincu que ses perspectives de
réélection reposent sur des discours et
des mesures fermes à l’égard de l’Iran
et de ses alliés, générant un climat de
crise dans la région et pouvant même
provoquer une guerre régionale.
Mais il a peut-être
poussé le bouchon trop loin.
Nasrallah n’a pas
dit quand et comment les représailles du
Hezbollah s’appliqueraient. Le Hezbollah
laisse la planification, le ciblage,
l’exécution et le calendrier de telles
actions à ses commandants militaires.
Tout ce que nous pouvons anticiper,
c’est que ce sera douloureux et que cela
ne fera pas la fortune électorale de
Netanyahu contre les ex-généraux qui se
moquent de lui pour son manque
d’expérience militaire.
Les analystes et
les observateurs se posent déjà la
question suivante : que se passera-t-il
après les représailles du Hezbollah ?
Les dirigeants israéliens vont-ils
absorber le coup sous la pression des
États-Unis pour éviter de provoquer une
guerre régionale généralisée ? Ou
va-t-il réagir en déclenchant de
nouvelles attaques ? Tout un
enchainement d’événements pourrait se
produire et le Hezbollah lâcherait alors
tout son arsenal de missiles contre les
infrastructures militaires et
industrielles israéliennes. Et comme
Israël a déjà pris pour cible l’Iran,
l’Irak et la Syrie en plus du Liban et
de Gaza, le Hezbollah ne sera pas seul
dans la confrontation qui s’ensuivra.
*
Abdel Bari Atwan est le rédacteur
en chef du journal numérique
Rai al-Yaoum. Il est l’auteur de
L’histoire secrète d’al-Qaïda, de
ses mémoires,
A Country of Words, et d’Al-Qaida
: la nouvelle génération. Vous
pouvez le suivre sur Twitter :
@abdelbariatwan
27 août 2019 –
Raï al-Yaoum – Traduction :
Chronique de Palestine – Lotfallah
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