Opinion
Edward Snowden,
un nouvel échec pour les Etats-Unis
Soraya Hélou
Jeudi 27 juin 2013
L'affaire Edward Snowden occupe
actuellement le monde entier. Tous les
médias veulent savoir où a disparu
l'ancien agent de la CIA qui a dévoilé
au monde entier comment les Etats-Unis
ont imposé un système d'écoute sur le
monde entier, balayant sans états d'âmes
les principes de démocratie et de
respect de la vie privée. L'histoire
mérite qu'on s'y attarde car elle est
révélatrice d'un nouvel état des lieux
mondial. Indépendamment du sort final de
M. Snowden, cette affaire montre d'abord
comment pour la seconde fois, après
l'affaire de Julian Assange et le
scandale de Wikileaks, les Etats-Unis
sont piégés par le système qu'ils ont
eux-mêmes imposé au monde et par la
technologie qu'ils y ont exportée. Les
Etats-Unis qui ont lancé internet,
Facebook, Google, Twitter et bien
d'autres pour surveiller le monde et en
même temps faire des affaires, voient le
système se retourner contre eux. C'est
un peu l'histoire de l'apprenti sorcier
qui dépasse son maître et se retourne
contre lui. Ils croyaient ainsi dominer
le monde par leur développement
technologique et ils découvrent que le
savoir n'est pas un monopole et qu'ils
ont ouvert ainsi une boîte de pandore...
Mais il n'y a pas que cet aspect dans
cette affaire. Son autre volet est la
disparition d'Edward Snowden, alors que
les américains exigeaient qu'il leur
soit remis. Sa disparition en plein vol
de Hong Kong vers Moscou puis vers une
destination inconnue montre qu'un axe
s'est spontanément formé contre
l'exigence des Etats-Unis et il regroupe
la Chine- qui n'a pas accepté que
Snowden soit livré aux Etats-Unis à
partir de Hong Kong, qui est finalement
sous son contrôle-, la Russie, qui n'est
pas mécontente de porter un coup à la
suprématie des Etats-Unis, surtout après
avoir appris par Snowden, que la ligne
téléphonique de son président de
l'époque Dimitri Medvedev avait été mise
sur écoute par la CIA et enfin
l'Equateur, ce petit pays d'Amérique
centrale, dont le président se veut le
«fils spirituel de Hugo Chavez» et qui
est heureux de trouver dans cette
affaire le moyen de bisquer le grand
patron américain...
A eux trois, ces pays ont donné une
bonne leçon aux Etats-Unis. Edward
Snowden est introuvable et il sera
probablement accueilli par l'Equateur,
dont l'ambassade à Londres accueille
depuis un an Julian Assange. Le ministre
des Affaires étrangères équatorien s'est
ainsi fendu d'une déclaration pour
affirmer que son pays étudie la demande
d'asile politique présentée par Snowden
sur le plan des droits de l'homme et de
la protection des libertés. Une façon
comme une autre de montrer que les
Etats-Unis qui se veulent le champion
des libertés et le grand protecteur des
droits de l'homme dans le monde ne
remplissent pas en réalité cette
mission.
Quelle que soit, au final, l'issue de ce
bras de fer et le sort de Snowden, cette
affaire montre que le savoir n'est plus
seulement entre les mains des Etats-Unis
et de leurs alliés et que le camp dit
occidental n'est plus en mesure
d'imposer sa volonté dans tous les
domaines. L'affaire peut paraître
secondaire, surtout avec les remous
actuels dans la région du Moyen Orient,
mais elle est significative au sujet de
la suprématie des Etats-Unis. Même dans
une affaire relativement limitée,
l'administration Obama n'est plus en
mesure de faire ce qu'elle veut et
d'obtenir ce qu'elle veut. Que serait-ce
alors dans les grandes questions
stratégiques ? Un sujet à méditer
profondément avant de faire des analyses
sur l'avenir de la région et les plans
américains préparés dans ce but.
Source : French.alahednews
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