Centre
Palestinien
d'Information
La seule
alternative pour le problème démographique des Palestiniens
Yossi Beilin
Photo CPI
Dimanche 2 août 2009
En Israël, le noyau central du mouvement
sioniste croit activement à l’idée de toujours garder une
majorité juive sur la terre souveraine de l’Etat d’Israël. Et
cela était un objectif principal, dès le départ. Et c’est pour
cette raison également que toutes les tendances, de droite comme
de gauche (à une exception marginale près dans les deux camps),
avaient suggéré l’installation d’un Etat juif avant même
d’assurer une majorité juive.
C’est pour cela aussi que la plupart des gens
avaient voulu, il y a 90 ans, l’Est du Jourdain comme une partie
de l’Etat juif. Puis, il y a 62 ans, ils se sont mis d’accord
pour que la plupart de l’Ouest du Jourdain soit une terre juive.
Et suite à la guerre de six jours (1967), les
gens ont hissé, dans de grands rassemblements, le slogan
« l’unité du pays ». On a mis un grand espoir dans une vaste
immigration assurant une majorité même dans cette situation
nouvelle, une situation qui a mis sous notre contrôle la vie des
millions de Palestiniens.
En effet, si l’immigration avait résolu le
problème démographique, le débat sur l’avenir des territoires
aurait était moins dur. On n’aurait même plus parlé du problème
démographique. Le débat aurait fait partie du débat général sur
les affaires de l’avenir, des droits de l’homme, des droits
collectifs.
Mais l'immigration juive a traîné. Et
l'immigration de l'ancienne Union Soviétique n'a fait que tarder
l’arrivée de l’heure de vérité pour quelques années. Il reste à
savoir que c’était le problème démographique qui avait poussé
Sharon à se retirer de Gaza, et non la peur de la conférence de
Genève (de l’époque), comme il l’a prétendu dans une interview
avec le New York Times, le 14 avril 2004. En fait, Sharon a
compris la problématique que pose le contrôle direct ou indirect
d’un Etat juif d’un bon nombre d’Arabes plus nombreux que les
Juifs.
Et pour ce qui est d’Olmert, il s’est montré
prêt à évacuer 90 % de la Cisjordanie. Et Netanyahu, il n’a
déclaré son intention de créer un Etat palestinien que pour la
raison démographique.
Le problème démographique ne pourra guère être
résolu par la déportation d’un certain nombre de Juifs d’un
endroit de la terre d’Israël à un autre.
Il suffit de regarder ce qui s'est passé dans
la ville d’Al-Khalil. Le quartier de Haute Nassira a été
construit dans des confrontations difficiles. Il y a une
tendance à judaïser la ville d’Al-Khalil (Hébron). Mais personne
ne pourra empêcher ses Arabes d’y vivre. Aujourd’hui, plus de
dix mille Arabes y vivent encore.
Karmidil a également été construit dans la
même intention de judaïser la ville d’Al-Khalil. Cependant, la
langue régnant dans ses centres commerciaux est l’arabe. Et sur
la Colline Française, beaucoup d’Arabes louent des maisons.
Ainsi, même si Netanyahu réussit son inutile
débat avec les Etats-Unis concernant la construction dans la
ville d'Al-Quds, il n’y aura pas nécessairement de Juifs pour
s’installer dans les nouveaux projets d’investissement ; et en
remarquant la débandade sioniste de la ville et la montée du
nombre de Palestiniens dont les fondamentalistes dans la ville
la plus pauvre d’Israël, il ne sera utile d’en parler beaucoup.
La couverture juive est trop courte. A un
moment donné, la discussion sur combien on peut tirer sur cette
couverture ne sera qu’infantile.
Très malheureusement, l’immigration de masse
n’est pas pour demain. La seule solution qui nous reste et qui
s’éloigne malheureusement de plus en plus consiste en la
délimitation de frontières stables abritant une majorité juive
aux côtés d’une minorité arabe, avec des droits égaux.
Cela est possible avec trois alternatives.
Soit de façon unilatérale, à un prix très fort. Soit par un
accord bilatéral, à un prix d’échange de territoires. Le
troisième chemin sera de laisser tomber la solution sioniste.
Article
écrit par l’homme politique israélien Yossi Beilin dans
« Israël Aujourd’hui »
Traduit par le CPI.
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