Opinion
La proposition du
vainqueur
Soraya Hélou
Mardi 29 octobre 2013
C’est un discours de victoire que le
secrétaire général du Hezbollah sayed
Hassan Nasrallah a prononcé lundi à
l’occasion du jubilé d’argent de
l’hôpital Al Rassoul al Aazam. De
nombreux observateurs l’ont d’ailleurs
comparé au discours qu’il avait prononcé
à Bint Jbeil en septembre 2006 à la
suite de la victoire de la guerre de
juillet. Et comme à chaque fois que le
Hezbollah engrange des victoires, grâce
à ses actions, à sa résistance, à sa
vision et à sa conviction, sayed
Nasrallah a tendu la main à l’autre camp
pour l’inviter à partager avec lui les
bénéfices nationaux. C’est donc en toute
noblesse et en toute grandeur d’âme que
sayed Nasrallah a appelé le 14 Mars à
accepter la formation d’un gouvernement
sur la base de la formule proposée par
le chef druze Walid Joumblatt «9,9,6».
Et avec franchise, il a conseillé à ce
camp d’accepter cette proposition
aujourd’hui, car demain, elle pourrait
bien être retirée. Il a même été encore
plus clair, leur suggérant de faire en
sorte d’arrêter les pertes car il est
clair que leurs paris sur la chute du
régime syrien sont définitivement
perdus. Le secrétaire général du
Hezbollah a ainsi tenu, comme à son
habitude, le langage de la raison et de
l’intérêt national. Mais y a-t-il dans
l’autre camp des sages capables de
saisir cette main tendue? S’il faut en
croire les premières réactions
rapportées par les médias, des piliers
du 14 Mars n’ont retenu que «le ton
confiant», allant même jusqu’à accuser
le sayed de s’exprimer en «Guide
suprême» de la République et à lui
reprocher d’avoir désigné par le nom le
royaume d’Arabie comme la partie
dérangée par le compromis en train
d’être conclu au sujet de la Syrie et
qui privilégie désormais clairement la
solution politique. Mais sayed Nasrallah
ne l’aurait pas fait s’il n’estimait pas
que, désormais, les choses sont claires
et doivent être dites en toute
franchise. De toute façon, les
dirigeants saoudiens ne cachent pas leur
mécontentement et leur colère, d’abord
en refusant le siège qui leur a été
offert au Conseil de sécurité et ensuite
en exprimant par tous les moyens leur
désapprobation et leur refus de la tenue
de la Conférence de Genève 2.
En dépit de son tapage médiatique, le 14
Mars ne peut pas ne pas voir que le vent
est en train de tourner. Et s’il avait
encore des hésitations, il n’a qu’à
regarder du côté de Walid Joumblatt qui
a clairement donné le ton, allant même
jusqu’à ouvrir un dialogue à Aley avec
le PSNS. Mais a-t-il la possibilité de
réagir en conséquence? C’est la question
qui se pose aujourd’hui. L’intérêt
national et le réalisme prendront-ils le
pas sur son suivisme à l’égard de
l’Arabie saoudite? Parce qu’il tient à
la diversité libanaise et à la formule
d’entente entre les différentes
communautés, le secrétaire général du
Hezbollah a mis de côté les accusations
qui ne cessent de lui être adressées
ainsi que les provocations sur le
terrain, sans parler des tentatives
d’encercler le Hezbollah financièrement,
politiquement et militairement en
cherchant à l’entraîner dans des
affrontements internes, pour proposer à
l’autre camp un véritable partenariat
national. Si, à Dieu ne plaise, la
situation était inversée et si le
Courant du Futur et ses alliés avaient
le vent en poupe, auraient-ils agi de
même ou bien se seraient-ils empressés
d’écraser le Hezbollah de leur
supériorité? Sayed Hassan Nasrallah ne
se fait pas d’illusions, mais il
s’incline devant l’intérêt national qui
national qui veut que toutes les
communautés participent à l’exercice du
pouvoir pour qu’elles puissent vivre en
harmonie. Même si souvent, l’autre camp
ne se montre pas digne d’une telle offre
et en tout cas peine à la saisir. Dans
les milieux du Courant du Futur on
entend ainsi des analyses du genre:
l’émir Bandar ben Sultan (qui est
aujourd’hui le plus mécontent avec le
ministre saoudien des AE l’émir Séoud al
Faycal) connaît bien les Etats-Unis et
il a passé 22 ans en tant qu’ambassadeur
de son pays à Washington. Il peut donc
frapper fort les Etats-Unis dont il
connaît les rouages; Il faut donc
attendre un peu et on verra comment les
américains vont plier. En fait, soit ces
«stratèges» vivent dans un autre monde,
soit ils ne peuvent pas se permettre de
faire d’autres analyses étant
prisonniers de leur suivisme à l’égard
des dirigeants saoudiens. Combien leur
faudra-t-il de temps pour se libérer de
ces liens ou pour se réveiller dans la
réalité? C’est le Liban qui paie le prix
de ce temps perdu et sayed Nasrallah l’a
dit: son offre ne restera pas
éternellement valable…
Source: French.alahednews
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Publié le 29 octobre 2013
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